Le 14 juin 1991, lors de la première grève des femmes, je portais un magnifique t-shirt fuchsia avec dessus écrit : Women’s studies (une discipline qui en ce temps-là donnait des boutons d’allergie à la plupart des mandarins académiques). Je l’ai revu il y a quelques temps sur une photo où je tiens l’échelle à une autre femme en train de changer un nom de rue. Malheureusement, je ne sais pas où il est passé. Il a disparu dans un déménagement, ou bien je l’ai jeté parce qu’il était usé. Il va falloir que je m’en rachète un. Je ne suis pas du genre à faire des frais de toilette pour un mariage – mais là c’est différent, ça s’impose !
Beaucoup de choses ont changé en dix-huit ans, et pas seulement les Women’s studies, qui ont désormais conquis leur place dans les cursus des universités. Par exemple, cette mère au foyer du reportage de «Temps présent » consacré, à l’époque, à cette grève inouïe: prenant conscience qu’elle travaille douze heures par jour gratis, elle suspend, comme des milliers d’autres, son balai à la fenêtre. Probablement sa fille exerce un emploi à temps partiel, elle a un compagnon qui s’acquitte, sur instructions, d’environ un quart des tâches domestiques et les douze heures par jour, elle les passe, comme on dit, à «concilier». Cette fois, il y aura sûrement moins de balais aux fenêtres – peut-être des sacs de cailloux représentant la charge mentale, ce nouveau fardeau des mères de famille «libérées»? Ce qui est sûr, c’est que de nouveau la grève de cette année mettra l’imagination des femmes au pouvoir, sous des formes inédites, pour appuyer là où ça fait mal maintenant – les injustices anciennes qui étaient restées cachées et celles, nouvelles, produites par une «égalité» boiteuse.
«Vous y étiez ?» m’a demandé une jeune femme inconnue à une projection publique de ce «Temps présent» historique. «Bien sûr !» «Et cette année, vous y serez ?» «Evidemment !» Cette jeune femme m’a émue et je lui ai souhaité mentalement d’éprouver dans vingt ans, ou dans quarante, ce même bonheur : d’avoir été une féministe au long cours, de s’être battue, avec ses amies les plus précieuses, pour essayer de changer la vie de toutes les femmes, d’avoir connu et de connaître encore la sororité de l’engagement partagé.
Je ne sais pas comment les autres hommes ressentent toute cette effervescence soi disant féministe. Mais moi je ressens tout cela comme à la fois loufoque, déplaisant, ridicule, pénible, hostile envers les hommes, offensant, désagréable, et surtout mensonger car cela insinue la thèse que les femmes, qui en réalité ont toujours mené le monde, sont des perpétuelles victimes. C’est une imposture.
Prenons juste un exemple: j’apprends que certaines femmes ont manifesté leur mauvaise humeur et leur révolte en suspendant un balai à leur fenêtre. Les bras m’en tombent: si une femme est malheureuse parce que son mari est un goujat qui la considère comme une boniche et ne lui donne pas d’amour, alors qu’elle quitte cette brute et qu’elle divorce! Le divorce existe. Mais si elle tient malgré tout à rester avec cet homme, alors il ne faut pas lui faire un affront aussi grossier que de suspendre son balai à la fenêtre. A quoi ça rime? Une telle femme se comporte de manière inqualifiable envers son homme. Elle mériterait d’être giflée par lui.
Fort heureusement beaucoup de femmes ne sont pas comme ça. La majorité sans doute ne l’est pas. C’est ce qui fait que la vie reste vivable. Par exemple, jamais ma femme, qui est une femme très moderne, universitaire, cadre supérieure, etc., n’aurait des idées pareilles. Elle apprécie que je prenne ma part de tâches ménagères, mais elle ne se sent pas brimée de faire la cuisine. Il y a beaucoup de choses, dans notre vie domestique, qu’elle fait spontanément sans que je le lui demande. Et je lui en suis reconnaissant.
Il y a plusieurs points dérangeants ne prenant pas du tout en compte l’aspect systémique de ces problématiques dans votre commentaire, que Madame Ricci Lempen prendra très certainement le temps de déconstruire de meilleure manière que je ne saurais le faire. Je souhaitais uniquement relever que dire qu’une femme suspendant un balai à la fenêtre fait “un affront grossier” à son mari et “mériterait d’être giflée par lui” est un appel à la haine et à la violence qui n’est en aucun cas justifiable. En Suisse, une femme décède toutes les deux semaines sous les coups de son conjoint (source: Office Fédéral de la Statistique), ce n’est donc pas du tout un sujet de plaisanterie!
Pour plagier votre commentaire, malheureusement beaucoup d’hommes pensent encore comme vous. Une minorité sans doute. Mais c’est ce qui fait que la vie reste dangereuse (bien que vivable) pour les femmes dans notre société. Je vous invite à vous renseigner plus en détail sur ces problématiques avant d’émettre un avis si tranché.
Une femme parmi les autres répond sérieusement à un homme, parmi les autres aussi ou seul, qui sait rédiger (orthographe, grammaire, style). Mais cela suffit-il pour croire que l’intention première de celui-ci est de partager un honnête échange d’opinions ?..
Personnellement, en lisant son commentaire, je l’ai cru avant d’arriver à la fin du deuxième paragraphe : « Elle mériterait d’être giflée par lui ». Et au terme du troisième, qui clôt le commentaire, j’ai compris que l’homme qui ne sait pas vivre parmi les femmes félicite certainement son épouse qui fait « spontanément » ses devoirs « sans qu’il le lui demande… » Et si elle avait l’idée de lui dire non ? Il lui donnerait une gifle ? Je ne lui pose pas la question, je ne souhaiterais pas de réponse de sa part, j’ai un grand doute sur la réalité du tableau qu’il donne de la vie harmonieusement partagée avec l’universitaire heureuse qui sort un bon gâteau aux pommes du four pendant qu’il s’instruit en lisant Le Temps, prêt à donner un coup de main si nécessaire. Parce que si cette épouse modèle ne devait être qu’imaginaire, je préfère laisser rêver Monsieur « Homme » à la belle histoire qui l’aide à se sentir moins accablé quand il sort sa pizza surgelée du carton pour la mettre dans le micro-ondes…
L’auteur du commentaire auquel vous vous référez a envoyé un autre commentaire trop long pour être passé et répétitif. S’il veut vous répondre succinctement, courtoisement et en apportant des éléments nouveaux, je lui redonnerai la parole.
Effectivement ma réponse a été passée à la trappe par Mme Ricci-Lempen. Notez, c’est son droit. Car c’est son blog.
En résumé je disais à une femme parmi d’autres que je n’appelle ni à la haine ni à la violence, simplement j’estime que c’est une injure grossière de la part d’une femme, de pendre un balai à la fenêtre. Car c’est s’adresser aux passants en leur disant: “ici habite un couple dont la femme est brimée et dont l’homme est une brute machiste qui la contraint à être sa servante”. J’estime que cela est une insulte publique, et on n’a pas le droit d’attendre de l’offensé qu’il subisse cela sans réagir.
Si cette femme se sent brimée, il faut qu’elle divorce, car les brimades infligées constituent une rupture fautive du lien conjugal. Mais si cette femme n’a pas l’intention de quitter son homme, alors il faut qu’elle ait avec lui une explication et obtienne un changement d’attitude permettant de sauver leur couple. Si elle l’insulte publiquement, elle se rend fautive et son comportement n’a aucune excuse. Le féminisme en l’occurrence n’est pas une excuse.
Je faisais aussi une réflexion d’ordre général pour critiquer le féminisme qui a toujours fonctionné comme un appel à la guerre des sexes. Je reconnaissais qu’une évolution des relations entre hommes et femmes était nécessaire, dans un monde qui change. Les femmes avaient raison de réclamer le droit de vote, l’accès aux professions, etc., mais les évolutions ne devaient pas se faire dans la guerre des sexes. Je m’en suis pris en termes acerbes au excès du féminisme qui, selon moi, sont cause du fait que cette idéologie est actuellement très décriée dans une part de plus en plus large de la société.
J’ai également critiqué la mentalité déplorable de tant de femmes gâchées par cette tendance, qui veulent le beurre et l’argent du beurre: à la fois elles refusent les tâches ménagères et exigent tous les droits, mais elles continuent à exiger d’un homme qu’il apporte le plus possible d’argent et elles sont encore plus intéressées qu’à aucune autre époque par les avantages matériels que peut apporter ou non un homme, ayant tendance à le lâcher vite fait pour peu qu’il ait des difficultés comme chômage ou faillite. Je connais beaucoup de cas dramatiques d’hommes dont la vie a été brisée et qui se sont retrouvés quasiment sur la paille à cause de telles femmes “libérées”. J’ai été un peu long car j’ai voulu être nuancé et donc reconnaître qu’il y a aussi des femmes bien et des salauds qui ne paient pas les pensions alimentaires alors qu’ils en auraient la possibilité. Cette fois j’abrège et je serai donc moins nuancé. Désolé.
Finalement je voudrais dire à Dominic que je me fous complètement de ses insinuations malveillantes. Comment peut-il avoir l’outrecuidance de prétendre connaître ma vie? Est-ce que je me permets de telles suppositions le concernant? Pensez ce que vous voulez Dominic, ma femme est une perle. Elle correspond au portrait que j’en ai fait. Elle est brillante, elle a des responsabilités et elle fait bien la cuisine. Elle est aussi tout à fait anti féministe. C’est ce qui a atténué ma misogynie depuis que j’ai eu la chance de la rencontrer.
Mais il faut dire que le féminisme porte la responsabilité du fait que les hommes sont, dans l’ensemble, devenus extrêmement misogynes, et révoltés par beaucoup d’injustices causées par la mentalité détestables des femmes féministes.
Je n’ai pas réussi à faire vraiment court, mais c’est déjà moins long que la première version. J’espère que le calibrage sera jugé acceptable par la maîtresse de maison.
Avec les compliments d’un homme parmi d’autres
“Beaucoup de choses ont changé en dix-huit ans…”
Les touches 1 er 2 sont l’une à côté de l’autre sur le clavier de l’ordinateur, un simple tremblement de doigts peut nous rapprocher de nos souvenirs de dix ans ! Si seulement ce n’était que les doigts qui pouvaient se tromper, et que le temps ne filait pas de plus en plus vite, pour que nous puissions croire que dix ou vingt ans c’est encore beaucoup…
Je remonterai plus loin dans mon passé que Madame Lempen, pour revenir à aujourd’hui. Je suis heureux pour les hommes et les femmes que le secret d’un mariage réussi ne soit plus un tablier de cuisine bien repassé, ni le compte d’épargne du mari qui nécessitait une procuration pour que sa deuxième moitié puisse accéder au fruit de son travail, en échange d’un bon gâteau aux pommes servi avec le sourire. Ceci est mon dernier commentaire si Madame Lempen souhaite le publier.