Conférence à Lausanne le 24 Mars dans les locaux du Temps
Dans l’optique d’un envol hors de notre berceau, la Terre, Mars n’est pas une destination comme les autres. Aller sur la Lune c’est continuer à « tourner en rond » ; aller sur Vénus est impossible compte tenu de la température et de la pression atmosphérique au sol, et tourner autour dans les nuages, trop dangereux ; aller sur les lunes de Jupiter, c’est beaucoup trop loin compte tenu des radiations et des modes de propulsions que nous maîtrisons. Mars, a contrario, est définitivement hors du domaine terrestre ; c’est une planète sur laquelle les températures et la pression sont relativement acceptables bien qu’elles supposent une protection particulière ; c’est aussi une planète que l’on peut atteindre dans un délai acceptable tant au point de vue de la durée de notre vie, que des doses de radiations que notre corps peut supporter. Aller sur Mars est à la limite de nos possibilités technologiques et c’est pour cela que nous devons, sans attendre, y aller et tenter de nous y installer. Cette entreprise nous donnera la possibilité de continuer l’aventure de l’expansion humaine commencée en Afrique il y a quelques dizaines de milliers d’années, de ne plus dépendre d’une seule planète, de devenir une espèce multiplanétaire et d’envisager d’aller un jour encore plus loin. Ce sera aussi l’occasion d’une révolution copernicienne, celle de considérer que notre foyer n’est plus seulement la Terre parce qu’elle est habitée par l’homme mais que c’est l’Espace partout où il peut être habité par l’homme. Ce sera de ce fait le début d’un formidable épanouissement, tel que nous n’en avons pas connu depuis les Grandes-découvertes, tant sur le plan scientifique (stimulation de la Connaissance), qu’ingénieurial (stimulation du développement des technologies) et qu’économiques (stimulation de l’offre et de la demande).
Le 24 mars dans ses locaux de Lausanne (18h00/19h00), Le Temps m’offre la possibilité d’expliquer pourquoi cette ouverture vers Mars est aujourd’hui possible et souhaitable. Ma présentation se fera selon le plan suivant :
- La faisabilité : 1) le voyage vers Mars ; 2) la survie de l’homme sur Mars ;
- L’intérêt : 3) L’aventure humaine ; 4) Les merveilles de l’Univers.
On pourra ensuite en discuter avec les journaliste du Temps ! Cliquez ici pour l’annonce de l’événement par le journal. Bien entendu cette conférence est prévue sous réserve que la diffusion du coronavirus permette qu’on se réunisse.
Pour retrouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur:
Index L’appel de Mars 22 02 10
Illustration de titre: la base martienne vue par SpaceX; crédit SpaceX. Sur la gauche (et beaucoup plus loin à droite), les Starships attendent la conjonction planétaire favorable pour repartir vers la Terre (il faut rester 18 mois sur Mars). Il n’y a pas “grand monde” dehors car l’atmosphère est irrespirable mais le grand dôme viabilisé à droite est lumineux et confortable. D’autres plus petits, tout aussi confortables et fonctionnels (habitats, centres de transformation de matières premières, serres, ateliers, petites productions industrielles), l’entourent. Ils sont reliés par des corridors-tubes également viabilisés. En cas de besoin d’action à l’extérieur pour faire ce que les robots ne peuvent accomplir, on sort en scaphandre ou en rover pressurisé.
NB: Le jeudi 27 une erreur de “manipulation” de mon logiciel, m’a conduit à mettre en ligne un article qui n’était pas destiné à être publié. Désolé pour mes abonnés qui l’ont reçu avant que je le retire!
Un séjour prolongé dans la station spatiale entraîne une redistribution des liquides vers la tête, une perte osseuse et un épaississement la paroi aortique (documenté par échographie) des astronautes en orbite. Ces modifications de l’anatomie humaine, réversibles au retour sur Terre, ne sont pas sans conséquence lors d’un voyage AR pour Mars + séjour. Pour la perte osseuse des moyens pour la limiter existes, mais je n’ai encore rien lu pour la paroi aortique qui pourrait se comporter comme une athérosclérose avec les risques associés.
Comme exposé à de nombreuses reprises dans ce blog, nous comptons mettre en oeuvre une gravité artificielle par force centrifuge pendant le voyage Terre Mars puis Mars Terre. Il s’agira, après l’injection interplanétaire, de mettre en rotation le couple formé par deux Starships liés entre eux par des filins ou des tiges rétractables. Une fois initié, le mouvement se perpétuera quasi indéfiniment puisque les vaisseaux seront dans le vide et en dehors de l’attraction terrestre (ou une attraction très faible au début du voyage interplanétaire). Le but est de récréer un minimum de pesanteur, peut-être la pesanteur martienne, afin de restituer la verticalité et éviter l’afflux du sang dans le cerveau.
Ceci dit plusieurs astronautes ont déjà vécu en apesanteur pendant 6 mois (durée d’un voyage) sans subir d’effets négatifs inacceptables pour leur santé.
Pour les séjours sur Mars, on peut espérer qu’une gravité de 0,38g soit suffisante.
Entièrement d’accord avec M. Brisson. Le problème de l’apesanteur est un de ces épouvantails que l’on agite à tort pour décréter qu’un voyage vers Mars serait impossible, ou en tout cas dommageable pour la santé des astronautes. On peut créer une gravité artificielle, même si à mon avis il faut pour cela une liaison rigide, et non un simple filin sauf à le mettre au préalable (avant la mise en rotation) sous tension suffisante avec p.ex. des retrofusees agissant selon l’axe dudit filin.
La seule chose que je ne comprends pas est que l’on n’ait pas encore testé cette technique, dans le cadre de l’ISS par exemple (ça lui donnerait au moins une utilite!),
Vos articles sont très intéressants et je partage l’espoir que l’homme puisse continuer l’aventure de l’expansion humaine et sortir de la Terre en commençant par Mars.
Cependant, permettez-moi de nuancer vos propos sur l’époque de la sortie d’Afrique, il y aurait seulement quelques dizaines de milliers d’années…
C’est bien plus ancien, les premiers Homo sapiens seraient arrivés en Europe il y a plus de de 200.000 ans et donc seraient sortis d’Afrique encore plus tôt. Ainsi, 210.000 ans en Grèce, (grotte d’Apidima).
Quant aux Néandertaliens, dont nous partageons 1 à 4 % de leurs gènes, ils étaient présents en Europe avant Homo sapiens, déjà vers 250.000 ans en Italie (Sacco Pastore) pour les Néandertaliens anciens, précédés par les pré-Néandertaliens, 400.000 ans au Portugal, (grotte d’Aroeira) et plus de 700.000 ans pour Homo heidelbergensis, en Grèce, (grotte de Petranola).
Vous avez raison. J’ai un peu exagéré. J’aurais dû dire quelques petites centaines de milliers d’années. Je profite de l’occasion pour vous inciter à lire l’excellent “Sapiens face à Sapiens” de Pascal Picq, qui vient d’être publié.
D’abord merci pour votre blog que je consulte régulièrement.
J’apprécie votre vision documentée et pragmatique de l’exploration de la planète Mars.
Permettez-moi ici une réflexion concernant les nombreuses voix très critiques face à l’exploration spatiale. L’argument principal de ces critiques tente de montrer que l’exploration spatiale est non seulement une perte de temps et une cause supplémentaire de pollution mais ferait obstacle au seul véritable défi actuel de l’humanité, sauver la planète terre.
Dans une parfaite logique d’un jeu à somme nulle, les efforts consentis dans un domaine seraient nécessairement perdus dans un autre. L’histoire de la construction de la connaissance, de la science et des inventions technologiques montre au contraire qu’une avancée dans un domaine a souvent des répercussions positives dans un autre domaine.
Dans le cas de la conquête spatiale, il est intéressant de rappeler que la première photographie de la terre a été obtenue grâce à la conquête spatiale. Or on sait maintenant combien cette première photographie prise en 1972 (ce n’est pas exactement la première mais elle a marqué les esprits par sa qualité) a porté la réflexion écologique et appuyé la prise de conscience de la beauté et de la fragilité de notre monde. D’une certaine manière c’est grâce à la conquête spatiale que l’humanité a pris pleinement conscience des limites de la terre. C’est en 1972 qu’a été publié le premier rapport du club de Rome « Les limites de la croissance ».
Par cet exemple, on peut montrer que la conquête spatiale n’est pas contradictoire avec la préservation de notre monde. Au contraire, elle a permis de mieux le comprendre et donc d’avoir la connaissance pour mieux le protéger. Il me semble qu’on pourrait trouver d’autres exemple pour illustrer cette convergence. Qu’en pensez-vous ?
Merci Monsieur de votre commentaire positif sur mon blog.
Concernant les critiques des écologistes, je croient comme vous au « cross-feeding » interdisciplinaire. L’histoire des sciences a montré à de multiples reprises que des avancées dans un domaine servaient volontairement ou fortuitement à des avancées dans d’autres (et a contrario qu’une avancée isolée ou déconnectée du contexte, comme la machine d’Anticythère, n’était pas reprise dans les autres domaines d’activité humaine).
Par ailleurs, comme vous le faites remarquer et comme je l’ai également mis en avant dans plusieurs de mes articles, la vue de notre « pâle petit point bleu », perdu dans l’immensité de l’Univers, aurait dû faire prendre conscience à la plus grande partie des hommes, de notre vulnérabilité. Jusqu’à aujourd’hui nous n’existons que sur notre planète Terre et par elle. Et la Terre est une poussière dans l’Univers, exposée à des violences externes et internes qui peuvent faire disparaître sa biosphère ou du moins sa composante humaine.
Tout ceci devrait inciter l’humanité à s’intéresser davantage / sans réserve à l’exploration spatiale pour tenter de commencer à s’établir en dehors de la Terre, donc sur Mars (le moins difficile). Le chemin pour acquérir l’autonomie sur cette petite planète « sœur » aux ressources quand même limitées, sera sans aucun doute, long et c’est pour cela qu’il faut commencer aujourd’hui.
La pandémie actuelle de coronavirus fera peut-être réfléchir certains. Qu’adviendrait-il de notre « civilisation » si au lieu de cette variété de « grippe », nous avions à faire face à une version de la peste noire (ou l’équivalent) du Moyen-âge ?
On a déjà échangé sur le sujet… mais je veux juste relever deux phrases:
“c’est une planète sur laquelle les températures et la pression sont relativement acceptables bien qu’elles supposent une protection particulière”
Et ensuite:
“l’aventure de l’expansion humaine commencée en Afrique”
Je n’y étais pas mais je suis prêt à parier que quand nous sommes sortis d’Afrique, c’était d’une manière relativement “low tech”. A pied et avec des ustensiles rudimentaires… et nous avons coloniser toutes les zones côtières tempérées ou presque.
Fondamentalement, je ne reproche pas de rêver ou désirer accomplir ce voyage mais bien de laisser transparaitre un discours simpliste en parlant simplement d’une “protection particulière”. Dans les faits, il faudra une protection massive et réinventer une manière de vivre au milieu d’un “no man’s land” hostile, stérile, désertique, désolé, etc.
Bref, exactement l’inverse de ce que nous avons trouvé en sortant d’Afrique ou en découvrant l’Amérique.
Votre commentaire touche à la mauvaise foi (et je suis aimable). Quand je parle de “protection particulière”, je dis juste cela. Je ne dis pas du tout “protection low-tech”.
Dans de multiples articles de ce blog j’ai décrit en long et en large les difficultés que nous rencontrerons et les moyens d’y faire face. Je n’ai jamais écrit que ces moyens étaient négligeables mais plutôt qu’ils étaient à la hauteur de nos capacités technologiques et que c’est pour cela que nous pouvons envisager d’aller physiquement sur cette autre planète. A chaque époque on ne peut faire que ce la technologie maîtrisée à cette époque, nous permet de faire.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais à l’époque des Grandes-découvertes, les Européens disposaient de gros bateaux (les caravelles), de chevaux et d’armes à feu (malheureusement pour les indigènes). Les chevaux servant à faire peur aux pauvres indigènes mais aussi de tirer des charrues.
L’objectif n’était pas de faire preuve de mauvaise foi mais plutôt de faire remarquer que comparaison n’est pas raison. C’est vous qui parlez de perpétuer ce que notre espèce a fait en sortant d’Afrique. Je ne fais que mettre en évidence que notre espèce, il y a des centaines de milliers d’années, n’a pas eu à s’équiper ou à développer des technologies pour sortir d’Afrique. Elle a juste marché et trouver de la nourriture et des ressources tout au long de son périple.
Bien entendu, la technologie permet de faire des prodiges pour ne pas dire des miracles et techniquement, c’est possible d’aller sur Mars. Maintenant, y vivre ou plutôt survivre sans un cordon ombilical relié par des fusées à la Terre, ça ne fait aucun sens… sauf pour notre ego bien entendu.
Mais nulle besoin de s’énerver, j’ai bien compris votre passion pour le sujet… je continuerai à apprécier vos contributions à partir du moment qu’elle ne parle pas de vols habités 🙂
Je vous cite:
“Bien entendu, la technologie permet de faire des prodiges pour ne pas dire des miracles et techniquement, c’est possible d’aller sur Mars. Maintenant, y vivre ou plutôt survivre sans un cordon ombilical relié par des fusées à la Terre, ça ne fait aucun sens… sauf pour notre ego bien entendu.”
Je réponds:
Il n’est pas question avant longtemps pour les futurs résidents martiens de survivre sur Mars sans cordon ombilical avec la Terre. Je ne l’ai jamais dit. De toute façon, les échanges comme la concurrence sont nécessaires à tout développement. Ce que je veux dire c’est qu’il faudra un certain temps pour obtenir une possibilité d’autonomie et que cette possibilité serait capitale et pourrait être activée en cas de besoin (par exemple désordre sur la Terre lors d’une conjonction synodique de départ, forçant les “Martiens” à vivre sur leurs ressources propres pendant deux fois 30 mois). Il ne faut pas oublier qu’une colonie martienne ne devra compter que sur-elle-même au delà des possibilités fournies par les vaisseaux venant de la Terre (et des logiciels envoyés par les ondes).
@Tony, votre critique n’est pas fondée: combien d’endroits sur la terre sont occupés par des humains alors qu’ils sont inhospitaliers pour l’homme et demande un support constant de l’extérieur ? Plate-forme pétrolières, centre de recherche au Pôle, extraction de ressources en plein désert (pétrole, mine), cabane de haute montagne,… Est-ce que tous ces endroits sont habités pour le seul égo de l’homme ?
De même votre simplification de l’expansion humaine: la conquête de l’Amérique et l’émigration massive des Européens vers cette région du globe n’a été possible que grâce à la technologie, la navigation. Construire un bateau et naviguer n’est pas comparable à se déplacer à pied et à trouver sa nourriture en route selon votre raisonnement.
Pourtant la raison de l’émigration européenne est sans doute bien très proche de celle qui a poussé des hominidés à quitter les plaines africaines pour d’autres régions du monde.
Vous oubliez complètement que la survie de nos sociétés actuelles dépend uniquement de la technologie: production de nourriture, production d’énergie, traitement des déchets. Sans un soutien de la technologie, on retombe dans l’ère pré-industrielle, c’est-à-dire que moins de 20% de la population actuelle pourrait survivre en supposant que l’agriculture et l’artisanat soit permis. Si on reprend le cas des chasseurs cueilleurs, on ne pourrait dépasser quelques millions de personne sur toute la planète. En quoi cela est différent de vivre sur Mars ?
Au final, c’est votre point de vue qui est limité: vous considérez qu’une fusée ou un habitat avec recyclage total de l’air et de l’eau sont une débauche de technologie, mais que dirait un homme de l’antiquité si vous lui parlez d’avions, de centrales nucléaires ou d’imagerie à résonance magnétique ? Or tous ces moyens sont actuellement nécessaires pour permettre à notre société de se maintenir.
Avant de répondre, prenez 2 minutes pour réfléchir que pour poster une réponse à mon message, vous allez utiliser un ordinateur fait de plastique et de métal ayant nécessité une importante production manufacturière qui elle-même a impliqué une extraction de matières premières très lourde, que la communication se fait via des réseaux de communication complexes utilisant même des satellites et fonctionnant à l’aide de tout un réseau de production d’énergie allant de la centrale nucléaire au barrage hydraulique. Au final, comment peut-on juger que l’implantation humaine sur Mars est une illusion technologique alors que le simple fait d’émettre votre opinion via internet nécessite une somme énorme de technologies ?
Les exemples que vous citez sont pour la plupart liés à une exploitation de ressources… donc oui, quelques individus se sont regroupés dans des endroits inhospitaliers afin d’extraire de la Terre des biens précieux pour d’autres. Mais à l’exception de quelques tribus, l’humanité ne s’est pas établie dans ces zones pour s’y développer ou se multiplier.
Or, en allant sur Mars, même si on trouvait des barres en or massif, ça ne paierait pas les investissements qu’il faudrait réaliser pour y aller et revenir avec la précieuse cargaison… et je ne parle même pas d’y vivre.
Enfin, je n’ai pas besoin de 2 minutes pour m’extasier devant toutes les opportunité qui me sont offertes. Je profite pleinement des technologies disponibles mais je suis aussi pleinement conscient que ce n’est pas viable. Avec mes 2.5 Terre nécessaires à mon épanouissement, je me rends bien compte qu’on va dans le mur sur une échelle de 8 ou 10 milliards d’habitants! Et ce n’est pas l’établissement d’une colonie sur Mars ou ailleurs dans notre système solaire qui réglera ça. C’est la différence avec la colonisation des Amériques ou autres continents: la vie sur place peut se développer avec une certaine facilité… tout le contraire de Mars.
Je n’ai jamais prétendu que Mars accueillera une population nombreuse. J’ai tout à fait conscience que c’est une planète dont les ressources sont limitées et que leur utilisation ne sera pas facile mais cela est à portée de nos technologies.
Il est évident que sur une planète comme la Terre où il existe des régions très agréables à vivre, les hommes ne vont pas choisir de vivre dans celle qui sont les plus hostiles, sauf certains individus bien sûr, pour des raisons variables. Sur Mars les conditions seront difficiles partout et encore plus difficiles dans certains endroits. Les colons choisiront par nécessité de vivre dans les zones les plus basses, les moins froides et où la présence d’eau a été prouvée. Mais ne vous inquiétez pas, il y aura suffisamment de candidats relativement à notre capacité d’emport, très réduite (volume et coût du transport, “hébergement” sur place)
Par ailleurs, l’établissement d’une colonie sur Mars n’a pas pour objet de résoudre le problème de la surpopulation sur la Terre. Cela n’a rien à voir (comme n’a rien à voir l’utilisation désordonnée des ressources terrestres).
Enfin le développement de l’implantation des Européens en Amérique n’a pas été facile au début (cf l’échec de plusieurs des premières colonies); pas plus facile que l’implantation des humains en général sur Mars de nos jours. Les technologies sont différentes. Il était inenvisageable d’aller s’installer sur Mars à l’époque des Grandes découvertes ; ça ne l’est plus aujourd’hui.
La motivation d’envoyer des humains d’aller sur Mars devrait se limiter à la curiosité et l’envie de découvrir l’univers. Ce qui est une raison largement suffisante.
Ensuite on verra, il est à mon avis beaucoup trop tôt pour dire si Mars pourrait un jour permettre à des humains de survivre sans un cordon ombilical avec la Terre. D’ailleurs, il me semble que prétendre maintenant qu’il faut aller sur Mars dans l’espoir de sauver l’humanité est une mauvaise motivation. De plus cette idée peut brouiller encore plus (à supposer que cela soit possible) la logique des complotistes en tous genre qui ont déjà leurs théories toutes prêtes.
Non, vraiment, assumons que l’humain veut découvrir par curiosité car cela fait partie de son histoire, de son ADN, depuis la nuit des temps. Gravir le mont Everest n’est pas moins absurde que de vouloir aller sur Mars.
L’histoire personnelle des hommes qui ont réalisé des explorations est jalonnée d’obstacles. Il suffit de lire par exemple l’histoire de Magellan par Stefan Zweig pour réaliser à quel point il est difficile d’imposer une vision lorsqu’on a pas de preuve de sa faisabilité. Il y aura toujours des cassandres pour dire que ce n’est pas possible ou que même si c’est possible c’est inutile. Tout ceci est humain, il faut des rêveurs, des visionnaires, des techniciens, des gestionnaires, des financiers mais également des esprits critiques qui démontrent que cela ne marchera jamais. Et pour chaque découverte, certains ont osé défier les dieux, les lois, la morale, les habitudes, les « on a toujours faite comme ça ». Ces hommes et femmes charismatiques étaient convaincus sans pouvoir réellement le prouver que c’était possible. Beaucoup ont échoué, mais une poignée ont réussi et franchement c’est tant mieux.
L’être humain explore d’abord en imagination puis avec son corps, pas avec un robot même si cela est complémentaire et très utile dans un premier temps. Aujourd’hui, personne n’est capable d’imaginer l’impact qu’aura pour l’humanité la présence même brève, d’astronautes sur le sol martien.
L’impact sur la science, la technologie, sur notre compréhension de notre planète, sur notre façon de vivre ensemble, sur nos croyances, sur nos peurs, etc. On peut tout de même prévoir que même les esprits chagrins seront chamboulés par un tel exploit.
Je pense que ce n’est pas demain qu’une colonie martienne pourra acquérir son autonomie par rapport à la Terre mais je pense aussi qu’étant donné les difficultés pour acquérir une telle autonomie, il vaut mieux commencer dès que possible.
Autrement je suis tout à fait d’accord avec vous sur la valeur et la force de l’imaginaire qui nous pousse à poursuivre l’aventure humaine.