En politique, le compromis est un instrument de la démocratie. Tu penses A, je pense Z, pour tenir le pays debout et essayer de le faire avancer il faut bien que nous cherchions une solution intermédiaire, qui va tirer un peu plus d’un côté ou de l’autre. Idéalement en fonction du poids des opinions A et Z dans la population, moins idéalement selon les rapports de force en termes de realpolitik, mais la perfection n’est pas de ce monde.
Le compromis n’est pas une opinion politique, ce n’est en fait l’opinion de personne. C’est l’aboutissement d’un processus, d’une confrontation où chaque partie perd quelques plumes. J’en déduis que la notion de compromis n’a rien à voir avec le Centre en tant que futur nom possible de l’actuel Parti Démocrate Chrétien. Les partisans de la réforme, en effet, le soulignent : la nouvelle marque correspond bel et bien à un système d’opinions à part entière, pas à un avorton de carpe et de lapin. C’est un socle de valeurs, pas le résultat d’un coupage de poire en deux.
C’est bien. Un parti doit avoir une identité, des idées propres. Il serait lamentable que sa ligne résulte simplement d’une sorte de rumination des désaccords qui divisent les autres protagonistes de la scène politique. Le compromis doit rester cet honnête pis-aller dont les partis s’accommodent par souci du bien commun, il ne peut en aucun cas devenir la colonne vertébrale d’une formation politique digne de ce nom. On ne devient pas Centre, on naît tel.
Cela étant dit, il y quand même un petit problème, c’est justement la dénomination proposée par la direction du PDC. De quoi le Centre est-il le centre, de quelle cible ? Si sa ligne ne se résume pas à son équidistance des autres formations du paysage politique – ce qui nous ramènerait à l’hypothèse déprimante d’un compromis prédigéré – à quoi cela rime-t-il d’y mêler la géométrie ?