L’Internet est déchu de sa lettre de noblesse

Le New York Times vient d’annoncer que dès le mois de juin, le mot Internet sera écrit avec un «i» minuscule. Et j’en ressens une profonde tristesse.

«À notre avis, l’Internet est devenu un mot générique, comme ‘électricité’ ou ‘téléphone’. La FFC a annoncé cette année que le réseau serai régulé comme un service d’utilité publique, alors de la même manière que nous ne mettons pas de majuscule à ‘cable’, nous ne devrions pas mettre de majuscule à ‘Internet’.»

Le New York Times s’est aligné à la recommandation de l’Associated Press Stylebook, une bible de la grammaire rédigée par un collège de journalistes qui exerce la plus importante influence sur le language écrit.  La plupart des titres de presse américains se réfèrent à ce guide pour leurs corrections d’épreuves et les dictionnaires s’en inspirent pour réviser chaque nouvelle édition. C’est le AP Stylebook qui a initié les changements de «e-mail» en «email» et «Web site» en «website.»

L’Internet est d’utilité publique, sans aucun doute. Mais c’est beaucoup plus que cela. C’est un espace d’échanges et de vie plus vaste que n’importe quel pays ou continent. Son accès est même devenu un droit fondamental, reconnu officiellement par le conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2012.

En aucun cas ne peut-on lui attribuer la même valeur que le mot «cable,» objet physique, inerte et sans âme.

Si il y a un mot dans le dictionnaire qui mérite une majuscule, c’est bien Internet. Son existence a changé notre manière de vivre, d’aimer, d’échanger et d’entreprendre. Même si pour la génération d’aujourd’hui son accès est un acquis, lui supprimer sa lettre de noblesse le réduit et renie ses débuts. Une époque il y a vingt ans, où l’on parlait de la cybersphère et où l’on faisait ses premiers pas comme à la découverte d’un nouveau monde.

Emily Turrettini

De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendances.