TikTok, l’appli de partage vidéo préférée des adolescents, où ils se produisent essentiellement dans des sketches humoristiques ou chantent en playback, fait une percée dans le monde littéraire.
Sous le hashtag #BookTok, des jeunes femmes sont devenues de véritables influenceuses en recommandant leurs livres préférés devant la caméra ou en lisant à haute voix certains passages – parfois en sanglotant – dans des clips vidéo qui durent moins d’une minute. On peut choisir parmi des catégories intitulées «les livres qui m’ont fait pleurer», «les livres qui ont changé ma vie», ou encore «les livres à lire absolument avant 20 ans».
Certains comptes sont suivis par des dizaines de milliers de followers et font redécouvrir à une nouvelle génération, des romans qui ont déjà connu un succès lors de leur lancement.
Par exemple, le roman «We Were Liars» («Nous les menteurs» pour la version française chez Gallimard Jeunesse) qui a été un bestseller lors de sa parution en 2014, s’est trouvé à nouveau classé au palmarès des meilleures ventes l’été passé, soit 6 ans plus tard. L’autrice, E. Lockhart, ravie mais tout de même un peu perplexe a été éclairée par ses enfants : «C’est parce que tu es sur TikTok». Le clip, publié sur le compte @alifeofliterature faisant l’éloge du titre, a récolté 1,5 millions de likes et a été visionné plus de 5 millions de fois.
«Nous n’avons pas vu ce genre d’envol – par là j’entends des dizaines de milliers d’exemplaires vendus par mois – avec d’autres réseaux sociaux», a déclaré Shannon DeVito, Directrice de la Classification chez Barnes & Noble, le plus gros libraire américain, où des présentoirs ont carrément été installés dans les points de vente signalés par des écriteaux «Les titres les plus populaires sur BookTok». Et un chapitre consacré à cette catégorie a été rajouté sur leur site.
Du côté francophone, le hashtag #litterature qui permet de découvrir des amoureux du livre annonce 7 millions de vues et l’on retrouve sur la plateforme, les comptes des éditeurs Gallimard, Hachette ou encore Harper Collins, qui ont visiblement intégré une présence sur Tiktok dans leur stratégie marketing.
Mais ce qui est ironique, souligne le New York Times, c’est que la lecture d’une œuvre littéraire, qui demande une attention soutenue, est boostée par un réseau social expressément conçu pour retenir l’attention de ses utilisateurs quelques secondes seulement.