La Ligne Claire s’était montrée assez critique envers les précédents épisodes des aventures de Blake et Mortimer, La Vallée des Immortels, tomes I et II, qu’elle juge indûment touffus et difficilement lisibles. Il semble que l’éditeur n’ait pas été insensible aux reproches formulés par La Ligne Claire puisque le tout dernier épisode, Le dernier Espadon, répond en substance à ses objections.
Tout d’abord il s’agit d’une histoire qui tient en un seul album, qui lui confère davantage de cohérence. Ensuite, les scénaristes font preuve d’astuce dans la mesure où, d’une part ils raccrochent leur histoire à celle du Secret de l’Espadon, l’album qui fonde la série en 1946, mais où d’autre part ils s’en détachent presque entièrement. Ils évitent de ce fait l’inconvénient majeur qui consiste à devoir imbriquer le dernier épisode dans la chronologie de plus en étroite que forment l’ensemble des albums précédents. La levée de cet obstacle permet le déploiement d’une intrigue originale, qui tient avec succès le lecteur en haleine et qui se fonde sur le mécanisme du double déguisement, celui d’Olrik et celui de Blake, dont Jacobs déjà avait fait le ressort de La Grande Pyramide. Enfin le dernier Espadon (l’appareil) sort indemne de cette confrontation, ce qui permettra, on n’en doute guère, de le tirer à nouveau du fond d’un hangar à la faveur d’une nouvelle aventure.
Il y a deux ans La Ligne Claire appelait de ses vœux l’alliance de la plume d’un scénariste habile et d’un dessinateur qui sache charmer ses lecteurs. Le dernier Espadon répond bien à ce vœu.