Message d’un habitant de la Planète Rouge à ses contemporains de la Planète Bleue

Plus je considère notre très chère mère la Terre depuis la froide et austère planète Mars, sa sœur non si lointaine, plus je suis effaré et angoissé par le comportement écologique de mes contemporains restés sur Terre. Je leur envoi donc ce message:

Ne réalisez-vous pas, vous Terriens, quel joyau rare et précieux est votre « Pâle-Point-Bleu »*! Hélas, les êtres vivants les plus conscients qu’elle a enfantés le sont en réalité très peu! Dans votre immense majorité** vous ne vous rendez pas encore compte du miracle biochimique dont nous sommes le fruit après plus de 4,56 milliards d’années d’une histoire compliquée, et combien vous êtes dépendants de l’écologie de votre planète. Par votre comportement irresponsable, vous êtes en train de lui causer des dommages irréversibles dont vous risquez très fort d’être l’une des principales victimes.

NB* : notre « Pale Blue Dot » comme l’appela l’astrophysicien Carl Sagan en 1994 au cours d’une conférence à l’Université Cornell en présentant la photo réalisée le 14 février 1990, sur son insistance, par la sonde Voyager 1 de la NASA (la sonde se trouvait alors à la distance de Pluton). Voir note ci-dessous.

NB**: De plus en plus d’hommes sont conscients des problèmes écologiques mais il semble que l’inertie soit très forte. Les habitudes changent lentement et nous manquons peut-être de temps avant que les tendances lourdes de nos comportement nuisibles n’aboutissent à des catastrophes.

Le premier scandale est celui de l’explosion démographique. Nous étions probablement 1 milliards en 1800, 2,5 milliards quand je suis né au milieu des années 1940 ; 7,5 milliards aujourd’hui ! Ne voyez-vous pas le danger de ce nombre en valeur absolue et de l’accélération de sa croissance ?! Quel intérêt présente cette course ?! Comment certains peuvent-ils se réjouir qu’il y ait 4,4 milliards d’Africains* en 2100 contre 1,2 milliards aujourd’hui et 2 à 3 en 2050 ?! Qui va les nourrir et avec quoi ?! Quelles destructions gigantesques de votre milieu naturel cela implique-t-il ?! Combien de disparitions d’espèces sauvages de grands mammifères?! Quelle ampleur de mouvements migratoires ?! Quelle pauvreté, faute de capital suffisant pour permettre la création des richesses nouvelles nécessaires ! Quel appauvrissement culturel quand le seul soucis possible sera de ne pas mourir de faim ! Quelles violences et quelles douleurs !

NB* : j’exprimerais la même indignation si cette augmentation spectaculaire était prévue en Asie ou en Amérique. D’ailleurs les perspectives d’augmentation dans certains pays d’Asie ou d’Amérique latine sont tout aussi inquiétantes.

Cette explosion démographique implique des constructions anarchiques et innombrables partout à la surface du Globe. Le béton coule à flot pour l’agrandissement de mégalopoles ingérables de par leur taille et la concentration de populations, la couche d’asphalte qui couvre les terres agricoles, en friche ou encore « vierges » s’étend inexorablement, les routes et les voies ferrées coupent les pistes qu’empruntaient jadis nos frères animaux réduits de plus en plus à la portion congrue en termes de territoires et de nourriture.

La Terre était jadis couverte d’immenses forêts et l’homme est sans doute né dans cet environnement. Il est toujours, comme la mer, l’un des lieux les plus porteurs de vie, non seulement en termes de quantité mais surtout en termes de diversité et aussi générateur d’une grande partie de l’oxygène, source de l’énergie dont nos corps ne peuvent se passer. Et pourtant, tous les ans, une quinzaine de millions d’hectares sont brûlés dans les régions les plus sensibles, vos « poumons », que sont les forêts intertropicales du Brésil, du Pérou, d’Indonésie. Et pour quoi faire ? pour un élevage extensif d’animaux herbivores inutiles ou pour cultiver toujours plus d’essences standardisées et très peu variées comme le soja ou des palmiers qui vous donnent une huile de mauvaise qualité dont se nourrissent les plus pauvres d’entre vous, au détriment de milliers d’espèces vivantes, sources de potentiels médicaments que nous n’aurons jamais, et réserves à de multiples titres de notre vie future auxquelles vous renoncez sans même le savoir, sans même activer votre sensibilité soi-disant « humaine » qui devrait susciter en vous un minimum de compassion ou au moins de respect pour les autres formes de vie.

Les zones humides, elles aussi surpeuplées, sont « assainies » par des cultures vivrières ou industrielles ou encore la construction de marinas aussi bien que de cités misérables et l’implantation de routes, segmentant l’espace en petites parcelles et introduisant le désordre, le bruit et la poussière dans ces lieux de silence et d’équilibre. Mais cet assainissement est en réalité un appauvrissement parce qu’il implique la destruction non seulement du milieu mais de toute la faune et la flore qui l’habitent, souvent dernière source de biodiversité et de régénérescence dans les pays dits « civilisés ».

Partout l’élimination des animaux sauvages, les grands singes, les rhinocéros, les tigres, les ours, est en bonne voie car vous persévérez dans l’application d’une conception pervertie du « développement », ou d’habitudes futiles et stupides (l’amusement des foules ou de quelques particuliers, la protection de l’élevage, la chasse, la médecine « traditionnelle » !) ! Même les animaux domestiques (les ânes !) sont « jetés » dès qu’ils ne vous servent plus ; les autres (les bovins !) sont trafiqués dans le but de les rendre encore plus productifs pour votre consommation effrénée de lait ou de viande, produits gaspilleurs des ressources végétales et nuisibles à votre santé. Vous méprisez, malmenez, massacrez nos frères animaux sur cette Terre alors qu’ils ont les mêmes droits que nous à la vie.

Les terres agricoles qui subsistent sont également maltraitées comme jamais, L’industrialisation des cultures en réduit la biodiversité, la disparition de la protection sylvestre accélère le ruissellement et l’érosion, l’utilisation des pesticides chimiques favorise la résistance des insectes nuisibles qui y survivent et détruit ceux dont nous avons besoins (les pollinisateurs), l’aberration des cultures irriguées (maïs!) dans des régions en déficit d’eau, gaspillent vos ressources en eau douce.

La mer est plus que jamais une poubelle. Vos navires commerciaux continuent à vidanger sans scrupules leurs soutes à mazout en haute mer. Vos chalutiers détruisent la vie qui s’accrochent aux hauts fonds (de plus en plus profonds), les filets dérivants déciment sans discernements des espèces entières, la masse de vos sacs plastiques, destructibles seulement après des millénaires, étouffent les poissons et tortues qui les avalent et forment un « nouveau continent » d’ordures quasi éternelles (à notre échelle humaine). La destruction des espèces surpêchées (tour à tour les thons, les morues, les sardines, et autres !) favorisent la prolifération des animaux les moins désirables (méduses) qui seront peut-être un jour les seuls qui vous resteront pour vous nourrir. La température des eaux monte, les glaces fondent, les coraux meurent.

L’énergie fossile est gaspillée, le gaz carbonique s’accumule dans l’atmosphère, beaucoup plus vite que jamais et la réchauffe considérablement par effet de serre, trop vite pour quelque adaptation biologique que ce soit. Rappelons qu’au-dessus d’une température moyenne de 40°C toute vie animale serait impossible sur Terre ! Elle est actuellement de 15°C sur toute la surface du globe mais c’est une moyenne et elle augmente vite. Dans certaines régions intertropicales les 40°C sont probables prochainement. Une augmentation de 2°C, en moyenne, par rapport à la période « préindustrielle » (1880-1900) rendrait la machine incontrôlable et les mouvements de populations gigantesques. Nous en sommes à +1,25°C et la pente s’accentue. L’inflexion jusqu’à l’horizontale en 2050 est une nécessité absolue.

Par égoïsme, bêtise et ignorance, vous êtes peut-être appelés à disparaître après avoir détruit autour de vous toute forme de vie supérieure. Il est tard mais peut-être pas encore trop tard. Vous n’avez pas le choix, soyez raisonnables ! Certains le sont déjà mais ils ne sont pas assez nombreux. Il vous faut ensemble apprendre à tout prix à ceux de nos contemporains qui s’en moquent encore, le respect de l’environnement et des autres êtres vivants, limiter le gâchis, systématiser le recyclage*, lutter contre les croyances irrationnelles, utiliser la science et le progrès quand ils vont dans le bon sens*, inculquer à chacun la responsabilité qu’il a vis-à-vis de sa propre descendance. Tant que vous êtes vivants, vous êtes co-responsables.

A tous les ayatollahs qui voudraient en profiter pour renforcer l’Etat, je précise cependant que cette prise de conscience et votre action qui doivent s’intensifier ne sont incompatibles ni avec le libéralisme, ni avec le progrès. On ne peut retourner au passé, le progrès technologique est la seule voie ouverte pour résoudre nos problèmes et pour que tous participent, il faut que chacun se rende compte qu’il y a individuellement intérêt.

Lors de la distribution de leurs atouts aux planètes par « Dame-Nature », Mars n’a pas eu la chance de la Terre. Elle est plus pauvre, « brute et vierge ». La vie y sera moins facile pour toutes sortes de raisons déjà exposées. Lorsque quelques-uns d’entre vous viendront me rejoindre pour vous y établir aussi, vous serez les héritiers de toutes les erreurs passées mais aussi porteurs de toute la sagesse acquise par l’expérience, malheureuse et heureuse, de ces dernières décennies et par votre réflexion. Il faut bien sûr espérer que cette sagesse s’impose et que nous ne ruinions pas notre nouvelle Terre. Pour ce nouveau chapitre de notre histoire, nous serons aussi responsables.

NB*: Deux livres de Suren Erkman (professeur à l’UniL), à lire absolument :

« Vers une écologie industrielle », 2004 ;

« Comprendre la transition énergétique », 2015.

Lire aussi:

Rare Earth (Why complex life is uncommon in the Universe) par Peter Ward et Donald Brownlee, publié par Copernicus Books en 2000.

Image à la Une : La NASA a publié en novembre 2016 une image de la Terre et de la Lune ensemble, prise (au téléobjectif !) depuis l’orbite de Mars. Elle se compose des deux meilleurs clichés pris par la caméra HiRISE à bord de la sonde spatiale Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). La distance Mars-Terre était de 205 millions de km (la distance de Mars varie entre 56 et 400 millions de km). Rappelons que la distance de la Terre à la Lune est de 385.000 km et que la Terre a un diamètre de 12.742 km. Les deux astres ne sont donc pas ici sur le même plan et comme on voit la face cachée de la Lune, celle-ci se trouve plus près de nous (évidement à cette distance la différence en termes de taille apparente est négligeable). C’est une « photo de groupe »  ; tous les hommes vivants en 2016 s’y trouvent ainsi que la tombe des quelques 100 milliards qui sont déjà morts depuis que notre espèce existe (quelques 3 millions d’années) et dont nous portons l’espoir.

Post scriptum:

Extrait du discours de Carl Sagan le 13 octobre 1994 à Cornell University, au cours duquel il évoqua pour la première fois notre Pale Blue Dot. Ces paroles sont, de mon point de vue, parmi les plus belles jamais prononcées:

We succeeded in taking that picture, and, if you look at it, you see a dot. That’s here. That’s home. That’s us. On it, everyone you ever heard of, every human being who ever lived, lived out their lives. The aggregate of all our joys and sufferings, thousands of confident religions, ideologies and economic doctrines, every hunter and forager, every hero and coward, every creator and destroyer of civilizations, every king and peasant, every young couple in love, every hopeful child, every mother and father, every inventor and explorer, every teacher of morals, every corrupt politician, every superstar, every supreme leader, every saint and sinner in the history of our species, lived there – on a mote of dust, suspended in a sunbeam.

The Earth is a very small stage in a vast cosmic arena. Think of the rivers of blood spilled by all those generals and emperors so that in glory and in triumph they could become the momentary masters of a fraction of a dot. Think of the endless cruelties visited by the inhabitants of one corner of the dot on scarcely distinguishable inhabitants of some other corner of the dot. How frequent their misunderstandings, how eager they are to kill one another, how fervent their hatreds. Our posturings, our imagined self-importance, the delusion that we have some privileged position in the universe, are challenged by this point of pale light.

[…] To my mind, there is perhaps no better demonstration of the folly of human conceits than this distant image of our tiny world. To me, it underscores our responsibility to deal more kindly and compassionately with one another and to preserve and cherish that pale blue dot, the only home we’ve ever known.

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

10 réponses à “Message d’un habitant de la Planète Rouge à ses contemporains de la Planète Bleue

  1. Cher Monsieur,
    Ne considérez pas la nuisance des humains de par leur nombre, mais de par leurs habitudes de consommation et leur empreinte écologique individuelle intrinsèque.
    Donc si vous voulez honnêtement comparer le péril que représente la croissance démographique en Afrique, n’oubliez pas de considérer un quotient de nuisance écologique réelle.
    Peut-être ainsi obtiendrez-vous un ratio de nuisance de un européen pour dix africains?
    Ou peut-être avez-vous une autre motivation moins avouable que vous dissimulez sous votre pseudo inquiétude pour notre belle planète?
    Vous pouvez certes dissimuler aux hommes ce que vous avez dans votre poitrine, mais pas à Lui…
    Courage Monsieur Brisson.
    Cordialement,
    Jean Bongo

    1. Cher Monsieur Bongo,
      Je comprends votre point de vue et je m’attendais à ce que quelqu’un l’exprime. Je pense que vous soulevez le vrai problème mais votre intervention me conforte dans mon propre point de vue.
      Bien entendu qu’un individu doit être considéré en fonction de son impact écologique (son « empreinte écologique intrinsèque ») et que celui des populations pauvres en Afrique est aujourd’hui relativement faible. Mais l’intention de ces personnes pauvres et de la communauté humaine mondiale (évidemment compatissante et solidaire), est qu’elles deviennent plus riches (collectivement et individuellement) et qu’elles vivent dans des conditions décentes. Si cette heureuse évolution (pour eux-mêmes) se réalise, alors leur empreinte écologiques risque d’être beaucoup plus élevée qu’aujourd’hui. Si la population restait à peu près stable en nombre, ce serait déjà grave. Si elle augmente, ce sera catastrophique. Alternativement, si la population augmente (comme prévu) sans que le niveau de vie augmente, nous aurons une situation humaine encore plus lamentable qu’aujourd’hui et une catastrophe écologique également terrible.
      Pour comparaison, regardez la situation écologique en Chine aujourd’hui. Elle n’est pas « brillante », loin de là ! Les autorités sont devenues conscientes du problème mais la situation n’est pas facile à redresser et les Chinois disposent pourtant, maintenant, de capitaux importants et d’une volonté forte.

  2. Vous mettez la faute aux pauvres alors que la pollution et l’exploitation des ressources est due aux riches. En précisant que les milliards d’êtres en trop qui vous dérangent sont africains. Exploitation de l’autre et de l’environnent par le capitalisme et le racisme ; voilà le programme de la diffusion de l’espèce humaine dans l’univers.

    1. Il se trouve que le continent où la population doit augmenter le plus vite dans les années qui viennent c’est l’Afrique. C’est un fait. A une autre époque ça a été l’Europe, à une autre l’Amérique, à une autre encore, l’Asie. La différence entre hier et aujourd’hui, c’est qu’il n’y avait pas 7,5 milliards d’hommes sur Terre et que le niveau de pollution globale était plus faible.
      Un autre fait, peut-être aussi dérangeant, c’est que les pauvres polluent aussi bien que les riches même si, par personne, un riche pollue plus qu’un pauvre. Le problème c’est précisément que si un pauvre devient riche il augmente considérablement son impact sur l’environnement. C’est pour cela qu’il vaut mieux limiter l’explosion démographique, sur quelque continent que ce soit mais d’abord dans les régions intertropicales où se situent ce qui reste des plus grandes forêts terrestres et de la faune sauvage.

  3. C’est une constante de toute espèce vivante de connaître une expansion de sa population, qui se ralentit puis s’inverse lorsque «l’espace vital», au sens large, commence à imposer ses limites (ce qui peut aussi résulter de l’apparition d’espèces plus «conquérantes»), conduisant le plus souvent à terme à une extinction. L’espèce humaine n’échappera certainement pas à ce processus, bien que dans ce dernier cas des facteurs spécifiques jouent également un rôle que ne connaissent pas d’autres espèces. Les principaux sont l’éducation et le «progrès» (l’une et l’autre étant évidemment en partie liés) qui permet de donner les moyens de vivre à plus de monde avec moins de ressources consommées par individu. L’inversion de la courbe démographique, précisément pour ces raisons, semble d’ailleurs déjà bien amorcée dans les pays les plus développés, ce qui se traduit par un net ralentissement au niveau mondial, même si certains pays continuent à avoir une croissance relativement importante (mais ralentie, alors qu’elle est déjà négative dans d’autres). Si le phénomène se généralise, on peut même s’attendre à (ou craindre) une décroissance de la population mondiale dans un délai relativement court. En tout cas, ce qui est certainement une illusion est de croire à une «gentille» stabilisation une fois un certain niveau atteint. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, on croit ou on décroit, mais rester à un niveau stable est quasi impossible à réaliser. Rappelons que même un faible taux de croissance constant conduit assez rapidement à une «explosion» s’il est positif et à une extinction s’il est négatif.
    En attendant, il n’y a pas besoin d’être un «ayatollah» (pourquoi toujours ce besoin de dénigrer et rabaisser ceux qui peuvent avoir d’autres façons de penser, et qui plus est de façon même «préventive» ici ?!) pour constater que le «libéralisme effréné» qui domine le monde au moins depuis le début du siècle passé n’est pas complètement étranger à la situation difficile dans laquelle on se trouve aujourd’hui (fortes inégalités sociales, accaparement des ressources, pollution, etc.) du fait de la recherche prioritaire du «profit» individuel. Il est symptomatique que le pays qui se veut le plus libéral est aussi celui dans lequel ces problèmes sont le plus manifestes et qui semble le moins se soucier des conséquences pour les futures génération, à preuve son retrait du traité de Paris alors qu’il est le plus gros pollueur au monde. Le fait d’être en faveur du progrès (comme je l’ai souligné plus haut) ne s’oppose pas à une vision d’un monde mois individualiste, plus solidaire et plus conscient des contraintes environnementales, ce qui devrait être atteint essentiellement par une meilleure information et éducation plutôt que par un renforcement des pouvoirs étatiques (qui aboutit d’ailleurs généralement au résultat inverse). Si on pense à une future colonie martienne, l’établissement d’une telle société devrait être facilité par le fait que ses membres auront été soigneusement sélectionné et constitueront un échantillon de ce que l’Humanité peut offrir de mieux. On peut donc légitimement espérer que la recherche du profit et de l’intérêt individuel ne soit pas leur motivation première, contrairement au conquistadors des temps passés.

    1. Vu le taux d’augmentation actuel de la population terrestre on peut craindre que, par inertie, on aille beaucoup plus loin que le supportable avant d’amorcer la stabilisation puis la décroissance démographique. En tout cas actuellement la crainte que l’on peut avoir n’est pas la décroissance mais l’explosion. C’est ce problème qu’il faut voir et régler.
      Je ne pense pas que le libéralisme soit la cause de tous nos maux écologiques. D’abord parce que le problème écologique n’a pas émergé dans la conscience des gens (libéraux ou non) avant la fin des années 1950. Ensuite parce que ce n’est pas lui qui « mène le monde depuis le début du siècle passé ». Peut-être vous souviendrez vous qu’il y a eu pas mal de dictatures collectivistes jusqu’en 1990. Enfin parce que l’URSS était une véritable poubelle et que la Chine (qui n’est toujours pas un pays libéral et qui est un très gros pollueur) l’était également et engagé sur une très mauvaise voie avant que ses dirigeants ne soient contraints à réagir en raison de la catastrophe évidente que leur développement est en train de causer. Quant aux Etats-Unis, on peut effectivement constater que le président actuel n’est pas très conscient du problème mais que cette faiblesse est compensée par un très fort mouvement écologique dans la population et au niveau des Etats fédérés (et je vous fais remarquer que ces contre-pouvoirs sont permis par la prévalence du libéralisme dans le pays).

      1. On constate déjà une diminution importante du taux de croissance mondial de la population, et ce taux est même devenu assez nettement négatif dans bien des pays industrialisés. Comme je l’ai mentionné, si on veut que cette tendance s’étende, il n’y a qu’une solution, faire en sorte d’améliorer le niveau de vie et d’éducation dans les pays où cela n’est pas encore suffisamment le cas. Quelle serait l’alternative? Stériliser de force certaines populations? Solution assez peu “libérale” et qui rappelle de bien mauvais souvenir! Il est bien connu que lorsque la mortalité infantile est élevée d’une part, et les conditions économiques difficiles d’autre part, “on” fait beaucoup d’enfants qui constituent en quelque sorte une “assurance-vieillesse” pour leurs parents qui n’en ont pas d’autre. Même dans nos pays cela a été le cas dans le passé; on ne peut reprocher à d’autres de faire pareil aujourd’hui dans des conditions similaires.

        1. Bien sûr qu’il faut “améliorer le niveau de vie et d’éducation”. Plus facile à dire qu’à faire. Cela fait des dizaines d’années qu’on essaie. On peut continuer. En attendant les problèmes s’aggravent. Quand votre éventuel retournement de situation se produira, le dernier rhinocéros et la dernière girafe seront morts depuis longtemps et l’ensemble de l’humanité se délectera en se nourrissant de grillons et de vers de farine dans les zones encore habitables de la planète! Mais les bonnes âmes pourront s’extasier, dans la mesure où l’information circulera encore, en apprenant que l’on vient de sauver le 11 miliardieme petit humain qui viendra de naître, dans des conditions épouvantables.

          1. La courbe démographique ne peut pas s’inverser du jour au lendemain, mais le processus est déjà amorcé, comme mentionné plus haut (entre parenthèses, ce n’est pas “mon” éventuel retournement de situation, mais une constatation que font tous les démographes). De nouveau, quelle serait la solution rapide “miracle”? Interdire à certaines populations de procréer? Comment d’ailleurs, et par qui? Plus drastique encore, procéder à des réductions de populations (euthanasie à partir d’un certain âge par exemple, comme cela a été imaginé dans certains ouvrages de science-fiction?)?! Si on écarte ces solutions extrêmes, il ne reste effectivement que l’amélioration du niveau de vie, de l’information et de l’éducation, mais on ne peut en attendre, c’est vrai et évident, de résultats immédiats; raison de plus de s’y atteler sans plus attendre.

          2. Je suis bien d’accord pour dire qu’on ne peut envisager d’euthanasie, ni de campagne de stérilisation forcée. Il faut donc évidemment insister sur l’information, l’éducation, faciliter l’accès à la contraception, supprimer l’aide aux familles après le deuxième enfant. Une politique énergique et urgente est une nécessité. Sur la tendance actuelle et même en prenant en compte un certain infléchissement de la courbe de croissance démographique, nous serons plus de 11 milliards d’êtres humains sur Terre en 2050. Dans quelles conditions vivront-ils? Certaines populations désespérées ne voudront elles pas recourir à la guerre pour obtenir une solution illusoire ou simplement exprimer leur rage?

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