Couronne royale

Familles royales – éternels seconds

Le décès de Jeffrey Epstein ces jours derniers a fait resurgir les liens qu’il entretenait avec le prince Andrew, deuxième fils de la reine d’Angleterre, et, plus largement du rôle qu’il lui est dévolu.

A sa naissance, et tout au long de sa jeunesse, le prince était second dans l’ordre de succession au trône, juste derrière son frère aîné Charles. Mais la naissance du prince William en 1982, un an après le mariage du Prince Charles et de Diana Spencer, le fait reculer d’un cran ; aujourd’hui le prince Andrew se retrouve à la huitième place.

Si la logique du système monarchique justifie l’existence de plusieurs enfants royaux, the heir and the spare selon le dicton anglais, elle pose aussi la question de l’affectation des membres de la famille royale qui voient leur rang reculer. Andrew n’a après tout que vingt-deux à la naissance de William alors que ses perspectives de régner un jour deviennent bien minces. Il continuera à exercer des fonctions au sein de la famille royale mais il semble à La Ligne Claire qu’il a été discrètement placé à l’arrière-plan dès lors que les princes William et Henry étaient devenus adultes.

C’est ingrat. Toute sa vie on lui demande de monter la garde comme Giovanni Drogo dans le Désert des Tartares puis, puisque ni le prince Charles ni sa descendance ne sont décédés, de se retirer sans faire de bruit. La Ligne Claire ne sait pas si le prince Andrew aurait souhaité faire autre chose dans la vie mais ce qui est clair, c’est qu’il n’en a pas eu l’occasion et qu’il n’y a pas été préparé. Pour les familles régnantes, se pose ainsi la gestion de ce qu’on pourrait appeler la transition professionnelle de ses membres qui naissent en ordre utile mais qui le perdent au fil des ans. Ainsi en Belgique, les enfants de la princesse Astrid (elle-même cinquième dans l’ordre de succession au trône) ne seront pas appelés à jouer un rôle public et travaillent ou travailleront dans la société civile.

Demeurent alors les cas un peu tristes des cadets, le prince Andrew, le prince Laurent de Belgique ou encore le prince Jean de Luxembourg, qui ne sont utiles que jusqu’à leur date limite de vente. Certains s’en contentent, d’autres endossent le rôle du bouffon à la cour, d’autres encore entretiennent des relations peu judicieuses.

To a hippy unknown

It was fifty years ago today

The Woodstock generation

While La Ligne Claire, then a cub scout, vividly recalls watching the moon landing live on a huge, grainy, black and white television set, if true be told, it has no recollection whatsoever of the Woodstock festival and probably was not even aware of it taking place at the time.

The Woodstock Music and Art Fair, to give it its official name as it appeared on the poster, did not even take place in Woodstock at all but in Bethel, NY, some ninety miles away. Nor was it the first large rock festival, that award goes to the Monterey Pop Festival, credited with opening the 1967 Summer of Love. Nevertheless, Woodstock would come to define a generation named after it, that of counter-culture, civil rights and opposition to the Vietnam war. As the saying goes, “Even if you were not at Woodstock, you still remember it”.

1969 was an age of plenty, in America at least, if not in Vietnam; it was also an age of innocence for perhaps some 500 thousand middle class, mostly white, young people in blue jeans and sandals, who three days long communed in this hippy version of America’s manifest destiny. « You must be in heaven, man », bellowed the stage announcer at one point.

This being America, the festival was originally planned as a business venture by its sponsors, who were expecting some fifty thousand spectators while some 500 thousand turned up over the course of three days, forcing them to declare the event a free concert. At that point they were out of pocket and would have remained so forever were it not for the film and triple album, that hugely contributed to laying the foundations of the Woodstock myth.

 

Who’s who

To this day the musicians line up remains impressive (1) and would have been even more so but for those, Bob Dylan, The Byrds, Led Zeppelin, among them, who turned down the invitation (not everyone was a hippy) and those, such as Joni Mitchell, who later admitted to having failed to appreciate the scope and significance of the event.

Rock music is a young man’s game, sometimes a young woman’s as well. Many musicians were aged around 25 with the youngest of all, Michael Shrieve, Santana’s drummer, aged only twenty. Carlos Santana himself was only 22 and was appearing on stage for the first time while Crosby, Stills, Nash and Young were only playing on stage together for the second time.

Many performances turned out to be outstanding despite the poor sound quality. Santana’s performance of Soul Sacrifice, an instrumental piece, for instance, where the guitar holds the role of the lead singer and enters into a succession of expressive duos first with the organ, then with the percussive section, draws upon the structure of a classical concerto, where the pianist engages with the orchestra. As for Alvin Lee of Ten Years After, this Paganini-like figure of the electric guitar, he is remembered for his performance of I’m Going Home, a classic blues set up between voice and guitar, in which he manages to capture the crowd’s attention by bringing the tempo up, then down, then up again. The Beatles and Bob Dylan, arguably the most prominent pop artists at the time were both absent but were covered on many occasions, the Beatles most notably by Joe Cocker (With a little Help from my Friends) and Crosby, Stills and Nash (Blackbird), and Bob Dylan by Melanie (Mr Tambourine Man), Joan Baez (I shall be released), Joe Cocker again (Just like a Woman) and The Band (I shall be released).

Credence Clearwater Revival did play at Woodstock; in fact they were the anchor band that first signed a contract and allowed the promoters to convince other artists to join in. Still, John Fogerty, ever the demanding musician, refused to appear on the record precisely because he judged the sound of his band’s performance to be too poor.

At eighteen thousand dollars, Jimi Hendrix was the highest billed artist and the advertised star of the festival. The rain had delayed his performance so he had to make do with playing to a much reduced audience on Monday morning. His closing performance of The Star Spangled Banner drew many critics but was his way of expressing what it was to be an American.

 

My generation

When all is said and done, Woodstock remains in a class of its own, not even the Isle of Wight festival the following year would retain the public’s imagination over half a century. Performers were clearly aware of the exceptional character of the show in which they were taking part: « It’s amazing, man, the biggest thing you ever saw ».

Yesterday’s hippies are gone, few people after all would consider spending their whole life under a tent without any running water. Woodstock’s young spectators returned home, hotly contested the freshly elected Nixon, settled down and, after a suitably decent interval, went into business on Wall Street and elsewhere. Fifty years on, they have fathered a new generation, as The Who would have it, today’s bobos. In that sense, Woodstock is still with us.

(1)https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_performances_and_events_at_Woodstock_Festival

Château de Chambord

Châteaux et gilets jaunes

De la plaine fumante qui tremble sous juillet émerge l’immense château de Chambord pensé tout-à-la fois par François Ier, prince philosophe, architecte, mécène et constructeur, comme la Jérusalem céleste descendue du Ciel en cette terre de Sologne et une œuvre qui permettrait aux hommes de cette Renaissance nouvelle de s’élever jusqu’à elle. Le célèbre escalier à double hélice, nouvelle échelle de Jacob, en est à la fois le symbole est le moyen.

Monument emblématique de la Renaissance française, célèbre pour ses toitures, racheté par l’Etat à la famille des Bourbon-Parme dans l’entre-deux-guerres, le domaine de Chambord a su se positionner avec bonheur dans le circuit du tourisme mondialisé. Avec plus d’un million de visiteurs par an, à quinze euros pièce, Chambord compte parmi les châteaux de France qui connaissent la plus grande affluence, aux côtés de Versailles et de Chenonceau, non loin. Géré comme une entreprise, tout y est orienté envers le touriste global : l’audio-guide disponible en une demi-douzaine de langues, les visites guidées en d’autres langues encore et la boutique que bien entendu on appelle shop. On ne négligera pas non plus les recettes émanant d’activités accessoires, la location de canots et de bicyclettes, les billets de concerts de musique classique et, pour les 1%, les droits d’atterrissage en hélicoptère. En somme Chambord appartient à cette catégorie de monuments qui, en raison de leur valeur artistique et de leur renommée, captent le gros des flux et des recettes touristiques et raflent la mise.

Non loin de là on peut apercevoir dans la forêt la ravissante gentilhommière de Savigny (nom d’emprunt), érigée elle aussi sous François Ier. Dans la famille du comte de *** depuis deux siècles, qui l’avait rachetée après que la Révolution lui eut infligé ses outrages, elle attire bon an mal an vingt mille visiteurs qui paieront de bonne grâce sept euros de droit d’entrée. Cent quarante mille euros de recette annuelle contre quinze millions et plus à Chambord, c’est peu, trop peu. Aussi le visiteur aperçoit-il le comte, gilet jaune de la noblesse, qui débroussaille les chemins du parc sur son tracteur tandis que la comtesse court de la guérite où elle accueille les visiteurs au verger, qui fournira une confiture faite maison, Les Confitures de la Comtesse justement. Pas d’audio-guide en anglais ici mais les enfants de la maison qui vous font faire le tour du propriétaire tandis que La Ligne Claire fournit quelques menus services de traduction à un ménage de visiteurs polonais qui peinent à s’y retrouver dans la succession des rois de France. Quelques lieues à peine séparent Chambord de Savigny entre lesquels s’est ouvert un gouffre qui démarque les gagnants du tourisme mondialisé de ceux qui peinent à nouer les deux ailes de leur château.