Case Design – A School in the Making : la contribution d’Archizoom à la biennale d’architecture de Venise

Quand l’acte de construire se nourrit du processus pédagogique : l’Avasara Academy en Inde.

Image: Ariel Huber

La construction d’une école, plus que de n’importe quel autre édifice, permet à l’architecture de se déployer en tant qu’acte social. Il y a, dans le fait de construire un lieu d’enseignement, un supplément de sens capable de rendre à l’architecture l’une de ses caractéristiques fondamentales : celle qui consiste à produire les communs, à matérialiser ces fonctions symboliques qui font qu’un ensemble d’individus fait société.

Quand cette école s’avère être le fruit du travail d’anciens collaborateurs de Studio Mumbai (Case Design, Samuel Barclay, Anne Geenen), on peut, à juste titre, s’attendre à de très belles choses : une prolifique rencontre entre les fondamentaux tectoniques modernes (un Dom-Ino corbuséen brut de décoffrage), un aménagement intérieur remarquable, savant mélange d’éléments récupérés et d’objets confectionnés par des artisans, et une solide performance climatique et environnementale, plus low que high-tech.

Image: Ariel Huber

L’école de jeunes filles Avasara en Inde est une construction syncrétique comme on en croise rarement de nos jours. Un de ces projets où le fond épouse la forme. Exposée en bonne place dans l’Arsenal à la Biennale de Venise, l’école fait l’objet d’une publication aux éditions Archizoom. Recueil photographique d’un chantier en site occupé qui s’est étalé sur dix ans, l’ouvrage comporte aussi de nombreux témoignages tant des commanditaires que des concepteurs et des bâtisseurs. Les textes, en anglais, confirment ce que les images laissent entrapercevoir : que la construction d’une école atteint son plus haut niveau quand l’acte de construire parvient à se nourrir du processus pédagogique. Quand l’école parvient à instruire les bâtisseurs sur ce qu’ils sont appelés à faire.

Image: Ariel Huber

L’édition à la reliure suisse, sans couverture, est à l’image de l’architecture rudimentaire et qualitative qu’elle documente. L’iconographie généreuse permet de comprendre l’esprit du lieu : sa structuration moderne, simple et lisible, relevant du plan libre. L’honnêteté constructive est ici au service du rafraîchissement passif de l’ensemble qui, notons-le au passage, n’est pas climatisé. L’absence de faux plafond, les sols minéraux et les parois en béton brut contribuent au renouvellement de l’air par les conduits de ventilation verticaux qui émergent sur le toit et constituent les véritables attributs architecturaux des trois bâtiments. Des portes en bois récupérées dans une ancienne école démolie de Mumbai au mobilier fait main, sans oublier un aménagement paysager capable de générer une partie des fruits et légumes qui nourrissent les écolières, l’ensemble est remarquable sur toute la ligne.

Image: Ariel Huber

Le terrazzo des sols et la mise en couleur réalisée par la coloriste danoise Malene Bach confèrent aux bâtiments cette qualité que l’on aime attribuer au premier modernisme du Bauhaus, celui des pionniers qui, de Weimar à Berlin, ont su théoriser la rencontre fructueuse entre une esthétique moderne, fonctionnelle et un artisanat réinventé.
Si le Bauhaus est peu mentionné dans les textes de l’ouvrage, il est difficile de ne pas y penser. Ce projet fait indéniablement partie de ce que la Biennale a de meilleur à montrer.

Article paru dans la revue Tracés.

Christophe Catsaros

Christophe Catsaros est un critique d'art et d'architecture indépendant. Il a notamment été rédacteur en chef de la revue Tracés de 2011 à 2018. Il est actuellement responsable des éditions du centre d'architecture arc en rêve, à Bordeaux.

Une réponse à “Case Design – A School in the Making : la contribution d’Archizoom à la biennale d’architecture de Venise

  1. Belle foutaise avec des yeux européens, ou quand l’Europe pense penser en Munbai.
    Allez-y un peu plus à l’intérieur. Pensez-vous que ces gens en ont à faire d’un designer danois?
    Que leur école soit exposée à Venise, comme recyclo-Art? Ils ne savent même pas où c’est!

    Ils veulent manger, avoir un toit, une voiture, voyager…
    Rien d’extraordinaire, en somme!

    Alors halte aux neo-colons qui pensent qu’ils ont inventés la roue médiatique, please!!!!!

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