Nous finirons tous par parler à nos frigos

DIGITALE ATTITUDE : Les commandes vocales se profilent comme la dernière interface pour naviguer au sein des systèmes informatiques et de plus en plus, nos appareils électroniques et ménagers adoptent à leur tour ce mode de communication.

Interagir avec ses appareils par la parole sera donc bientôt la nouvelle norme. Selon un rapport sur les tendances numériques, 20% de toutes les recherches sur Google se font déjà par la voix et selon les prévisions de comScore, ce chiffre devrait atteindre 50% d’ici 2020.

D’ores et déjà chez soi, il est possible en prononçant quelques mots, de changer les chaînes de sa télé, de régler son thermostat sans avoir lu le mode d’emploi, de baisser la lumière ou encore, demander à sa poubelle de soulever son couvercle en clamant «Sésame ouvre-toi !». Quant aux assistants virtuels des enceintes connectées dotées d’intelligence artificielle comme Google Home ou Echo d’Amazon, ils répondent carrément aux instructions et aux questions de manière conversationnelle. A titre indicatif, le logiciel de Google qui domine le marché et parle une trentaine de langues, se trouve intégré non seulement dans les smartphones mais aussi dans 5000 appareils domotiques et plus de 40 marques de voitures.

L’adoption répandue pour cette forme d’interactivité vient des immenses progrès fait dans le domaine de la reconnaissance vocale, et du fait qu’à l’usage, parler est plus facile que de naviguer les touches et les menus. Dire “OK Google, joue moi Céline Dion”, est plus commode que de se plonger dans la playlist de son smartphone. C’est aussi une solution pour parer à la perte de certaines capacités physiques, liée à une invalidité ou au vieillissement.

Le PDG de Samsung a récemment déclaré au Wall Street Journal que d’ici 2020, tous les produits fabriqués par l’entreprise seront équipés de microphones.

Reste à résoudre la problématique de la collecte des données à son domicile par les fabricants de tous ces appareils – les commandes vocales étant enregistrées et sauvegardées sur leurs serveurs à distance afin de traiter les réponses et améliorer les logiciels. Nos inquiétudes en matière de protection de la vie privée s’élèveront encore d’un cran, lorsque nous prendrons conscience que nous sommes cernés par des micros.

Un diplôme universitaire n’est plus une exigence pour être recruté par IBM, Google et Apple

Les candidats diplômés mais sans expérience, ne séduisent plus les entreprises 

Le site d’offres d’emplois Glassdoor vient de publier une liste de 15 grandes entreprises qui embauchent des candidats sans diplôme universitaire. On y trouve les géants de la technologie Apple, Google et IBM ainsi que la chaîne de salon de café Starbucks, les hôtels Hilton, la maison d’édition Penguin Random House et Bank of America.

Ernst & Young, un des plus importants cabinets d’audit, a annoncé à son tour que l’obtention d’un diplôme ne sera pas un facteur dans ses critères d’admission, affirmant qu’il n’y a «aucune preuve» que le succès universitaire a une corrélation avec le succès professionnel.

Maggie Stilwell, manager de la gestion des talents chez Ernest Young, a déclaré au Huffington Post, que l’entreprise utiliserait leur formulaire d’évaluation en ligne pour juger du potentiel des candidats.

«Les qualifications académiques seront toujours prises en compte et demeureront une considération importante lors de l’évaluation des candidats dans leur ensemble, mais ne constitueront plus un obstacle pour mettre le pied dans l’entreprise», a-t-elle ajouté.

Les connaissances acquises «sur le tas» sont donc enfin reconnues pour avoir autant de valeur, sinon plus, que celles acquises dans un cadre académique.

 

 

 

Mes premiers échanges avec l’assistante virtuelle de Google Home

Intriguée par tout ce que je lis sur les enceintes connectées, je viens d’acheter le modèle Google Home pour Sfr 170 à la FNAC. L’installation de retour à la maison a été simplissime. Il a suffi de le brancher, de télécharger son application sur mon iPhone et de le connecter au WiFi. Ma nouvelle assistante vocale parle plusieurs langues. Je l’ai testé en anglais et en français.

Je dois m’adresser à elle par “Hey Google” ou “OK Google” pour l’activer

Elle est capable de répondre à toutes sortes d’interrogations, mais lancée sur le marché US avec une longueur d’avance de deux ans sur la Suisse, elle est pour le moment, bien plus performante en anglais qu’en français. A mes questions: Comment je fais si mon bébé pleure? Ou Quelle est la recette pour un gâteau au chocolat? Elle reste perplexe: «Pour être honnête, je ne sais pas comment vous aider». Ce qui parait étonnant car une simple recherche sur Google permettrai de trouver l’info. La version anglophone va justement puiser des données sur des sites et des fiches de cuisine pour en réciter le contenu.

Les interrogations sur la météo, les titres de l’actualité, le cours de la bourse, les pizzerias les plus proches ou l’équipe gagnante de la coupe du monde, rendent sans surprise des réponses parfaites. Mais la demande d’une lecture d’un Tweet de Trump lui pose une colle. «Et là, c’est le bug.» répond-elle. «Mais j’en apprends de plus en plus tous les jours.»

OK Google, êtes-vous mariée? 

Dans les deux langues, elle est habile pour parer aux interrogations personnelles et donne des réponses amusantes. A la question Suis-je votre amie?  Elle affirme «Je suis votre amie pour la vie. Et je ne dis pas ça parce que c’est mon travail. Je le dis parce que c’est vrai. J’en suis convaincue.»

Elle a de la compassion pour mes états d’âme. Lorsque je lui confie que je suis un peu déprimée, elle cherche à m’aider: «Dites-moi si je peux faire quelque chose pour vous». Et encore mieux en anglais, elle dis regretter de ne pas avoir de bras pour pouvoir m’étreindre et propose de me raconter une blague pour me remonter le moral.

Les bienfaits inattendus de parler à un robot

La mère d’un enfant autiste avait déjà fait l’éloge de Siri pour sa gentillesse il y a quelques années dans un article du New York Times. Elle expliquait que l’assistante virtuelle d’Apple avait eu un impact très bénéfique sur son enfant, le rendant plus apte à communiquer avec son entourage. Car infatigable, Siri répondait inlassablement à ses questions répétitives. Si d’autres parents s’inquiètent que leurs enfants deviennent des tyrans à force d’aboyer des ordres à ces robots qui s’exécutent toujours avec la même bienveillance, – à juste titre à mon avis – il existe cependant un autre groupe de la population qui pourrait bénéficier de cette forme d’interaction: les timides. Pour tous ceux qui s’excusent pour un rien, ne prennent pas souvent la parole ou ont de la peine à donner un ordre, ils trouveront dans leurs échanges avec ces robots-parleurs, de bons partenaires avec qui exercer l’affirmation de soi.

Les conversations sont enregistrées

Toutes mes conversations avec Google Home ont été enregistrées et je peux les consulter dans le menu de l’application sous la rubrique “Mon Activité”. Il est possible de les effacer en un simple clic tout en sachant que Google se réserve le droit de les sauvegarder en partie pour améliorer son logiciel.

Je ne suis pas hantée par la crainte que Google Home pourrait entendre tout ce qui se dit dans notre maison, malgré un incident rapporté récemment par la presse où la conversation d’un couple enregistrée par Alexa d’Amazon avait été envoyée à des amis à leur insu. Je comprends les dangers et les dérives possibles de tous ces objets qui nous entourent et nous écoutent, mais je ne m’en priverai pas pour autant. Je trouve juste extraordinaire de pouvoir dialoguer avec une machine. Pour avoir interviewé des dizaines de logiciels conversationnels depuis 2002, j’ai toujours aimé parlé aux robots.

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La «dysmorphie de Snapchat» inquiète

Des chirurgiens esthétiques s’inquiètent d’un phénomène qui prend de l’ampleur, celui des patients qui cherchent à ressembler à des versions filtrées d’eux-mêmes. Si autrefois, ils venaient en consultation avec une photo d’une célébrité à qui ils voulaient ressembler, aujourd’hui, ils viennent avec un selfie retouché. «Cela crée des attentes irréalistes pour les patients parce qu’ils essaient de ressembler à une version fantasmée d’eux-mêmes”, explique le Dr Neelam Vashi, directeur du département de chirurgie esthétique du Boston Medical.

Dans un article publié dans la revue JAMA Facial Plastic Surgery, des médecins ont qualifié ce phénomène de «Snapchat dysmorphia» et ils affirment que les filtres embellissants – rendant un visage plus mince, plus symétrique et sans défaut – pouvaient avoir un impact désastreux sur l’estime de soi, entraînant une obsession démesurée sur son physique voir même de véritables troubles psychiatriques.

Dans un article titré «Bientôt les personnes les plus belles du monde ne seront pas humaines», le Washington Post décrit le succès d’une mannequin virtuelle noire appelée Shudu Gram, l’œuvre du photographe londonien, Cameron-James Wilson. Ce super model numérique a plus d’une centaine de milliers de followers sur Instagram et a été choisi par Rihanna en février pour représenter sa gamme de maquillage.

Les canons de beauté n’ont cessé d’évoluer au cours des siècles, notre époque sera-t-elle connue pour avoir idéalisé des êtres numérisés?

L’enceinte connectée, une nouvelle plateforme pour diffuser l’actualité

Les nouvelles diffusées par les enceintes connectées sont très demandées, alors la presse commence à créer des contenus spécifiques et adaptés, souvent d’une durée plus courte qu’un podcast habituel avec une fréquence quotidienne.

Ces haut-parleurs dotés d’intelligence artificielle, permettant à l’utilisateur de communiquer en langage naturel, sont encore peu présents dans nos foyers européens, mais aux États-Unis, selon eMarketer, le nombre d’utilisateurs est en pleine croissance avec une adoption plus rapide que pour n’importe quel autre appareil lancé depuis l’iPhone. Trushar Barot, Editeur Digitale à la BBC va même déclarer:

«Ils pourront potentiellement avoir un impact plus grand que l’iPhone.» 

Edison Research a récemment été mandaté pour savoir comment les consommateurs utilisaient leurs appareils. Pour jouer de la musique était sans surprise en tête de liste, suivi de poser des questions, mais aussi écouter les nouvelles.

Selon Francesco Marconi, stratège média auprès de l’Associated Press dont les propos ont été rapportés par Nieman Lab: «Notre objectif est d’accroître notre distribution et comme l’accès à l’information est l’une des premières fonctionnalités de tout nouvel appareil, les éditeurs doivent tenir compte de ce nouveau format.»

Parmi eux, la BBC est déjà en piste pour avoir mis ses chaînes de radios et ses podcasts à disposition et s’apprête à créer un contenu spécifique pour les modèles Echo et Homepod. Le Washington Post diffuse ses podcasts Daily 202 et Retropod, qui sont des formats courts, créés pour les enceintes connectées. De la même manière NPR a créé un spin-off  raccourci de son podcast Planet Money appelé The Indicator. Et une annonce récente du New York Times indique que le journal est à la recherche d’un «éditeur intelligent», afin de développer un nouveau format pour ces haut-parleurs.

De manière générale, interagir avec ses appareils par la voix devient de plus en plus courant. Dans son rapport annuel sur les tendances numériques publiées en septembre 2017, Mary Meeker a révélé que 20 % de toutes les recherches sur Google se faisaient maintenant par la voix plutôt que par la biais d’un clavier.

«L’interactivité par la voix est considérée comme la troisième vague des nouvelles technologies, après le pointer et cliquer des ordinateurs et l’interface tactile des tablettes», selon Francesco Marconi de l’AP.

Et la voix n’active pas seulement les enceintes intelligentes, Google Assistant est maintenant disponible sur plus de 400 appareils, allant des ordinateurs aux voitures, ce qui fait des appareils à commande vocale, l’interface de communication la plus prometteuse aujourd’hui. Pour la presse, il reste encore à comprendre comment monétiser ce nouveau canal de distribution.

Liens utiles:

Pour les éditeurs de presse, les haut-parleurs intelligents sont la nouvelle plateforme de diffusion pour l’actualité (Digiday UK)

L’avenir de l’information, c’est l’homme qui parle aux machines (Nieman Lab USA)