Bienheureux sont les Terriens car ils ont Mars comme planète voisine (2. La distance)

Une fois que les Terriens auront suffisamment « fait joujou » sur la Lune, ils pourront enfin s’élancer vers Mars, une vraie planète avec, comme nous l’avons vu la semaine dernière, une gravité adéquate et une richesse géologique adaptée à la présence humaine, compte tenu du niveau technologique que nous avons atteint aujourd’hui.

Certains disent que la planète Mars est trop loin. Ils ont tort. En fait elle est suffisamment loin pour justifier une présence humaine permanente mais elle n’est pas trop loin pour empêcher toute communication avec la Terre ni pour souffrir d’une irradiance solaire trop faible. Elle est aussi suffisamment loin pour que l’eau puisse y avoir subsisté un peu partout sous forme de glace.

Le premier point à considérer est le simple fait spatio-temporel de l’isolement proprement dit.

Comme chacun le sait ou devrait le savoir, Mars se situe, en ligne droite, entre 56 et 400 millions de km de chez nous ou, en termes d’astronautique, au bout d’un arc d’ellipse (trajectoire courbée par la force gravitationnelle du Soleil) de 500 à 600 millions de km correspondant à ces 400 millions de km. Cette longueur d’arc d’ellipse est en effet la seule à prendre en compte car pour transporter le maximum de masse avec le minimum d’énergie (qui est le maximum de ce qu’on peut embarquer), on doit suivre, plus ou moins, une trajectoire de Hohmann (départ tangentiel à la Terre, arrivée tangentielle à Mars avec une vitesse nulle, Mars étant située en conjonction du Soleil par rapport à la Terre lors du départ). Pour parcourir cette distance il nous faut aujourd’hui, avec la propulsion chimique, entre 8 à 6 mois (en raccourcissant un peu la trajectoire idéale de Hohmann et en consommant plus d’ergols, donc en transportant moins de charge utile). Par ailleurs, compte tenu de la progression différente de chacune des planètes sur leur orbite respective (longueur des ellipses et vitesse de déplacement sur ces ellipse différentes), la fenêtre pour un départ de la Terre vers Mars ne reste ouverte que pendant un mois tous les 26 mois ou, après être arrivé sur Mars après un voyage de 6 mois, qu’à peu près un mois à la fin d’un séjour de 18 mois.

Ces six mois de voyage et l’étroitesse de la fenêtre de départ ont plusieurs conséquences. On ne peut raisonnablement imposer un grand nombre de voyages parce qu’ils sont très longs dans l’absolu pour un être humain (six mois dans un volume viabilisé limité, même confortable, deviendront à la fin un maximum supportable) et parce que la dose de radiations accumulée devient à la longue nuisible pour la santé. Faire trois voyages aller-retour dans une vie ne posera pas de problème, en faire le double exposerait à un risque de cancer non négligeable.

On pourra peut-être créer une gravité artificielle par force centrifuge dans les vaisseaux interplanétaires mais on se limitera probablement à une gravité martienne (0,38g) et sur Mars on n’aura pas les moyens de vivre dans une gravité terrestre. Il va en résulter, malgré les charges que l’on pourra s’imposer et l’exercice physique, une perte de densité osseuse et de masse musculaire qui rendront le retour sur Terre d’autant plus pénible que le séjour sur Mars aura été long.

Financièrement, quelqu’un devra payer le voyage plus séjour (« voyage »). Certes la plupart des passagers pour Mars auront un travail à y faire qui devrait permettre la rentabilisation du voyage ou bien ils disposeront d’une somme (importante) pour l’acheter. Quoi qu’il en soit le voyage sera coûteux même après que les économies d’échelle dues à l’augmentation du nombre de vols auront permis de réduire le montant du « billet » unitaire. Ce sera une raison supplémentaire non pas de renoncer au voyage mais de bien réfléchir avant de repartir vers la Terre parce qu’il sera vraiment coûteux de revenir ensuite sur Mars.

Donc les voyages seront longs, pénibles, coûteux, à la limite du possible, mais cette extrémité a deux faces. On ira peu sur Mars mais on pourra y aller et lorsqu’on ira on sera incité à y rester ne serait-ce qu’en raison des difficultés surmontées.

Mais l’effort nécessaire ne sera pas la seule raison d’y rester.

Le second point à considérer est celui qui découle de la rigidité des périodes synodales. L’impossibilité de s’écarter de la fenêtre de départ pour entreprendre le voyage dans un sens ou dans l’autre aura pour conséquence une période de vacance de plusieurs mois sur Mars entre un départ de Mars vers la Terre et l’arrivée suivante sur Mars depuis la Terre. Il faudra donc une équipe sur place pour faire la liaison, c’est-à-dire assurer la maintenance des installations diverses entre deux séjours et surtout pour accueillir les nouveaux résidents après un voyage éprouvant (surtout s’ils ont voyagé en apesanteur).

Le troisième point à considérer est la possibilité de communiquer. Là aussi les Martiens se situeront à la limite de l’acceptable, extrémité qui présentera aussi ses deux faces.

Les messages, dans chaque sens, devront franchir la distance en ligne droite qui séparent Mars de la Terre, les 56 à 400 millions de km mentionnés plus haut, soit 3 à 22 minutes à la vitesse de la lumière. La conversation en direct ne sera donc pas totalement impossible, disons que l’on aura le temps de la réflexion (ce qui évitera sans doute de dire n’importe quoi), cependant elle sera très difficile. On sera un peu dans la situation des membres d’un réseau social ou des commentateurs d’un blog, avec des questionnements ou des réponses auxquels on ne répond pas immédiatement mais quand même, si nécessaire, plusieurs fois dans la journée.

Il faut voir la différence avec les échanges qui auraient lieu avec des personnes situées à la proximité de Jupiter et a fortiori autour de l’étoile Proxima Centauri, notre plus proche voisine (4,25 années-lumière tout de même). Dans ces cas-ci, l’envoi d’informations restera possible mais l’échange ne pourra plus être une conversation. Dans le cas de Mars, y vivre restera compatible avec le maintien de liens via les ondes avec des « proches » ou des collègues restées sur Terre.

Le quatrième point à considérer est la situation énergétique de la planète ou plus particulièrement son niveau d’irradiance solaire. Au plus loin du Soleil, au cœur de l’hiver austral, un objet à la distance de Mars reçoit encore plus de 400 W/m2. C’est trois fois moins que ce que l’on reçoit à la distance de la Terre mais dix fois plus que ce l’on reçoit à la distance de Jupiter. Cela permet d’utiliser encore l’énergie solaire pour les serres dans lesquelles on cultivera une bonne partie des aliments nécessaires à la vie de l’homme (en complétant évidemment avec de l’énergie obtenue sur Mars) et cela permet de disposer d’une luminosité suffisante pour évoluer à l’extérieur des bulles viabilisées sans apport d’énergie complémentaire.

Certes cela ne permettra pas de jouir d’une température extérieure compatibles avec la vie humaine (les températures de -100°C la nuit seront « normale » mais même pendant l’hiver austral les températures n’atteindront pas cet extrême à l’équateur et il y aura des températures positives pendant l’été boréal. Surtout, la rotation de la planète sur elle-même en 24h39 évitera les trop longues périodes sans lumière et sans chaleur même relativement faibles. Elle sera aussi familière à l’homme et aux autres formes de vie qu’il introduira sur Mars.

Cette chaleur et cette luminosité relatives représentent des économies d’énergie considérables par rapport à ce qu’exigera un séjour sur Europa ou a fortiori sur Titan.

Le cinquième point à considérer est l’accessibilité à la glace d’eau. A la différence de la Lune où l’eau est rare, concentrée aux pôles (surtout au Pôle Sud) et difficilement accessible, il y a de l’eau un peu partout sur Mars, bien sûr près des pôles mais aussi aux latitudes moyennes et même à l’équateur. La température basse résultant de l’éloignement du Soleil, a permis sa conservation sous forme de glace depuis des millions d’années (entre les périodes d’atmosphère dense faisant suite aux épisodes volcaniques ou d’inclinaison de l’axe de rotation très bas sur le plan de l’écliptique) pourvu qu’elle ne soit jamais exposée à la chaleur (autrement elle se sublime). L’homme sur Mars aura accès à ces réserves, il pourra les miner et les conserver sans dépense d’énergie jusqu’à ce qu’il en ait besoin, avant de recycler l’eau après usage puis de la remettre en réserve sous forme de glace qui pourra lui servir également d’écran contre les radiations.

Vivre en Antarctique a permis d’envisager de vivre sur la Lune. Mais ni le premier ni la seconde ne sont suffisamment loin de la civilisation pour que l’on envisage de s’y établir vraiment. Si on est malade dans l’un ou l’autre de ces lieux hostiles on peut/pourra envisager un rapatriement. Si un équipement essentiel à la survie fait défaut dans l’un ou l’autre de ces mêmes lieux, on peut/pourra envisager de se le faire fournir. Rien de tel sur Mars, une fois parti de la Terre et jusqu’au retour trente mois après, l’équipe d’astronautes et plus tard les résidents martiens, seront seuls, sans aucune assistance matérielle possible. En ce sens, passer de la vie sur la Lune à la vie sur Mars représente un saut comme on n’en a jamais fait depuis les Grandes Découvertes où là aussi l’explorateur européen était totalement seul, loin de tous les outils disponibles en Europe. Avec Mars nous allons commencer une nouvelle séquence. Une fois que l’homme se sera adapté à vivre en-dehors de son berceau, grâce à une planète Mars « distante mais pas trop », il pourra tenter la grande aventure de l’essaimage dans l’espace véritablement profond, celui qui est situé au-delà du système solaire interne. Nous n’avons pas encore la technologie pour le faire mais nous l’aurons un jour et nul doute que nous l’utiliserons comme demain nous utiliserons les faibles moyens dont nous disposons aujourd’hui pour aller sur Mars. Et nous pourrons aussi le faire car, grâce à la vie sur Mars, le principe d’une vie possible en-dehors de la Terre aura été posé, accepté et tenté avec succès. Depuis qu’elle a pu parvenir à la mer ouverte ou aux marges des grands déserts d’Afrique, une partie de notre espèce, celle des nomades, a toujours rêvé de savoir ce qu’il y avait « de l’autre côté ».

Illustration de titre :

La Terre vue de Mars photographiée par le rover Curiosity de la NASA le 31 janvier 2014, 80 minutes après le coucher du Soleil (crédit NASA/JPL-Caltech/MSSS/TAMU). Les deux planètes sont distantes mais après Vénus, Mars est la plus proche. Les deux sont celles que l’on voit le mieux dans notre ciel; dans le ciel de Mars c’est la Terre, seule.

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Attention! Le Temps arrête sa plateforme de blogs le 30 juin 2023.

Mon blog, “Exploration spatiale”, a dû comme les autres prendre son envol pour migrer ailleurs plutôt que disparaître et cet article est donc un des derniers à paraitre sur cette plateforme.

D’ores et déjà vous pouvez me lire sur mon nouveau blog (créé par le développeur Dinamicom) qui reprend toutes les archives (articles et commentaires) du présent blog.

Nom de mon nouveau blog: “Exploration spatiale – le blog de Pierre Brisson“. Lien vers le blog:

https://explorationspatiale-leblog.com

Je serais heureux que vous vous y abonniez. NB: Le Temps n’a pas voulu transmettre à ses blogueurs les adresses mails de leurs abonnés et je n’ai donc aucun moyen de vous écrire.

Pour (re)trouver dans mon blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur (NB: j’ai repris cet index dans mon nouveau blog) :

Index L’appel de Mars 23 06 06

Si vous avez des commentaires à faire sur cet article, merci de les poster sur mon nouveau blog pour faciliter les échanges.

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Vous pouvez aussi me lire sur contrepoints.org, porte parole des opinions libérales en langue française (Contrepoints est un media avec lequel j’entretien une relation déjà longue) lorsque sa direction estime mes articles intéressant dans son contexte éditorial.

https://www.contrepoints.org/

Vous pourrez encore me lire, de temps en temps, dans les pages du Temps dans la rubrique “Opinions/débats” quand la Direction du journal le jugera utile pour son lectorat général.

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A la semaine prochaine, même jour, même heure, sur:

https://explorationspatiale-leblog.com

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

17 réponses à “Bienheureux sont les Terriens car ils ont Mars comme planète voisine (2. La distance)

  1. Bonjour
    Excellent article comme d habitude.
    En dehors des poles il est possible qu il existe en profondeur de la saumure avec de la vie je le pense.
    Lorsque j etais jeune il y a 30 ou 40 ans j avais imagine un vaisseau en forme de tore applati sur sa face concave et tournant sur lui meme a raison de 2 tours par minutes:j avais calcule une pesanteur artificielle de environ 0.5 g ce qui m avait paru suffisant.et pour finir mon delire je le fesais decoller complet de la terre a l aide de 32 moteurs saturne 5 assistes de 32 ssrb de la navette; un vrai delire mais ca m avait bien occupe: faut dire que l engin mesurait 100 metres de diametre et 30 metres de hauteur ! apres cette experience j ai decroche !!

    1. Merci Niogret,
      Le rêve n’est pas forcément le délire. Il faut rêver pour ensuite construire.
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      N’oubliez pas que le même article paraît sur mon nouveau blog. C’est sur ce nouveau blog (explorationspatiale-leblog.com) qu’il y a maintenant le plus de lecteurs.

  2. Concernant l’exposition humaine aux radiations, 3 aller-retours vers Mars ne posent pas de problème : sur quoi se base cette affirmation ? Aujourd’hui, hors Apollo, les retours expérimentaux ne concernent que des séjours en orbite basse, protégée par le champ magnétique terrestre. Ils sont donc peu extrapolables pour des voyages interplanétaires. A ma connaissance, la situation est qu’on manque encore complètement de certitude sur cette question.

    L’article n’examine par ailleurs que le cas de la propulsion chimique, et tout ce qui y est dit est vrai. Mais il y a désormais une croissante prise de conscience de son inadéquation pour le transit martien. A peu près tous les professionnels sont maintenant convaincus qu’on n’enverra pas d’équipage laissés à eux mêmes sur des allers de 6 mois ou retours de 2 ans dans un avenir prévisible, et qu’il faut donc trouver des propulsions plus efficaces. D’où les annonces de plus en fréquentes sur des développements de moteur nucléaire. On n’ira pas vers Mars avant leur mise au point.

    Même réduit à 2 ou 3 mois, ce qu’autoriserait cette propulsion, le transit reste un problème pour les radiations cosmiques et aussi l’apesanteur. Après 3 mois et sans structure médicale sur place, faire subir l’atterrissage sur Mars à un organisme humain sera difficile, voire impossible. En théorie, la pesanteur artificielle peut en effet aider, mais nous ne disposons d’aucune donnée expérimentale sur sa faisabilité dans l’espace, elle n’est qu’une simulation imparfaite, et aucun industriel majeur ne l’annonce à courte échéance. Elle sera peut-être un jour utilisée, mais à un long terme difficile à dater. D’ici là, beaucoup d’autres choses risquent d’avoir changé.

    1. Le sujet de mon article n’est pas une réflexion approfondie sur les radiations. Le sujet a déjà été traité de nombreuses fois sur ce blog. Cependant, puisque vous insistez, je reviens brièvement sur cette question.
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      Il faut distinguer les SeP (Solar energetic Particles) et les GCR (Galactic Cosmic Rays). Les premiers sont supportables “en temps normal” mais ne le sont pas du tout pendant les tempêtes solaires. C’est la dose qui fait la différence. Les GCR sont à peu près constants et omnidirectionnels mais ils sont moins forts en période de maximum solaire puisque pendant cette période le vent solaire nous en protège davantage. Les GCR comportent des HZE qui ne représentent que 2% des rayonnements (environ) et ces HZE qui sont des noyaux d’atomes “métalliques” sont beaucoup plus nocifs que les autres (essentiellement protons dont sont composés la quasi totalité des SeP). On peut se protéger des radiations de protons (notamment avec les réserves d’eau) mais on ne peut rien contre les HZE.
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      Pendant le voyage vers Mars de la mission MSL (Curiosity) l’instrument RAD a constaté que les radiations étaient en moyenne du double de celles constatées à la distance de l’ISS et lorsqu’il est arrivé sur Mars, RAD a constaté que les radiations dans le cratère Gale étaient à peu près du niveau de celles enregistrées à la distance de l’ISS.
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      Compte tenu de la nocivité des HZE on peut envisager quelques voyages vers Mars, en profitant du maximum solaire et en étant équipé pour se protéger contre d’éventuelles tempêtes solaires et en faisant des poses aussi longues que possible entre les voyages pour permettre à l’organisme d’autoréparer les éventuels dégâts subis.
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      Quant à la pesanteur artificielle, il faudra certes un jour finir par l’expérimenter mais il n’y a aucun obstacle théorique à ce qu’elle puisse fonctionner.

      1. Bien sûr que nous avons des informations sur les radiations attendues – quoiqu’essentiellement sur la base d’une seule mission – et très bien traitées ici, mais ce n’était le sens de ma question. Ce qui manque, c’est un retour expérimental de leur effet cumulé sur l’organisme humain, tempêtes solaires comprises et poses comprises, et donc une quantification fiable, tant du niveau de protection à apporter, que du nombre acceptable de voyages. Les estimations sont très variables. Or la protection, par son poids, est un élément déterminant de la faisabilité du voyage.

        1. Pierre,
          Connaissons nous aujourd’hui avec précision la qualité de l’eau sur Mars, chimique et biologique faite par des sondes automatiques?
          J’ignore si des expériences et forages ont été faits à ce jour.

  3. Il est impossible de laisser un commentaire à la suite de votre article du jour sur votre nouveau site…

    J’abonde dans la réflexion de M. Baland sur la nécessité de raccourcir la durée de ces voyages de transit. Il faut absolument mettre au point des moteurs ioniques nucléaires permettant d’assurer une poussée constante, ce qui aura aussi l’avantage insigne de créer une pesanteur artificielle bienvenue.

    Tout à fait à titre théorique, avec une poussée constante permettant de provoquer une accélération constante, soit une pesanteur artificielle agréable pour l’équipage, de “1 g”, soit 9,81 m/s^2, on calcule que, en une seule journée, on parcourt 36,6 millions de km (on serait, disons, à mi-parcours), ensuite on inverse la fusée et décélère semblablement durant une seconde journée, de façon identique, pour l’autre moitié du transfert, qui serait ici de 73 millions de km au total.

    On peut refaire ce calcul avec des poussées constantes (et donc des accélérations constantes) 10, ou 100, ou 1000 fois moindres. Cela donnerait des voyages de deux fois 3 jours, ou de deux fois 10 jours, ou de deux fois 32 jours.

    1. Même des moteurs ioniques nucléaires nécessitent d’éjecter de la matière, qui sera évidemment ionisée en l’occurrence. Avez-vous calculé la masse qui devrait être emportée pour assurer à un vaisseau de classe Starship dans la première moitié du trajet les accélérations envisagées puis les décélérations équivalentes dans la deuxième? Quid également de la puissance nécessaire, à fournir par le réacteur nucléaire? Reste-t-elle raisonnable?
      Jusqu’ici, on n’a réussi à propulser avec cette technique que des engins spatiaux de très faible masse, avec des poussées et des accélérations extrêmement faibles, ce qui fait que les temps de parcours sont fortement allongés. A titre d’exemple, un vaisseau Apollo mettait de l’ordre de 3 jours pour rejoindre la Lune, contre 14 mois pour la sonde SMART 1!

    2. Merci Monsieur de Reyff, d’avoir signalé l’impossibilité de poster des commentaires sur cet article dans mon nouveau blog. C’est un problème de jeunesse! Il sera résolu ce lundi (du moins je l’espère!).

  4. Les distances « spatiales » à parcourir pour atteindre Mars et retour sur Terre devra peut être mieux tenir compte de la santé, de l’anatomie et de la physiologie des astronautes.
    Une étude paru dans Nature (désolé, n’arrive pas à retrouver la référence) révélait qu’au retour d’un séjour prolongé dans l’espace, il y avait une augmentation de la taille des ventricules du cerveau et que cela nécessitait plusieurs mois après retour sur Terre pour qu’ils retrouvent une taille normale. Il en irait de même pour d’autres organes, dont le coeur. Dans la durée, les conséquences sur le fonctionnement des cellules et donc des organes, en plus des radiations, ne sont globalement pas encore très bien connues.
    Sous réserve d’une meilleure connaissance qui sera certainement acquise progressivement, cela ne va t il pas imposer une « limite physiologique » à un séjour de longue durée dans l’espace extra-terrestre ?

      1. Merci Dr. pour ce lien.
        Effectivement j’avais lu également que la taille des ventricules du cerveau était sérieusement affectée par le séjour en apesanteur.
        Il sera essentiel de voir quel est l’effet de la pesanteur réduite de Mars sur la taille de ces ventricules et l’acceptabilité de cette effet sur la santé des hommes sera une condition préalable à l’installation de colonies sur Mars.

  5. La thèse défendue dans les deux derniers articles de ce blog est intéressante, mais on pourrait tout aussi bien déclarer que: “Bienheureux les Terriens qui ont la chance d’avoir la Lune comme satellite naturel”. Le fait d’avoir (presque) “à portée de main” un corps céleste aussi spectaculaire dans notre ciel nocturne que la Lune a sans conteste joué un rôle essentiel dans l’engouement de l’espèce humaine pour l’exploration spatiale. Dès qu’ils ont pris conscience de leur environnement, les Hommes ont été fasciné par cet astre qui éclairait leurs nuits et dont ils pouvaient distinguer à l’œil nu les principaux reliefs, montagnes et “mers”. La Littérature regorge de descriptions de voyages à destination de notre satellite naturel, avec souvent une imagination débordante sur les moyens d’y parvenir. Mars est trop lointaine et trop peu visible pour avoir pu jouer un tel rôle.
    A l’époque moderne, c’est la Lune qui a suscité les premiers projets de visite à une “voisine céleste” Et c’est encore la Lune qui a vu la première concrétisation de ce vieux rêve de l’humanité, montrant que cela était possible. Sans cette étape, envisager d’envoyer des Hommes sur Mars serait encore du domaine de la science-fiction. Aujourd’hui encore, la Lune est considérée comme un banc d’essai précieux pour tester et mettre au point les techniques et équipements qui devraient permettre d’envisager ensuite des missions vers la plus lointaine planète rouge. Cela d’autant plus que les conditions y sont similaires, mais plutôt plus exigeantes encore, que sur Mars, tout en gardant la possibilité d’un retour rapide sur Terre en cas de difficultés ce qui ne sera pas possible une fois embarqué pour Mars. Pas sûr que cela aurait été aussi évident si l’Humanité s’était développée sur une planète sans lune comme Vénus par exemple.
    Je trouve un peu malheureux et dénigrant à ce propos de qualifier de “faire joujou” le fait d’explorer notre satellite naturel. C’est une étape utile, voir indispensable pour l’expansion de l’Humanité dans l’espace, et qui a nécessité, et nécessitera encore, de mettre en œuvre des trésors d’ingéniosité qui serviront bien au-delà de cette utilisation primaire (même Elon Musk semble l’avoir compris) . Vouloir opposer la Lune à Mars est aussi stérile que contre-productif.

    1. Je ne suis pas opposé à l’exploration de la Lune et tant mieux si la Lune nous sert à tester certains des équipements que nous devrons utiliser sur Mars.
      .
      Je crains toutefois que la Lune ne devienne ce qu’est devenue l’ISS: au début une innovation formidable et utile et ensuite un alibi pour ne pas aller plus loin.
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      Précisément si nous n’avions pas Mars visible dans notre ciel et accessible à nos vaisseaux, nous serions naturellement encouragés à ne pas aller plus loin que la Lune. Puisque nous avons la chance que Mars ne soit pas trop loin mais quand même suffisamment loin pour que les voyages ne soient pas aisés mais possibles, ne nous laissons pas séduire par la Lune au point d’en oublier Mars. Ce fut déjà le cas sous la présidence du Président George W Bush et l’administration de Michael Griffin. Bien que son programme d’exploration par vols habités fut clairement “the Moon and Beyond” et que Griffin ait été un soutien affiché de Robert Zubrin, la pression des partisans de la Lune et de l’ISS fut telle que le “Beyond” disparut rapidement complètement des objectifs.
      .
      Je me méfie de la Lune!

  6. Bonjour
    Finalement au lieu de fabriquer la station spatiale on aurait pu la concevoir de maniere telle que l on puisse la propulser vers MARS et la re-satelliser autour de la terre a son retour de voyage comme garage.

    1. L’ISS une fois assemblée n’a effectivement pas été conçue pour pouvoir être déplacée au long cours. Elle n’est pas assez rigide pour cela et ne supporterait pas les accélérations nécessaires. Cela dit, je ne suis pas persuadé que l’amener vers Mars serait d’une très grande utilité. Mieux vaut un (ou plusieurs) engin(s) spatial(aux) spécifiquement conçu(s) et “calibré(s)” pour ce genre de mission.

  7. L’intérêt d’aller sur la lune avant d’aller sur Mars outre l’acquisition de nouvelles connaissances et la mise au point de techniques de survie et d’exploitation réutilisables sur Mars, est d’avoir accès à d’abondantes ressources minières même si elles ne sont exploitées que par robots interposés ou par un petit nombre d’humains. Bref d’augmenter notre puissance économique et industrielle, de nous obliger à nous surpasser. Et surtout si l’on constate que cela nous est très profitable, on s’attaquera forcément à l’étape suivante: Mars. L’appétit vient en mangeant! On étouffe sur notre terre dont on connaît le moindre recoin. Vous direz: il y a le fond des mers à étudier mais ça manque de lumière. Et si aller sur Mars s’avère plus agréable à la fin, l’attrait pour quelque chose d’infiniment plus nouveau l’emportera. On est allé en Amérique bien avant d’avoir visité toutes les montagnes d’Europe. Je ne reviens pas sur le sauvetage de notre espèce en cas d’extermination sur terre. Elon Musk évoque cet argument. Les Américains ont réussi à fragmenter un astéroïde mais quand le danger se présentera sera-t-il repéré à temps? sa destruction ne ratera-t-elle pas au dernier moment?

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