Apple s’attaque au courrier électronique avec la «Protection de la confidentialité des e-mails»

Avec la version iOS 14.5 de son nouveau système d’exploitation mobile, Apple a déjà imposé sa loi sur la transparence des données, exigeant que les applications demandent la permission des utilisateurs avant de suivre leur activité sur le Web.

Mais voilà que la firme de Cupertino s’en prend également au courrier électronique. Lors de leur conférence annuelle début juin (la Worldwide Developers Conference ou WWDC), Apple a annoncé la mise en place avant la fin de l’année d’une nouvelle fonctionnalité, la «Protection de la confidentialité des e-mails», qui donnera aux utilisateurs plus de contrôle sur l’exploitation de leurs données.

Depuis des années, les spécialistes du marketing insèrent des pixels, de très petites images numériques invisibles, dans les mails qu’ils nous envoient. Lorsque nous ouvrons leurs messages, ces pixels sont récupérés sur un serveur. Puis, en utilisant un lien unique pour chaque abonné – généralement lié à son adresse électronique, l’éditeur peut savoir si le courriel a été ouvert et à quelle heure, une fois ou plusieurs fois, où se trouve l’expéditeur et quel est son numéro IP.

Le taux d’ouverture

Les éditeurs de newsletters disposent ainsi d’un indicateur essentiel pour leurs annonceurs: le taux d’ouverture. Elle est bien plus importante que le nombre d’abonnés.

Selon le service mail Hey, deux tiers de tous les messages que nous recevons aujourd’hui contiennent des pixels espions. La plupart des gens ignorent même l’existence de cette pratique et s’ils étaient au courant, ils ne l’autoriseraient sans doute pas si on leur donnait le choix. Ce que compte bien faire Apple. Ainsi nous assisterons probablement au même résultat qu’avec la mise en place des demandes d’autorisation pour les applications, où entre 88% et  96% des usagers ont dit non à la récolte des données.

La plupart des médias ont investi dans les bulletins d’information car le courriel est l’une des premières applications utilisées sur les smartphones et l’actualité se consomme essentiellement sur les portables. C’est un moyen pour attirer du trafic sur leur site, ou pour offrir un contenu bonus réservé aux abonnés.

Cela permet également aux journalistes indépendants une plus grande liberté pour traiter leurs sujets et permet aux lecteurs de soutenir ceux qu’ils apprécient.

Avec la nouvelle fonctionnalité d’Apple, éditeurs et journalistes ne sauront plus si leurs lecteurs sont fidèles ou non. Et privés de l’outil pour mesurer le taux d’ouverture, ils auront du mal à trouver des sponsors.

Vos amis traquent vos courriels

Mais le traçage des mails ne concerne pas seulement les marketeurs et la presse mais aussi les particuliers. Un nombre surprenant de mails qui sont suivis sont le fait de nos intimes ou connaissances. En 2017, selon Wired, (je n’ai pas trouvé d’étude plus récente), une personne sur cinq traquait le courriel privé envoyé pour savoir s’il avait été lu. De simples extensions dans les logiciels mail comme Gmail ou Outlook permettent de le faire.

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Sources : 9to5Mac / Phone Android / BBC / untelephone.com

Une proposition pour ajouter des «Neuro-droits» à la Déclaration universelle des droits de l’homme

Les progrès scientifiques dans le domaine la stimulation cérébrale rendent de plus en plus possible la manipulation de l’esprit humain – même dans son sommeil – et nécessitent des lois et des protections pour réglementer leur utilisation.

Depuis plusieurs mois, d’éminents neurologues réclament qu’un ensemble de «neuro-droits» soit ajouté à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Leur proposition consiste en 5 droits fondamentaux: le droit à l’identité, au libre arbitre, à l’intimité mentale, à l’équité d’accès aux technologies d’amélioration des performances cognitives et à la protection contre les préjugés algorithmiques.

Alors que les gouvernements réfléchissent encore, le Chili a pris les devants et deviendra le premier pays à instaurer des «droits du cerveau» dans sa Constitution. Le 22 avril, le Sénat a approuvé à l’unanimité la proposition et il ne manque plus que l’accord de la Chambre des députés.

Les applications médicales

De nombreuses applications des neuro-technologies concernent le domaine médical, comme la puce connectée de la société Neurolink d’Elon Musk, qui a pour ambition de rendre la mobilité et la parole aux personnes paraplégiques, ou le bracelet de la start-up CTRL-Labs rachetée par Mark Zuckerberg, qui permettrait de partager une photo par la pensée, en captant les impulsions envoyées par le cerveau aux muscles de la main.

Et l’implantation d’électrodes dans le cerveau pour traiter une série de troubles allant de la maladie de Parkinson à l’épilepsie est employée avec succès depuis plusieurs années.

Les appareils de surveillance

Cependant, des applications sont de plus en plus disponibles en dehors du contexte médical. Certaines entreprises privées vendent déjà des appareils portables de surveillance de l’activité cérébrale afin de combattre la douleur ou détecter le stress.

En Chine par exemple, des conducteurs de train à grande vitesse sont équipés de casques de sécurité capables de déceler tout changement de leur état émotionnel. Toujours pour éviter les accidents, un bonnet intelligent analyse l’état de fatigue des opérateurs de machinerie lourde. Et dans le cadre d’un projet pilote, des élèves âgés entre 10 et 17 ans ont porté des bandeaux lumineux sur le front, affichant des couleurs différentes selon leur niveau de concentration.

Le manipulation du cerveau

Mais au-delà des applications pour soigner et surveiller, des scientifiques ont réussi à planter de faux souvenirs chez des souris et à fabriquer des images artificielles, en activant des neurones spécifiques.

Et des marqueteurs testent déjà différents moyens pour modifier et motiver le comportement d’achat par le biais du piratage du sommeil. Les marques Xbox, Coors et Burger King sont déjà parvenues à introduire des publicités dans les rêves de consommateurs.

La science émergente du contrôle des rêves

Si aujourd’hui pour participer aux expériences sur le contrôle des rêves il faut être consentant, il est facile d’imaginer un monde dans lequel les enceintes connectées comme Alexa, Google Home ou encore Nest, détectent les phases du sommeil pour diffuser des messages subliminaux.

Alors à la liste des «neuro-droits», il ne faudra pas oublier d’ajouter le droit de rêver – sans être importuné par une publicité.

 

 

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Amazon a ouvert un salon de coiffure et Tesla se lance dans la restauration

Après avoir innové avec des produits et des services inédits, les géants de la technologie s’attaquent à des secteurs d’activité existants pour les réinventer, rapporte le Telegraph

Amazon a créé la surprise en annonçant l’ouverture en avril d’un salon de coiffure high-tech dans un quartier branché de Londres. En vérité il y avait bien une logique, le géant du Web propose depuis deux ans une gamme de produits de beauté destinée aux professionnels.

D’après le communiqué presse, il ne s’agit nullement du premier maillon d’une vaste chaîne, mais d’un point de vente unique, pour «expérimenter avec les produits et les dernières technologies dans ce domaine».

Les clientes du salon qui ont envie de changer de look peuvent voir à l’avance le rendu d’une coupe ou d’une couleur, grâce à des miroirs en réalité augmentée. Des écrans tactiles contre le mur, font apparaître toutes les informations pertinentes sur un produit et des QR codes à scanner permettent de l’acheter et de le faire livrer chez soi. Des tablettes Amazon Fire sont mises à disposition pour lire et se divertir.

Le fabricant automobile Tesla quant à lui semble vouloir se lancer dans la restauration. Selon le journal TechCrunch, la société a déposé trois noms le mois dernier auprès de l’Office des brevets des États-Unis, pour exploiter et protéger sa marque «Tesla» dans des restaurants et fast-foods situés aux côtés de ses stations de recharge. L’idée n’est pas récente, car en 2018 Elon Musk avait déjà tweeté sur l’ouverture d’un restaurant de type «drive-in à l’ancienne, patins à roulettes et rock».

Récemment, Apple a laissé entendre qu’il envisageait d’étendre sa gamme de magasins en Europe. De vastes surfaces au design coûteux qui ne semblent pas être axées sur la vente. Ce sont plutôt des espaces pour tester leurs produits.

Airbnb, la plateforme de location de biens entre particuliers et qui propose depuis quelques années le partage d’expériences entre les invités et leurs hôtes, étend son offre dans le domaine de l’éducation en ligne. Des professeurs et des experts s’adressent aux enfants par écran interposé pour leur donner des cours de toutes sortes, partager avec eux des activités interactives et faire ensemble des visites virtuelles pédagogiques.

Et Facebook, malgré des ambitions revues à la baisse, tente toujours de se frayer un chemin dans les crypto-monnaies avec Diem, anciennement appelé Libra.

Pour le Telegraph, ce n’est qu’une question de temps avant que de nombreuses autres industries ne soient chamboulées à leur tour.

 

Vos données automobiles vendues au plus offrant

La récolte des données et leur monétisation sont le nouvel enjeu de l’industrie automobile.

Les voitures connectées équipées de cartes SIM, de processeurs, de capteurs, de caméras et de microphones ont pour objectif avant tout d’assurer la sécurité routière, mais en même temps, elles récoltent une masse de données envoyées en continu au constructeur. Selon le cabinet de conseil McKinsey, les voitures collectent jusqu’à 25 gigaoctets par heure sur les performances et l’entretien du véhicule. Et bien plus encore.

Les fabricants automobiles savent à quelle vitesse nous roulons, où nous vivons, où nous travaillons, à qui nous avons téléphoné et combien d’enfants nous avons. GM a même mené une expérience sur les goûts musicaux de 90’000 conducteurs à des fins publicitaires. Les données recueillies à partir de la commande vocale pourraient également en dire long sur nous et intéresser les annonceurs.

Les yeux sur la route

Notre façon de conduire est analysée. General Motors et Ford ont installé des systèmes de surveillance basés sur le eye tracking (ou suivi du regard) pour mesurer notre attention au volant et Tesla vient de faire de même en activant la caméra située au-dessus du rétroviseur, dès que la fonction Autopilot est enclenchée. Les chauffeurs-livreurs d’Amazon sont surveillés en permanence par des caméras embarquées dotées d’intelligence artificielle qui les avertissent lorsqu’ils sont distraits ou fatigués. Ces employés sont d’ailleurs contraints de signer un formulaire de «consentement biométrique» sous peine de perdre leur emploi.

Les «data hubs»

Un accord annoncé entre Ford et Google, prévoit l’installation du système d’exploitation Android dans des millions de voitures.

Selon des analystes de Morgan Stanley, si la marque automobile parvenait à monétiser les données de manière à générer un revenu mensuel de 10 dollars pour chaque voiture, la capitalisation boursière de l’entreprise doublerait ce qu’elle est aujourd’hui pour atteindre 50 milliards de dollars, rapporte le Telegraph.

Et tous les grands constructeurs automobiles ont déjà conclu des accords avec une nouvelle catégorie de centre de données, les «data hubs», où les informations récoltées seront achetées et vendues.

La plupart des données automobiles partagées jusqu’à présent ont été anonymes et utilisées à des fins relativement inoffensives comme la vente à des sociétés de navigation par satellite ou à des services météorologiques. Mais cela pourrait changer.

«L’industrie automobile va se retrouver confrontée à des volumes de données inédits qui constitueront une force, mais également une grande responsabilité», résume Le Journal du Net.

Et pour le journaliste spécialiste des nouvelles technologies et de l’automobile Alexandre Lenoir dans Libération, «Les données produites par les voitures vaudront bientôt plus cher que les voitures elles-mêmes».

Sources : The Telegraph / The Verge / The New York Times / Vice / Libération / Le Journal du Net / Phone Android