Bizarrerie électorale

En examinant mon matériel de vote d’électrice vaudoise, je constate une bizarrerie. Sept des douze candidat.e.s de la liste numéro 4 font mention de leur état civil et du nombre de leurs éventuels enfants – et ceci le plus souvent en première position sur la ligne qui leur est octroyée pour se présenter, comme si là était l’essentiel de leur identité. Cette liste se dénomme PDC ouVERTure, et son logo est identique à celui de la liste 18, celle du PDC tout court, où un phénomène similaire se produit. Ici les candidat.e.s qui se déclarent marié.e.s et/ou parents sont aussi majoritaires (neuf sur dix-sept), même si seulement quatre d’entre eux (deux hommes et deux femmes) commencent par donner cette information sur leur ligne de présentation.

En parcourant les autres listes en croix, car il y des limites au dévouement électoral, je repère ici ou là un «père de famille» ou une «mère de deux enfants», mais rien de comparable avec les deux listes PDC, ce qui au fond se comprend, ce parti s’autoproclamant celui «de la famille». Je m’étonne au passage que Claude Béglé, tête de liste du PDC tout court dans le canton de Vaud, s’abstienne de faire valoir, dans cette optique, son statut d’homme marié et surtout ses six enfants (nous n’avons pas gardé les cochons ensemble, j’ai juste regardé sur Wikipedia). Mais c’est vrai qu’il a fait beaucoup de choses dans sa vie, et une ligne, c’est court.

La liste PDC ouVERTure comporte une seule femme sur douze, ce qui me semble quelque peu contradictoire avec l’ouverture proclamée. Celle du parti «père» en comporte cinq sur dix-sept, ce qui est à peine mieux mais s’explique sans doute par la difficulté de trouver une sixième femme kamikaze. Quoi qu’il en soit, dans tout ça, ce qui me préoccupe le plus, c’est le mal-être existentiel probable qui doit accabler les candidats 11 et 12 de la liste 4, les seuls des deux listes PDC à avoir osé se déclarer ouvertement célibataires et même, pour l’un d’eux, célibataire sans enfants. Ça doit être dur. Bien que je n’aie aucune intention de voter pour eux, je leur exprime ma solidarité.

Silvia Ricci Lempen

Silvia Ricci Lempen est écrivaine. Son champ d’investigation préféré est celui des rapports entre les femmes et les hommes: un domaine où se manifeste l’importance croissante de la dimension culturelle dans la compréhension des fonctionnements et dysfonctionnements de notre société.

5 réponses à “Bizarrerie électorale

  1. Heu… c’est de l’humour? Je ne percute pas là…
    Je ne vois vraiment pas pourquoi être célibataire serait une tare méritant qu’on s’apitoie sur leur sort. Je trouve ça assez satisfaisant, cet type d’état civil.
    D’autant que ça n’empêche nullement d’avoir des amies, des amantes et des voisines charmantes. C’est même un plus.

    PDO

    1. Oui, c’est de l’humour, ou plutôt de l’ironie, sur l’importance que l’état-civil et la parentalité semblent avoir pour les candidat.e.s de ce parti.

  2. Merci. Me voila rassuré. Je me disais qu’un petit indicateur pour le préciser aurait été bien. Mais bon, il est aussi possible que ce soit moi qui sois très con. C’est à envisager.

    PDO

  3. Il y a aussi un candidat dont la profession est “Polyvalent” … dont j’avoue ne plus me souvenir sur quelle liste il est candidat !

    Polyvalent en quoi ?

  4. Cela fait longtemps que les politiques (le terme politicien est péjoratif) mettent en valeur, quand ils le peuvent, la situation familiale.
    Demain le luxe serait du style : marié avec une personne du même sexe ayant adopté et GPAé 2 ou 3 enfants à grands frais qui vont choisir leurs sexes à 18 ans (c’est le cas déjà en Suède).

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