Depuis deux mois, des milliers de femmes tricotent des bonnets roses pour protester contre l’investiture de Donald Trump. Le mouvement a été lancé par deux trentenaires de la Côte Ouest, Krista Suh et Jayna Zweiman, par le biais des réseaux sociaux et d’un site Web baptisé «Pussy Hat Project.» Il s’agit d’une allusion aux propos misogynes de Trump partagés avec un animateur télé, décrivant sa technique de séduction qui consiste à “grab women by the pussy” (je ne traduis pas).
Les modèles sont disponibles sur le site Web
Des milliers de femmes se sont ralliées au mouvement et partagent les photos de leurs créations. Les modèles simples sont disponibles sur le site et ils seraient encore plus faciles à faire qu’une écharpe, la pièce de démarrage de toute débutante. Pour Marina Mont’Ros interrogée par Reuters: «J’en suis à mon 35e bonnet. Chaque fois que je pense m’arrêter, je lis une actualité sur Trump et je recommence à tricoter.»
Les femmes sont encouragées à déposer leurs créations dans des “drop points” indiqués sur le site, afin d’être accessibles aux manifestantes.
The Women’s March
L’objectif est d’en réunir 1.17 million, car c’est le nombre de personnes que peut théoriquement contenir le Mall, le lieu à Washington où se réuniront les manifestantes pour la Women’s March, le 21 janvier prochain, le jour qui suit l’inauguration. Un rassemblement organisé dans l’espoir d’attirer l’attention sur les droits civils et humains.
200’000 personnes sont attendues. Ce sera l’une des plus grandes manifestations qu’ait connues l’Amérique et de plus petites «Marches soeurs» sont prévues dans de nombreuses villes à travers les Etats-Unis, dont New York.
Le National Mall, une mer rose?
Le National Mall, un parc ouvert au public du centre-ville de Washington, D.C., pourrait donc se transformer en une mer rose si la vision de ces deux femmes se concrétise. Un état de fait déploré par la journaliste du Washington Post, Petula Dvorak : «Il ne faut pas que la Marche des Femmes de 2017 entre dans le souvenir collectif comme un fleuve de Pepto-Bismol (un sirop rose bonbon qui soigne les maux d’estomac). L’intention de ce mouvement est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Il s’agit de droits humains. Rappelez-vous, a-t-elle ajouté, «que les féministes ont brulé leurs soutien-gorges dans les années soixante pour combattre les inégalités hommes-femmes — et c’est finalement ce geste qui est resté gravé dans la mémoire collective comme symbole un peu ridicule du mouvement féminin.»
Une mauvaise réputation est vite faite, justifiée ou non. Les Tricoteuses pendant la Révolution Française, en assistant au tribunal révolutionnaire tout en tricotant et en appellant à la Terreur, furent surnommées les «enragées» ou les «furies de la guillotine.».
Les manifestantes mettront-elles des bonnets roses samedi prochain? On verra bien!