Faire son shopping directement depuis Instagram

DIGITALE ATTITUDE : Instagram est enfin prêt à vendre des produits de marque directement depuis son application.

Depuis le 16 avril dernier, une nouvelle fonctionnalité sécurisée appelée «Checkout with Instagram» permet aux américains d’acheter des articles provenant de 23 marques de mode et de beauté, dont Adidas, Dior, Nike, Zara et KKW Beauty, la ligne de cosmétiques de Kim Kardashian. D’autres marques seront ajoutées dans les mois à venir, selon CNN.

Les utilisateurs d’Instagram pourront donc pointer sur chaque article avec leur curseur pour choisir la couleur, la taille et connaître le prix, puis passer commander sans quitter l’application. Alors que jusqu’à présent, ils étaient renvoyés sur le site du détaillant pour conclure toute transaction.

Après avoir atteint un milliard d’utilisateurs actifs mensuels en juin dernier, il s’agit d’une nouvelle étape importante pour le service de partage de photos.

Mais si l’application est devenue une vitrine incontournable pour les marques du luxe, elle donne aussi une visibilité sans précédent aux vendeurs de contrefaçons.

Des montres et bijoux aux derniers modèles de baskets et faux sacs Chanel, Fendi ou Gucci, on trouve de tout sur Instagram.

Ces vendeurs illicites ne sont plus cachés dans des souks lointains ou dans des quartiers décentrés, ils opèrent sur Internet en plein jour, vendant leurs produits dans le monde entier – livrés par les sociétés de transport internationaux comme Fedex, UPS ou DHL, comme toute marchandise légitime.

C’est du moins ce que révèle un rapport de la société d’analyse Ghost Data : «Nous avons affaire à une économie parallèle de plusieurs milliards de dollars particulièrement active sur les réseaux sociaux et sûrement désireux d’exploiter cette nouvelle fonctionnalité.»

Instagram, qui appartient à Facebook est déjà accablé par les gouvernements pour avoir propagé des idéologies violentes et extrémistes par le biais des vidéo éphémères sur sa plateforme. L’option «Checkout», qui vient d’être annoncée, devrait servir de véritable tremplin au marché de la contrefaçon.

Alors après les fake news et les deep fakes (les vidéos truquées), le nouveau challenge pour les algorithmes des réseaux sociaux sera de démêler le vrai du faux sur les sites de e-commerce.

Gmail sauvegarde l’historique de tous vos achats

Si vous possédez un compte Gmail, sachez que Google traque vos achats en ligne par le biais des confirmations de commande qui arrivent dans votre boîte de réception.

C’est le journaliste Todd Haselton de CNBC qui a découvert dans les paramètres privés de son compte Gmail, une rubrique intitulée «Purchases», où se trouvait une liste de presque tous ses achats sur Internet depuis 2012. Selon un porte-parole de Google qu’il a interrogé:

«Nous avons créé une page confidentielle que vous êtes seul à pouvoir consulter pour vous aider à visualiser les dépenses effectuées suite à vos achats, réservations et abonnements. Vous pouvez supprimer ces informations à tout moment. Nous n’utilisons aucune information provenant de vos messages Gmail pour vous envoyer des publicités ciblés.»

D’après Haselton, il n’est pas si simple de supprimer l’historique de ses achats – problème qui devrait se régler dans les jours qui suivent suite au tollé crée par son article – repris par toute la presse technologique.

Rappelons qu’en 2017, Google a fait le serment de ne plus scanner les contenus des messages Gmail de ses abonnés à des fins publicitaires afin de mieux respecter leur vie privée. Cette politique n’est pas remise en question ici. Il est juste étrange et un peu dérangeant, de constater que des ingénieurs chez Google ont pris la liberté de faire de l’ordre dans nos affaires personnelles – en triant nos finances.

Vous pouvez consulter votre propre page ici: https://myaccount.google.com/purchases

Voici la mienne. Elle n’est pas très intéressante car Gmail n’est pas mon compte mail principal. On voit le renouvellement mensuel de deux abonnements pour Kiosque et le Wall Street Journal qui remonte à 2018.

 

 

La nouvelle fracture numérique n’est pas celle que l’on croit

DIGITALE ATTITUDE. Alors que les écrans se retrouvent dans toutes les couches sociales, ils disparaissent peu à peu du quotidien des plus riches.  

Par le passé, les gouvernements se sont inquiétés du «fossé numérique», l’inégalité entre ceux qui avaient accès aux ordinateurs et à l’Internet et ceux qui ne l’avait pas. Ces derniers se trouvant désavantagés pour acquérir de nouvelles compétences et trouver un emploi. Ainsi des programmes scolaires ont été mis en place pour former les enfants aux technologies de l’information dès leur plus jeune âge.

Mais 20 ans plus tard, alors que les ordinateurs et les tablettes sont quasiment omniprésents, les disparités sociales face au «digital divide» existent toujours, mais dans le sens inverse. Le contact humain et non la technologie est considéré aujourd’hui comme le privilège des nantis. C’est du moins le constat de la journaliste Nellie Bowles, dans un article du New York Times, intitulé: «Le contact humain est devenu un produit de luxe».

Autour des gens peu fortunés, les écrans, popularisés, se retrouvent dans les écoles, au travail, dans leurs foyers et même dans les EMS – où des jeux virtuels sur tablettes occupent les résidents pour soulager le personnel d’animation.

Toutes ces technologies devenues abordables permettent aux institutions et aux entreprises de réduire leurs coûts de fonctionnement et diminuer le nombre d’employés. Nous le voyons tous les jours autour de nous, aux caisses des supermarchés, à la banque, au cinéma, dans les transports publics…

La technologique qui était autrefois réservée aux riches devient donc la panacée des pauvres. Avec des écoles privées pris d’assaut – du moins dans la Silicon Valley – pour leurs cours donnés à l’ancienne où les écrans sont proscrits.

A titre individuel, se passer de son téléphone pendant une journée, quitter les réseaux sociaux et ne pas répondre aux courriels dans l’immédiat – sont les signes extérieurs «d’une classe évoluée», celle qui a compris que ce que nous consultons en ligne, conçus sciemment pour accaparer notre attention, est aussi nocif que de fumer des cigarettes ou de consommer du fast food. «Ce que les riches font moins que les pauvres», rajoute Bowles.

Alors choisir de se passer d’écrans et savoir limiter son temps sur Internet seront les nouveaux enjeux de demain – et toutes les classes socio-économiques sont concernées.

«Dark patterns» : Les astuces des sites Web pour nous manipuler

Les pratiques des réseaux sociaux pour délibérément inciter les usagers à passer plus de temps sur leurs plateformes aujourd’hui sont bien connues, mais il existe aussi des astuces ergonomiques destinées à carrément duper les utilisateurs.

La pratique a été baptisée dark patterns (ou chemins obscures), pour caractériser un site sciemment conçu pour inciter un utilisateur à faire des choix sans qu’il en soit conscient.

Des stratagèmes subtils qui peuvent inciter l’internaute à divulguer des détails personnels, acheter, ou s’abonner à un service.

Par exemple un site peut utiliser la couleur grise pour rendre l’option annuler peu visible ou inverser des normes de couleur pour faire croire qu’une option a été désactivée alors que c’est l’inverse. Dans le conscient collectif, le rouge veut dire non et le vert veut dire oui.

Inclure des frais inattendus dans la dernière étape d’un processus de paiement – comme dans le cas de l’entreprise aérienne Ryanair, qui rajoutait systématiquement une police d’assurance à ces tarifs. Ou encore, un grand classique, débiter une carte de crédit sans aucun avertissement lorsque l’essai gratuit avec un service prend fin.

La terminologie dark patterns a été inventé par Harry Brignull, spécialiste du design d’interfaces numériques. Sur son site, on peut prendre connaissance des tromperies les plus courantes.

Selon un rapport du Conseil norvégien de la consommation en 2018, intitulé Deceived by Design, Facebook, Google et Microsoft ont donné aux utilisateurs «une illusion de contrôle de leurs données par des procédés peu éthiques», lorsque les trois entreprises ont apporté des modifications à leur politique de protection de la vie privée afin de se conformer au règlement général de l’UE sur la protection des données (GDPR).

Avec l’anniversaire de l’entrée en vigueur du GDPR le 25 mai prochain, on peut s’attendre à un bilan et des amendes. Le commissaire européen a reçu plus de 95’000 plaintes dans les 8 mois qui ont suivi l’entrée en vigueur du GDPR.

Les morts seront un jour plus nombreux sur Facebook que les vivants

DIGITALE ATTITUDE : Si Facebook existe encore et continue de croître à son rythme actuel, le site pourrait compter 4,9 milliards d’usagers décédés d’ici 2100, selon des chercheurs. Pour mettre ce chiffre faramineux en perspective, rappelons qu’aujourd’hui Facebook revendique 2.3 milliards d’abonnés.

Les données de tous ces membres inactifs pourraient s’éterniser sur cette plateforme, selon Carl Öhman, chercheur au Oxford Internet Institute et auteur de l’étude qui s’interroge : «Qui a droit à toutes ces données? Comment les gérer au mieux pour contenter les familles des défunts? Et comment les rendre accessibles aux futurs historiens?»

«Jamais auparavant un échantillon aussi vaste de l’humanité n’avait été réuni en un seul lieu», a rajouté son co-auteur, David Watson, qui implore Facebook à «inviter historiens, archivistes, archéologues et spécialistes en problèmes éthiques à participer au processus de conservation de ces données.»

Vraiment? Je soupçonne Watson et son équipe de ne pas passer beaucoup de temps sur le réseau social. Les selfies, photos, vidéos, articles d’actualité, pubs, fake news et commentaires qui s’y trouvent, méritent-ils vraiment d’être considérés pour la postérité ?

Même la Bibliothèque du Congrès américain qui a tenté d’archiver Twitter in globo, a changé d’avis. Déclarant en 2017 que dorénavant, elle indexera les tweets «de manière très sélective». En une seule année elle avait amassé 170 milliards de tweets, soit un demi-milliard de tweets par jour.

En vérité, grâce au machine learning, l’intelligence artificielle et d’autres technologies que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui, traiter cette masse d’information d’ici l’an 2100 – dans 80 ans – ne devrait pas être difficile.

Le vrai débat est quel est l’intérêt d’une telle démarche? C’est comme si nous envisagions sérieusement d’analyser toutes les conversations de toutes les personnes sur la planète pour comprendre notre époque.

Pour éviter des milliards de comptes inactifs, il faudra simplement que chacun mette de l’ordre dans ses avoirs numériques, tout comme nous le faisons déjà pour nos biens matériels.

Les géants du Web proposent des solutions depuis longtemps pour gérer sa postérité et leurs procédures sont accessibles depuis une page de Wikipédia intitulée Death and The Internet. Cela rentrera dans les mœurs bien avant 2100.