L’Amérique ne fait plus rêver

Que l’acteur Will Smith soit monté sur scène pour gifler un comédien en pleine cérémonie des Oscars et que la condamnation de cet acte ne fasse pas l’unanimité, en dit long sur l’industrie du cinéma et son public.

Non seulement il n’a pas été escorté de la salle par les forces de l’ordre, mais lors de la remise de sa propre statuette quelques minutes plus tard, Smith a reçu une standing ovation de la part de ses pairs.

Selon Variety, le journal de l’industrie du cinema, cette version des Oscars a enflammé Twitter, recueillant plus de réactions que toute autre série télévisée, cérémonie de remise de prix ou émission – y compris le Super Bowl, avec autant de personnes prenant la parole pour défendre Smith que le condamner. La soirée est donc finalement considéré comme un succès pour avoir généré autant de tweets.

Voilà plus d’un siècle qu’Hollywood a fait rêver le monde entier. Ce rêve s’est brisé lors de cette 94e cérémonie des Oscars lundi dernier.

Les réseaux sociaux ont leur part de responsabilité. Sur leurs plateformes, les commentaires agressifs et la désinformation ont libre cours sans que les auteurs en soient tenus responsables. Ils ont contribué à alimenter un comportement où tout est permis, se déversant dans la vie réelle comme cet acte violent en toute impunité, diffusé sur les écrans du monde entier.

Travailler dans la Silicon Valley ne fait plus rêver non plus. L’Internet à ses débuts, perçu comme un espace de liberté et d’espoir social a été détourné par les géants du numériques. Leurs technologies persuasives, conçues sciemment pour nous rendre dépendants à leurs plateformes, ont mis à mal nos démocraties et la santé mentale de nos enfants. Par avidité ils ont traqué nos vies privées à outrance. Dans quel but? Nous servir de la publicité ciblée pour nous inciter à acheter “more stuff”. Quel triste constat sur notre société.

Le témoignage accablant de la lanceuse d’alerte Frances Haugen devant le Congrès américain sur les dérives de Facebook et ses conséquences sur les enfants a incité des législateurs américains à réagir. Deux d’entre eux, un républicain et une démocrate, viennent de présenter un projet de loi intitulé «Social Media Platform Duty to Children Act», visant à tenir les entreprises technologiques responsables des dépendances aux médias sociaux qui peuvent affecter les enfants.

Le nouveau projet de loi permettrait aux parents de les poursuivre en justice et réclamer des dommages et intérêts. Quelle bonne idée. Espérons que la loi passera et qu’elle fera des émules.

Christie’s et Sotheby’s annulent les ventes d’art russe

Après le ballet et l’opéra, la «cancel culture» s’attaque à l’art russe

Les plus grandes maisons de ventes aux enchères ont supprimé leurs rendez-vous annuels consacrés à l’art russe, s’alignant sur les sanctions des pays occidentaux à l’égard de la super puissance soviétique.

Dans un communiqué, Sotheby’s a annoncé que la semaine de l’art russe à Londres du mois de juin n’aurait pas lieu cette année: «Nous respectons avec la plus grande rigueur les sanctions actuelles et nous surveillons de près toute mise à jour des listes».

Citant l’incertitude de la guerre et les exigences logistiques et juridiques complexes liées aux sanctions, Christie’s a annulé les ventes à son tour en déclarant: «Bien que le marché actuel des ventes pour Christie’s en Russie dans son ensemble soit relativement petit, nous avons la responsabilité de réagir aux événements géopolitiques qui sont hors de notre contrôle». 

Selon The Guardian, malgré ces mesures, il est peu probable que le marché international de l’art dans son ensemble soit affecté, car le nombre d’acheteurs soviétiques a fortement diminué depuis le krach financier de 2008.

La russophobie

Pour l’instant, les œuvres prêtées par la Russie pour de grandes expositions en cours – dont celle de Fabergé au Musée Victoria et Albert (jusqu’au 8 mai) et la collection d’art moderne des frères Morozov à la Fondation Louis Vuitton (jusqu’au 3 avril) ne sont pas annulées. Mais des personnalités et des institutions demandent l’interdiction des participants russes à la Biennale de Venise (10 avril – 1er mai), Art Basel (16 -19 juin) et la Documenta à Kassel (18 juin – 20 septembre).

Le boycott de l’art russe pourrait bénéficier à l’art ukrainien

Les marchands d’art se sont précipités à Kiev pour sauver des toiles des bombardements russes. Par ailleurs, des artistes courageux continueraient à travailler dans leur pays assiégé, rapporte The Times.

En raison des événements, la galerie du collectionneur James Buttterwik à Mayfair, accessible sur invitation uniquement, relance son exposition en ligne de trois artistes ukrainiens et met en vente des oeuvres du plus grand des avant-gardistes, Oleksandr Bohomazov. Les prix devraient grimper en flèche, notamment parce que la moitié de l’argent récolté sera reversée à l’aide humanitaire.

Sources : The Guardian / The Times / Bloomberg Quint

Les chaînes de Telegram jouent un rôle vital dans la guerre en Ukraine

En Europe de l’Est, Telegram est l’application de messagerie la plus populaire et se révèle indispensable tant aux Ukrainiens qu’aux Russes, pour accéder à une information en direct et non filtrée.

Une des spécificités de la plateforme est d’offrir des chaînes dédiées pour diffuser textes et vidéos qui peuvent avoir un nombre illimité d’abonnés. Lors de ce conflit, ils sont particulièrement populaires auprès des journalistes, des citoyens et des travailleurs humanitaires. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky émet lui-même au quotidien sur son propre canal.

The Kyiv Independent est un nouveau média en anglais qui publie des dépêches depuis le terrain. Lancé il y a quelques mois seulement, il est suivi par 50’000 personnes.

Une autre chaîne dédiée à la recherche des proches disparus, lancée début mars, compte plus de 80’000 membres.

Aujourd’hui en sécurité en France avec son épouse et trois de ses enfants, le réfugié ukrainien Artem Kliuchnikov a expliqué sur la radio NPR qu’il fait défiler Telegram pour s’informer des frappes sur son pays. «Comme le bombardement de la maternité de Marioupol, avant même qu’il ne fasse la une des journaux, les vidéos paraissent sur les chaînes Telegram». Il ajoute : «L’application est devenue ma principale source d’information».

Et la plateforme est devenu l’un des rares endroits où des millions de Russes peuvent accéder à des nouvelles qui ne sont pas dictées par le Kremlin.

Les délégués humanitaires utilisent des groupes privés pour coordonner les caravanes de réfugiés se dirigeant vers la frontière polonaise.

En plus de ces options de connexion collectives, Telegram permet aux utilisateurs d’envoyer des messages individuels, avec une option pour les crypter de bout en bout.

Lire aussi : Opposé à toute censure, Telegram est désigné comme ennemi public 

Telegram a toutefois une réputation sulfureuse. Un article du journal allemand Der Spiegel a récemment qualifié l’application de «darknet dans sa poche», car son fondateur Pavel Dourov refuse tout type de censure. Il héberge des complotistes, des extrémistes et des vendeurs de drogues. Un constat qui n’enlève rien à l’importance de cet outil en ce moment.

Sources : The Atlantic / NPR

Envoyer un courriel à un citoyen russe au hasard pour contourner la propagande du Kremlin

Des pirates informatiques ont créé un outil en ligne permettant aux individus du monde entier d’envoyer des messages par mail ou par texto à des citoyens russes, pour tenter de dénoncer la désinformation des médias soviétiques.

Le groupe de hackers, connu sous le nom de Squad303, a obtenu quelque 20 millions de numéros de téléphones portables et près de 140 millions d’adresses électroniques appartenant à des particuliers et des entreprises russes.

Leur site, 1920.in, génère de manière aléatoire des numéros et des adresses à partir de ces bases de données et permet à quiconque, d’envoyer un mot personnalisé ou un message prérédigé en russe:

«Chers Russes, vos médias sont censurés. Le Kremlin ment. Découvrez la vérité sur l’Ukraine sur l’internet gratuit et l’application Telegram. Il est temps de renverser le dictateur Poutine!»

La nouvelle loi, condamnant à des peines de 15 ans de prison les journalistes qui ne reprendraient pas les dépêches officielles du Kremlin, a étouffé toute voix dissidente sur le conflit.

Depuis son lancement le 6 mars, plus de 6.3 millions de SMS ont été envoyés, selon Squad303.

Le Wall Street Journal a examiné a testé plusieurs numéros qui se sont avérés être en service. Mais sans pouvoir confirmer si la base de données entière était constituée de numéros et d’adresses électroniques existants.

La plupart des messages se sont heurtés au silence, quelques-uns ont suscité des jurons en guise de réponse et quelques personnes ont engagé la conversation, comme la propriétaire d’un salon de beauté qui a écrit «qu’elle était russe, mais pas partisane de M. Poutine».

Il faut réaliser que l’envoi de tels messages représente un risque pour celui qui le reçoit. Des images ont circulé de policiers russes examinant le contenu des portables de citoyens dans les rues de Moscou.

D’autres individus selon Wired ont tenté d’entrer en contact avec des citoyens par le biais de Tinder, en changeant leur lieu de domicile ou en documentant des actes de guerre en Ukraine sur les formulaires d’appréciations de restaurants russes.

Un rideau de fer numérique

Des tactiques qui ne pourront fonctionner que si l’Internet reste accessible en Russie. Depuis l’invasion de l’Ukraine, les réseaux sociaux sont censurés les uns après les autres. Facebook est bloqué, Instagram sous peu, l’accès à Twitter a été restreint et TikTok a annoncé qu’il mettrait en pause les live streams et les téléchargements de vidéos depuis le pays. Sont épargnés pour le moment YouTube et Google et les services de messagerie Telegram et WhatsApp.

Sources : The Wall Street Journal / The Daily Dot / Wired

Les réservations Airbnb en Ukraine cartonnent – par élan de solidarité avec la population

Des particuliers réservent des chambres en Ukraine pour faire parvenir des fonds directement aux hôtes de la plateforme d’hébergement.

Le 2 mars, un dénommé @quentquarantino sur Twitter a encouragé ses followers à réserver des chambres sur Airbnb en Ukraine – non pas pour y séjourner, mais pour apporter une aide financière immédiate aux hôtes vivant dans les zones les plus touchées par la guerre.

Il a été entendu. Dans les 48 heures, 61’406 nuitées ont été réservées depuis le monde entier selon Brian Chesky, fondateur et directeur général d’Airbnb – principalement depuis les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Touchée par cet élan de solidarité, la société a confirmé «renoncer à tous les frais sur les réservations dans ce pays en cette période».

Quelques annonces de location sur le site sont précédées de «*Please Help*», mais même sans cette annotation, aujourd’hui la grande majorité des logements des villes de Kiev, L’Viv, ou Odessa sont fully booked pour les mois à avenir.

Chesky, a transmis sur Twitter quelques réponses d’hôtes reconnaissants. «Le monde n’est pas dépourvu de bonnes personnes… Je serai heureux de vous serrer dans mes bras quand nous nous rencontrerons en temps de paix».

Par contre un commentaire laissé par @TarasPohrebniak sur Twitter  laisse songeur:  «L’idée de nous soutenir est sympathique, merci. Mais à cause de cela, il est beaucoup plus difficile pour nous de trouver un endroit sûr où rester. De nombreuses personnes déménagent actuellement en Ukraine occidentale, et au lieu d’appartements accessibles, nous voyons que les Américains réservent tout».

Airbnb devrait pouvoir y remédier facilement, en distinguant les réservations Pay and Not Stay (payer sans séjourner) avec les véritables demandes de réservation.

De plus, lundi dernier Airbnb s’est engagé à offrir un logement gratuit à court terme à 100’0000 réfugiés ukrainiens fuyant l’invasion russe et a annoncé sa collaboration avec les États européens voisins pour proposer des séjours de longue durée. En plus de ses actions pour soutenir l’Ukraine, Airbnb a aussi décidé de bloquer les réservations de logements en Russie et en Biélorussie.

Sources : NPR / CNet / The Guardian / Fortune

 

Message des Ukrainiens aux mères des soldats russes: «Venez à Kiev récupérer vos fils fait prisonnier»

Un responsable ukrainien a publié vendredi une liste de prisonniers de guerre russes, exhortant leurs mères à faire le voyage à Kiev pour récupérer leurs fils.

Anton Gerashchenko, conseiller au ministère ukrainien de l’Intérieur, a publié sur sa page Facebook les noms d’une centaine de soldats capturés, identifiés par leur nom et leur âge – entre 19 et 48 ans.

«A la différence des fascistes de Poutine, nous, les Ukrainiens, nous ne faisons pas la guerre contre les mères et leurs enfants capturés. Nous vous attendons à Kiev!”», écrit Gerashchenko.  

La liste est composée de «soldats de guerre de l’armée russe, trompés sur le territoire de l’Ukraine pacifique et vous savez qui est à blâmer pour cela: Poutine !» a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, le ministère ukrainien de la Défense a mis en place une ligne d’assistance téléphonique et un site internet, 200rf.com, comportant des photos de passeports ou des documents militaires appartenant à des soldats russes présumés tués.

«Pour arrêter la guerre, nous avons besoin que davantage de Russes soient informés de leurs pertes en Ukraine», peut-on lire dans le message.

Sources : Politico / Business Insider / Cnews.fr

Lire aussi :  L’influence de l’Union des comités de mères de soldats de Russie. Une ONG russe qui agit pour la défense des droits de l’homme au sein de l’armée russe. 

Louer un robot à l’heure, une nouvelle mesure d’économie

Les progrès en robotique ont permis de réduire considérablement la pénibilité de certaines tâches dévolues aux humains. Et de nombreuses industries sont de plus en plus dépendantes des robots pour améliorer leur capacité de production.

Polar Manufacturing fabrique des fermetures à glissière, des serrures et des supports métalliques dans le sud de Chicago depuis plus de 100 ans. L’année dernière, en réponse à une demande croissante et à une pénurie de travailleurs, Polar a loué son premier robot temporaire: un bras robotique pour effectuer une tâche simple et répétitive : soulever une pièce de métal et la placer dans une presse pour lui donner une nouvelle forme.

Jose Figueroa, qui dirige la chaîne de production de Polar, explique dans Wired que le robot, loué par l’entreprise AntHire, coûte l’équivalent de 8 dollars de l’heure, contre un salaire minimum de 15 dollars de l’heure pour un employé.

Polar n’a pas eu besoin de payer 100’000 dollars l’achat du robot, ni d’investir dans sa programmation.

Lire aussi : Votre nouvel assistant sera un cobot

Ces dernières années, les robots se sont vus confier de nouvelles activités, la technologie devenant plus performante, plus facile et moins chère à déployer. Certains hôpitaux utilisent des robots pour livrer des fournitures et certains bureaux emploient des gardes de sécurité robotisés. Les entreprises à l’origine de ces robots les fournissent souvent en location.

Shahan Farshchi, un investisseur de Formic, revendique démocratiser l’automatisation. Il compare la situation de la robotique actuelle à celle de l’informatique avant l’essor des ordinateurs personnels, lorsque seules les entreprises riches pouvaient se permettre d’investir dans des systèmes dont la programmation et la maintenance nécessitaient une expertise. L’informatique personnelle a été rendue possible par des entreprises comme Intel et Microsoft, qui ont rendu la technologie bon marché et facile à utiliser. «Nous entrons dans la même période avec les robots», a confié Farshchi.

Sources :  Roxxcloud / Wired