Mesure d’urgence: Facebook sera tenu responsable par un conseil de surveillance indépendant

Un groupe de critiques du réseau social a créé une entité de surveillance parallèle pour évaluer et dénoncer s’il y a lieu, les décisions de modération de contenu à l’approche des élections présidentielles. 

Elle est composée d’une coalition d’universitaires, de militants pour les droits civiles et d’experts dont Roger McNamee, un des premiers investisseurs de Facebook et aujourd’hui l’une des voix les plus critiques, Shoshana Zuboff, sociologue et professeur à Harvard Business School et Carole Cadwalladr, journaliste d’investigation au Guardian, célèbre pour avoir dévoilé l’affaire Cambridge Analytica.

Real Facebook Oversight Board

Son nom, le Real Facebook Oversight Board (véritable conseil de surveillance de Facebook) fait référence à l’instance que le géant californien avait annoncée le 15 novembre 2018, le Facebook Oversight Board, présentée comme la Cours suprême de Facebook ayant le pouvoir de «renverser des décisions prises par son PDG sur les contenus litigieux, les fake news et les publicités mensongères».

Ce lancement intervient le lendemain de l’annonce par Facebook que l’organe de contrôle ne serait opérationnel qu’après les élections, mi-octobre.

Le groupe affirme que Facebook a pris trop de temps à le mettre sur pied et qu’il est trop limité dans sa portée et dans son autonomie. «Nous n’attendons pas qu’une autre élection se passe mal» déclare le conseil de surveillance parallèle sur son site web. Nous pensons que la responsabilité en temps réel est vitale». 

Faisant référence à son PDG Mark Zuckerberg, dans un tweet, Cadwalladr écrit: «Facebook est une arme. Une entreprise privée, contrôlée par un homme, utilisée pour saper la démocratie. Nous devons de toute urgence lui demander des comptes. Avant qu’il ne soit trop tard. Aujourd’hui, nous lançons le Real Facebook Oversight Board @FBoversight pour essayer et faire exactement cela. Rejoignez-nous».

La démocratie aux Etats-Unis est en jeu

Des sessions publiques auront lieu les mercredi à 14 heures sur Facebook Live. Il est possible de s’abonner à des alertes et à leur newsletter ici et de les suivre sur Instagram et Twitter

Un robot décroche un premier rôle dans un film

DIGITALE ATTITUDE: Pour la première fois, un robot humanoïde – le terme désigné pour les robots dont l’apparence générale rappelle celle d’un corps humain – va tenir le rôle principal dans un long-métrage. Nommée Erica, elle jouera son propre personnage dans un film de science-fiction intitulé «b», au budget de 70 millions de dollars.

Créé par deux scientifiques japonais, Hiroshi Ishiguro et Kohei Ogawa, Erica, dotée d’intelligence artificielle, a été formée à la célèbre technique du Method Acting – pratiquée par les plus grands interprètes du théâtre et du cinéma américain, qui permet à un comédien de «puiser dans son propre affect pour créer l’émotion et faire exister le rôle à travers sa mémoire affective».

Interrogé par The Hollywood Reporter, le producteur du film, Sam Khoze, a expliqué que faire jouer un robot est complexe : «Le jeu d’acteur consiste à s’inspirer de sa propre expérience pour personnifier un rôle, mais Erica, n’ayant aucun vécu, en est incapable. Il a fallu lui apprendre comment contrôler la vitesse de ses mouvements, moduler ses paroles et ses expressions pour simuler des sentiments et coacher le développement de son caractère».

En vérité ce n’est pas la première fois qu’Erica se produit devant les caméras: Elle a présenté le Téléjournal sur la chaîne Japonaise Nippon TV en 2018, où assise immobile drapée d’un châle, elle n’avait pas encore acquis la mobilité de ses membres.

Des robots humanoïdes figurent dans de nombreux films mais ils sont généralement joués par des acteurs en chair et en os, comme Arnold Schwartznegger dans Terminator, le personnage mi-homme mi-machine de Robocop, ou encore les androïdes dans les séries télé comme Humans, ou Westworld, où l’un des grands défis pour les téléspectateurs de cette dernière, était de discerner qui en était un et qui ne l’était pas, parmi les innombrables figurants.

Si Erica est bien le premier robot à décrocher un premier rôle au cinéma, d’autres robots avant elle ont foulé les planches de théâtres. En 2015, un robot a joué dans une adaptation allemande de My Fair Lady appelée My Square Lady et l’année précédente, un robot a été en tête d’affiche d’une adaptation théâtrale franco-japonaise moderne de La Métamorphose de Franz Kakfa.

Le fiasco des examens remplacés par des algorithmes

DIGITALE ATTITUDE : Compte tenu du contexte lié à l’épidémie du COVID-19, des centaines de milliers d’élèves ont été dispensés de se présenter aux examens de fin d’études et se sont vu attribuer des notes calculées par des algorithmes.

Les résultats ont provoqué d’abord la stupeur puis la colère, en raison des écarts importants constatés entre les prédictions faites par les enseignants – basées sur la performance des collégiens – et celles attribuées par cette méthode, entraînant la révocation de bourses d’études et d’admissions conditionnelles dans les universités.

Les A-Levels

En cause, les A-Levels, l’examen britannique qui donne accès aux études supérieures, dont l’algorithme mis en place par l’autorité régulatrice des examens, Ofqal, reposait sur trois facteurs:  la performance individuelle de l’élève durant l’année, un classement par degré et les résultats obtenus aux examens par l’établissement scolaire sur plusieurs années.

Lorsque les notes ont été annoncées le 13 août, près de 40% étaient inférieures aux évaluations des enseignants.

Ainsi de bons élèves dans des écoles historiquement à faible taux de réussite ont obtenu des scores plus bas que prévus, tandis que les résultats provenant d’écoles privées au taux de réussite élevé ont été dopés.

Suite à l’indignation collective, le secrétaire à l’éducation, Gavin Williamson, a reconnu les “incohérences significatives” dans le processus et s’est excusé pour la “détresse” causée. Le 17 août, le gouvernement a rectifié le tir en annonçant que les notes seraient modifiées pour refléter les estimations initiales des enseignants.

Le BI

Un autre algorithme, celui du Baccalauréat International (BI) a créé un tollé à son tour, faisant perdre jusqu’à 12 points à certains candidats. 25’000 professeurs et parents ont signé une pétition demandant justice et sur les 3’020 écoles concernées, environ 700 ont soumis une demande de révision au nom de leurs élèves. L’organisation du BI à son tour a redressé la barre, amendant les notes contestées pour les aligner aux évaluations internes.

Ces exemples mettent en évidence les préjudices que ce genre de modèle peut avoir sur un grand nombre de personnes. Peut-être serait-il temps de réfléchir à un meilleur encadrement des algorithmes qui se déploient dans tous les secteurs de la société.

 

Photo: Martyn Wheatley/i-Images