Les «PDG Activistes» et leurs salariés, mobilisés contre la politique de Donald Trump

DIGITALE ATTITUDE : PDG et salariés ont pris position contre la politique «zéro tolérance» de Donald Trump.

«Sans cœur, cruel, immoral»: c’est ainsi que les trois cofondateurs d’Airbnb avaient qualifié, dans un communiqué, la décision du gouvernement américain de séparer les parents immigrants de leurs enfants à la frontière mexicaine.

«Le gouvernement américain doit mettre fin à cette injustice et réunir ces familles. Ces mesures ne reflètent pas les valeurs de notre pays.»

Airbnb n’est pas la seule compagnie technologique à s’être opposée à la politique du département de l’immigration, Google, Apple, Uber, Microsoft et Twitter ont tous publié des déclarations invoquant leur indignation et Facebook a participé à une récolte de fonds – plus de 19 millions de dollars – pour financer la défense juridique des personnes en détention.

L’activisme des PDG

Ce n’est pas la première fois que des entreprises de la Silicon Valley ont affronté leur gouvernement sous l’ère de Trump. Elles ont protesté contre le décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de pays à majorité musulmane. Elles se sont prononcées contre les lois anti-LGBT, se sont mobilisées pour tenter de sauver l’accord de Paris sur le climat, ont encore pris position sur les droits LGBT, le racisme, le contrôle des armes à feu et l’égalité salariale.

Des actions qualifiées de «CEO activism», un phénomène qui a pris de l’ampleur depuis que Donald Trump est président. Sans se préoccuper des répercussions sur leurs chiffres d’affaires, les dirigeants se sont engagés dans des débats sociaux, politiques et environnementaux. Et leurs employés, les millenials, se sont engagés avec eux.

L’activisme des salariés

Dans une lettre ouverte adressée à leur PDG, plus de 100 salariés de Microsoft ont demandé mardi dernier à l’entreprise de cesser de travailler avec le département de l’Immigration. Tout en qualifiant la séparation des familles d’«inhumaine», ils ont ajouté qu’«en tant que créateurs des logiciels dont Microsoft tire profit», ils refusaient «d’être complices»:

«Il est de notre devoir de nous assurer que les solutions puissantes que nous développons soient utilisées pour le bien et non pour le mal.»

Chez Amazon, les employés ont déposé une pétition interne demandant à l’entreprise de ne plus fournir aux forces de l’ordre et à la police de frontières, leurs technologies de reconnaissance faciale et d’analyse de données dans le cloud. Faisant référence au rôle joué par IBM pour recenser les juifs à la demande d’Hilter, ils déclarent:

IBM n’a pas pris ses responsabilités à temps, et lorsqu’ils ont compris quel a été leur rôle, il était trop tard. Nous ne laisserons pas cela se reproduire à nouveau. Il faut agir maintenant.

Des mesures qui ne seront peut-être plus nécessaires. Face aux déluges de critiques et le tollé universel suscités par la séparation des familles, Donald Trump a capitulé. Mercredi dernier, il a mis fin à cette pratique par un décret: les familles seront détenues ensemble.

«Les bassesses de Trump toucheront-elles un jour le fond?» s’était demandé USA Today dans un éditorial en 2017. La question reste d’actualité.

Les casques pour surveiller les émotions des travailleurs chinois

DIGITALE ATTITUDE : En chine, des conducteurs de train à grande vitesse, des ouvriers et des militaires chinois sont équipés de casques de sécurité capables de déceler tout changement de leur état émotionnel.

Munis de capteurs légers et sans fil pouvant lire et interpréter les ondes cérébrales, ces casques ou casquettes transmettent les données à des ordinateurs dotés d’intelligence artificielle, qui détectent les pics émotionnels – comme la fatigue, l’anxiété ou la colère. Le chef de projet peut ensuite réagir et ajuster le flux de travail en conséquence, afin d’assurer une meilleure productivité.

«Un ouvrier émotif à un poste clé peut affecter toute une chaîne de production, mettant en danger sa propre sécurité ainsi que celle des autres», explique Jin Jia, professeur en sciences du cerveau et de psychologie cognitive à l’Université de Ningbo, dans le South China Morning Post. «Lorsque le système émet un avertissement, un responsable peut alors lui accorder un temps de pause ou lui trouver un poste moins critique.» D’abord accueillis avec suspicion par les salariés, qui «craignaient qu’on puisse lire dans leurs pensées», rajoute Jin Jia, «les casques ont fini par être acceptés».

La Chine envisage également d’étendre la surveillance émotionnelle aux pilotes de ligne – avant le décollage – pour déterminer s’ils sont aptes à voler, l’erreur humaine étant responsable de plus de la moitié des accidents d’avion.

Si cette technologie est bien connue, la Chine est le premier pays qui la met en pratique à cette échelle et ce, avec l’assentiment du gouvernement. Aux Etats-Unis, ses applications sont réservées à certains athlètes à l’entraînement, pour améliorer leurs performances.

Surveiller l’activité des employés est très répandu dans les entreprises et de nombreuses mesures ont été mises en place pour analyser leurs performances, traquer leurs déplacements ou lire leurs messages électroniques. Mais capter les ondes du cerveau pour interpréter les changements d’humeur d’une personne élève d’un cran le niveau d’invasion de la sphère privée et intime. Cela rappelle la «police de la pensée» imaginée par Orwell dans son roman 1984. Faut-il tout accepter pour garder son emploi? Les Chinois ont-ils même le droit de se poser cette question?

Lire aussi : Les nouvelles technologies pour surveiller les employés

Les podcasts à dormir debout

DIGITALE ATTITUDE : Les «contes pour s’endormir», un nouveau genre littéraire à part entière.

En format audio, ces récits destinés aux adultes et lus à haute voix par des narrateurs connus ou inconnus, sont volontairement si ennuyeux que les insomniaques même les plus endurcis finissent par trouver le sommeil.

Zzzzzz…..

Ce type de podcasts a initialement fait des adeptes auprès des amateurs de méditation grâce à l’application de bien-être Calm qui les diffusent. Pour en avoir une idée, l’histoire soporifique la plus populaire est intitulée «Blue Gold»; il s’agit d’une description interminable des champs de lavande en Provence, où sont évoqués leur parfum et leurs propriétés calmantes. Il ne s’y passe strictement rien, hormis – et encore – la mention qu’ils se trouvent sur le tracé du Tour de France depuis 1903. Zzzzz…

Mais voilà que ces sleep stories sont soudain sorties de leur relatif anonymat il y a quinze jours, grâce au lancement d’une fable intitulée «Il était une fois un RGPD».

Rien qu’à l’énième lecture de cet acronyme, on bâille déjà! Mais il faut savoir que ce conte indigeste tiré des 130 pages de la nouvelle réglementation européenne sur la protection des données a fait le bonheur de la presse technologique, qui s’est empressée de le relayer.

RGPD, le nouveau Y2K?

Le RGPD et sa mise en œuvre, un chantier qui concerne à peu près toutes les entreprises, sont dignes du passage des systèmes informatiques à l’an 2000. Un exercice qui avait occasionné de nombreuses nuits blanches en son temps. Alors aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, ce sont les data protection officers qui, à leur tour, n’arrivent pas à fermer l’œil pour se mettre en conformité avec les exigences de Bruxelles. Mais la bonne nouvelle, c’est que la lecture de cette charte, d’une durée de 34 minutes, devrait les aider à retrouver le sommeil. Peter Jefferson, l’homme qui a prêté sa voix aux prévisions maritimes de la BBC pendant quarante ans, en est le narrateur. Il a la réputation de faire l’effet d’un somnifère.

Dormez avec moi

Sleep with Me, par ailleurs, est un autre podcast anglophone à succès, lancé en 2013 et composé lui aussi d’histoires à dormir debout. Les fables diffusées chaque semaine, connaissent un succès grandissant, avec plus d’un million de téléchargements par mois.

La reconnaissance faciale pour les animaux

DIGITALE ATTITUDE : La reconnaissance faciale ne se limite pas aux humains, elle s’applique aussi à certaines espèces animales en voie de disparition.

Elle est notamment incluse dans un programme baptisé PrimeNet, qui a fait l’objet d’un article récent dans le magazine Futurism. Il s’agit d’un logiciel doté d’intelligence artificielle, capable d’identifier certains types de singes pris en photo depuis une application sur son smartphone, développée à l’Université d’Etat du Michigan (MSU).

Là-bas, des scientifiques ont créé une base de données composée de milliers d’images de trois espèces de primates: les singes dorés, les lémuriens et les chimpanzés. Puis ils ont utilisé ces données pour former un réseau neuronal capable d’identifier des attributs très spécifiques, comme la couleur du pelage, la forme des pupilles ou la distance entre le nez et le front. Chaque animal ainsi caractérisé peut être reconnu par la suite.

Les appareils traditionnels pour traquer les animaux sauvages sont coûteux. De plus, la capture et la pose de balises peuvent prendre du temps et les perturber, provoquant un stress et parfois même des blessures. En plus de constituer une méthode plus douce pour surveiller les primates, la reconnaissance faciale peut aussi servir de nouvel outil pour lutter contre le trafic illégal. Par exemple, s’ils identifient un grand singe capturé, les rangers pourront avoir une idée d’où il vient.

Un autre projet, FishFace, développé par l’ONG australienne The Nature Conservancy (TNC), utilise également l’apprentissage automatique pour venir en aide à la faune sous-marine. Mais malgré son nom, ce logiciel ne reconnait pas les visages des poissons, il identifie plutôt les espèces d’après une photo et peut estimer leur nombre à la sortie de l’eau dans les filets. L’objectif étant de réduire la surpêche et d’avoir ainsi accès à des données plus précises sur les opérations maritimes commerciales. Car selon le média Seeker.com, «le monde est à court de poissons. Les prises mondiales ont atteint un sommet dans les années 1980 et n’ont cessé de décliner depuis. Aujourd’hui, 64% des espèces sont surpêchées et la grande majorité d’entre elles ne bénéficie pas d’une gestion efficace des effectifs.» Le but ultime de cette ONG est d’intégrer sa technologie dans les smartphones.