Les entretiens d’embauche avec des robots

DIGITALE ATTITUDE : Dans le contexte actuel de la recherche d’emploi, de nombreuses étapes pour postuler sont automatisées. Mais voilà que la partie ultime du processus, l’entretien d’embauche en personne, est numérisé à son tour. Grâce à une nouvelle génération d’outils intelligents qui ont pour objectif de rendre la procédure de recrutement plus efficace et plus rapide.

Aux Etats-Unis, ils sont utilisés par des grandes et moyennes entreprises dans des secteurs aussi variés que les assurances ou la santé, par des détaillants, des chaînes de restaurants et des hôtels – afin de départager les meilleurs postulants.

Les entretiens d’embauche téléphonique par robot

Jeremy Maffei a passé sa toute première entrevue téléphonique en octobre, après s’être intéressé à un poste de Marketeur Numérique dans une petite agence en Floride. Pendant l’interview qui a duré 10 minutes, il a répondu à toute une série de questions comme : «Décrivez un moment où vous avez dépassé les bornes», ou «Comment avez-vous fait pour annoncer une mauvaise nouvelle à un client», sans recevoir le moindre feedback en retour car à l’autre bout du fil, non pas un être humain, mais un robot. «L’expérience a été très impersonnelle», a-t-il confié au Wall Street Journal. Et impossible de l’interroger à son tour pour en savoir plus sur l’entreprise.

Pour les employeurs cette formule a l’avantage d’offrir aux candidats la possibilité d’entamer la séance à n’importe quel moment de la journée, tandis que les réponses peuvent être révisées par un responsable RH à sa convenance.

Les entretiens d’embauche vidéo par robot

Il y a aussi les entretiens d’embauche par vidéo avec des robots comme Vera, développé par la start-up Russe, Strafory. A l’écran elle a une apparence humaine et féminine. Le mouvement de ses lèvres est synchronisé à sa voix et elle tourne la tête légèrement pour simuler son intérêt. Plus sophistiquée que le simple robot répondeur téléphonique, elle est dotée d’intelligence artificielle et peut répondre à certaines questions, ou faire semblant de rebondir sur une réponse en disant «Brilliant!», avant de passer au point suivant. Et tout au long de ces échanges, des algorithmes analysent les micro expressions sur le visage du candidat pour déceler des émotions comme le stress, la sincérité ou… l’agacement d’être évalué par un robot?

Maintenant ce sont les employés qui «ghostent» les entreprises

Le «ghosting», ou la rupture sans explication, a quitté le domaine des amoureux pour le monde de l’entreprise.

Selon la Banque Fédérale de Réserve de Chicago qui suit les tendances de l’emploi, du jour au lendemain, de plus en plus de salarié(e)s abandonnent leur poste sans préavis – ils partent un soir et ne reviennent jamais –  et coupent tout contact.

Le cabinet de recrutement Robert Half a remarqué une augmentation de 10 à 20% de ces «travailleurs fantômes» en 2018. Et selon le journal HR Review, sur 31,2 millions d’employés britanniques, plus de 2,8 millions ont agit de la sorte.

Les analystes attribuent ce phénomène aux conditions favorables du marché, les offres d’emploi ayant dépassé le nombre de postulants. Depuis huit mois, aux Etats-Unis, le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 49 ans, à 3.7% et au Royaume Uni, il est à 4%.

A tel point que le cabinet de conseils en ressources humaines, Randstad Sourceright, affirme «faire deux offres pour chaque emploi parce que l’un des deux candidats ne se présentera pas», rapporte le Washington Post.

Un comportement certes déplorable, caractérisé par un manque d’égards, un manquement à ses responsabilités, une lâche fuite, mais peut-être les entreprises ont-ils leur part de responsabilité? Combien de candidat(e)s sont restés sans nouvelles après l’envoi d’un CV ou ont été salués après un interview avec un: «Merci d’être venu, on vous contactera!» – qui ne se produit jamais.

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Louer sa garde-robe au lieu de l’acheter

DIGITALE ATTITUDE :  La devise «Achetez moins» et un système de logistique perfectionné, a fait le succès d’un site de mode américain.

Rent The Runway (RTR), lancé en 2009, est l’une des plus grandes réussites du e-commerce américain avec 9 millions de membres et un revenu annuel de plus de 100 millions de dollars. Baptisé le «Netflix de la Haute Couture» par le New York Times, ce marchand en ligne a d’abord proposé la location de robes et d’accessoires de créateurs – Versace, Hervé Léger, Etro ou encore REDValentino – pour des grands événements. Depuis, la start-up s’est étendue pour proposer des habits de tous les jours, en ouvrant sa plateforme à d’autres marques moins haut de gamme, comme Levi’s pour ses jeans et Nike pour les survêtements.

Aujourd’hui les clients de RTR peuvent trouver de quoi s’habiller pour toutes les occasions, que ce soit pour aller au travail, à un gala ou pratiquer leurs loisirs – en choisissant parmi des milliers de styles différents.

L’introduction de «Rent the Runway Unlimited» il y a deux ans, a encore modifié la donne. Pour $159 par mois, les femmes peuvent louer aussi souvent qu’elles le désirent, quatre pièces à la fois et les garder huit jours. Livraison, retours et nettoyage à sec compris.

« L’abonné moyen s’habille chez Rent the Runway 120 jours par an, pour le travail, les week-ends et les sorties occasionnelles.»

Cette offre «illimitée» a visiblement fait mouche. Avec une croissance de plus de 100% par an, elle représentera plus de la moitié du chiffre d’affaires annuel du e-loueur en 2018, selon un article dans Business Insider.

Après les modèles disruptives d’AirBnB, Uber et Spotify, Rent the Runway propose donc à son tour un nouveau modèle économique et un nouveau mode de consommation qui convient aux milleniums. Si cette génération née entre 1980 et 2000 est adepte de l’économie du partage et pour qui l’accès aux biens est plus important que leur possession, c’est qu’ils ont conscience que leurs perspectives financières sont très différentes de celles de leurs parents. La crise financière conjuguée à des dettes d’études élevées, des emplois difficiles à décrocher et peu rémunérés font que leur niveau de vie est bien moins élevé que celui de leurs aînés. Alors dans ce contexte, les symboles de succès habituels – voiture neuve, bien immobilier, objets de luxe – sont juste inaccessibles. Rent The Runway a tapé dans le mille, permettant à ses clients de profiter de la mode sans se ruiner pour autant.

Le succès de Rent The Runway a fait des émules. Depuis mars dernier, on peut louer son dressing de rêve depuis un site suisse baptisée la Garde-Robe, ou prendre rendez-vous dans leur showroom situé aux Eaux-Vives.

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Des algorithmes pour évaluer des baby sitters

DIGITALE ATTITUDE : L’usage de l’Intelligence Artificielle (IA) a véritablement révolutionné le processus de recrutement des employés, permettant aux entreprises de dénicher rapidement les meilleurs talents par l’analyse de milliers de profils puisés sur les plateformes professionnelles comme Linkedin et Jobcase. Mais voilà qu’une start-up, Predictim, propose d’évaluer de la même manière des baby sitters, en examinant leur empreinte numérique sur les réseaux sociaux.

Avec l’accord de la jeune personne, Predictim propose d’accéder à ses comptes Facebook, Twitter et Instagram, puis grâce à des algorithmes de traitement automatique du langage naturel et de reconnaissance d’images, déduira ses traits de caractère – comme la politesse, le degré de positivité, l’agressivité et la capacité de s’entendre avec les autres.

Toujours grâce une «intelligence artificielle avancée», chaque rapport adressé aux parents comprendra aussi une évaluation des personnalités à risque – drogué, harceleur ou violent – Illustrée par une jauge de type indicateur de vitesse. L’échelle de valeurs va du 1 «non risqué» au 5 «très risqué». En guise d’exemple, la note 5 est attribuée à une jeune femme blonde appelée Risky Rebecca – bien que son prénom aurait déjà pu leur mettre la puce à l’oreille.

Etonnement la presse semble avoir accordé du crédit aux méthodes de Predictim en relayant leur communiqué presse, mais pour ma part je pense que ce service n’a été créé à nulle autre fin que celle d’illustrer l’usage absurde qui peut être fait de l’intelligence artificielle. Car accorder de l’importance aux propos et photos publiés en ligne par des enfants pour leur en tenir rigueur des années plus tard quand ils cherchent à gagner un peu d’argent de poche est ridicule. De plus, ce sont en général des mineurs et je ne vois nulle part sur le site, un formulaire demandant un consentement parental pour accéder ainsi à leur vie privée.

Twitter et Facebook ont réagi en bloquant Predictim de leurs plateformes, citant une violation de leurs conditions d’utilisation: Il est interdit de siphonner les données des usagers.

Il est à craindre que le buzz autour du big data et l’intelligence artificielle fera surgir de nombreux autres projets de la sorte.