Mark Zuckerberg et Donald Trump, Game over?

Plus d’une centaine de marques – dont Coca Cola, Verizon, Honda, Levis et Patagonia retirent leurs annonces sur Facebook pour le mois de juillet, dans le cadre d’une campagne visant à obliger l’entreprise à sévir contre les contenus litigieux.

La multinationale Unilever – dont le budget publicitaire en 2019 sur Facebook était de 42,4 millions de dollars – va encore plus loin, en annonçant un boycott jusqu’à la fin de l’année et en étendant son action à Twitter.

Selon Bloomberg «la perte en revenue publicitaire s’élève déjà à sept milliards de dollars et l’action en bourse de Facebook a chuté de 8,3% vendredi.»

Cette campagne a été lancée par un groupe de défense des droits civiques – dont l’Anti-Defamation League, Color of Change et la NAACP – avec une annonce pleine page dans le Los Angeles Times mercredi dernier, puis relayée sur Twitter avec le hashtag #Stophateforprofit, (non à la haine pour le profit).

Ils accusent Facebook d’être indifférent aux messages incitant à la violence lors des récentes manifestations pour la justice raciale, d’avoir désigné le site d’information conservateur Breitbart News comme «source d’information de confiance» et de ne pas lutter contre les tentatives de suppression du vote.

Face à l’intensification de la pression publique, Mark Zuckerberg, a publié vendredi une déclaration dans laquelle il promet d’apporter un certain nombre de changements politiques et pratiques sur la plateforme – comme «interdire tout contenu qui induit les gens en erreur sur le moment ou la manière de voter» ou encore «supprimer les contenus, quelle qu’en soit la source, si nous déterminons qu’ils peuvent conduire à la violence ou priver les gens de leur droit de vote».

Il a fallu frapper là où cela fait mal, sur ses résultats, pour que Mark Zuckerberg agisse. Mais voilà, c’est trop peu, trop tard.   

En refusant de censurer plus tôt les messages politiques de Donald Trump, Facebook a contribué à propager ses mensonges et incité à la violence (en échange d’une assurance que son entreprise ne serait pas démantelée?) mais il semblerait qu’il ait misé sur le mauvais cheval.

Alors que les États-Unis sont sous le choc de Covid-19, une récession qui a mis des millions de personnes au chômage et des manifestations contre la violence policière, tous les sondages récents montrent que Trump se dirige vers une défaite cuisante en novembre. Enfin! une lumière au bout du tunnel.

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Les Tweets audio débarquent sur Twitter

Twitter teste les messages audio. «La nouvelle fonctionnalité est accessible pour l’instant à un groupe limité de personnes utilisant iOS, mais dans les semaines à venir, tous les usagers iOS pourront envoyer des Tweets avec la voix» peut-on lire sur le blog de la plateforme.

Ce format permet aux utilisateurs d’enregistrer des messages de 140 secondes, mais si cette limite de 2 minutes 20 est dépassée, un nouveau Tweet vocal s’enchaînera automatiquement –  créant ainsi un fil de discussion.

«Parfois, 280 caractères ne suffisent pas et certaines nuances conversationnelles sont perdues avec l’écrit. Nous espérons que le voice tweeting créera une expérience plus humaine».

Twitter s’est sûrement inspiré de Messenger et WhatsApp, où les messages vocaux sont extrêmement populaires et bien plus rapides pour partager une info que de taper un message sur un clavier. «Là où le texte avait perdu en spontanéité, le message vocal permet une intimité, une justesse de ton et une large palette d’émotions», écrit Virginie Nussbaum dans Le Temps, dans un article intitulé Pourquoi les millennials sont accros aux messages vocaux.

La problématique de modérer les messages audio haineux ou racistes – dans plusieurs langues de surcroit, soulèvent des inquiétudes. En réponse à cette question posée par Donie O’Sullivan de CNN, Liz Kelly de Twitter a répondu que la plateforme passera en revue  les messages signalés comme abusifs et les sanctionnera conformément à leur conditions d’utilisation.

Mais d’ores et déjà, la plateforme ne permet pas aux utilisateurs de re-twitter un message audio ou commenter un tweet par la voix.

Dans les semaines à venir, tous les utilisateurs iOS seront  en mesure d’accéder à cette fonctionnalité, mais aucune information n’a été donnée pour les utilisateurs Android. «Nous travaillons à l’intégration de systèmes de surveillance supplémentaires avant d’en faire profiter tout le monde», a déclaré Aly Pavela, porte-parole de Twitter, dans ITNews.

Cette approche de déploiement d’un système d’exploitation unique est très courante, rappelle le journal Forbes. Les entreprises choisissent souvent de limiter l’accès à une plateforme pendant un certain temps pour en assurer le bon fonctionnement et la sécurité. Par exemple, Twitter teste actuellement une fonction d’avertissement qui demande aux utilisateurs s’ils ont bien lu l’article qu’ils sont sur le point de partager. Et dans ce cas, la fonction «lire avant de partager» est testée exclusivement sur Android.

Ce sera intéressant de voir si Donald Trump, utilisateur invétéré du réseau social, au 82.2 millions de followers, va profiter de cette fonctionnalité vocale. Mais ce qui est sûr et certain, c’est que l’entendre tweeter sera tout aussi horripilant que de lire ses tweets.

Internet Archive accusé de piratage

Quatre des plus grands éditeurs américains accusent Internet Archive, l’organisme à but non lucratif qui indexe le Web, de violation du droit d’auteur pour avoir rendu accessible au public gratuitement, plus d’un million de livres pendant la pandémie.

L’Internet Archive (IA), fondé en 1996 par Brewster Kahle, a pour mission de sauvegarder tout le contenu publié sur le Web. A ce jour 446 milliards de pages ont été indexées.

Le 24 mars dernier, IA a offert gratuitement des livres numérisés aux étudiants et au public pour parer à la fermeture des bibliothèques physiques lors du confinement.

Dans un communiqué annonçant le lancement d’une Bibliothèque nationale d’urgence temporaire, IA a reconnu que les auteurs et les éditeurs allaient également être touchés par cette pandémie mondiale et «a encouragé ceux qui étaient en mesure d’acheter des livres à le faire».

Une recommandation qui n’a pourtant pas amadoué les membres de l’Association of American Publishers.

Penguin Random House, HarperCollins, Hachette and Wiley ont accusé IA de piratage. Selon une plainte déposée devant le tribunal fédéral de Manhattan, Internet Archive a mis près de 1,4 million de livres en libre accès: «Conformément à la nature déplorable du piratage, l’atteinte portée par IA est intentionnelle et systématique: elle produit des copies en image miroir de millions d’œuvres protégées par le droit d’auteur et pour lesquelles elle n’a aucun droit et les distribue gratuitement au public dans leur intégralité à des fins de lecture, y compris un grand nombre de livres qui sont actuellement disponibles dans le commerce.»

Brester Kahle a défendu son organisation en disant qu’elle avait prêté des livres numériques parce que les bibliothèques physiques été fermées: «En tant que bibliothèque, l’Internet Archive acquiert des livres et les prête, comme l’ont toujours fait les bibliothèques. Cela permet de soutenir l’édition, les auteurs et les lecteurs. Les éditeurs qui poursuivent les bibliothèques pour le prêt de livres, dans ce cas, des versions numérisées protégées, et alors que les écoles et les bibliothèques sont fermées, n’est dans l’intérêt de personne. Nous espérons que ce problème pourra être résolu rapidement».

Le New York Times souligne qu’Internet Archive fonctionne différemment des bibliothèques publiques traditionnelles qui prêtent des livres électroniques. Ces dernières s’acquittent de droits de licence auprès des éditeurs et acceptent de les mettre à disposition soit pour une période déterminée soit pour un nombre de fois limité. Internet Archive, en revanche, acquiert des copies par le biais de dons ou d’achats de livres qu’il scanne, puis met en ligne.

Selon le journal Decrypt, «si le tribunal devait estimer qu’Internet Archive a délibérément violé le droit d’auteur, il pourrait être condamné à verser jusqu’à 150,000 dollars de dommages et intérêts pour chacun des 1,4 million de titres (faites le calcul)».

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#Blackouttuesday: Vous aussi vous avez publié un carré noir sur Instagram?

Mardi, Instagram s’est rempli de carrés noirs pour dénoncer le racisme et les violences policières suite à la mort du Noir américain, George Floyd, étouffé lors de son arrestation. 

A l’origine, le mouvement baptisé Blackout Tuesday ou mardi noir, vient de la campagne «The Show Must Be Paused», une initiative lancée par deux femmes cadres de la maison de disques, Atlantic Records, pour faire reconnaître publiquement le racisme en général et la mort des Noirs aux mains de la police en particulier. Elles suggéraient de faire une pause sur les réseaux sociaux le temps d’une journée de réflexion. «C’est un jour où il faudrait prendre le temps d’une conversation honnête, réfléchie et productive sur les mesures que nous devrions prendre collectivement pour soutenir la communauté noire», ont-elles écrit dans leur manifeste.

Mais les carrés noirs remplaçant les photos habituelles ont été immédiatement récupérés par les usagers d’Instagram et se sont répandus comme une trainée de poudre, attachés des hashtags #Blackouttuesday et #Blacklivesmatter.

Contre toute attente, ces manifestations de soutien ont porté tort aux activistes qui sont retrouvés devant des visuels noirs, au lieu de pouvoir s’informer grâce à ces hashtags, sur les lieux de rassemblement et actions de la police.

Depuis les débuts du Web, le noir a été utilisé en signe de contestation. Le 8 février 1996, dans la première manifestation virtuelle de l’histoire, des milliers de sites ont noirci leurs pages Web en signe de protestation d’un texte de loi, The Communications Decency Act, qui visait à censurer l’Internet.

Hier, Tim Cook, le PDG de la marque à la pomme, a noirci la home page d’Apple, remplaçant les produits avec un lien vers son message contre le racisme, dont voici un extrait:

«Pour amener un changement, nous devons réexaminer nos propres opinions et actions à la lumière d’une douleur qui est profondément ressentie mais trop souvent ignorée. Les questions de dignité humaine ne resteront pas en marge. À la communauté noire – nous vous voyons. Vous comptez et vos vies comptent».

C’est ce que nous avons essayé de témoigner nous aussi avec notre action sur Instagram mais notre geste s’est révélé être contre-productif. Si comme moi, vous avez posté un carré noir sur votre page Insta, il vaut mieux le supprimer, de nombreuses démonstrations aux États-Unis sont prévues aujourd’hui.