Quand Doris Leuthard va partir, la Suisse pourrait se retrouver avec une seule femme au Conseil Fédéral. Est-ce grave ? Certainement. Pourquoi ? Parce que les Suissesses, qui constituent 52% de la population, ne seraient plus représentées au gouvernement que par une personne sur sept…. Non, désolée, cette manière de dire les choses n’est pas correcte. Doris Leuthard et Simonetta Sommaruga ne représentent pas les femmes de ce pays, ce sont des femmes qui ont été choisies pour représenter l’ensemble de la population. Nuance.
Le terme de représentativité est utilisé à mauvais escient plus souvent qu’à son tour. Le problème n’est pas d’arriver à faire élire des personnes qui, de par leur sexe, seraient automatiquement représentatives de la moitié féminine de la population. Cet automatisme n’existe pas, bon nombre des politiciennes ne défendent pas du tout les intérêts des femmes et n’ont aucun titre à les représenter. Le problème est d’arriver à faire en sorte que, dans le fonctionnement du système, il y ait autant de femmes que d’hommes, quelles que soient leurs positions politiques – même frauenfeindlich – qui seraient appelées à représenter le peuple dans sa totalité. C’est d’ailleurs ce même principe qui devrait être clairement rappelé quand on élit, par exemple, un Ignazio Cassis au Conseil Fédéral. Les Tessinois ont droit à ce qu’un.e des leurs figure parmi les autorités exécutives du pays tout simplement parce que le pouvoir doit être réparti entre les différentes composantes du dit pays. Point barre.
Si on avait le courage de poser la question en ces termes, on s’apercevrait que ce qu’on appelle la sous-représentation des femmes en politique ne tient pas à la difficulté de reconnaître à la majorité discriminée de la population le droit d’être représentée au gouvernement en fonction de son importance numérique, mais bien à la résistance inavouée des hommes, dans la plupart des partis, à admettre que des femmes peuvent les représenter. Eux.