A l’ère des fake news, les poissons d’avril ont-ils encore un sens ?

Les fake news, ces fausses nouvelles volontairement présentées comme des vérités par certains médias puis propagées sur les réseaux sociaux, polluent nos lectures au quotidien et ne sont plus un exercice de l’imaginaire réservé au 1er avril.

Le phénomène de la désinformation remonte à l’antiquité mais a pris un essor particulier depuis la dernière élection présidentielle américaine. Le Washington Post a comptabilisé 2 001 mensonges proférés par Donald Trump la première année de son mandat, sans prendre en compte ses exclamations FAKE NEWS! sur Twitter en réponse à toute vérité qui ne lui convient pas.

Alors demain, dimanche de  Pâques et jour du poisson d’avril, la tradition de publier des fausses nouvelles dans la presse a -t-elle encore un sens?

Pas pour des journaux norvégiens et suédois qui ont décidé en 2017 qu’ils s’abstiendraient de participer. «Historiquement, nous avons publié des canulars très réussis en guise de poissons d’avril. Mais vu le débat et les discussions autour de la crédibilité des médias et les fausses nouvelles, nous ne voulons pas le faire cette année», a déclaré Ingvar Naslund, rédacteur en chef de Vasterbottens-Kuriren à l’agence presse TT.

La presse scandinave renonce aux poissons d’avril

La radiotélévision publique NRK et les journaux Aftenposten, VG et Dagbladet ont quant à eux déjà abandonné cette pratique.

 

 

 

 

 

 

 

Disparaître des moteurs de recherche, est-ce possible?

DIGITALE ATTITUDE : Aujourd’hui nous sommes définis par ce que Google dit de nous et parfois cette collecte de données ne correspond pas à la réalité. Heureusement, il existe des moyens de recours.

En mai 2014, la Cour de justice de l’Union européenne a ordonné aux moteurs de recherche d’accorder aux particuliers et aux entreprises un «droit à l’oubli». Ainsi, en vertu de cette décision, les citoyens européens ont la possibilité de faire recours lorsque des données qui les concernent sur Internet ne sont plus exactes ou pertinentes ou, encore, calomnieuses ou injurieuses. Tout individu peut donc demander l’effacement des pages qui le concernent en contactant l’administrateur d’un site, ou en demandant le «déréférencement» des résultats de recherche en s’adressant directement à Google, Bing et Yahoo! par le biais de formulaires spécifiques.

Alors, quatre ans plus tard, où en sommes-nous? Selon un «rapport de transparence» publié par Google en février, l’entreprise a reçu plus de 660 000 demandes pour la suppression de 2,4 millions d’adresses (URL) mais n’en aurait retiré que 43%, le géant du Web se réservant le droit de refuser s’il estime que les informations relèvent de l’intérêt général. Autres chiffres intéressants, 89% des demandes proviennent de particuliers, 18% de professionnels et 6% de criminels. Et près de 50 000 requêtes concernent la Suisse.

Un droit à l’effacement accordé aux mineurs

Le droit à l’oubli numérique n’est pas en vigueur aux Etats-Unis, la liberté d’expression et le droit à l’information étant inscrits dans la Constitution. Il y a pourtant une exception, en Californie. Depuis 2015, une loi donne le droit au moins de 18 ans d’effacer, par simple demande, leurs erreurs de jeunesse en ligne. Baptisée «Online Eraser» law, elle a pour objectif de protéger les mineurs de leur propre comportement, au cas où ils ont publié par le passé des photos compromettantes ou des propos embarrassants. Ce, pour éviter qu’ils ne traînent derrière eux une mauvaise réputation sur Internet, qui pourrait nuire plus tard à leurs chances d’être acceptés dans une bonne université ou d’être embauchés.

Il restera toujours des traces

Dans l’ensemble, ces mesures paraissent rassurantes, mais pour les Européens comme pour les adolescents de Californie, les traces numériques ne sont pas pour autant indélébiles. Dans le cas d’une demande de déréférencement auprès de Google, le contenu litigieux figurera toujours sur le site à l’origine de sa diffusion. Quant à la Californie, le jeune ne pourra réclamer la suppression de données que s’il les a publiées lui-même, par exemple sur les réseaux sociaux.

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