La détection de phosphine dans l’atmosphère de Vénus a suscité beaucoup d’intérêt puisqu’on nous dit que ce gaz implique la présence de vie. J’ai voulu me reporter aux sources, c’est-à-dire lire l’article scientifique paru dans la revue « Nature Astronomy » sur la présence de ce gaz dans l’atmosphère de Vénus et l’article scientifique plus général paru dans la revue « Astrobiology » sur ce gaz comme marqueur d’une activité biologique dans les atmosphères planétaires. Voici ce que j’ai compris et les conclusions que j’en tire.
La phosphine est une molécule combinant le Phosphore et l’Hydrogène (PH3). On l’a trouvé en petite quantité (20 ppb), dans les régions tempérées (pour ne pas dire « habitables ») de l’atmosphère vénusienne. L’identification de la raie spectrale correspondante en a été effectuée par les télescopes JCMT (James Clerk Maxwell, sur le Mauna Kea à Hawai) et ALMA (Désert d’Atacama, Chili). Elle semble sûre.
La phosphine n’est pas exceptionnelle dans l’Univers. On la trouve aussi dans les atmosphères de Jupiter et de Saturne mais sur les planètes telluriques (comme la Terre ou Vénus) aucun processus abiotique connu aujourd’hui ne peut expliquer sa présence (les mots « abiotique » et « connu aujourd’hui » sont pesés). Plus précisément dit, sur ces planètes il n’y a pas de faux-positifs de source abiotique pouvant générer les flux élevés requis pour sa détection (à noter cependant que la quantité de 20 ppb constatée, est dans le bas de la fourchette qui va de dizaines à centaines de ppb).
Sur Terre, son processus de formation se développe dans les intestins des animaux mais, si on sait où, dans quel contexte elle se forme, on ne sait toujours pas exactement comment. De récents travaux postulent que sa production pourrait être associée au cycle microbien de l’acide tricarboxylique des entérobactéries. Mais sur Vénus nous ne sommes pas sur Terre !
La présence de phosphine n’est donc pas directement une preuve de vie. Aussi bien que de la vie, elle pourrait provenir d’un processus photochimique ou géochimique dans un environnement extrême, mal connu (comme celui de Vénus). Souvenons nous qu’une autre énigme, la présence de méthane dans l’atmosphère martienne, n’est toujours pas élucidée bien que les missions martiennes avec instruments dédiés, aient été nombreuses et longues, et que l’on doute desormais beaucoup de possibles causes biologiques.
Il faut maintenant donner quelques indications sur cet environnement vénusien : La température de surface est de 470°C (assez égal partout avec deux « colliers » un peu moins chauds lorsqu’on s’approche des pôles), la pression atmosphérique est de 90 bars (égale partout). Son atmosphère est composée à 95% de gaz carbonique et 3,5% d’azote plus quelques autres gaz à l’état de traces y compris un peu de vapeur d’eau résiduelle (il y en a eu beaucoup avant que l’effet de serre bouleverse tout). Elle comprend d’importants nuages de dioxyde de souffre (anhydride sulfureux) pouvant évoluer en acide sulfurique avec la vapeur d’eau en suspension. Jusqu’à 48 km d’altitude le CO2 dépasse son pourcentage moyen et la consistance de l’« air » est plutôt celle d’un « fluide-supercritique », intermédiaire entre liquide et gazeux. Entre 50 et 60 km, on est dans la zone des nuages d’acide sulfurique (gouttelettes en suspension), évidement plus nombreux vers 50 km (« lower clouds ») que vers 60 km (« middle clouds »), avec une sous-zone moins « encombrée » entre deux*. Ils contiennent aussi du sulfate de fer, du chlorure d’aluminium et de l’anhydride phosphorique (P2O5, différent de la phosphine). Dans cette zone la pression est de l’ordre de celle que l’on connait à la surface de la Terre mais les températures chutent rapidement, de +70°C à -10°C (lorsque la région est dans l’ombre de la planète par rapport au Soleil).
*NB : C’est dans cet endroit charmant au climat idyllique (je plaisante) que certains envisagent de mener des missions habitées ! Il ne faut pas trop rêver, la bande d’altitude favorable est étroite (quelques km) et n’oublions pas que les avions en vols moyens/longs courriers circulent à 10 km du sol, monter ou descendre de 4 ou 5 km va très vite. De plus les nuages d’acide sulfurique sont évidemment très dangereux ! Mais la pénétration de l’homme dans ce monde hostile n’est pas le sujet de cet article.
Pour revenir à Vénus, compte tenu des caractères très particuliers de l’environnement il est vraiment trop tôt pour exclure que la phosphine puisse résulter d’un processus abiotique. En avoir trouvé dans l’atmosphère de Vénus est donc une piste intéressante qui mérite d’être poursuivie mais « ne nous emballons pas ». On peut envisager (pour ne pas dire rêver) d’organismes de type vessies aéroportées (pas forcément intelligentes) flottant dans un joli ciel bleu parsemé de nuages mais on est très loin de pouvoir dire qu’on en a trouvés. Il faut aller voir de plus près. A noter que les scientifiques qui ont envisagé la phosphine comme marqueur biologique, nous disent que la production de ce gaz constaté dans l’atmosphère proviendrait du sol de ces planètes. Dans le cas de Vénus, il est difficile d’imaginer que ce puisse être le cas, tant les conditions au sol sont hostiles. Alors Vénus avec son atmosphère si massive, ne serait-elle pas une planète tellurique avec quelques caractères de géante gazeuse ?
Une mission dédiée à la collecte d’échantillons serait certainement intéressante (et pas seulement pour cet objet mais aussi pour l’étude des différents environnements vénusiens). Pour l’instant certains (comme Robert Zubrin) pensent à prendre quelques mesures avec la sonde BepiColombo (ESA + JAXA), partie de la Terre vers Mercure en Octobre 2018. Elle doit faire deux survols (« flyby ») de Vénus le 16 octobre 2020 et surtout le 11 août 2021 (pour insertion en orbite de Mercure le 5 décembre 2025) car le 16 octobre est un peu trop rapproché pour entreprendre quoi que ce soit. De toute façon je vois mal quels instruments dédiés à l’observation d’une planète sans atmosphère comme Mercure pourraient être utilisés précisément pour analyser plus finement qu’on ne l’a jamais fait à distance, la composition de l’atmosphère de Vénus !
Il serait plus sérieux d’accélérer la préparation de la mission Venera-D* initiée par les Russes, spécialistes de la planète car ils y ont mené avec succès plusieurs missions (séries nommées Venera et Vega, depuis les années 1970, les deux dernières étant Vénéra 13 et 14 en 1982), en équipant les ballons atmosphériques déjà prévus, de détecteurs adéquats. La mission dont l’origine remonte à 2009 et dont le lancement est actuellement prévu pour après 2026, comprend un orbiteur, un atterrisseur (durée de vie 60 jours, précédentes respectivement une et deux heures) et deux ballons pour évoluer dans l’atmosphère. Les ballons comprennent notamment un « néphélomètre » (instrument dont l’objet est de mesurer la teneur des particules en suspension). La NASA s’y est associée en 2014 (voir ci-dessous le « phase II final report publié le 31 janvier 2019, le premier rapport – « phase I » – date de janvier 2017).
*« D » est l’initiale de « Dolgozhivuschaya », « longévité » en Russe car le projet est de mettre en situation des collecteurs de données dont la vie sera nettement plus longue que ceux qui les ont précédés. On veut des instruments qui fonctionnent pendant plusieurs semaines et non plus seulement quelques heures.
Cependant les Russes n’ont plus les moyens, seuls, de leurs ambitions et il est possible que les Américains leur faussent compagnie pour mener seuls leur propre projet, DAVINCI (Deep Atmosphere Venus Investigation of Noble gases, Chemistry, and Imaging). Ce dernier figure dans la préselection de la NASA de février 2020 (programme Discovery). Il est plus modeste que VENERA-D puisqu’il consiste simplement en une descente jusqu’au sol qui doit durer 63 minutes, au cours desquelles des mesures seront faites sur la composition de l’atmosphère. Il est donc moins cher (les missions Discovery doivent coûter moins de 450 millions de dollars). Le choix final doit être fait en 2021.
Si la médiatisation générée par la découverte de phosphine pouvait avoir cet effet d’accélération, ce serait une excellente chose. Il serait préférable que dans ce contexte VENERA-D soit préférée à DAVINCI mais cela dépendra sans doute, malheureusement, des relations politiques entre Les Etats-Unis et la Chine et celle-ci seront également dépendantes du résultat des élections américaines. La seule chose que l’on puisse dire c’est qu’une nouvelle mission vers Vénus sera décidée l’an prochain.
Références / liens :
* NATURE ASTRONOMY, « Phosphine gas in the cloud decks of Venus », par Greaves, J.S., Richards, A.M.S., Bains, W. et al. Nat Astron (2020). https://doi.org/10.1038/s41550-020-1174-4
*ASTROBIOLOGY, Volume 20, Number 2, 2020 ª Mary Ann Liebert, Inc. DOI: 10.1089/ast.2018.1954, « Phosphine as a Biosignature Gas in Exoplanet Atmospheres » par Clara Sousa-Silva, et al. (Departments of Earth, Atmospheric, and Planetary Sciences, Physics, and Aeronautics and Astronautics, Massachusetts Institute of Technology (MIT), Cambridge, Massachusetts).
*Lien vers l’étude conjointe Russo-Américaine sur le projet Venera-D (la meilleure description à ce jour de ce que l’on sait de Vénus et des projets qu’on pourrait y mener : http://www.iki.rssi.ru/events/2019/Venera-DPhaseIIFinalReport.pdf
Projet Calypso de la NASA : https://www.space.com/venus-calypso-surface-survey-idea.html?utm_source=notificati
Projet DAVINCI de la NASA: https://en.wikipedia.org/wiki/DAVINCI
Illustration de titre : Vénus sous ses voiles et Vénus dévoilée. La première, blanche et douce, est celle que l’on voit depuis la Terre et même lorsque l’on s’en approche ; la seconde, rougeoyante et brûlante, est celle que l’on voit au radar (mission Magellan 1989 – 1994), l’image même de l’enfer. Crédit : NASA (PIA10124 et PIA00104).
Illustration ci-dessous, le sol de Vénus dans Eistla Regio (d’après les données de la mission Magellan), crédit NASA. Les termes “sol” (ou “surface”) sont trompeurs car l’atmosphère qui le recouvre est tellement épais et dense sur une trentaine de km (pression 10 bars à 30 km d’altitude, 22 à 20 km et 47 à 10 km) , qu’il s’apparente davantage à un liquide qu’à notre “air” terrestre. Il faut plutôt voir cette surface comme le fond d’un Océan global hyperchaud.
Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :
Index L’appel de Mars 20 09 12
Pour votre information, je donnerai une conférence via Zoom le 29 Septembre de 18h00 à 19h00, sur le thème “Faut-il aller sur Mars?”
Cette conférence est un des “événements” organisés par le journal Le Temps.
L’introduction et l’intermédiation avec les participants sera faite par le journaliste scientifique du journal, Fabien Goubet. Inscrivez-vous pour participer :
https://www.letemps.ch/evenements/fautil-aller-mars
Et si nous mettions tout cet argent dépensé extra- terre à rendre notre planète plus habitable, plus respectueuse de la nature, plus humain pour tous ?
J’ai déjà répondu de multiples fois à des gens comme vous qui veulent que nous fassions tous la même chose que c’était totalement contre-productif.
Dans aucune période de l’Histoire, les hommes ne se sont comportés comme cela (à faire tous la même chose). Tous n’ont pas les mêmes talents, tous n’ont pas les mêmes intérêts. Vous avez vos certitudes et n’avez peut-être pas soif de comprendre davantage l’Univers qui nous entoure mais ce n’est pas mon cas et je ne suis pas le seul. Continuer à dépenser pour cela me semble légitime.
Au-delà, ce n’est pas les quelques petites dizaines de milliards de la richesse produite sur la planète qui sont actuellement consacrées annuellement à l’exploration spatiale qui permettraient d’atteindre sensiblement plus rapidement les objectifs que vous vous êtes fixés (les dépenses publiques spatiales aux Etats-Unis, pays qui dépense le plus pour l’Espace, ne représente que 0,5% du budget fédéral). Et les dépenses effectuées pour l’espace peuvent aussi servir sur Terre (d’ailleurs toutes les dépenses effectuées pour l’espace sont effectuées sur Terre et font vivre des gens qui sont sur Terre). Enfin il y aussi beaucoup d’innovations suscitées par les besoins de l’exploration spatiale qui trouve des applications terrestres et permettent aux gens de mieux vivre (ce n’est pas du tout le sujet de cet article de les énumérer ici).
Vous avez vos passions, j’ai les miennes. Ne soyez pas égoïstes, laissez-nous vivre !
Absolument fascinant!
la phosphine de Vénus, pas plus que le méthane de Mars ne sont des indicateurs fiables de vie extraterrestre . Ce n’est pas aussi drôle que les canaux de Sciaparelli ! Mais certains prennent des vessies pour des lanternes à force d’y croire …
J’ai lu cette semaine que le rayonnement cosmique sur la Lune était mesuré à 2.6 fois celui dans l’ISS. Un expert en a conclu que la présence humaine sur la Lune ne devrait pas excéder 2 mois .
Quand on sait que le voyage vers Mars dure environ 6 mois, cela évidemment pose le problème de la protection des astronautes .
Il faudrait maintenant concevoir des couches de protection et refaire les mêmes mesures dans différents scénarios .
Pour cela , des missions habitées sur la Lune s’avèrent de plus en plus vitales avant de se lancer vers la planète rouge et risquer des vies inutilement …
Comme les missions martiennes dureront des années , il faudra les simuler d’abord sur la Lune et non se contenter de petits exercices sur Terre !
Les radiations à l’altitude de l’orbite lunaire sont légèrement plus du double de celles qui sont reçues à la distance de l’orbite terrestre par rapport au Soleil. Mais quand on est sur la Lune on en reçoit moins puisque le sol (la masse de l’astre) fait écran à la moitié de ces radiations.
Pour ce qui est des protections, merci mais on y a déjà pensé (et j’ai écrit plusieurs articles sur le sujet). Le sujet est vaste et impossible à “couvrir” en quelques phrases mais il faut distinguer les radiations solaires, des radiations galactiques. On peut se protéger des premières (quasi exclusivement composées de protons) avec de l’eau, riche en hydrogène donc en protons, mais pas des HZE (éléments lourds) des radiations galactiques. Il faut donc plutôt voyager lorsque l’activité solaire remonte vers son pic de 11 ans (avec un sas de protection pour passer une éventuelle tempête solaire, dangereuse du fait de l’intensité des radiations) car les radiations solaires gênent la penetration des radiations galactiques.
Pendant un voyage “normal”, avec une protection contre les radiations solaires (eau, nourriture, veste astrorad), on devrait recevoir une dose acceptable de radiations qui ne devrait pas empêcher de faire sans problème sérieux 3 ou 4 allers et retours Terre/Mars. Une fois sur Mars on pourra se protéger des radiations suffisamment pour y vivre une vie.
NB: une mission martienne durera 30 mois voyage AR compris et non “des années”.
Je retransmets ici le commentaire de Pierre-André Haldi qui n’a pas pu parvenir directement jusqu’à ce blog pour des raisons techniques:
En matière de radioprotection, un facteur 2,6 n’est pas vraiment significatif (c’est l’ordre de grandeur qui compte). Si l’irradiation subie au niveau de l’ISS est supportable (et elle l’est!), alors elle le sera aussi sur la Lune avec les chiffres que vous avancez. Et croyez-vous vraiment que personne n’a pensé à ce problème jusqu’ici? Dès le début de astronautique habitée cette question de l’exposition aux rayonnements cosmiques a été étudiée et prise en compte, aussi bien pour des missions lunaires que martiennes. Des étude américaines ont évalué que l’irradiation (de l’ordre de 600 mSv) subie par un astronaute lors d’une mission dune durée totale de 2 ans et demi sur Mars conduirait à une augmentation du risque de cancer induit d’à peine un peu plus de 1% sur une durée de 30 ans après son retour sur Terre. C’est beaucoup moins que le risque que prend un fumeur sur la même période!
Je vous rejoins par contre sur le fait qu’il pourrait être utile (et prudent) de tester certains aspects d’une mission martienne habitée sur la Lune avant un départ, sans retour rapide possible en cas de problèmes, vers Mars. Mais il faut tenir compte que l’environnement lunaire est sur bien des plans assez différent de celui de Mars, mais en plus exigeant (ce qui est plutôt favorable dans l’optique d’un banc d’essai).
Comme toujours, un article très intéressant pour lequel je vous remercie.
La phosphine est rare dans la nature. On en a trouvé dans des météorites et, dans un enfer comme celui qui règne à la surface de Vénus, il pourrait quand même se former à partir de phosphore mis en présence d’eau, de sels basiques ou d’aluminium. On connaît mal la chimie des milieux extrêmes.
Même pour la NASA, les problèmes restent nombreux à résoudre pour une mission de “longue durée” (quelques heures à quelques jours) à la surface de Vénus.
C’est au point qu’ils sont allés jusqu’à soumettre humblement certains de ces problèmes à l’ensemble de l’Humanité afin que nous puissions leur proposer des idées à propos de ces problèmes difficiles à résoudre, au moyen de l’organisation Hérox.
Parmi ces problèmes, trouver une logique électronique ou autre qui permettrait à un rover d’éviter les obstacles et les trous lors de ses déplacements : https://www.herox.com/VenusRover/community J’y participe et, les semi-conducteurs étant inutilisables dans un tel environnement, j’ai proposé l’emploi de nuvistors, ces petites lampes radio fabriquées par RCA dans les années 60-70. J’en ai même testé la faisabilité en réalisant une mémoire d’un bit au moyen de deux nuvistors 6CW4 connectés avec du fil de cuivre émaillé analogue à celui utilisé pour bobiner les transformateurs et soudé à l’argent, le tout placé dans un autoclave à 350 degrés sous 30 bars pendant trois jours. Ça fonctionne.
Tant qu’à faire, je préférerais quand même aller sur Mars.
Il serait intéressant de reprendre cet ancien projet de “voile artificiel” entre le soleil et la terre, loin dans l’espace, interceptant une partie des rayons solaires destinés à notre planète, comme la lune projette une ombre lors d’une éclipse. Un moyen de combattre le réchauffement climatique
Il nous faut une base perpétuelle sur la face visible de la lune hébergeant des humains susceptibles de repeupler la terre en cas de catastrophe météorique ou autre. Nous ne savons pas prévoir l’arrivée des météores et encore moins les repousser
Pas très réalistes vos propositions!
Une voile artificielle: de quelle taille? en quelle matière? de quelle masse? qui va aller la déployer et avec quoi? Comment va-t-elle se maintenir en place? avec quelle énergie?
Une base perpétuelle sur la Lune: pourquoi sur la face visible? Il ne serait pas facile de créer une base autonome sur la Lune, beaucoup plus difficile que sur Mars notamment en raison de la rareté de l’eau, de la très faible gravité, des jours (et des nuits!) de 14 jours terrestres (pas facile pour la culture sous serre), etc…
Je suis d’accord sur le risque que représentent les météores mais contrairement à ce que vous dites, on connait de mieux en mieux les trajectoires des plus gros (programme CNEOS de la NASA :https://cneos.jpl.nasa.gov/sentry/)
.
Oh oui, ce n’est pas la facilité! Ce n’est pas pour tout de suite! Cher à réaliser très loin de la terre!
Des Russes se sont déjà posé cette question et avaient proposé un gaz à faible altitude, abandonné car empoisonné
Mais vu le nombre de déchets en orbite et en prenant le temps c’est concevable, mais bien plus loin de notre planète. Quelle matière ? n’importe laquelle pourvu qu’elle fasse de l’ombre.
La maintenir en place? comment la station spatiale internationale se déplace-t-elle, se stabilise-t-elle? poussées de fusées
Attendre que le réchauffement fasse quelques millions de morts avant de faire les bons choix de dépenses?
Une base sur la lune? Parce que cela permettrait d’observer sans cesse la terre, de voir si la catastrophe y interdit la vie, de constater l’avancement de la récupération après le météore, de voir si on peut rentrer, de venir récupérer des machines utiles voire de l’eau, à l’aide de robots. La vie sur la lune serait difficile, sûr! Mais comment éviter à l’espèce humaine de disparaître comme les dinosaures?
On connaît de mieux en mieux la trajectoire des météores …mais pas totalement! Il m’arrive encore de lire sur internet que l’un d’eux est passé sans avoir été prévu. Et à quoi bon les prévoir si on ne peut les arrêter?
On a fait l’inventaire des plus gros astéroïdes susceptibles d’impacter la Terre mais pas de tout les astéroïdes quel que soit leur taille! Ceci dit les plus dangereux sont les plus gros (20 mètres de diamètre et plus). Le météore à l’origine de “Meteor-crater” aux Etats-Unis, est estimé avoir eu un diamètre de 50 mètres.
Mais le sujet de cet article ne concerne pas du tout les astéroïdes! On ne peut pas parler de tout à la fois à propos de n’importe quel sujet sous prétexte que ça concerne l’espace! Si vous n’avez rien à dire sur Vénus, on arrête là.
Je passe sur votre proposition de “parasol spatial”, de pure science-fiction comme l’a relevé M. Brisson!
Par contre, je voudrais revenir sur la suggestion d’installer une basse permanente (“perpétuelle” est plutôt ambitieux 🙂 !) sur la face visible de la Lune. Pourquoi nécessairement sur cette face? Je trouverais plus intéressant une base sur la face cachée de notre satellite naturel. Outre que ce serait un lieu idéal pour l’observation astronomique de l’univers proche ou lointain, une telle base permettrait de “simuler”, bien mieux qu’on ne peut le faire sur Terre, ente autre les conditions physiologiques et psychologiques d’une mission vers la planète rouge. C’est même la seule possibilité d’étudier les possibles conséquences dune coupure totale (visuelle et par moyens de transmission électroniques) avec notre planète, tout en gardant la possibilité de rapatrier les astronautes en quelques jours en cas de problème. On pourrait même simuler le décalage dans les transmission qui se produira lors d’un vol vers Mars en faisant transiter les communications par un satellite introduisant le délai temporel voulu.
Sachant 1° que l’atmosphère de Vénus contient 20 ppm de vapeur d’eau et 2° que les météorites métalliques contiennent de façon générale de la schreibersite, comme minéral d’inclusion, c-à-d. du phosphure de fer (et aussi d’autres métaux, comme le nickel, le chrome, ou le cobalt), de formule (Fe,Ni)3P, par exemple, l’hydrolyse de ce dernier donne de la phosphine PH3. La très très faible concentration mesurée (20 ppb, soit 20 parties par milliard) pourrait être compatible avec cette source. De plus des roches vénusiennes pourraient aussi contenir en traces cette schreibersite. Sur Terre cela est aussi le cas. Toujours sur la Terre primitive, il semble que la corrosion par thermalisme de ce minéral ait pu contribuer à la formation de l’ATP en mettant à disposition un bon fournisseur de phosphore très réactif, sous forme de sels de l’ion pyrophosphite, bien plus réactif que l’habituel ion phosphate.
Merci Monsieur de Reyff pour ces précisions. On a là une piste pour la présence de phosphine et peut-être, par déduction logique, pour la présence d’ADP (adénosine diphosphate), avant l’ATP, c’est à dire un des éléments nécessaires à la vie (de type terrestre) mais on est évidemment très loin de la cellule vivante elle-même.
Permettez-moi encore de revenir sur le facteur 2,6 qu’un commentateur a soulevé. On a pu le lire, entre autres, dans un article du Temps du 26 septembre, repris de l’ATS, intitulé : “Plus du double de rayonnements sur la Lune que dans l’ISS”, où un chiffre (minuscule) m’a étonné, celui de la valeur absolue du rayonnement sur la Lune : 1,369 microsievert par jour, sachant que la moindre radio dentaire représente déjà entre 5 et 10 microsieverts ! Vérification faite dans l’article original en anglais, la virgule était le séparateur de milliers et donc il fallait lire 1369 microsieverts, ou aussi 1,369 millisievert (mSv) par jour. À ma demande, Le Temps a corrigé cela dimanche soir.
Ce chiffre, rapporté à l’année, est donc tout rond de 500’000 microsieverts, ou 500 mSv, ou 0,5 Sv par an. Il est dit dans l’article original que cela est 200 fois ce que l’on reçoit sur Terre en matière de rayonnements ionisants, soit 2,5 mSv/an ou 6,8 microsieverts par jour. De fait, en Suisse, selon le voisinage rocheux (granite contenant de l’uranium et du thorium, roches poreuse contenant du radon…) et l’altitude, pour la radioactivité totale naturelle, on est, en général, entre 3 et 4 mSv/an, dont 15%, soit 0,4 à 0,6 mSv/an proviennent du rayonnement cosmique, fort heureusement atténué par l’atmosphère et dévié par la magnétosphère. Mais cette dernière valeur croît très vite avec l’altitude, elle double déjà à 1’500 m. À l’altitude des vols commerciaux, ce serait au moins l’équivalent de 4 à 5 mSv/an en plus que peuvent recevoir les équipages, avec deux vols AR par semaine.
Comme il est dit que l’équipage de la Station spatiale internationale ISS en reçoit 2,6 fois moins (elle est encore protégée par la magnétosphère terrestre qui dévie les rayons cosmiques), cela représente pour l’équipage l’équivalent de 190 mSv/an. On estime que, du fait que les missions en orbite dans l’ISS sont de l’ordre de six mois, un astronaute aura reçu entre 80 et 90 mSv à son retour sur Terre. Pour un voyage vers Mars de six mois dans l’espace, le vaisseau recevra bien 250 mSv et autant pour le voyage de retour. Sur Mars il faut aussi compter avec 100 mSv/an. Pour un AR avec un séjour d’un an, ce sera 600 mSv au total sur deux ans (M. Brisson pourra confirmer ou corriger ces chiffres). La protection de l’équipage, qui devrait n’en subir qu’environ le tiers tout au plus, résidera dans une conception et un matériel de blindage judicieux.