Jeanne d'Arc

Jeanne d’Arc – encore elle

Aujourd’hui l’Eglise catholique célèbre sainte Jeanne d’Arc, patronne de la France ; cannonisée en 1920 la date de sa fête a été fixée au jour anniversaire de son martyre, le 30 mai. Les lecteurs de la Ligne Claire seront surpris de lire que c’est la troisième fois qu’on célèbre en France ce mois-ci le souvenir de la Bonne Lorraine. Le 1er mai Jean-Marie Le Pen, certes à titre privé, conduisait la cérémonie d’hommage, traditionnelle pour les partisans du FN, que les membres de ce parti célèbrent face à la statue de l’héroïne, place des Pyramides à Paris. Et puis le 8 mai, Emmanuel Macron, ministre de l’économie, s’est rendu aux festivités célébrées à Orléans à l’occasion du jour anniversaire de la libération de la ville par Jeanne d’Arc en 1429. On trouvera sans peine au sein de la gauche française des voix qui non seulement vanteront la république mais ignoreront tout ce qui la précède ; La Ligne Claire nomme cette vue la parthogénèse de la république selon laquelle le monde n’existait pas avant 1793, date à laquelle la république est née, comme Vénus est issue de l’écume de mer. M. Macron, dans le discours prononcé à l’occasion de ces festivités, déclarait « qu’il existait une république avant la république ». Peu importe que Jeanne d’Arc s’était fixé comme mission explicite la restauration du dauphin et son couronnement à Reims, une entreprise qu’on a du mal à réconcilier avec un système républicain, la phrase de M. Macron a le mérite de reconnaître que, oui, il existait une France avant 1793 même si cela lui en coûte encore trop d’avouer la vérité, à savoir que cette France-là était un royaume. Car le 8 mai, en vertu d’une loi votée en 1920 un mois à peine après la canonisation, la République célébre Jeanne d’Arc, mais non pas sainte Jeanne d’Arc, érigée sur les autels laïcs en qualité d’incarnation du roman national.

En réalité, ce pas de deux entre le Saint-Siège et la République française autour de la figure de Jeanne d’Arc ont pour but de créer un rapprochement, prélude au rétablissement des relations diplomatiques rompues depuis 1905. Alors que le Saint-Siège canonise une jeune fille condamnée par un tribunal ecclésiastique et que la République anticléricale honore une msytique catholique, les relations diplomatiques seront effectivement rétablies en 1921, nul doute en vertu de l’intercession de la sainte, catholique et laïque tout à la fois.

Voyage en France

La Ligne Claire est un Belge qui habite en Suisse et qui donc n’est pas directement concerné par la loi de travail. Il y a quelques semaines La Ligne Claire et son épouse on passé quelques jours en Bourgogne. Ils ont pu y admirer les Hospices de Beaune et le Palais des Ducs à Lyon, y visiter des châteaux magnifiquement restaurés, se recueillir dans les hauts lieux du christianisme, Vézelay ou Cluny, et  goûter la gastronomie et bien entendu les vins prestigieux de la région, en un mot profiter de tout ce que la France a à offrir de mieux.

Chemin faisant, ils ont fait des rencontres de tous les jours : le guichetier au péage de l’autoroute, la caissière au musée, une guide touristique dans un château, le pompiste à la station-service, le garçon de restaurant, un caviste, la fermière qui avait aménagé son logis en gîte, un loueur de vélos de randonnée, une nonne même, à vrai dire des gens ordinaires qui d’une manière ou d’une autre nous ont fourni les biens et services que nous attendions pour passer trois jours de détente agréables. De ce circuit seuls étaient absents les patrons, grands ou petits, contre lesquels on élève en ce moment des barricades.

La Ligne Claire ne goûte guère à la perspective de manquer d’essence et moins encore à celle de voir sa route bloquée par un barrage de pneus en feu. Le mois prochain sa femme et lui iront plutôt en Italie.

L’Eglise chaldéenne catholique

Introduction

De temps à autre La Ligne Claire consacre un article à un des églises présentes en Orient. Ces articles se veulent descriptifs et ont vocation à constituer une sorte de Who’s who des Chrétiens d’Orient. La présence du christianisme au Proche et Moyen-Orient est tout à la fois très ancienne et variée et a bien entendu connu d’importantes évolutions au long de deux millénaires. L’article publié le 25 octobre 2015 en guise d’introduction fournira au lecteur la méthodologie adoptée par La Ligne Claire.

L’Eglise d’Orient (rappel)

On se souviendra que L’Eglise d’Orient, établie principalement dans le nord de la Mésopotamie n’avait pu prendre part ni au Concile de Nicée en 325 ni au Concile d’Ephèse en 431, ce qui allait donner lieu au premier schisme de l’histoire de l’Eglise et à l’établissement des Eglises dites nestoriennes. Située principalement sur des territoires de l’empire perse puis mongol, l’Eglise d’Orient poursuit un développement en marge de la chrétienté catholique et orthodoxe, tout en maintenant des ambassades auprès du pape au cours du Haut Moyen-Âge.

All in the family

Au XVe siècle, la dignité patriarcale au sein de l’Eglise d’Orient était devenue héréditaire d’oncle en neveu au sein d’une même famille. En 1552, les évêques, indignés par cette pratique, refusèrent de reconnaître l’autorité du nouveau patriarche et élurent contre son gré un moine, Yohannan Soulaqa, qui se rendit cependant à Rome pour y obtenir l’ordination épiscopale de la part du pape Jules III. Le pape le proclama patriarche de l’Eglise assyrienne orientale sous le nom de Simon VIII Soulaqa, désormais à la tête d’une Eglise en communion avec Rome.

Le retour de Soulaqa en Mésopotamie provoqua de vives tensions avec l’Eglise d’Orient (nestorienne) à telle enseigne qu’il fut assassiné, non sans avoir ordonnée cinq évêques, à l’origine d’une hiérarchie parallèle, dite ligne de Simon. Il s’ensuit une période très trouble qui conduisit la ligne de Simon de rompre la communion avec Rome en 1692 tandis qu’au sein de l’Eglise assyrienne se détachait en 1672 une nouvelle ligne dite ligne joséphite d’Amid qui entra en communion avec Rome et qui en 1830 fusionna avec une troisième ligne dite du patriarcat d’Alqosh. Cette année-là le pape Pie VIII octroya le titre de Patriarche de Babylone et des Chaldéens au chef de l’Eglise fusionnée. On notera à ce propos que si la civilisation chaldéenne est présente dans l’Antiquité, elle ne s’est absolument pas transmise en tant que telle à travers les siècles jusqu’aux Temps Modernes et que l’appellation « chaldéenne » ne fait pas référence à une ethnie particulière. Etablis dans le nord de l’Irak actuel autour de la ville de Mosul, les chaldéens connurent à partir de 1830 une période de tranquillité, à laquelle la Première Guerre Mondiale allait mettre fin.

D’une guerre à l’autre

La région de Mosul faisait alors partie de l’Empire ottoman ; encouragés d’une part par les promesses panarabes des Anglais et soutenus d’autre part par la Russie, ennemie de la Turquie et protectrice déclarée des chrétiens d’Orient, les Assyriens se soulevèrent contre les Turcs. Ceux-ci, conduits par Enver Pasha, Ministre de la Guerre, furent massacrés au cours d’un épisode connu sous ne nom du génocide assyrien et qui fait écho bien entendu au génocide arménien.

De nos jours ce sont bien entendu la Deuxième Guerre d’Irak, la guerre civile en Syrie, et la maîtrise par Daesh d’une frange de territoire qui s’étend à travers le nord de la Syrie et de l’Irak qui dominent la vie des chrétiens d’Assyrie, confrontés au choix de l’exil, de la conversion forcée à l’Islam ou du martyre.

En 1994, la conclusion d’un accord entre l’Eglise catholique, sous l’égide de Jean-Paul II, et du patriarche assyrien (nestorien) contribue grandement à l’apaisement des relations entre chaldéens catholiques et l’Eglise d’Assyrie. Depuis 2013, l’église chaldéenne est présidée par le patriarche Louis Raphaël Ier Sako, défenseur inlassable de la présence chrétienne en Orient et promoteur non moins infatigable du vivre-ensemble avec les Musulmans.