Noël et notre place dans le Cosmos

Aujourd’hui, notre pâle-petit-point-bleu passe le solstice d’hiver dans sa course autour de son étoile et les hommes se préparent à fêter Noël, la naissance, comme ils le font depuis 2000 ans au cœur de l’hiver de l’hémisphère Nord de cette petite planète apparemment comme les autres. C’est le moment, comme les étoiles nous y invitent avec plus d’insistance que le reste de l’année par leur longue présence, de penser à l’infini, à la place dans l’Univers que nous-mêmes, êtres vivants fragiles et fugaces mais conscients, occupons, aux interactions de la science avec nos interrogations et aux réponses plus ou moins fondées, physiques ou métaphysiques, que certains proposent et d’autres affirment.

Tout d’abord constatons la parfaite adaptation ou conformité du cycle du christianisme à ce cycle cosmique qui nous domine. Dans ces nuits les plus longues et les plus froides de l’année nous sommes réchauffés et réconfortés par l’intimité du foyer et la vie qui symboliquement y commence ou qui plutôt y recommence, puisque c’est le cas tous les ans, porteuse de l’espérance qui elle-même nous fait vivre et entreprendre. La suite du cycle sera rythmée par Pâques à l’équinoxe de Printemps, le triomphe de la vie sur la mort ; la gloire et l’épanouissement de la Saint-Jean au solstice d’été ; la douce amertume du souvenir de la Toussaint à l’équinoxe d’Automne ; les quatre étapes, espacées d’un quart d’année les unes des autres, étant en parfaite harmonie avec l’évolution de la Nature. Le Christianisme est ainsi l’héritier de toute une chaîne de religions, explications métaphysiques qui ont marqué notre histoire depuis que nous avons compris la grandeur de ces passages, puisque totalement hors de nôtre contrôle, comme en témoignent les monuments les plus anciens comme Stonehenge en Grande Bretagne qui permettaient de célébrer l’un ou plusieurs de ces moments particuliers de communication unilatérale avec le Cosmos.

Aujourd’hui avec les connaissances que nous avons acquises, aussi bien sur l’évolution conduisant de la matière à la vie, que des forces agissant dans l’Univers, on peut se poser la question des « autres », qui comme nous pourraient fêter leur Noël, sur une autre Terre sous d’autres cieux. Cela fait maintenant des dizaines d’années que l’on scrute le ciel, avec beaucoup d’attention et de passion, à la recherche d’un message. Le programme SETI remonte à 1960 avec l’astronome Frank Drake de l’Université Cornell qui chercha à capter des émissions provenant de Tau Ceti ou d’Epsilon Eridani dans les longueurs d’onde du spectre électromagnétique proches du « trou de l’hydrogène ». Comme vous le savez sans doute on n’a toujours rien trouvé, malgré les progrès considérables des moyens d’observation et l’affinement des méthodes de recherche. Ce n’est pas très encourageant mais l’enjeu est tel que les gens qui se sont investis dans cette recherche ne se découragent pas et qu’ils trouvent toujours des supports, y compris bien sûr financiers, pour continuer.

Ce silence veut quand même dire certaines choses et pour le moins que les civilisations extra-terrestres ne sont pas fréquentes. On peut imaginer de nombreuses raisons pour l’expliquer. Premièrement la vie si elle a surgi quelque part ailleurs, n’a pu commencer que relativement récemment, il y a quelques cinq milliards d’années. En effet au début de l’Univers et peut-être jusqu’à la naissance du Soleil, sa métallicité, c’est-à-dire sa richesse en éléments chimiques différents, était peut-être trop faible, les étoiles n’ayant pas eu suffisamment de temps pour les produire par nucléosynthèse à partir de l’hydrogène et de l’hélium primordiaux. Deuxièmement, si les étoiles sont innombrables, elles ne sont pas toutes propices à un développement comparable à ce qui s’est passé sur Terre. Elles peuvent être situées en dehors de la zone habitable galactique, c’est-à-dire trop près du trou-noir central, là où la proximité des autres étoiles les exposent à des phénomènes violents trop fréquents, ou trop loin, à la périphérie de la galaxie, là où « rien ne se passe », où les échanges de matière et de gaz sont trop peu nombreux et où la fréquence des supernovæ est insuffisante pour fournir les éléments nécessaires à la vie. Troisièmement, seules les étoiles de type solaire, diffusant une énergie régulière sur une longue période, pourraient permettre la lente éclosion du phénomène (songeons que nous sommes apparus sur Terre il n’y a qu’une seule seconde par rapport à une journée de 24h00 dans laquelle se serait déroulée toute l’évolution depuis la naissance du Soleil). Dans cette hypothèse, les géantes jaunes aussi bien que les naines rouges ne seraient pas qualifiées, les premières ayant une vie trop courte, les secondes limitant leur zone habitable à une proximité trop grande et donc trop dangereuse et instable. Quatrièmement, les planètes rocheuses sont relativement peu fréquentes dans la zone habitable d’étoiles de type solaire, la tendance étant plus généralement à la formation de Jupiter chauds ayant absorbé toute matière jusqu’à proximité de leur étoile. Cinquièmement, les étoiles simples sont relativement rares et les étoiles doubles gênent la formation de systèmes comprenant toute une gamme de planètes, les plus grosses, gazeuses offrant une protection aux planètes rocheuses plus proches et les nuages d’astéroïdes lointains pouvant être perturbés par la proximité des étoiles sœurs. Sixièmement, les planètes rocheuses disposant de suffisamment d’eau liquide, un peu mais pas trop, sont, elles aussi, probablement rares, la juste quantité d’eau dont bénéficie la Terre étant largement due au « Grand-tack » de Jupiter c’est-à-dire à sa descente vers le Soleil puis à son retour vers l’espace profond, plus loin que son point d’origine, sous l’influence de Saturne, au début de la formation du système solaire. Septièmement, la présence d’un astre compagnon aussi gros, relativement, que la Lune, est exceptionnel. C’est lui qui exerce une force de marée importante sur l’océan, générant une alternance d’humidification puis d’assèchement dans de larges zones de balancement des marées, et maintenant active une puissante tectonique des plaques qui renouvelle les roches et l’atmosphère et probablement notre magnétosphère. Huitièmement, il est toujours impossible de prouver qu’il y a automatisme conduisant la matière organique inerte aux formes les plus primitives de vie comme nos bactéries et nos archées. Neuvièmement, il est toujours impossible de prouver qu’il y a automatisme conduisant des formes les plus primitives de vie aux eucaryotes capables d’utiliser l’oxygène comme énergie, ce qui ensuite a conduit « chez nous » aux métazoaires dont nous sommes issus. Dixièmement, il n’y a aucune raison qu’une histoire biologique différente permette de dégager, grâce à quelques accidents (la fameuse météorite de Chicxulub par exemple), un créneau parmi les autres formes de vie, permettant le développement d’êtres comparables à nos mammifères. Onzièmement, le développement de formes de vie correspondant à celle de nos primates à partir des premiers mammifères n’était pas inscrite dans un quelconque livre du destin. Douzièmement, il en est de même pour l’apparition chez ces primates d’êtres comparables à l’homme. Treizièmement le développement chez cet « homme » de technologies comparables à celles que nous avons développées et qui pourraient nous permettre de communiquer avec d’éventuelles autres espèces situées ailleurs dans l’espace résulte d’un très long cheminement de recherches, d’expérimentations et de hasards. Quatorzièmement la survivance d’une population de niveau technologique élevée sur une période suffisamment longue pour entrer en contact avec d’autres est plus que problématique compte tenu des risques d’autodestruction qui croissent avec le progrès. Quinzièmement, la distance et le temps peuvent rendre impossible toute communication sauf à atteindre un niveau de développement qui pour nous relève encore de la science-fiction.

Je pourrais ajouter quelques « complications », quelques étapes, quelques points où des divergences se sont produites alors que rien ne permet de dire qu’elles étaient inévitables et que de toute façon les conséquences auraient été les mêmes si elles s’étaient produites avant ou après. Tout ceci pour dire qu’il ne peut y avoir quelque automatisme que ce soit, que nous sommes le produit d’une histoire très particulière qui ne peut sans doute pas être répétée et que nous sommes probablement uniques.

Alors Noël dans tout cela ? Si nous sommes seuls dans l’Univers, nos perspectives sont différentes que si nous sommes une espèce consciente et communicante parmi d’autres. Nous sommes des poussières infimes sur notre pâle-petit-point-bleu mais en même temps nous sommes un joyau précieux puisque unique. Cela nous donne un devoir dans le cadre de cette histoire merveilleuse qui a conduit jusqu’à nous, vis-à-vis de tout l’Univers désert et silencieux qui nous entoure et vis-à-vis de toutes les générations de vie qui nous ont précédé sur Terre. Nous devons continuer et transmettre et nous devons considérer la vie humaine pour ce qu’elle est, l’aboutissement actuel d’un phénomène évolutif extraordinaire que nous devons admirer, respecter et dont nous devons prendre soin en continuant à l’accompagner (ce qui ne veut pas dire que nous devons accepter béatement la prolifération désordonnée conduisant à l’asphyxie ; ce qui ne veut pas dire non plus que nous ne devions pas respecter notre environnement et les autres formes de vie).

Ainsi que le rapporte ses biographes, les évangélistes, l’enfant Christ a remis l’humain au centre du jeu cosmique en insistant sur la nécessité du renouveau constant pour la continuité. Lui aussi est venu dans un temps, ni trop tôt ni trop tard, où il était lui-même nécessaire et compréhensible et il me semble toujours actuel, dans une église ou en dehors de toute église. Il nous a montré le chemin pour nous encourager, nous ses frères, tout en nous laissant libres, à vivre ensemble dans la droiture et le respect des autres, dans l’amélioration constante et sans cesse renouvelée de nous-mêmes et de la société. De ce fait ce chemin est celui du progrès autant que nous pouvons le suivre et aujourd’hui, nous le découvrons maintenant du fait de nos connaissances acquises, celui des autres planètes et des étoiles qui nous appellent et auxquelles nous pouvons aujourd’hui répondre. Les rois mages suivaient une lumière qui leur indiquait la direction de la crèche où commençait la vie nouvelle. Nous restons libres de ne pas répondre à la nouvelle invitation des étoiles présentée par l’état présent de notre technologie mais ce serait plus que dommage car cela conduirait à notre dépérissement et sans nul doute à notre mort. Continuons donc, dans le souvenir, l’espérance et l’allégresse. Joyeux Noël !

Illustration de titre : comète de Halley, une des candidates pour l’étoile de l’Epiphanie. Photographie de W. Liller (1986). Crédit Nasa/W. Liller/NSSDC’s photo gallery.

 

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

22 réponses à “Noël et notre place dans le Cosmos

  1. Très intéressante et pertinente analyse. Je partage en effet totalement l’opinion que nous pourrions bien être le résultat d’une évolution peut-être unique dans l’univers, en tout cas dans un contexte espace-temps qui permettrait la communication avec d’hypothétiques autres êtres “intelligents”. A propos de communication, il faut remarquer que malgré toute notre “intelligence” nous ne sommes même pas capables sur Terre de communiquer réellement avec des espèces (dont certaines ne manquent pas “d’intelligence” non plus) qui partagent pourtant une fraction très importante de notre patrimoine génétique; alors avec des êtres extraterrestres … !

      1. Fascinante thèse, qui rejoint assez le développement présenté par Monsieur Brisson et ma propre opinion sur la question. Merci de nous avoir signalé ce document, … et Joyeux Noël, sur Terre!

  2. Cher Monsieur Brisson, je vous rejoins sur tous les points abordés, sauf un, les dérapages dont se sont rendu coupable des organisations religieuses, pour le pouvoir, en tentant d’abuser des croyances d’Homo-sapiens.
    Les thèses du court métrage signalé par Jacottet résument bien ma propre perception et compréhension de l’évolution de notre environnement.

    1. Effectivement, vous avez raison concernant “les organisations religieuses” et je distingue bien la personne du Christ de ses églises qui n’ont pas toujours été “à la hauteur”.

  3. Les spéclalistes de la communication, qui prolifèrent comme des cancrelats de nos jours, le disent: les moyens de communication sont faits pour empêcher les gens de communiquer. Du point de vue du marketing, certes pas motivé par leur soif de communication unilatérale avec le Cosmos, ils n’ont pas trop mal calculé: jamais les medias électroniques n’ont produit autant de solitude. Incapables de communiquer sans smartphones ou e-mails, nous avons déjà entrepris notre propre suicide, du moins si l’on suit votre hypothèse, par ailleurs fort intéressante. Alors, à quoi bon spéculer sur la solitude du genre humain dans l’univers, si celle-ci commence au pas de sa porte?

    Est-on moins seul au milieu d’une foule, en famille ou même en couple? Certains, auxquels l’idée de solitude fait peur, croient pouvoir y échapper par le mariage – ce viol par procuration, selon Fourier qui ajoutait qu’on ne sait pas ce qui est pire: la solitude d’avant ou celle d’après (il n’a toutefois pas précisé qui est le violeur et qui le violé) -, ou dans la vie communautaire, le fameux “vivre ensemble”.

    Aucun(e) d’entre nous n’a demandé à naître, que l’on sache. Chateaubriand, pourtant peu suspect d’agnosticisme, maudissait le jour de sa naissance. Même s’il souscrit aux thèses du hasard et de la nécessité, le croyant aura toujours la possibilité de se rabattre sur ses mythes. L’athée, lui, assume pleinement sa solitude. Et il n’a pas besoin d’évoquer la frayeur pascalienne du silence glacial des espaces infinis pour en voir le reflet sur le visage de son voisin.

    A l’heure où les télescopes géants et les sondes spatiales renouvellent le besoin immémorial de l’homme de dialoguer avec ce qui le dépasse, que fait-on pour faciliter l’échange entre voisins d’un même palier?

    1. Je comprends votre rancoeur et l’angoisse qui pointe devant l’indifférence et l’égoïsme. Il est vrai que notre époque est la plus communicante qui ait jamais existé et en même temps les facilités d’échanges au loin (on dit des fois “distantes”) ont rompu les liens qui s’etablissaient naturellement, spontanément, entre les gens qui jadis vivaient entre eux au même endroit.
      Il ne faut pas “se laisser aller” et il faut rechercher le contact avec les gens autour de soi, sans se décourager. Beaucoup d’autres ressentent les mêmes difficultés et seront ravis d’échanger.
      On est quand même un peu loin de mon sujet d’article, si ce n’est que ce “mal-être” est une preuve supplémentaire de la richesse émotionnelle de l’homme et qu’il mérite qu’on fasse beaucoup pour le surmonter, soi-même et les autres qui entourent ceux qui en souffrent.

    2. Même si cela n’est pas vraiment lié au sujet de l’article de Monsieur Brisson, en cette veille de Noël je voudrais vous apporter un témoignage qui pourrait, je l’espère, vous réconforter sur le fait que la communication entre voisins immédiats n’est pas si irrémédiablement détériorée de nos jours que vous l’écrivez; il faut juste un “déclic”. Ce “déclic” je l’ai observé cet été dans la région lémanique à l’occasion de la Fête des Vignerons. Il a régné durant toute cette fête à Vevey , que ce soit dans les arènes ou dans les rues, une atmosphère de convivialité extraordinaire, les gens parlant spontanément même à de parfaits inconnus et échangeant avec eux leurs émotions (en direct, et pas par l’intermédiaire de moyens électroniques!). Il y a donc encore de l’espoir, même si, je dois le reconnaître, le quant-à-soi est redevenu la règle dans notre région une fois la Fête passée (reste plus qu’à espérer une vingtaine d’année la prochaine 🙂 !).

      1. Merci, cher Monsieur, pour votre émouvant témoignage et pardonnez-moi d’y répondre aussi tard. Comme vous, même si mes propos ont pu donner l’impression que je me faisais l’avocat du Diable, je garde plein espoir que la communication entre voisins reste possible et, dans d’autres contextes (je regrette d’ailleurs fort de n’avoir pu participer à la dernière Fête des Vignerons autrement qu’assis devant mon téléviseur…), comme vous je peux aussi le vérifier chaque jour. Je ne suis ni rancunier, ni angoissé, ni découragé, juste un peu désespéré à voir combien les gens se laissent asservir si vite par leurs moyens dits de communication, au point de s’oublier eux-mêmes. Je ne crois d’ailleurs pas que ce sujet soit si éloigné du thème, par ailleurs si passionnant, que propose M. Brisson dans son remarquable article (je n’ai malheureusement pas les compétences scientifiques pour en débattre avec lui), bien au contraire puisqu’il y est question de communication avec des mondes extérieurs, ni plus, ni moins. Toutefois, je ne pense pas que celle-ci se laisse réduire au calcul lambda. Ou alors je n’y ai rien compris.

        Merci encore pour avoir pris la peine d’écrire la vôtre et avec mes voeux les meilleurs pour ces fêtes de fin d’année, qu’elles soient le produit de l’harmonie pythagoricienne de sphères ou non.

  4. Inversons le problème ! Imaginons une autre civilisation en train d’observer notre Terre depuis sa planète. Elle apprendra qu’il existe une civilisation ici bas si et seulement si elle peut en capter des signaux, disons, “sensés”. N’oublions pas que la TSF a commencé au début du XXe s. Il y a donc à peine 120 ans que nous émettons des signaux électromagnétiques non aléatoires, donc “ayant un sens”. Cela signifie que nous sommes entourés d’une sphère de 120 années-lumière (AL) “d’informations” qui s’accroît d’une AL chaque année. Une civilisation extraterrestre ne peut nous détecter que si elle est située à moins de 120 AL de nous. On sait qu’il y a environ 65 étoiles dans un rayon de 16,3 AL, 1800 étoiles dans un rayon de 50 AL et probablement 25’000 étoiles dans un rayon de 120 AL, en sachant qu’il y a à peu près une étoile par 290 AL au cube. À ce jour on a découvert 4’150 exoplanètes dans environ 3’150 systèmes stellaires jusqu’à une distance d’environ 600 AL. Dans un rayon de 120 AL on a découvert environ 310 exoplanètes. Maintenant vient la condition la plus drastique : il faut une coïncidence de développement de la vie et de civilisation, disons à un minimum de 120 ans près, chose la plus improbable qui soit, pour que l’on puisse être détectable. Leur civilisation peut être juste en retard de plus de 120 ans ou, au contraire, s’être déjà éteinte depuis longtemps pour “se rater” absolument. De fait, l’expérience SETI n’a rien révélé en fait de signaux “intelligents” provenant de notre environnement proche. C’est pourquoi la première étape, assez prochaine dans sa réalisation, est de rechercher au moins des preuves que la vie existe ailleurs parmi ces 4’150 planètes détectées près de nous.

    1. Belle explication, mais encore faut il que ces 4150 planètes se trouvent à une distance appropriée de leur étoile et qu’y règnent les conditions physiques et chimiques favorable à la naissance d’une biologie telle que nous la connaissons. Je reste pour ma part un peu sceptique, mais avec un fond optimiste (pourquoi pas).

      1. Je suis dans le même état d’esprit que Delaplanete. Le nombre de planètes est insuffisant pour apporter une solution. Il est difficile d’établir une statistique ou une probabilité à partir d’un exemple unique.
        Ceci dit, le travail de SETI est admirable et je l’encourage vivement.
        Ceci dit encore, compte tenu du risque effectivement de se trouver “avant” ou “apres” la période où une civilisation peut communiquer, il convient aussi (ce qu’on fait d’ailleurs) d’étudier la composition chimique de l’atmosphère de ces planètes qui seraient à priori interessantes (situées dans la zone d’habitabilité d’une planète de type solaire). Il est difficile d’envisager une vie évoluée sans l’énergie que peut procurer la combustion dans l’oxygène.
        NB: il serait presque aussi intéressant d’identifier une planète qui a été habitée par une vie intelligente ou qui est déjà dans le processus conduisant à la vie intelligente, que d’en trouver une qui peut “actuellement” communiquer.

  5. Bonjour,
    Merci pour ce brillant exposé de notre situation « planétaire ». Cela me rappelle cette appréciation de la probabilité d’une autre forme de vie dans notre univers : Il y aurait autant de chance qu’une autre forme de vie émerge qu’un chat a de chance de jouer une sonate de Beethoven en s’amusant sur le clavier d’un piano…
    Pour ma part je préférerais que l’on investisse les milliards de la quête humaine d’une autre planète, aussi viable qu’inaccessible, dans la survie sur notre unique planète.
    Cela ne m’empêche pas de croire en l’existence d’êtres extraterrestres dans une autre dimension spatio-temporelle, comme par exemple les anges.
    Je laisse ma conclusion à Albert Einstein, en vous souhaitant des Fêtes lumineuses et paisibles:
    «Il n’y a que deux façons de vivre sa vie, l’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle. »
    Bien cordialement,
    Frédy Thévoz

    1. J’ai un sérieux doute sur les anges! La possibilité d’en rencontrer un me semble encore plus difficile que de découvrir un jour de la matière noire ou de faire connaissance avec un chat ayant réussi à jouer une sonate de Beethoven! On peut toujours rêver à des “choses difficiles à croire” mais pour ma part je trouve que l’Univers tel qu’il est, est suffisamment extraordinaire et passionnant pour satisfaire toute envie de rêve et ce qui est formidable avec la réalité non encore découverte c’est qu’un jour on peut prouver qu’elle existe.

    2. Comme l’a écrit Einstein, “le plus incompréhensible dans l’Univers, c’est qu’il soit compréhensible”.
      On peut traduire cela en disant aussi bien que l’Univers est un miracle que le fait de le comprendre est aussi un miracle. À mon avis, il n’y a pas besoin de “faire comme si”. Il y aurait une infinité de façons de réaliser un Univers, mais semble-t-il, une seule qui a permis la chimie, la vie, l’évolution et l’émergence de l’Humanité. On nomme cette vue le “principe anthropique”. Ce principe existe dans deux formulations, faible et forte. La version forte va un peu plus loin et dit que l’Univers est tel pour que nous puissions non seulement exister, mais aussi le penser et le comprendre (au sens d’Einstein, mais aussi au sens de Pascal). C’est une vision téléologique (non pas théologique !) qui implique l’idée d’une finalité à tout ce qui existe. J’écarte ainsi absolument la vision de science fiction des “multi-univers” qu’on appelle multivers qui, par définition, n’est pas scientifique, car c’est un énoncé qui, par principe, n’est pas démontrable, testable, réfutable, ou falsifiable au sens de Popper. C’est un vaste sujet que ce blog pourrait traiter un jour…

      1. Merci Monsieur de Reyff.
        Le principe anthropique est un sujet effectivement passionnant et que j’essayerai de traiter un jour. Il a fallu que l’Univers soit ce qu’il est pour que nous puissions y apparaître. Certes mais on peut aussi dire qu’un autre Univers qui n’aurait pas permis l’apparition de l’homme, n’aurait aucun intérêt pour nous ou pour d’autres éventuels êtres intelligents et communicants puisque, en notre/leur absence, personne ne pourrait même en parler. Au niveau de ces considérations on est dans le principe “faible”; le simple hasard peut avoir conduit jusqu’à nous.
        Imaginer que nous sommes le but de l’Univers donc qu’il a été fait pour que nous apparaissions (principe “fort”) est aussi un sujet passionnant mais il ne peut être considéré que si l’on fait intervenir une volonté suprême extérieure à ce monde. On entre là dans le domaine de la foi, qui peut être inspirée par l’émerveillement que l’on peut légitimement ressentir devant le réglage extrêmement fin des contraintes et la chronologie extraordinaire des accidents qui ont conduit jusqu’à nous.
        Quant à votre opinion sur les multivers je la partage. On ne peut parler sérieusement que de ce qui peut être vérifié, d’une manière ou d’une autre.

  6. Une citation de l’astrophysicien Leonard Susskind, que je me permets de tirer de la page Wikipedia en anglais : https://en.wikipedia.org/wiki/Fine-tuned_universe (dont je recommande vivement la lecture très intéressante), permet de relier la constante cosmologique, Λ, déjà discutée sur ce blog, à cette question du réglage fin des constantes fondamentales que vous mentionnez :
    « Regarding recently discovered dark energy and its implication on the cosmological constant, Leonard Susskind says: “The great mystery is not why there is dark energy. The great mystery is why there is so little of it [10^−122] … The fact that we are just on the knife edge of existence, [that] if dark energy were very much bigger, we wouldn’t be here, that’s the mystery.” A slightly larger quantity of dark energy, or a slightly larger value of the cosmological constant would have caused space to expand rapidly enough that galaxies would not form… ». Remarquons l’expression “sur le fil du rasoir de l’existence” !
    (Notons que la constante cosmologique Λ (=~10^-52 m^-2, en unité habituelle pour l’inverse d’une longueur au carré) est donnée ici en “donnée réduite”, c’est-à-dire en unité de longueur de Planck, 10^-35 m, d’où sa valeur minuscule, mais non nulle de 10^-122, sans dimension, un nombre inimaginablement petit : 0, suivi de 121 zéro et enfin d’un 1 !).

    1. Tout à fait, Monsieur de Reyff, c’est cela qui est prodigieux. Une chose est de savoir que nous sommes sur le fil du rasoir, une autre encore plus remarquable est de savoir que ce “fil” est extraordinairement “fin”!

  7. Joyeux Noël, cher Pierre passionné et une pluie de bonnes étoiles-comètes à tous.
    Le monde en a plus que jamais besoin, sur terre ou dans les cieux.

  8. Non pas seulement extraordinairement fin, mais tout juste suffisamment fin ! Une constante cosmologique plus élevée aurait accéléré l’expansion de l’Univers bien plus tôt, au point de ne pas avoir permis la formation de galaxies, comme l’écrit Susskind. La controverse sur l’énergie sombre pourrait se résoudre en envisageant un lien non plus de la constante cosmologique avec une hypothétique énergie sombre du vide, mais avec une entropie, soit l’entropie même de l’Univers qui, comme on le sait, va croissant avec le temps qui passe. L’existence de la constante cosmologique non nulle est ainsi liée au fait que l’entropie de l’Univers tend vers une valeur maximale, finie et non pas infinie, de façon analogue à celle d’un trou noir qui dépend de sa « surface », selon le théorème de Beckenstein-Hawking. Le nombre d’unités d’entropie est proportionnel au nombre de surfaces de Planck élémentaires contenues dans la surface du trou noir. N’oublions pas que l’inverse de la constante cosmologique est une longueur au carré, soit justement une surface. Le nombre de ces surfaces élémentaires est précisément l’inverse de la constante cosmologique en unités de Planck, soit le chiffre vertigineux de 10^122 unités d’entropie ! (Affaire à suivre…)

    1. Merci Monsieur pour ces précisions. Elles invitent à la réflexion la plus passionnante. Chercher à expliquer ces “coïncidences” peut justifier beaucoup d’attention et de travail. Ce n’est pas un jeu. Il ne s’agit pas de se complaire dans “ce qu’on nous a dit”, il s’agit de chercher à comprendre.

  9. Sur la forme de l’article, c’est bien écrit, parfois elliptique mais clair et ouvert sur de nombreux sujets dont le plus important, l’être humain, sa place et son devenir dans l’univers.
    Seule l’utilisation erronée de ceci au lieu de cela dans “Tout ceci pour dire qu’il ne peut y avoir quelque automatisme…”, obscurcissant une phrase qui vient contredire inopinément la teneur de la phrase précédente, est regrettable.

    Sur le fond de l’article, il me semble que plus nous cherchons à trouver d’autres nous-mêmes ailleurs, moins on a de chances d’y arriver (confer les interrogations de Voltaire et de bien d’autres sur le peuplement de la lune avant sa conquête et la découverte de son absence de vie).

    Bonne idée donc de s’arrêter au quinzième point (tous parfaitement posés), les suivants nous encercleraient dans une quête fermée et vraisemblablement vaine.

    Excepté la démonstration mathématique où l’on vérifie par soi-même si ce qu’un autre cherche à démontrer est vrai ou faux, toutes les autres recherches humaines conduisent soit au but recherché, soit à une découverte impensable faite par sérendipité et ouvrant de nouveaux horizons de recherche, soit à une remise en question des hypothèses de pensée.

    Cette démarche de recherche est une caractéristique transcendentale de l’esprit humain (qui sommes-nous, d’où venons nous, où allons nous), la structure topologique de la progression de la connaissance humaine montre que plus on accumule de connaissances, plus le domaine restant à découvrir s’agrandit et devient vaste, il ne faut donc pas s’inquiéter de ne rien trouver dans un premier temps (3 siècles d’efforts pour confirmer le dernier théorème de Fermat…), fût-il astronomique (même si l’arrivée de l’ordinateur donne plus de moyens immédiats à l’humanité).

    De même il ne faut pas négliger que le “progrès” n’a rien de continu et est truffé de nombreuses régressions cachées qui ne seront parfois jamais contournées (la décision d’abaisser la retraite à 60 ans pour des raisons purement électorales, sans même avoir réfléchi à toutes les conséquences sur la viabilité d’un système par répartition confronté à l’allongement de la durée de vie en est un bon exemple).

    Que nous soyons seuls dans l’univers ou pas ne change strictement rien à notre vie actuelle et notre proche futur tant qu’une autre forme de vie ailleurs n’a pas été identifiée et analysée ou bien créée sur terre par l’homme (hormis la morale occidentale actuelle, qui peut être facilement contournée ailleurs, rien n’interdit de disposer à terme de machines capables de se reproduire, capables d’être autonomes en matière d’énergie et de raisonnement, capables de disposer de connaissances plus vastes que celles de n’importe quel être humain ou collectivité humaine, capables de disposer de l’intelligence cognitive cumulée de toutes les civilisations étudiées, capables d’exprimer des émotions, des folies…).

    Est-il possible de construire une machine détentrice des facultés transcendantes de l’esprit humain ?
    Est-il possible qu’un jour l’homme trouve comment donner la vie à un assemblage matérialiste et technique de molécules synthétiques identiquement et totalement semblables à celle d’un être vivant ?

    Je crains fort pour mes petits-enfants et leurs descendants que ces deux questions trouvent leur solution et il leur faudra s’y adapter, le plus tôt sera le mieux.

    Noël dans tout cela ?

    Jésus est toujours d’actualité pour ceux qui écoutent son message émis lorsque la lumière d’Eta Leonis que nous voyons aujourd’hui est partie de cette géante rouge, si les astronomes ne se trompent pas trop dans leurs évaluations de ce que nous ne pouvons atteindre de notre vivant.

    Un message de meilleure vie sur terre et d’espérance dans l’au-delà, que tout être humain peut ignorer, mais qui est porteur d’amour et du respect de l’autre, le pilier majeur de la vie humaine en société quelles que soient les croyances religieuses de chacun.

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