La Vallée des Immortels - tome 2

Blake et Mortimer: La Vallée des Immortels – tome 2

C’était Noël et la publication d’un nouvel album des aventures de Blake et Mortimer, en l’occurrence le deuxième tome de la Vallée des Immortels, est revenue avec la régularité des saisons.

L’intrigue, qui pouvait paraître quelque peu touffue dans le premier tome, l’est devenue plus encore dans le deuxième. Les deux histoires, celle ancienne qui retrace l’histoire de mystérieux documents et celle moderne de leur quête ne présentent qu’un lien tenu avec ce qui est censé être la trame principale du récit, la défense de Hong-Kong face à la double menace de l’avancée des forces communistes et de Xi-ni, un seigneur de la guerre. Devant cette confusion, les auteurs s’estiment obligés de rappeler au lecteur le contenu du tome premier tandis qu’un acolyte fait lecture au Professeur Mortimer de la traduction du mystérieux manuscrit pour lui permettre de résoudre l’énigme, mais en réalité pour venir en aide au lecteur, perdu comme Mortimer l’est dans la jungle. Armé de ces informations, Mortimer s’embarque dans une banale chasse au trésor, bien entendu semée d’embûches, sans guère de lien avec la mission de Blake.

Les auteurs compensent ce manque d’une trame narrative claire par des référence tant internes au monde de Blake et Mortimer qu’externes au monde de Tintin, des animaux monstrueux (Le Piège Diabolique) ou encore une grotte trop étroite pour laisser passer le monstre (l’Ile Noire) par exemple ; à cela s’ajoute un clin d’œil, que la Ligne Claire doit avouer avoir apprécié, à la chanson des Beatles A Day in the Life, qui bien entendu n’avait pas encore été composée à l’époque où sont sensés se dérouler les faits. Certes, toutes ces petites intrigues amusent le lecteur mais ne compensent pas le défaut d’une trame intelligible.

Pour une histoire qui se réclame du style de la ligne claire, elle manque sensiblement de lisibilité. A l’image de Mortimer, les auteurs se sont empêtrés dans les lianes d’un récit que le lecteur a du mal à démêler. De plus, on attend de Blake et Mortimer qu’ils évoluent dans un univers qui, s’il n’est pas vrai, paraît vraisemblable. Peu sont ceux qui croient qu’un trésor demeure enfoui sous la Grande Pyramide mais tous peuvent y croire. En revanche personne ne peut croire qu’au midi de la Chine existe une vallée peuplée de dragons mangeurs de perles.

On sent qu’on touche ici aux limites du genre : tous les deux ans et, dans le cas d’un double album, tous les ans, il s’agit de produire une nouvelle histoire, qui cette fois-ci se révèle top tarabiscotée. Si la Vallée des Immortels peut séduire par la qualité du dessin à deux mains et la richesse des coloris, elle n’en demeure pas moins un album académique, étriqué, conçu pour répondre à des exigences commerciales et formaté en vue de respecter la consigne qu’impose le concept même de la reprise de la série originale de Jacobs.

Il est temps de faire une pause. Il revient à l’éditeur de réfléchir à une histoire qu’un scénariste habile saura rendre accessible sous le crayon d’un dessinateur qui sache charmer son lectorat

Couronne royale

Familles royales – mode d’emploi # 2

La Ligne Claire se réjouit que les recommandations qu’elle avait préconisées il y a quelques mois aient rapidement été mises en œuvre par la famille royale d’Angleterre, quand bien même de manière quelque peu précipitée. Les lecteurs de La Ligne Claire auront appris par voie de presse ces jours-ci que le Duc et la Duchesse de Sussex entendaient quitter la Firme, le surnom attribué à la famille royale. Leur communiqué de presse semble avoir pris de court tant la Reine, CEO en titre mais en réalité présidente du conseil, que le Prince Charles, successeur CEO désigné, mais en réalité CEO en exercice.

Le Duc et la Duchesse semblent non seulement vouloir procéder à un Management Buy Out et créer leur propre filiale stand-alone, détachée de la maison-mère, mais d’en établir le siège social dans le Nouveau Monde, à bonne distance de l’Ancien.

Le business plan, qui demeure vague, repose sur l’ambition, à moins qu’il ne s’agisse de la seule espérance, que la marque Sussex acquière une valeur de marché supérieure à celle de Windsor, il est vrai quelque peu défraîchie.

Pourtant les augures ne sont guère favorables, tels qu’ils ressortent de l’étude des case studies. Tant les tentatives de la Duchesse d’York (plus connue sous la marque Fergie) que de la Comtesse de Wessex (dont la marque n’a jamais gagné de traction) de procéder à un business mix de royalty et de commerce se sont soldées par de coûteux échecs.

A cet égard, le nouveau corporate logo dévoilé par le Duc et la Duchesse, Sussex Royal, demeure empreint du même caractère ambigu : Sussex certes mais Royal quand même. Déjà le Duc et la Duchesse ont enregistré leur nouvelle marque qui pourra désormais apparaître sur des calendriers, des livres et même des chapeaux, ce qui ne manque pas de réjouir La Ligne Claire qui jamais ne sort le chef découvert.

Cependant le risque de confusion demeure si bien qu’il est donc possible, et sans doute souhaitable, que le Duc et la Duchesse soient amenés à couper tout lien d’actionnariat avec la maison-mère et à rebrander leur entreprise en vue de souligner cette indépendance nouvelle, de la même manière que GE Money Bank est devenue Cembra lors de son IPO (entrée en bourse). A défaut, les mécanismes de transfer pricing entre la CEO et la nouvelle entité risquent de s’avérer délicats à mettre en œuvre et de soulever des questions de gouvernance d’entreprise dès lors que subsides financés par de l’argent public entrent en ligne de compte.

Il reste à voir donc si la marque Sussex obtiendra le succès escompté, une fois le spin-off mené à bien. Si les talents du Duc demeurent à découvrir, ceux de la Duchesse, actrice professionnelle, lui permettront, désormais libre de tout engagement envers la Firme, de jouer son propre rôle dans un futur épisode de The Crown.

 

The Crown, saison 4

The Crown, saison 3

Quoiqu’avec un peu de retard, il va de soi que La Ligne Claire a regardé The Crown. Plus encore que lors des deux saisons précédentes, elle a été éblouie par la qualité du tournage, la véracité que confèrent des décors somptueux, les réparties des dialogues et enfin le jeu des acteurs qui excellent, en particulier Tobias Menzies et Charles Dance dans les rôles respectifs du Duc d’Edimbourg et de Lord Mountbatten.

Cette nouvelle saison 3 adopte un ton plus intime que les précédentes ; l’accueil de la Princesse Alice, mère du Duc d’Edimbourg, contrainte de fuir les colonels en Grèce et de se réfugier au Palais de Buckingham, ou encore les évocations des premières amours des jeunes Prince Charles et Princesse Anne relèvent en définitive de la sphère familiale. On est loin des questions d’Etat, la succession à la couronne, le ministère de Winston Churchill ou la crise de Suez par exemple, objet d’un précédent épisode, et qui marque le déclin du Royaume-Uni par-delà les mers.

Œuvre de fiction basée sur des faits et des personnages réels, The Crown aborde ici des événements qui relèvent de la vie privée des protagonistes et demeurent inconnus tant du public que des réalisateurs. La qualité de la production, à laquelle se mêlent ici et là des extraits des actualités de l’époque, contribue à donner au spectateur l’impression que ce que montre The Crown s’est véritablement déroulé. Or il n’en est rien ; par exemple, la reine n’a pas rendu visite à Winston Churchill sur son lit de mort et la Princesse Margaret, sœur de la reine, n’a joué aucun rôle dans l’octroi d’un crédit de la part des Etats-Unis en faveur du Royaume-Uni.

Wikipedia définit les fake news comme des informations fallacieuses fausses, incomplètes, déformées ou mensongères qui visent à manipuler ou tromper un auditoire. Bien entendu The Crown ne prétend pas livrer de l’information et il n’est donc pas question de news ici. Néanmoins, le soin accordé à la production de la série est tel qu’il lui confère un caractère de vraisemblance qui n’est pas toujours avéré et dans lequel se glisse un fake artistique. Un avertissement, du style « fiction inspirée par des faits réels » aurait été le bienvenu si bien qu’à défaut il revient au spectateur de rechercher lui-même les informations sur internet qui permettent de distinguer les événements réels de la licence artistique. Confrontée à ce mélange des genres, La Ligne Claire doit avouer éprouver un sentiment de malaise dès lors qu’une entreprise américaine capitalisée à 144 milliards de dollars réussit à forger la perception que le monde entier se fait de la famille royale d’Angleterre.

Il ratto di Europa

A night at the opera: Il ratto di Europa

A night at the opera

 

On New Year’s Eve, La Ligne Claire attended a performance at the opera. Out of consideration for the environment, no librettos were printed. Mercifully, La Ligne Claire, what with its outstanding musical ear and memory, consigned it all to paper for the benefit and enjoyment of its readers.

 

 

 

Il ratto di Europa

Opera buffa in tre atti

Musica di Nonsenzetti

Libretto della Linea Chiara

 

 

 

Plot :

 

The Queen of Anglia tries to flee from the clutches of Emperor. She dispatches her ministers, first Signora Fiordimaggio then Count Boris to stage her escape.

 

Cast:

 

  • Donna Fiordimaggio, chief minister to the Queen of Anglia
  • Count Boris, her successor as chief minister
  • L’imperatore
  • Bercolli, the High Priest
  • The deputies
  • Corbini, a courtesan
  • Farandango, another courtesan
  • Chorus

 

 

 

ACT I

 

Farandango:

Udite, udite.

Coro:

Cos’è?

Farandango:

Quattrini or son.

Chorus:

Quattrini? Quanti?

Farandango:

Il catalogo à questo. Osservate e leggete con me. In Italia, duecento e quaranta, in Allemagna duecento, cento in Francia, a Brussella novantuna, ma, ma, ma in Anglia son già trecento cinquanta.

Chorus:

Trecento cinquanta?

Farandango:

Si, trecento cinquanta scudi alla settimana.

L’imperatore:

Chi è mai quest’ importuno? Lasciamolo passar. Dove son i lieti calici? Il vino prelibato?

Chorus:

Alla settimana?

Farandango:

Trecento cinquanta scudi. Si, alla settimana.

Chorus:

Andiam, andiam, via di quà, via di quà.

L’imperatore:

Aimè, aimè, che furia, un buffono, un mezzo pazzo, che prende l’oro e lascia l’amore.

 

 

ACT II

 

Donna Fiordimaggio:

Venite, venite con me.

The deputies:

Vorrei, ma non vorrei.

Corbini:

Avanti popolo.

The deputies:

Vorrei, ma non vorrei.

The High Priest:

Zitti, zitti, tutti quanti

Ordine, ordine.

Donna Fiordimmagio:

Signori, un momentino, un momentino, ancor un momentino.

The deputies:

Vorrei, ma non vorrei.

Count Boris:

La donna è immobile.

Donna Fiordimaggio:

Aspetate un giorno, un giorno solo, ve lo scongiuro.

Count Boris (to Donna Fiordimaggio):

Via, via, via di qua, non più andrai. Pentiti.

Donna Fiordimaggio:

Pentirmi non posso, son di sasso. Un’altra via non c’è, no, no, no, un’altra via non c’è da trovar.

The deputies:

Addio.

Donna Fiordimaggio (to herself):

Oddio, sto per crepar, sto per crepar.

(She disappears from the stage)

Donna Fiordimaggio (off stage):

Una furtiva lacrima.

 

 

 

 

ACT III

 

 

Count Boris:

Ascoltate tutti, il conte Boris io son, una cosa prometto a voi, dal Impero partir conviene.

The deputies:

E quando?

The High Priest (sotto voce):

Ha bisogno di une barbiere di qualità, di qualità.

Count Boris:

Quest’oggi partiremo.

Corbini:

Avanti popolo.

Count Boris:

Sono il factotum della City, della City, della City.

The deputies:

Bravo, bravo, cosa rara.

Corbini:

Che sciagura. Avanti popolo.

The High Priest:

Uno alla volta per carità, uno alla volta.

Count Boris:

Ecco, leggete. Quest’oggi va firmato il contratto davanti al notaio.

The High Priest:

La maledizzione!

 

Finale

 

Chorus

Brexit, sicut dixit.

L’imperatore:

Eia, ella mi fù rapita.

Farandango:

Va pensiero.

 

 

The curtain falls