Un chien-robot déployé lors d’une intervention par les forces de l’ordre le 12 avril dernier dans le Bronx a suscité l’effroi des citoyens.
Dans une vidéo devenue virale, Digidog, en compagnie de policiers en tenue d’assaut dans le cadre d’une prise d’otage, a enflammé les esprits. Bien que le robot soit simplement entré en premier dans l’immeuble pour éviter de mettre en danger la vie des policiers.
Les réactions du public ont fusé. Les chiens policiers ayant traditionnellement été utilisés pour intimider les minorités, cette version robotique a été déplorée comme une militarisation inutile de la police. Les critiques ont aussi porté sur la décision prise par le conseil municipal d’allouer des fonds à ce projet sans consultation et la crainte d’une vidéo surveillance accrue dans la ville. Sous pression, le maire de New York, Bill de Blasio, a ordonné son retrait de la circulation et l’annulation de son contrat de 94’200 dollars.
Cet automate à quatre pattes à la démarche articulée fascine et dérange à la fois. Capable de se déplacer sur tous les terrains, il sait même gravir des marches et éviter les obstacles. Doté de nombreux capteurs et caméras, il se contrôle à distance comme un jeu vidéo. Des robots-chien du même type, mais assassins, ont d’ailleurs fait l’objet d’un épisode de la série télévisée dystopique Black Mirror, dans un décor apocalyptique.
Fabriqué par Boston Dynamics, Spot ou Digidog – c’est pareil – l’un est peint en jaune, l’autre en bleu – n’a pas du tout été conçu pour un usage armé, mais pour surveiller à distance sans danger, des chantiers ou des mines souterraines. ll a encore été utilisé pour garder des moutons en Nouvelle Zélande, a évité au personnel soignant des contacts rapprochés avec des patients COVID à Boston. Il a encore été déployé par le gouvernement ukrainien à Tchernobyl afin de mesurer les niveaux de radiations et depuis peu, il inspecte les voies des chemins de fer en Suisse.
Selon Michael Perry, un dirigeant de Boston Dynamics, la plupart des 500 chiens robotisés dispersés dans le monde sont utilisés par des entreprises de services publics et seuls quatre d’entre eux sont dans des postes de police.
Le New York Times dans un article fascinant il y a quelques années, intitulé: «Comment les robots réussissent à se faire aimer», explique que l’être humain est prédisposé à attribuer des états d’âme aux objets s’ils font preuve d’autonomie et peut même avoir des sentiments pour eux. C’est le cas pour les robots démineurs dans les zones de conflit, auxquels les soldats sont très attachés, pour avoir fait la guerre à leur côté, et dans le civil, des familles entières se prennent d’affection pour le l’aspirateur-robot circulaire appelé Roomba.
Certainement que la communication autour de Digidog à New York n’a pas été la bonne. Il aurait fallu faire un effort particulier, car il faut l’avouer, le voir déambuler, fait froid dans le dos. Le contexte politique n’a pas aidé non plus, dans un climat de Black Lives Matter. «Nous aurions dû l’appeler Lassie» a rajouté Perry.
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Sources:
The Verge / The New York Times / BBC / Vice