Ce que montrent les films de poursuite.

Le Casse d’Henri Verneuil, film de cambriolage tourné à Athènes en 1971, comprend une impressionnante course poursuite entre la Fiat 124 de Jean-Paul Belmondo et l’Opel Rekord d’Omar Sharif. Des rues étroites du Pirée, les bolides empruntent l’avenue côtière jusqu’à Glyfada pour revenir finalement au point de départ. Véritable promenade touristique à 120 km/h, la poursuite athénienne laisse apparaître ce qui ni le metteur en scène, ni les instances locales qui l’ont conseillé, ne souhaitaient faire figurer dans le film. Aux abords de l’hippodrome, des affiches de propagande montrent le soldat émergeant tel un phénix des flammes, vantant le régime dictatorial qui gouverne le pays depuis la « révolution » du 21 avril 1967.

Le Casse, 1971

Cette brève intrusion d’une cruelle réalité politique dans un plan orchestré dans ses moindres détails, constitue un plaidoyer en faveur du film de poursuite comme genre, dans sa disposition à déborder du cadre contrôlé qu’il se fixe. Plus le plan est long, plus il est susceptible d’inclure des éléments authentiquement documentaires sur les lieux traversés.

L’emblème de la dictature des colonels.

(Extrait de l’article Athènes palimpseste phalérique paru dans Artpress no.459 _ Octobre 2018)

Christophe Catsaros

Christophe Catsaros est un critique d'art et d'architecture indépendant. Il a notamment été rédacteur en chef de la revue Tracés de 2011 à 2018. Il est actuellement responsable des éditions du centre d'architecture arc en rêve, à Bordeaux.

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