Le phénomène des «selfie lines» d’Elizabeth Warren

DIGITALE ATTITUDE : Les selfies d’Elizabeth Warren avec ses supporters sont devenues un phénomène politique.

Lors d’un rassemblement à Washington Square Park le 16 septembre dernier, sur le campus de l’université de New York, la candidate à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020 est restée plusieurs heures à prendre des photos avec les 4000 personnes qui avaient fait la queue. Une attente qui a duré cinq fois plus longtemps que le discours qu’elle a prononcé.

Etoile montante des primaires, la sénatrice du Massachusetts et ancienne professeur de droit à l’Université de Harvard, est en tête de liste des candidats démocrates, talonnant de près Joe Biden et Bernie Sanders. Sa campagne se démarque en particulier par ses «selfie lines», qui font partie intégrante de ses manifestations au même titre que son slogan «J’ai un plan», qui est devenu un cri de ralliement.

Depuis l’annonce de sa candidature en décembre 2018, Warren a posé pour 60’000 selfies, dont la grande majorité ont été partagés sur les réseaux sociaux.

Être pris en photo avec un candidat présidentiel est un avantage généralement réservé aux donateurs fortunés. Mais Warren offre cette opportunité à tous ceux qui ont la patience d’attendre leur tour. Et ces derniers sont enthousiastes de pouvoir approcher de près la personne qui pourrait bien être la future présidente des États-Unis.

Ce ne sont pas des selfies à proprement dit – car en réalité les photos sont prises par un membre du staff avec le téléphone du supporter pour aller au plus vite, dans une chorégraphie savamment orchestrée, décortiqué en images dans une vidéo fascinante publiée sur le site du New York Times.

Selon un porte-parole de Warren, l’importance accordée à cette démarche prouve que Warren est plus intéressée à rencontrer les gens en personne que de discuter derrière les portes d’un conseil d’administration. «J’ai le temps de faire des photos parce que je ne passe pas des heures, des jours et des semaines à rencontrer des gros donateurs et des lobbyistes», a expliqué Warren au New York Times.

Qui l’eût cru? Généralement considérés comme le symbole d’une culture narcissique, les selfies sont devenus un véritable phénomène politique dans cette course à l’investiture démocrate, et ironiquement, pour le média Vox, «l’outil le plus improbable pour promouvoir la démocratie».

Facebook envisage de ne plus afficher le nombre de Likes

Depuis hier, les utilisateurs de Facebook en Australie, ne peuvent plus mesurer la popularité d’un billet par le nombre de likes affiché, le compteur du fameux bouton n’étant plus visible au public, mais uniquement à l’auteur de la publication.

La démarche vise à atténuer les effets négatifs du réseau social sur le bien être des usagers, car selon de nombreuses d’études, passer du temps sur Facebook a des effets néfastes sur la santé mentale. Les utilisateurs, à force de partager leur intimité dans une version idéalisée,  rendent malheureux ceux qui les consultent et dont les vies semblent bien moins attrayantes.

Selon un porte-parole de Facebook dans TechCrunch: «Nous effectuons un test limité où le nombre de likes sera affiché en mode privé afin de comprendre si ce changement peut améliorer le bien-être des usagers».

Facebook a appliqué ce même principe à Instagram depuis le mois de Juillet dans sept pays, et Twitter expérimente avec une nouvelle application en bêta-testtwtrr, qui masque à son tour son compteur au public.

Serions-nous donc l’aube d’une nouvelle ère moins égocentrique? On ne peut que l’espérer et qu’elle se confirme par la destitution de Donald Trump.

Dernier bastion de la vie privée à conquérir: Nos pensées

DIGITALE ATTITUDE : Après avoir développés des méthodes pour cerner nos intérêts, le prochain défi des chercheurs est de lire dans nos pensées.

Dans le cadre d’un projet pilote en Chine, des élèves âgés entre 10 et 17 ans portent des bandeaux lumineux qui affichent des couleurs différentes selon leur niveau de concentration.

Ces enfants font partie d’un groupe expérimental appareillé de serre-têtes pour mesurer l’activité électrique de leur cerveau et permettre ainsi à l’enseignant de voir en un coup d’œil, si leurs jeunes esprits se sont égarés ou au contraire, sont très concentrés.

La méthode d’exploration cérébrale par électroencéphalographie (EEG) est utilisée couramment pour diagnostiquer de manière non invasive les maladies du cerveau, mais de nombreux scientifiques s’intéressent à l’utiliser autrement, pour lire dans les pensées.

Baptisé Focus1, les casques des élèves chinois ont été développés par l’entreprise américaine BrainCo, en collaboration avec le centre de recherche sur le cerveau de Harvard. Le MIT Media Lab quant à lui développe un appareil équipé d’électrodes, le Alter Ego, qui se place derrière l’oreille pour détecter les signaux neuromusculaires de la mâchoire et reconnaître les mots qui n’ont pas été prononcés à haute voix, mais pensés.

L’Université de Californie à San Francisco (USF) à son tour a réussi a décrypter ce qu’une personne veut dire par l’analyse de ses ondes cérébrales. Un projet qui mérite une attention particulière, car il est financé par Mark Zuckerberg, dont l’ambition est de permettre un jour, aux utilisateurs de mettre un casque doté de capteurs pour taper des messages sur leur clavier par télépathie.

Les interfaces cerveau-ordinateur constituent la nouvelle frontière en termes d’appareils connectés – soit par EGG soit par le biais d’implants – offrant un espoir pour restaurer les fonctions endommagées du cerveau, ou optimiser les capacités cognitives.

Des avancées technologiques qui offrent un immense espoir pour les personnes paralysées mais qui soulèvent des questions éthiques et risque d’augmenter encore les inégalités sociales. Et même un défi constitutionnel, selon Jonathan Zittrain, professeur de droit à Harvard, qui s’exprime dans le Sydney Morning Herald: «Une interface cerveau-ordinateur universelle pourrait en effet réduire le droit de garder le silence, le fameux 5ème amendement, à une curiosité historique».

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L’actualité positive, pour voir le monde autrement

DIGITALE ATTITUDE : Pour contrer le déferlement de mauvaises nouvelles relayées par la presse, un «journalisme positif» se répand, positionné comme un genre à part entière.

Il se compose de podcasts, d’agrégateurs de contenus, de pages très populaires sur Facebook et de vidéos, dont les fameuses conférences inspirantes TED, qui «diffusent des idées qui en valent la peine».

Assommé par les faits alarmants, de nombreux lecteurs évitent de s’informer. D’après un sondage réalisé cette année par Digital News, ils sont 32 pour cent à se détourner des médias par rapport à 29% en 2017. Selon Graham Davey, professeur émérite de psychologie à l’Université du Sussex, les mauvaises nouvelles peuvent avoir un impact anxiogène: «Les images incessante d’attaques terroristes ou de catastrophes naturelles peuvent déclencher un stress aigu chez certaines personnes vulnérables».

Récemment, le journal britannique The Telegraph a ouvert un espace baptisé «The Bright Side» (le bon côté des choses), qui diffuse tous les mardi un bulletin composé de feel good stories. Comme celle des rangers qui ont passé des mois à câliner des rhinocéros afin de les préparer à leur transport de l’Europe au Rwanda, pour être remis en liberté.

Mais voir la vie en rose n’est pas au goût de tout le monde. Pour la journaliste Joanna Mang dans le magazine Outline: «Il n’y a rien de plus déprimant que les bonnes nouvelles car elles occultent les problèmes de société et les injustices. Ce n’est qu’en ayant connaissance de la réalité que l’on peut être inspiré à trouver une solution aux crises».

Ainsi d’autres médias misent sur un journalisme à la fois positif ET engagé, comme EcoloPop, une revue de presse dédiée aux projets prometteurs de l’environnement et du développement durable. L’émission de la chaîne télé ARTE, Alternatives, qui va à la rencontre de citoyens «en quête de solutions concrètes dans l’espoir de bouger les lignes». Ou encore The Upside du Guardian, qui «met l’accent sur les solutions, les initiatives et les personnes qui font la différence». Comme ce récit d’un jeune Péruvien de 14 ans qui a fondé une banque pour accorder des micro crédits aux enfants qui ramassent les ordures pour les recycler.

Le bien est partout, il faut juste savoir où regarder.

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La «technoférence» perturbe le développement des bébés

DIGITALE ATTITUDE : Le vieil adage selon lequel les «enfants doivent être vus mais pas entendus» n’est plus d’actualité depuis longtemps. De même que de poser son tout-petit dans un parc à barreaux pour se libérer à d’autres tâches.

Autrefois encore, leur supervision était aléatoire. Par exemple les plus grands étaient priés de jouer dehors et de ne rentrer qu’à l’heure du repas.

Ignorer sa progéniture, semble-t-il, a donc toujours fait partie de l’éducation et finalement, ce n’est pas si différent aujourd’hui. Bien que les parents soient physiquement plus présents que jamais, ils sont néanmoins absents, accaparés par leurs téléphones. Occultant complètement le peu d’égards accordé aux enfants dans le passé, ce comportement est montré du doigt et a été surnommé «technoférence» par le professeur Brandon McDaniel, du Centre Parkview de l’Université de l’Illinois.

Selon son étude qui a porté sur 200 familles, 40% des mères et 32% des pères ont reconnu être incapables de résister à la tentation de vérifier leurs appareils, interrompant ainsi leurs interactions quotidiennes en famille.

Source de frustration et un mauvais exemple pour les grands, ces distractions peuvent cependant avoir des conséquences plus graves sur les plus petits. Selon le Centre de Développement de l’Enfant de l’Université de Harvard, les bébés ont besoin d’un adulte attentif, réceptif et aimant pour s’épanouir: «L’absence d’interaction constitue une grave menace pour leur bien-être et leur développement». Un coup d’oeil rapide à son feed Instagram ou répondre hâtivement à un courriel peut sembler anodin, mais ils apprennent en observant le monde qui les entoure. Si la tentative de communication n’est pas récompensée, l’enfant pourrait se détacher et se détourner de ces échanges.

L’utilisation excessive des téléphones portables par les parents a également été liée à une augmentation des troubles du comportement.

Modérer son accaparement aux écrans est donc le devoir de tout parent, tout en reconnaissant que les technologies numériques leur permettent d’échapper, ne serait-ce qu’un instant, à l’ennui parfois lié aux longs tête-à-tête avec ces petits anges. Alors si vous voyez une mère sur son smartphone près du bac à sable, soyez indulgent, son bien-être compte aussi.