Avec le programme Artemis, Les Américains s’apprêtent à revenir physiquement sur la Lune ! Quel en est l’intérêt ?

Dernière nouvelle (29/08/22 à 14:38): le lancement du SLS a été annulé pour aujourd’hui car les ingénieurs ne sont pas parvenus à refroidir suffisamment l’un des quatre moteurs du lanceur. Ce refroidissement est indispensable pour que les moteurs puissent supporter l’arrivée des gaz ultrafroids (hydrogène et oxygène) qu’ils utilisent. La prochaine tentative aura lieu le 3 septembre entre 20h17 et 22h17 (heure suisse).

Si tout se passe bien, la fusée géante « SLS » (« Space Launch System ») de la NASA devrait faire son premier voyage dans l’espace ce lundi 29 août*. Ce sera la première mission du programme Artemis qui comprend outre le lanceur, son second étage et sa capsule Orion, une station spatiale lunaire, le « Lunar Gateway » et un camp de base, au sol de la Lune. Pour joindre ces deux derniers en navette, un transport doit être assuré par SpaceX avec une version spécifique de son Starship.

*lancement de Cap Canaveral prévu à 14h38 (heure Suisse). Vous pourrez suivre ce lancement en regardant la chaîne YouTube de la NASA : https://www.nasa.gov/press-release/nasa-sets-launch-coverage-for-artemis-mega-moon-rocket-spacecraft

Mais ce vol, « Artemis I », n’est qu’un vol préparatoire. Il doit tester la capacité de lancement du SLS construit par « ULA » (« United Launch Alliance », groupe d’industriels américains dirigés par Boeing) et la capacité de retour sur Terre d’une distance au moins aussi éloignée que celle de la Lune, de la capsule Orion. Cette dernière n’a déjà été testée qu’une seule fois, en 2014, et dans des conditions « plus douces » puisqu’en orbite basse terrestre (deux orbites, rentrée à 8,9 km/s). La mission Artemis I doit, elle, durer 26 à 42 jours, le temps de décrire les orbites prévues et de vérifier que tout fonctionne avant le retour au sol. Le problème majeur est, au-delà du bon fonctionnement du second étage qui fait peu de doute (voir plus bas), la résistance à l’agression thermique de l’atmosphère sur Orion qui sera beaucoup plus forte qu’au retour de l’ISS. Pour mieux simuler les conséquences d’une rentrée sur Terre à une vitesse au moins aussi grande que celle d’un retour de la Lune, Orion sera envoyé sur une orbite qui l’entrainera à 450.000 km de la Terre (Lune 385.000 km). Sa vitesse au retour dans l’atmosphère terrestre sera de plus de 39.600 km/h (11 km/s) et la chaleur sur sa coque de 2.760°C. Ce n’est pas rien ! Il y aura par ailleurs trois passagers fictifs à bord, dont deux féminins, bourrés de capteurs pour enregistrer les effets des accélérations/décélérations et aussi des radiations. La très bonne idée est d’avoir pour les deux “femmes”, un mannequin portant un gilet-antiradiations et l’autre non. A noter que le gilet anti-radiations est l’Astrorad de la société israélienne Stemrad que je suis particulièrement fier d’avoir identifiée dès Novembre 2016 (voir mon article de blog).

Illustration ci-dessus: architecture de la mission Artemis I, crédit NASA.

Le premier vol avec de vrais astronautes à bord, « Artemis II », est prévu pour 2024. Ce sera un vol autour de la Lune, toujours en capsule Orion. Le « premier second pas » sur la Lune (Artemis III) est lui prévu pour 2025. En 2020, la date cible pour ce n°3 était 2024 avec un relai en orbite lunaire, le Gateway, à partir duquel une version lunaire du Starship devait descendre sur la Lune. Le dispositif, très lourd (et pas forcément nécessaire) est loin d’être prêt et l’on peut douter qu’il le soit dans les délais. Si tel était le cas, Artemis III aurait quand même lieu dans des conditions similaires à celles d’Apollo XI le 20 juillet 69, avec un module restant en orbite avec deux personnes (Orion) et un module descendant au sol avec deux autres personnes (voir l’architecture du vol dans l’illustration de titre).

Ces 3 premiers vols Artemis seront portés par un second étage provisoire ou « intérimaire » comme disent les Américains, nommé « ICPS » (« Interim Cryogenic Propulsion Stage »). Ce n’est qu’après les trois premières missions Artemis que l’on disposera d’un second étage « définitif », l’« EUS » (« Exploration Upper Stage ») également construit par ULA. L’ICPS n’est pas un « perdreau de l’année » et c’est pour cela qu’on peut être tranquille sur son fonctionnement. Il s’agit en effet de la version modifiée d’un second étage plus connu, le DCSS (Delta Cryogenic Second Stage), qui a volé 24 fois depuis 2004 sur des missions portées par le lanceur Delta IV (avec 100% de réussites).

Nous ne sommes donc pas encore au vrai « retour sur la Lune » mais au « retour vers la Lune ». Ce qui va se passer en août/septembre 2022, pendant la durée de la mission Artemis I, est néanmoins très important parce que cela signifiera que (1) les Américains concrétisent leur envie de reprise des vols habitées au-delà de « LEO », l’orbite basse terrestre (là où évolue la Station Spatiale Internationale qui vit ses dernières années), dans ce que l’on appelle « l’espace profond » ; (2) que leur lanceur « SLS » fonctionne, ce qui n’est pas toujours pas évident aujourd’hui. Je rappellerais seulement qu’ils (plus précisément l’ULA) y travaillent depuis 2005 (la première version du projet SLS s’appelait ARES), ce qui est particulièrement laborieux, et qu’il n’y a eu aucun essai en vol. Pendant le même temps SpaceX a énormément développé la technologie aéronautique notamment la récupération de ses lanceurs « Falcon » devenus de ce fait réutilisables (ce qui ne sera pas le cas du SLS) en procédant selon une méthode très différente (multiplication des essais avec la philosophie « trial and error »).

La concrétisation de l’intention n’est donc pas assurée. Mais quel en est l’intérêt ?

L’esprit de l’époque aidant, la NASA met en évidence que le « premier second pied » sera celui d’une femme et qu’elle sera noire. Si ce n’était que cela, on pourrait au choix en rire ou en pleurer. Mais comme je l’évoquais plus haut, il y a plus. Il y a la reprise du rêve américain de « frontière », d’exploration et d’aventure. Je m’en réjouis tout en craignant qu’encore une fois la Lune ne face écran à Mars. Je m’explique :

D’abord il s’agit de faire mieux que les ronds dans l’eau qu’étaient les allers-retours « vers » et « de » l’ISS.  Dès le début les investissements dans cet ISS ont paru surdimensionnés par rapport aux bénéfices scientifiques qu’on pouvait en tirer. Il y a des années qu’on cherche presque désespérément à occuper les astronautes à des expériences intelligentes à bord de ce « machin » qui à l’origine avait surtout un sens politique : la coopération avec les Russes (et marginalement les Européens). On finit par trouver quelques expériences utiles mais on aurait aussi bien trouvé et davantage, si on avait institué une routine de voyages sur la Lune qui, au moins, aurait permis d’en continuer l’exploration.

Avec le programme Artemis on va évidemment apprendre beaucoup plus de la Lune que ce que l’on en sait aujourd’hui. Cet astre qui a très peu changé depuis qu’il a été formé à l’aube de notre propre histoire, n’a en effet pas tout dit de l’environnement dans lequel nous sommes nés, notamment de l’arrivée de l’eau dans une région du système solaire de laquelle le jeune Soleil aurait dû en chasser (presque) toute molécule. L’eau très ancienne que l’on trouvera dans les cratères perpétuellement à l’ombre du pôle Sud de la Lune (et très difficilement accessible) nous donnera des renseignements très intéressants à ce sujet. On peut aussi apprendre des vagues destructrices d’astéroïdes qui ont à plusieurs reprises changé le cours de notre histoire et conduit jusqu’à l’homme. Les astéroïdes se fragmentent souvent avant l’impact sous l’effet des forces gravitationnelles et l’on pourrait peut-être trouver des témoins de certains qui ont été importants pour nous mais dont les traces ont été effacés sur Terre par l’érosion de l’eau ou par la tectonique des plaques. On pourra examiner avec plus d’attention qu’au cours des quelques furtives missions Apollo la face exposée à la Terre et surtout la face cachée beaucoup plus cratérisée et qui nous a servi de bouclier.

Ensuite, la Lune est notre « premier pied dehors ». Nous pourrons tester certains des équipements que nous utiliserons ensuite pour Mars, les générateurs d’énergies, les scaphandres, le recyclage de l’oxygène ou de l’eau, l’utilisation des engins de travaux publics dans un milieux de gravité réduite et où la poussière est extrêmement agressive du fait que les particules n’ont pas été agglomérées par l’eau et qu’elles n’ont pas non plus été émoussées par l’érosion. Nous pourrons aussi tester le Starship puisque c’est une version de ce merveilleux vaisseau qui sera (en principe) utilisée pour aller du Gateway à la Lune. Nous nous exercerons à le faire atterrir sur un support brut (ce ne sera pas une plate-forme toute lisse, de densité soigneusement égalisée). Nous nous entrainerons aussi à décharger des masses non négligeables depuis une hauteur de 30 mètres (hauteur du plancher bas du sas du Starship, au-dessus des moteurs et des réservoirs). Nous apprendrons encore à vivre et surtout travailler avec la lumière sans ombre du Soleil (pas d’atmosphère) et surtout malgré les radiations (pas d’atmosphère !). Nous verrons comment constituer rapidement des abris en les creusant dans le sol ou en accumulant le régolithe au-dessus de constructions imprimées en 3D ; et bien sûr comment cultiver dans des serres les produits frais indispensables à une vie saine…quoique, il sera sans doute plus facile de les apporter de la Terre puisqu’on n’y vivra que de courts séjours (30 jours maximum au début) et que la Terre sera facilement accessible.

Car la Lune n’est pas vraiment Mars. Cette dernière ne peut être rejointe depuis la Terre que tous les 26 mois (rapport changeant entre la position de ces planètes autour du Soleil) alors que l’on pourra apporter des vivres tous les mois sur la Lune et aller y chercher les malades et les blessés en cas de besoin. Sur Mars les cultures sous serre seront indispensables, une présence médicale lourde également. Sur Mars on devra vivre avec un vrai décalage temporaire avec la Terre. Sur la Lune ce décalage sera très léger et à peu près constant.

Mars présente donc des inconvénients mais aussi des avantages : jours de 24h39 contre 14 jours (la moitié de 28 !), atmosphère qui limite les impacts de micrométéorites, présence de glace d’eau relativement accessible, possibilité de produire sur place les ergols nécessaires au retour des fusées sur Terre (ce qui réduit considérablement les masses à y apporter), diversité minérale beaucoup plus grande que sur Terre puisqu’il y a eu travail de l’eau, volcanisme beaucoup plus actif et brassage des poussières sur une très longue période ce qui a diffusé la minéralisation un peu partout en surface.

La différence c’est aussi que Mars est une vraie planète, avec une histoire géologique beaucoup plus riche et qu’elle peut nous apprendre beaucoup plus sur le processus d’évolution des matières organiques vers la vie, que la Lune qui est pratiquement morte depuis toujours.

Mars est plus difficile à atteindre et plus exigeante au point de vue de la « solidité » des technologies qui devront être employées pour y vivre mais Mars est beaucoup plus intéressante. En commençant par la Lune on risque de se focaliser sur la Lune et d’y rester « collés ». C’est un peu ce qui se dessinait déjà sous la présidence de Georges W Bush, quand le programme (évidemment inachevé du fait de l’arrivée de Barrack Obama) était « The Moon and Beyond », le « beyond » voulant dire, in petto, « Mars ». Très vite, dès le début de la présidence, on ne parlait plus que de la Lune alors que Michael Griffin l’Administrateur de la NASA alors en poste avait été un des membres fondateurs de la Mars Society US. Le lobby lunaire est puissant et la routine s’installe très vite dans les grosses maisons ! Ce fut la même chose avec l’ISS qui devait être un instrument pour se préparer à vivre dans l’espace et qui devint très vite une fin en soi dont on ne savait trop que faire (combien de vidéo montrant des astronautes jouant avec des boules d’eau, ou regardant la Terre en rêvant par la coupole d’observation !). Je crains donc que le passage par la Lune maintenant programmé, occulte vite et pour longtemps l’objectif Mars, même si la suite d’Artemis, « Moon to Mars » existe déjà dans la tête des « Martiens…quoi qu’on en dise.

Illustration de titre : le SLS surmonté d’Orion de la mission Artemis I sur sa plateforme de lancement. Photo NASA

Illustration ci-dessous: architecture de la mission Artemis III (2025). Crédit NASA.

Liens :

https://actu.orange.fr/monde/a-houston-la-nasa-en-ordre-de-marche-pour-retourner-sur-la-lune-CNT000001RjJUx/photos/une-replique-de-la-capsule-orion-de-la-nasa-servant-a-l-entrainement-des-astronautes-le-3-aout-2022-au-centre-spatial-johnson-de-houston-au-texas-58a2cd488a077dda73e62ce6f8b0e493.html

https://www.ulalaunch.com/interim-cryogenic-propulsion-stage-(icps)

https://www.ulalaunch.com/

https://www.nasa.gov/sites/default/files/atoms/files/artemis_plan-20200921.pdf

https://en.wikipedia.org/wiki/Artemis_3

Pour comprendre la complexité des contraintes qui s’imposent pour la date, mois, jour et heure du lancement vers la Lune (“fenêtre de lancement”), je vous invite à regarder cette passionnante vidéo de la NASA: https://www.youtube.com/watch?v=ic8CqTDzn3A

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Index L’appel de Mars 22 08 17

De la pertinence du chiffrage d’un projet comme celui de l’établissement de l’homme sur Mars

Certains parmi mes lecteurs* aimeraient que je chiffre le coût du projet de l’installation de l’homme sur Mars. J’ai bien sûr quelques idées sur le sujet mais je voudrais dire qu’à mon avis, il n’est pas pertinent de procéder aujourd’hui à ce chiffrage. Trop dépend de l’avancement satisfaisant de technologies qui sont actuellement encore en développement.

*je pense en particulier à Pierre Baland qui a abordé ce sujet plusieurs fois.

Il y a plusieurs clefs à considérer.

La première et la plus importante est la finalisation du Starship. C’est en effet le seul véhicule qui permettrait les missions habitées en raison de sa capacité d’emport en masse (100 tonnes) et en volume viabilisable (1100 m3). Nous savons maintenant que le vaisseau lui-même peut voler (test « SN15 ») mais son lanceur (premier étage), le « SuperHeavy », n’a pas encore été testé en vol (le 9 août un “essai statique” à eu lieu, et a réussi, mais avec un seul moteur). Il faudra ensuite faire l’expérience du remplissage des réservoirs en ergols en orbite terrestre. Et nous ne savons toujours pas quand la protection thermique du vaisseau sera suffisamment efficace pour affronter son retour dans l’atmosphère terrestre. On peut avancer que la récupération du lanceur se fera parce qu’elle a été testée pour les Falcons 9 et Heavy mais nous ne savons pas comment se comporteront les 29 ou 31 ou 33 moteurs raptor du SuperHeavy fonctionnant ensemble. Pierre-André Haldi, expert en sécurité énergétique, longtemps professeur à l’EPFL, estime que les risques résultant de la défaillance d’un ou plusieurs moteurs sur la totalité sont élevés.

La deuxième clef est le fonctionnement du système de support vie. Il s’agit de respirer, de se nourrir, de contrôler son environnement microbien et de parer aux problèmes médicaux divers pendant 30 mois (deux fois six mois de voyage autour d’un séjour de 18 mois). Le défi n’est pas impossible à relever. On peut disposer de nourriture embarquée, encore consommable, sur cette durée. On pourra procéder à quelques cultures de produits-frais aussi bien pendant le vol que dans une serre expérimentale sur le sol de Mars. On pourra aussi consommer des algues vertes (spirulines) qui en même temps produiront de l’oxygène, procéder à des cultures de diverses matières organiques (viande) ou à l’élevage de petits animaux (crevettes, poissons). Le contrôle bactérien de l’environnement viabilisé sera difficile mais pas impossible si on le suit de très près et qu’on emporte avec soi, des produits anti-bactériens permettant de le réguler en cas de « dérapage ».

La troisième clef est la mise au point d’un système de gravité artificielle par force centrifuge. Il est évident qu’arriver à destination (Mars) après six mois en apesanteur peut poser problème ne serait-ce que pour les premières actions nécessaires à la survie. Il y a des tests à faire à proximité de la Terre, des adaptations à apporter au Starship pour faciliter la mise en rotation. Des concepts existent ; il faut les tester. A défaut on pourra utiliser des exosquelettes à l’arrivée sur Mars mais ce serait un pis-aller, non totalement satisfaisant (vertiges à craindre en raison d’une mauvaise irrigation du cerveau pendant les premiers heures/jours).

La quatrième clef est le transport et le bon fonctionnement sur Mars d’un « mix » de générateurs d’énergie. Ce sera bien sûr essentiellement un réacteur à fission nucléaire et il y a plusieurs candidats à considérer. Megapower pour l’énergie de base, Kilopower pour l’adaptabilité aux besoins spécifiques nécessitant peu de puissance, Kaleidos pour les besoins de puissance intermédiaire. Des panneaux solaires seront aussi embarqués, pour simple diversification et parce que ce serait trop dommage de ne pas profiter du rayonnement solaire même s’il est insuffisant. Il n’y a pas de doute que les réacteurs fonctionneront (sans doute le Megapower sera trop massif pour un premier vol, on le remplacera par un Kaleidos) et que les panneaux solaires pourront recueillir l’énergie « naturelle ». Mais le problème sera plus le fonctionnement du système (tuyauterie et fluide caloporteurs, réseau de fils électriques, radiateurs et sources froides dans une atmosphère ténue) et surtout la fiabilité/sécurité qui impliquera, dès le début, la redondance.

La cinquième clef est la production et le stockage d’ergols sur le sol de Mars. On sait comment l’obtenir (expérience MOXIE sur Mars, pour l’oxygène ; électrolyse de l’eau de la glace extraite du sol martien pour l’hydrogène – et bien sûr aussi l’oxygène ; test de faisabilité, sur Terre, de la réaction de Sabatier menée dans les années 1990 par Robert Zubrin, pour le méthane). Mais une chose est de maîtriser la réaction chimique, une autre est de la pratiquer en environnement réel (c’est déjà le cas pour MOXIE mais pas pour l’électrolyse ou la réaction de Sabatier) et de produire les quantités correspondant aux besoins. Il faudra densifier le gaz carbonique par des compresseurs, changer ou nettoyer les filtres lorsque la poussière les aura rendus inutilisables, éventuellement renouveler les catalyseurs de ruthénium, stocker le gaz dans des réservoirs (flexibles, isolant thermique, vannes). Il faudra aussi trouver un gisement de glace d’eau, en extraire la glace, la transporter à la base, éviter sa sublimation. Il faudra bien sûr prévoir et organiser le stockage de l’hydrogène, élément volatil s’il en est. Alternativement on peut prévoir d’apporter son hydrogène sur Mars mais on connait les risques de fuite et la masse ne serait pas négligeable (non impossible mais encombrant !).

La sixième clef est le choix des hommes (techniciens divers et médecins), les préparer pour la mission et bien sûr les rémunérer en fonction de leur qualification, des risques qu’ils accepteront de prendre et du temps, long, pendant lequel ils seront en formation puis en mission.

Ce n’est que sur la base de la première mission habitée et de ses résultats, notamment médicaux, qu’on pourra envisager la suite. C’est pour cela que l’on ne peut évoquer que très vaguement aujourd’hui le coût de la première mission habitée et a fortiori celui de l’installation de l’homme sur Mars. Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas avoir une idée assez précise de certains éléments nécessaires à la première mission puis nécessaires à la suite si médicalement il se vérifie que la qualité de vie sur Mars a été acceptable (séjour long en gravité 0,38g). Mais le point d’interrogation de la navigabilité du Starship est tel que ces calculs de détails apparaissent aujourd’hui futiles et surtout prématurés.

En fait il faut avancer progressivement, pas à pas, comme d’ailleurs le fait Elon Musk. La valorisation des actions de ses sociétés SpaceX et Tesla (et leurs nombres) qui résulte de ses très nombreux lancements de Falcon 9 pour divers clients dont, en premier lieu, la NASA, ainsi que des ventes de ses véhicules à moteur électrique Tesla partout dans le monde, lui ont permis de « mettre de côté » suffisamment d’argent pour le développement de son projet martien, via son Starship qui reste la clef la plus importante. Ce qui le freine actuellement, ce n’est pas du tout le manque d’argent, c’est la finalisation des mises au point technologiques et les tracasseries de l’administration. Je veux parler de celles de la FAA (« Federal Aviation Administration » des Etats-Unis) qui comme toute « bonne » administration vis-à-vis d’un « privé » qui a réussi, cherche à montrer son importance en ne ratant pas une occasion de lui jeter toutes sortes de bâton dans les roues. Cela est d’autant moins négligeable que nous vivons une époque « écologique » avec, aux Etats-Unis surtout, des lobbys anti-progrès extrêmement puissants.

Les grands projets ont toujours avancé comme cela. On fait des prévisions de dépenses bien sûr mais elles ne peuvent être qu’indicatives et bornées par un horizon très court car on ne sait jamais vraiment ce qui va arriver, comment les choses vont se passer. C’était vrai pour le Canal de Panama ou le Canal de Suez. C’était vrai pour le Tunnel sous la Manche (que je connais un peu car c’est ma banque qui était chef de file du projet). Ces différents projets ont éventuellement abouti mais pour des montants sensiblement différents de ceux qu’on avait envisagés, malgré des raisonnements (et des calculs!) préalables très sérieux et très précis. C’est vrai aussi pour le Starship, sans même pour le moment considérer le projet martien qui ne pourra être envisager dans ses détails, qu’après, c’est-à-dire après les tests et après les premiers vols sur la Lune. On ne parle pas ici d’une cimenterie ou d’une raffinerie de pétrole mais de quelque chose de beaucoup plus complexe et de plus incertain. Celui qui chiffrerait l’aventure martienne aujourd’hui ne pourrait donner qu’une opinion fondée sur une espérance ou des hypothèses qui peuvent très bien ne pas se vérifier ou se réaliser comme prévu. Disons simplement que les technologies nécessaires sont presque au point et qu’on y verra beaucoup plus clair après la démonstration de capacité opérationnelle du Starship.

Illustration de titre : lancement d’un vaisseau spatial Starship monté sur son lanceur SuperHeavy (futur proche, du moins je l’espère). Crédit SpaceX

Illustration ci-dessous : le bouquet de moteurs raptors devant assurer la propulsion du lanceur SuperHeavy (configuration 29 moteurs). La tour de service est bien visible sur la gauche. Crédit SpaceX.

lien: https://www.space.com/spacex-starship-super-heavy-first-static-fire

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Index L’appel de Mars 22 08 17

Pourquoi la rentabilisation d’une colonie sur Mars serait possible

Les opposants à la création d’une colonie humaine sur Mars utilisent souvent l’argument du coût d’une telle installation. Il est vrai que « quelques dizaines* de milliards » ce n’est pas rien. Mais je pense que si cette colonisation est bien conçue, elle pourrait être une source d’enrichissement plutôt que d’appauvrissement, en clair, un véritable « investissement » plutôt qu’une dépense « à fonds perdus ».

*NB : je précise que de bonnes raisons me conduisent à penser qu’il ne faut pas envisager des centaines de milliards. Mais discuter de l’estimation n’est pas ici mon propos.

On peut envisager plusieurs sources de revenus pour les personnes qui auront dépensé pour réaliser cette colonie et qui voudront légitimement non seulement rentrer dans leurs fonds mais, au-delà, réaliser un profit.

Une première source de revenus pour la société d’exploitation réunissant les investisseurs, sera le paiement du séjour sur Mars par le client : la location des habitats, véhicules et autres équipements ; la mise à disposition des divers produits nécessaires à la vie, air respirable, aliments, vêtements, soins médicaux. C’est cette source que nous avions considérée avec Richard Heidmann (fondateur de l’association Planète Mars, branche française de la Mars Society) en 2019 dans le cadre de la compétition internationale lancée par la Mars Society US. Je ne mentionne pas le voyage car le coût restera probablement longtemps élevé et si l’on peut imaginer de le réduire par économie d’échelle en fonction d’un nombre croissant de passagers, je pense que les marges sur ce service resteront faibles car pendant longtemps on dépensera pour actualiser des vaisseaux qui serviront peu compte tenu de l’étroitesse et de l’éloignement des fenêtres de tir. On peut toutefois envisager un forfait de base, couplant séjour + voyage (dégageant une marge), pour les personnes qui viendraient sur Mars avec l’idée d’en repartir à la fin du même cycle synodique.

Mais je voudrais surtout attirer l’attention sur un autre potentiel de la colonie qui peut la conduire à un moyen de rentabilisation qui ne serait plus limité à rendre service aux Terriens pour leur permettre de profiter de Mars. Il s’agirait d’offrir à des entrepreneurs un cadre de vie adéquat pour une activité fournissant une offre pouvant faire l’objet d’une demande par l’ensemble de l’humanité, que les personnes formulant cette demande soient ou non intéressées par la vie sur Mars.

Je veux dire que pour que la colonie martienne devienne une communauté humaine comme une autre, appelée comme une autre à accéder à la prospérité via une activité sur un marché mondial (tout en veillant à maintenir une autonomie correspondant aux nécessités de sécurité qui s’imposeront à elle), il faut qu’elle accueille ou suscite des entreprises qui travaillent sur Mars comme elles travailleraient sur Terre tout en prenant compte évidemment des spécificités résultant de l’éloignement de la localisation martienne.

Une telle activité ne peut être qu’immatérielle ou du moins sans nécessité de transport car il n’est pas question de dépendre d’une capacité d’emport interplanétaire limitée en volume et en masse tous les 26 mois (et bien sûr coûteuse). Cela implique qu’elle repose sur l’informatique et puisse fonctionner à distance, via un réseau de télécommunications interplanétaires. Cela n’exclut pas qu’on puisse envisager une production par impression 3D localisée au plus près de chaque foyer de consommation.

Pour prendre deux exemples pratiques, Jeff Bezos aussi bien qu’Elon Musk pourraient vivre et travailler sur Mars. Jeff Bezos puisque, comme il peut diriger à partir des Etats-Unis, une entreprise qui effectue des livraisons en Australie ou ailleurs à partir de fournitures locales ou étrangères, pourrait aussi bien le faire de « plus loin ». Elon Musk parce que les voitures Tesla aussi bien que les fusées Falcons ou les Starships pourraient être produits aussi bien sur Mars que sur Terre.

Le seul problème et il n’est pas vraiment négligeable est celui du décalage de temps. En effet on peut être tout à fait présent via un écran ; l’expérience au cours de ces dernières années l’a bien montré, la participation en « distanciel » fonctionne. On peut voir et discuter avec un ou plusieurs interlocuteurs tout à fait valablement avec cette méthode, travailler vraiment. Mais peut-on attendre jusqu’à près d’une heure pour avoir réponse à une question posée qui sur Terre serait donnée en seulement quelques minutes ?

Mon avis : au 19ème et au début du 20ème siècle, les entreprises fonctionnaient avec le courrier papier ou le télégraphe. Je me souviens bien de l’époque où à l’intérieur de ma banque dans les années septante, nous communiquions par « télex », ces bandes perforées qu’il fallait transcrire en langage courant, quand on avait besoin d’une réponse rapide d’Iran, de Thaïlande ou des Etats-Unis. Je pense donc que si un patron a besoin d’avoir une partie de son équipe dirigeante « sous la main », beaucoup peut être fait à distance même si cette distance implique un décalage de temps (comme l’impliquait de fait le télex, et a fortiori le courrier papier). C’est une question de (bonne) organisation.

Je ne dis pas que ce décalage de temps serait un avantage pour la localisation d’une direction d’entreprise sur Mars. Ce serait évidemment un désavantage mais ce désavantage serait à mettre en balance avec les avantages : plus grande sécurité individuelle des personnes et meilleure organisation sociale en raison de la sélection très forte au départ de la Terre et du contrôle impératif pour prévenir les dangers sur Mars (dépressurisation, infections microbiennes) ou pour s’assurer à tout moment que « tout » fonctionne (télécommunications avec la Terre, stockage et accès aux banques de données copiées continument sur Mars), sans oublier l’excellente qualité de l’environnement humain (pour la même raison qu’il y aura eu sélection rigoureuse).

Par ailleurs, il faut atténuer l’aspect négatif du décalage temporel en considérant que les discussions en « présentiel » sont souvent l’occasion d’argumentations improvisées ou d’interruption par l’un ou l’autre des participants. Une réponse réfléchie et correctement argumentée peut présenter, même si elle se fait un peu attendre, un avantage certain. D’autant que le plus souvent on est conduit à traiter plusieurs sujets / problèmes à la fois et que le décalage permettrait d’entremêler plus facilement les discussions.

Enfin je ne résiste pas à me référer à une expérience familiale. Un de mes arrière-grands-pères qui vivait dans la ville royale d’Aranjuez en Espagne dans la seconde partie du XIXème siècle avait monté une entreprise qui devint prospère, avec un associé auvergnat comme lui. Il est resté célèbre chez nous parce qu’ayant atteint l’âge mûr, il alternait avec cet associé sa présence à la tête de l’entreprise. Il en profitait pour maintenir ses contacts en Auvergne ou pour résider agréablement à San Sebastian. Bien sûr il restait joignable par courrier postal ou même par télégraphe en cas de besoin. Avec la facilitation que donnent le système moderne de communications, on peut imaginer une telle délocalisation avec éloignement alterné de Mars d’une durée évidemment calquée, par la force des choses (et des lois de Kepler !), sur la durée des périodes synodiques des deux planètes. Bien sûr étant donné la nuisance des radiations pendant le voyage Mars/Terre/Mars, il vaudra mieux, quand même, ne pas faire trop d’allers-retours.

Illustration de titre : Projet de site de simulation de vie sur Mars, en Californie, par Interstellar Lab (Barbara Belvisi).

Prenons avec nous notre Feu et partons pour Mars!

Dans la Guerre du Feu de J.H. Rosny aîné, nos très lointains ancêtres s’emparent puis protègent par leur mobilité des braises qu’ils transportent dans une coque de morceaux d’écorce humides tapissée d’éclats de pierre. Ils se sauvent, non pas pour fuir c’est à dire renoncer mais bien au contraire pour temporairement survivre et, un jour, pour s’installer à nouveau et continuer à vivre, grâce au meilleur de ce que la technologie de leur époque pouvait leur offrir.

Il ne faut pas croire, malgré les centaines de milliers d’années écoulées passées en tant qu’Homo-sapiens sur cette Terre qui nous a enfantés, que nous soyons moins fragiles qu’ils l’étaient. Nous avons intérêt à en être conscients, à ne pas oublier qu’il faut rester mobiles et agir en conséquence au bon moment. Nous n’avons pas forcément le temps de nous prélasser dans les palais de Sodome et de Gomorrhe. Nous avons tous intérêt à ce qu’au moins une poignée d’entre nous, portant avec eux leur feu de vie, partent « cette nuit même ».

Les exemples de tels mouvements abondent dans les mythes et dans l’Histoire : ceux des premiers hommes de la Guerre du Feu bien sûr, mais aussi celui de Noé, de Loth et ses filles, de Moïse, des Pilgrims Father, des Mormons…

Aujourd’hui, Mars !

Oui, pour nous aussi l’heure est venue et nous devons partir, trouver un havre de paix ou au moins un abri pour préparer des jours meilleurs ; non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour l’humanité entière. Nous voyons bien autour de nous la dégradation générale de la situation, la surpopulation, la pollution extrême, la hausse des températures, la perte accélérée de la biodiversité, les maladies qui circulent d’un bout à l’autre de la planète à une vitesse de plus en plus rapide, la haine et la violence qui se déchainent en raison des mouvements incontrôlés de population ou du saccage de l’environnement. Nous constatons aussi que malgré l’expérience, la guerre pour toutes sortes de raisons n’est pas qu’un mauvais souvenir mais qu’elle peut toujours revenir sur le devant de la scène avec des armes de plus en plus destructrices.

Certes, tout espoir de correction de cette évolution négative n’est pas à exclure par principe. Nous pouvons nous amender, retrouver un équilibre, être à nouveau heureux sur Terre ; le cœur de l’homme est souvent mauvais mais il est bon aussi. La Technologie donc notre esprit inventif opérant sur un lit de connaissances et de savoir-faire accumulés depuis maintenant plus de deux siècles, peuvent nous permettre d’éviter la catastrophe.

Mais aurons-nous le temps ? Le Titanic sur lequel nous sommes embarqués et sur la barre duquel nous faisons pression pour passer au large de l’Iceberg, va-t-il réagir à temps, l’inertie conjugués des insouciants et des incapables devant l’extrême violence de certains d’entre nous, sera-t-elle trop forte ou bien la barre va-t-elle casser ?

J’entends les gens qui disent que nous ne sommes pas pressés d’aller sur Mars pour cette raison, que la Terre est notre seule possibilité de continuer à vivre et qu’il n’existe pas de Planète-B ou bien qu’on verra, plus tard.

Je ne suis pas d’accord.

Grâce à nos progrès technologiques, Mars devient potentiellement habitable, tout comme l’Europe le (re)devint pour Homo Sapiens après le pic de la dernière Grande-glaciation ou comme l’Amérique devint accessible aux Européens après qu’ils eurent développé des bateaux suffisamment résistants et des armes plus efficaces que leurs lances ou leurs flèches.

« Devenir habitable » ne veut pas dire que ce sera facile de s’y installer. Non, ce sera probablement « juste-possible », tant l’environnement de Mars est hostile. Mais ce sera « quand-même-possible » car outre les rayons du Soleil pour nous éclairer et nous fournir un peu d’énergie, nous aurons les éléments pour le faire, nos connaissances en chimie, mécanique, ingénierie pour les utiliser et les transformer et nos connaissances en biologie et en médecine pour y adapter nos enveloppes charnelles.

« Nous », ce sera seulement une toute petite poignée d’entre nous, pas plus nombreux que nos ancêtres quand ils quittèrent l’Afrique, quelques centaines puis quelques milliers de personnes. Certainement des hommes courageux et psychologiquement forts mais aussi capables de transformer leur environnement, adaptables à l’imprévu et à l’épreuve, et créatifs ; des hommes qui sans être du tout asociaux car il leur faudra « vivre ensemble » avec un petit nombre, seront capables de vivre en dehors du cocon physique et humain où ils seront nés ; des hommes exceptionnels donc mais l’humanité devrait être capable de nous les offrir comme on tend une corde à quelqu’un qui se noie, comme elle l’a toujours fait en cas de besoin extrême.

De cette graine, naitra une nouvelle branche de notre espèce, des êtres qui seront adaptés à leur environnement et qui, entre eux, par leur vie même, auront créé des liens particuliers de connaissance, de proximité, d’amitié et d’affection, comme dans toute autre communauté humaine.

Eloignés de nous autant qu’on puisse l’être, ils n’en seront pas moins des membres de notre grande famille, en relations aussi fréquentes que possible, que les autres avec tous, par tous les moyens disponibles, c’est-à-dire essentiellement les ondes. Les télécommunications entre Mars et la Terre seront essentielles pour les Martiens, autant que les contacts physiques intermittents car réalisables seulement tous les 26 mois, une véritable ligne de vie jusqu’à ce que l’autonomie soit possible. Il s’agira de continuer à bénéficier, autant que faire se peut, des progrès techniques et de l’enrichissement culturel terrestre et d’y participer…mais à distance, donc derrière un écran protecteur des troubles ou des maladies. De ce fait les Martiens donneront une nouvelle dimension à la communauté humaine. Pour nous tous, Mars sera le lieu des extrêmes, la « frontière » comme l’était l’Ouest Américain dans la seconde moitié du 19ème siècle et le début du 20ème et peut-être, paradoxalement, le pays de la paix.

Cependant, de plus en plus, les Martiens développeront leurs particularités et la nature les différenciera aussi des autres hommes car on ne vivra pas impunément dans des gravités différentes. Comme les Thibétains se sont adaptés biologiquement aux hauts plateaux d’Asie-Centrale, les Martiens s’adapteront biologiquement, avec le temps, à leur gravité spécifique de 0,38g. Et si les Terriens pourront toujours leur rendre visite physiquement, eux-mêmes auront de plus en plus de mal à reciproquer. Imaginez, si vous deviez vivre dans une gravité de 3g, la fatigue que vous ressentiriez rapidement en vaquant à des activités tout à fait normales !

Mais ce sera ainsi, le prix à payer pour une vie nouvelle et il y a eu bien pire dans l’Histoire. Car de plus en plus nous aurons, dans ce monde nouveau, des échanges en « distanciel ». Certes ces échanges avec la Terre souffriront d’un décalage de temps (les 3 à 22 minutes incompressibles dans un seul sens en raison de la finitude de la vitesse de la lumière) mais ce sera pénible, non insurmontable. On aura le temps de réfléchir avant de parler et on continuera à communiquer par Internet (non plus le www mais le twww pour trans-world-wide-web).

Alors, malgré ces inconvénients et en raison de ces avantages, il ne faut pas hésiter, il faut partir « demain » c’est-à-dire « dès que possible » car l’acclimatation sera longue, l’autonomie absolument nécessaire pour ne pas mourir, et encore plus longue à réaliser totalement. D’un autre côté nous ne pouvons pas nous permettre d’éviter la mort totale de notre Civilisation si par malheur la barre de notre Titanic cédait avant d’avoir contourné l’Iceberg. Demain nous pouvons avoir surmonté l’obstacle ou nous pouvons avoir disparu. C’est maintenant plus que jamais qu’il faut se préparer à partir en emportant notre Feu. Nous pourrons le faire dans la coque d’un Starship, nouvelle version de la coque faite d’écorce humide et de morceaux de pierre de nos lointains prédécesseurs.

NB : La guerre du Feu a été publié en 1909. Depuis, notre connaissance de l”homme préhistorique” a évolué mais la vraisemblance de l’histoire reste acceptable. Le cinéaste Jean-Jacques Annaud en a tiré un film (moins bon que le livre) en 1981. Le livre a été édité une centaine de fois. J’ai moi-même dû le lire vers 1955. L’histoire, épique, se déroule il y a quelques 100.000 ans. Vous pouvez le trouver facilement, chez votre libraire, chez Amazon ou à la FNAC.

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