Sauvetage en haute mer démocratique

Le jour se lève.

Les eaux se sont apaisées.

Je suis nullement satisfait.

A peine soulagé.

Le peuple n’a pas gagné. Il a seulement rattrapé l’incapacité de son Parlement à s’opposer à une initiative nuisible et anticonstitutionnelle.

Une majorité des votants a compensé la faiblesse de ses représentants.

Le long de ses quatre dernières années nous avons hérité d’une Assemblée fédérale terriblement peureuse et silencieuse.

Patrick Marione

(Photo de Patrick Marione. 2013)

« Le silence des bons est plus terrible que les actes des méchants. » (Formule attribuée à Martin Luther King)

Même l’équipe de football la plus populaire d’un championnat ne peut pas bafouer les règles d’arbitrage. Que s’est-il donc passé depuis fin 2012 ? Pourquoi l’UDC, avec son initiative de renvoi effectif des étrangers criminels, n’a pas été sifflée “hors jeu” sur le terrain parlementaire. Le 20 mars 2015 l’Assemblée fédérale aurait dû avoir le courage d’invalider cette initiative et de la refuser au vote.

Je ne peux pas me réjouir des résultats de cette votation car si celle-ci avait trouvé ne serait-ce qu’une petite majorité, les fondements policiers auraient été purement et simplement annihilés !

Les expulsions automatiques auraient été exécutées par des policiers qui, soudainement, se seraient vu amputés d’un des quatre principes de base(*) qui régissent leurs missions. Le principe de conduite au procès équitable – travail existentiel du policier exécutif qui consiste à dresser les faits constatés pour les déposer au pouvoir judiciaire – aurait été jeté à la mer et coulé dans les fonds marins. Aucun garde-fou n’aurait été, alors, si puissant pour empêcher que des policiers viennent arrêter, à trois heures du matin, votre employé ou votre beau-frère, sans que ces derniers puissent bénéficier d’un jugement et d’une défense digne de ce nom. Nous aurions alors découvert des polices totalement désarticulées, privées de leur capacité de maîtrise, peut-être même livrées au zèle de quelques dirigeants extrémistes.

Car malgré le résultat de cette votation, une question subsiste :

Comment est-ce possible de revendiquer plus de sécurité publique tout en se moquant de la maîtrise ou du principe de base de celles et ceux qui en ont la charge ?

Ne baissons pas la garde, de nouvelles tempêtes sont à prévoir.

(* Les trois autres principes de base du policier suisse sont le respect de la présomption d’innocence, le respect de la sphère privée et le respect absolu de l’intégrité physique, morale et psychique des personnes interpellées ou/et placées en garde à vue ou en détention provisoire.)

Un temps sabbatique pour les policiers

(2 minutes de lecture – Le féminin est compris dans le texte)

Nous sommes très satisfaits de nos polices.

Année après année, les études réalisées par l’Académie militaire et le Center for Security Studies de l’EPF de Zurich le démontrent.

https://www.news.admin.ch/message/index.html?lang=fr&print_style=yes&msg-id=57451

En leurs qualités organiques, les polices l’emportent même au palmarès de la confiance que la population accorde à nos institutions et à nos autorités, devant les tribunaux et le Conseil fédéral. Il en est de même, en Europe de l’Ouest, pour tous les métiers liés au secourisme.

Ce succès d’appréciation est une excellente raison pour encourager la transition professionnelle.

Nos analyses de pratique signalent une démotivation du policier suisse après six ou sept ans d’exercice. L’agent de pouvoir se met alors à douter des institutions qui l’emploient et finalement du bienfondé de son action. Il est à la fois jeune (dans l’exercice de sa fonction – non par son âge) et expérimenté. Il connaît son métier mais souffre d’un manque de reconnaissance de la part de sa hiérarchie. Il subit une pression administrative perçue comme une entrave dans sa réalité quotidienne faite d’imprévus, de peurs et d’urgences. C’est à ce stade temporel des carrières que l’on enregistre le plus grand nombre de cassures psychologiques, de frustrations et de désillusions ; avec pour conséquences, des fautes ou des erreurs qui portent préjudice aux personnes interpellées et, finalement, aux policiers eux-mêmes.

 

Une vacance professionnelle pour se sentir mieux et régénérer ses ambitions.

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(Photo libre de droit)

Ce serait donc l’occasion d’offrir à l’agent de la fonction publique un séjour professionnel dans un autre service d’Etat, dans une institution ou une entreprise ; à l’exemple d’un hôpital universitaire (accueil, sûreté, service patients, etc.), d’un centre d’accueil pour requérants d’asile, d’une entreprise frontalière ou internationale comprenant, en sus, un apprentissage linguistique. Le policier bénéficierait ainsi de nouveaux horaires et pourrait se perfectionner dans des habilités complémentaires. Pour les Corps de polices de petites tailles, un tel stage peut être compensé par un échange de personnes au sein même de la commune ou du canton ; cela concernerait des employés assermentés et actifs dans certains services fiscaux ou d’inspection du travail.

Encourager l’échange pluridisciplinaire c’est renforcer l’employabilité et les compétences des policiers.

Si les ambassadeurs des institutions les mieux cotées du pays se mettaient à la disposition d’autres services étatiques et d’entreprises tierces, nous gagnerions un regain d’intérêt en faveur du bien public et des métiers policiers en général. Le secteur privé l’a déjà compris.

L’état d’urgence en France : un abîme

(le féminin est compris dans les formulations suivantes)

Le policier n’est pas habilité à la guerre.

Le militaire n’est pas habilité à la paix.

Les déviances les plus insoupçonnées se logent dans les entrailles des institutions de polices. Elles se nomment : frustration, fatigues chroniques, manque de reconnaissance, corruption, effets de groupe comme la redevabilité et l’aveuglement, banalisation de la violence, vengeances, traumatismes, etc.

Sous nos latitudes, le policier dispose – s’il a le courage de les solliciter – de l’appui de psychologues, d’éthiciens et de pédagogues pour contenir et repousser, voire résoudre, ses maux de « ventre ».

En Suisse, par exemple, celui qui s’engage dans la voie du diplôme supérieur de policier – comparable à la maîtrise professionnelle après le Brevet fédéral – débute son programme de cours par l’étude des transgressions. Celles qui affectent le bienfondé de l’Etat qu’il sert, les résidents qu’il protège et finalement son métier. Et, comme chacun le sait, ce métier, pour ne pas dire cette vocation, repose sur les Droits humains constitutifs de l’Etat démocratique.

La prolongation de l’état d’urgence en France (voir détails, chiffres et faits en activant ce lien).

La prolongation de l’état d’urgence en France ouvre une brèche dans laquelle les policiers, les premiers, risquent de sombrer.

Je connais déjà plusieurs agents qui sont sérieusement atteints dans leurs valeurs. Celles-là même qu’ils tentent de transmettre à leurs enfants… J’espère qu’ils seront soignés et que leurs séquelles ne les précipiteront pas dans les ténèbres.

L’état d’urgence est donc un – état – d’exception particulièrement déstabilisant pour un système politique et professionnel bâti au fil des siècles sur l’équilibre des forces.

La proclamation de l’état d’urgence après les terribles attentats du 13 novembre était, sans doute, nécessaire. Mais, la prolongation de ce qui ne peut durer présente des contours contre-productifs et contre-exemplaires. C’était prévisible, des policiers peu professionnels et vindicatifs ont commis des abus, pressés qu’ils étaient d’ “abattre” des affaires. Pourtant, aucune enquête sérieuse ne saurait être solidement étayée dans le feu des émotions.

Ont-ils conscience, ces policiers vulnérables, et leurs hiérarchies, de réveiller en leurs seins des démons d’outre temps plus forts qu’eux ?

Voici ce que déclarait, il y a trois ans, un policier français expérimenté en conclusion d’un séminaire sur la prévention des dérives policières :

“Dans le job de policier, nous ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous sommes limités dans notre déploiement. Jamais aussi bons que dans le strict cadre de nos lois, sans exception; jamais aussi bons que dans l’exercice de nos autocritiques, sans concession; jamais aussi bons que sous l’oeil vigilant et actif de la société civile et des organisations de défense des Droits de l’Homme.

Ces dernières ne sont pas des entraves mais nos anges gardiens. Je dis bien nos anges gardiens.

Elles nous invitent à faire mieux, elles nous autorisent à nous satisfaire et à nous libérer des poids lourds de notre conscience. Et, surtout, elles nous donnent la garantie de pouvoir nous réjouir chaque matin, devant notre miroir, d’un monde plus juste.”

Crimes, délits et châtiments (suite…)

Le processus de fabrication démocratique et parlementaire a été bafoué. L’initiative de renvoi des étrangers délinquants est injustifiée et dangereuse. Elle ne soutient pas le travail de la justice ni de la police.

En cas d’acceptation, le retrait de l’autorisation de séjour provoquerait une recrudescence de clandestins. L’expulsion automatique, sans discernement, ouvrirait la voie à l’arbitraire… portant atteinte, tôt ou tard, à nos liens familiaux et professionnels.

Même les missions des polices s’en trouveraient affectées.

Des policiers au passeport étranger sont actifs dans plusieurs cantons suisses !

Les polices cantonales de Bâle-Ville (depuis 1996), de Schwyz, Neuchâtel et Jura comptent dans leurs rangs des policiers de nationalité étrangère. A Genève, les personnes étrangères sont admises en formation de police mais doivent obtenir leurs naturalisations pour l’examen du Brevet fédéral. – En passant, permettez-moi de douter des intentions de plusieurs militants genevois en faveur de cette initiative de renvoi. Eux-mêmes sont d’anciens policiers, ressortissants étrangers, et recruteurs de personnes étrangères …  –

Bref, dans ces cantons, l’expérience est saluée. D’autres gouvernements cantonaux envisagent d’ouvrir leurs effectifs aux étrangers.

Pour conclure, je voudrais exposer un exemple, plus que probant, auquel je serais confronté, sur le plan professionnel, si le peuple suivait l’avis des initiants. En analyse de pratique, on appelle cela un dilemme éthique.

Cas de figure

Voici la situation du policier bâlois prénommé Diego (fictif) arrêté par ses pairs et contraint à l’expulsion. Pourquoi ? Deux condamnations. Une première fois, il a été condamné pour conduite en état alcoolisé. Suite à son divorce, il a traversé une période difficile. Dans les milieux de police comme partout ailleurs de tels incidents se produisent. Les aléas de la vie le conduisent, ensuite, dans une seconde affaire privée. Il est maintenant impliqué dans une bagarre, avec blessés, malheureusement. Mon hypothèse est la suivante :

tandis que l’expulsion du pays serait certaine, celle de la police… ? Beaucoup moins.

La hiérarchie policière sanctionnerait son employé mais saurait, assurément, le protéger de toute expulsion de sa famille corporative.

 

 

Crimes, délits et châtiments

Lire également le blog de Suzette Sandoz du 22 janvier 2016 intitulé “Chers concitoyens, on vous trompe : réagissez” – avec une précision chronologique remarquable – qui démontre l’usurpation de l’UDC.

Nous l’avons été, nous le sommes, ou le serons, un jour ou l’autre, tous, confrontés ou liés à un délit ou à une irrégularité de nature criminelle. C’est la vie.

C’est même la condition d’apprentissage de la vie.

Ce sont les difficultés que nous devons traverser ou que nous héritons.

C’est par cette prise de conscience que je débute tous les cours du diplôme supérieur de policier suisse.

L’exercice policier s’essouffle très vite sans cet effort d’introspection. Une introspection qui est professionnelle et institutionnelle. Naturellement, elle survient après le soin élémentaire apporté aux victimes, lorsqu’il s’en trouvent, et après les condamnations judiciaires.

Le policier maîtrise ses pouvoirs, avec soin, parce qu’il ne les détient pas. A l’échelle de l’état social, il en est de même. Vouloir déjouer les anticorps de notre construction démocratique et confier au peuple un pouvoir non maîtrisé ne résoudra aucune criminalité. Au contraire, les maux augmenteront, tel un cancer. Le corps social est fragile.

J’entends que l’on puisse me répondre que la décision du peuple en démocratie directe doit prédominer. Et bien non. Nous le savons tous, notre volonté et nos décisions sont soumises à notre état de santé, à nos facultés physiques, morales et psychiques et à notre environnement. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons. Je ne peux pas obliger mon corps à gravir tous les sommets d’une chaîne de montagne même si je témoigne de la plus grande volonté.

La sauvegarde du système immunitaire de notre Etat de Droit est à ce prix.

L’ individu n’est rien sans les autres. L’interdépendance est vitale. Le peuple ne peut rien sans les institutions de Droit. La démocratie directe c’est le peuple et les organes d’Etat. L’un ne saurait dénigrer l’autre.

Sans vis-à-vis, je n’existe pas.

Sans contre-pouvoir, il y a abus.

Détourner l’équité des individus, se moquer des garde-fous forgés au fil des siècles, trier, ranger et exclure les criminels étrangers, arbitrairement et sans distinction, comme le propose l’initiative de renvoi des étrangers criminels revient à rompre cet état d’équilibre et de santé.

Enfin  –  et cela me désole –  je reconnais dans le parterre des initiants d’anciens policiers ou de frais émoulus retraités policiers qui essaient, tardivement, de jouer le rôle de leur vie : celui d’effacer au grand public leurs propres manquements passés, leurs déboires ou pire, leurs frustrations. Un peu d’introspection ne leur ferait pas de mal.

La police du XXIème siècle

Les polices sont façonnées par les territoires, les législations et les besoins.

Les voies terrestres ont mobilisé des gens en armes (gend-s-arme-s-rie) chargés de la protection des voyageurs et des exilés. Les concentrations urbaines ont nécessité l’organisation de polices de sûreté puis de proximité afin d’enquêter sur les causes des maux de société ou des épidémies. Les réserves naturelles et animalières ainsi que la protection du patrimoine ont vu naître des corporations de gardes-faunes et de gardes champêtres.

Enfin, dans notre pratique quotidienne, nous côtoyons tous des polices de caractères d’écriture et des polices d’assurance.

Toutes ces polices entrent en force lorsqu’il s’agit de verbaliser une prestation publique ou un flagrant délit, d’établir des faits, d’officialiser un engagement d’état civil ou une assermentation étatique.

Fort de ces acquis, comment imaginer le futur de nos polices ?

Flippetouche © 2010

Prévisions

  1. – Les polices des territoires. Ce seront les plus tourmentées. Aujourd’hui, leurs tâches sont dévolues aux corps de gardes-frontières. Une coordination européenne se dessine mais suffira-t-elle à faciliter l’accueil croissant des migrants ?
  2. – Les polices environnementales se laissent découvrir par les graves et prédominantes atteintes à l’intégrité de notre terre nourricière. Elles naîtront dans la douleur et seront chargées de la protection des eaux potables ou de la détection des origines d’une pollution jusqu’au tri des déchets.
  3. – Les polices composées, pluridisciplinaires et para-civiles, seront les plus captivantes d’un point de vue gestion institutionnelle. Elles représentent aujourd’hui déjà un immense défi managérial. Elles seront polyvalentes et devront être capables de faire face aux incessantes métamorphoses économiques et numériques. Les organisations criminelles et terroristes ne les ont pas attendues pour sévir.
  4. – Les polices judiciaires verront leurs niveaux de connaissances augmenter et devront s’associer aux facultés universitaires de Droit international.
  5. – Les polices scientifiques se sont profondément transformées ces vingt dernières années. Elles bénéficieront encore davantage de l’évolution de la médecine.
  6. – Les polices communautaires – appelées polices des étrangers dans certaines régions – surtout présentes en Amérique du Nord se ré-inventeront. Elles s’investiront dans les quartiers périphériques sensibles des mégapoles et s’engageront aux côtés d’animateurs socioculturels dans des programmes d’intégration et d’éducation.
  7. – Les polices para-fonctionnelles, communément appelées polices d’ordre ou de sécurité publique, subsisteront mais verront leurs critères de sélection bouleversés par les nouvelles technologies. La robotique, les sciences bioniques et génétiques, les combinaisons exosquelettes, pour ne citer qu’elles, nous obligeront à revisiter notre rapport à la force physique. Les flics qui se la jouent « musclor » s’en iront – enfin – d’eux-mêmes et laisseront place à d’autres tacticiens de défense et d’arrestation. Apparaîtront alors nombre d’ingénieurs au secours des possibles défaillances corporelles de nos patrouilleurs de grands chemins.

Captivant. Non ?

Le Père Noël de nos policiers

2 minutes de lecture

… est sans nul doute de sexe féminin, sans limite d’âge ni de taille…  en tous lieux.

Là où les comportements de repli et de surprotection compriment nos libertés et nos curiosités universelles, les polices doivent ouvrir leurs portes et leurs fenêtres, puiser de nouveaux savoirs et tisser autant de partenariats civils, culturels et scientifiques que possible.

La Suisse compte des dizaines de corporations de polices, toutes tailles confondues. Cela peut sembler trop dans le besoin de concentrer les moyens face aux menaces terroristes. Sauf que toutes les expériences physiques et sociologiques nous permettent de constater que le “nombre” est relatif et que bien souvent son taux élevé consolide le tissu social plutôt qu’il ne le prétérite. Réduire le nombre de wagons d’un train n’augmente pas (nécessairement) la sécurité des passagers. Dans bien des cas, il vaut mieux intervenir sur les flux horaires, la formation du personnel ou encore dans les technologies de freinage. Diminuer la quantité d’institutions de polices n’empêchera nullement qu’au sein de celles-ci des brigades, des unités spéciales ou des niveaux (plafonds) de responsabilités entravent la circulation des liens.

Confédération de polices

Notre confédération d’Etats est un système de régulation génial parce qu’il permet de diluer les pouvoirs néfastes et de prévenir les abus personnels.

Il en est de même pour nos polices.

Réponse équilibrée : qu’un commandant ou qu’un intendant d’instruction de police allume les peurs des citoyens ici, d’autres, là-bas, nuanceront son parti pris et maîtriseront ses excès.

Innovations de polices

Innovations et résolutions sous le sapin

de nos corporations policières

 

La somme des intelligences et la variété des points de vue favorisent l’innovation et encouragent l’ingéniosité que nous devons déployer pour contrer les manœuvres criminelles. La multiplicité des corporations ne doit pas empêcher le regroupement de certaines d’entre elles et encore moins la coordination et la juxtaposition des renseignements internationaux.

Résolution judiciaire : créer un langage commun de communication et définir au sein de chaque corps une politique stricte d’échange, de lecture, d’interprétation et de compréhension des renseignements.

Résolution opérationnelle : constituer un réservoir d’agent-e-s employables et pouvant rapidement renforcer les effectifs des autres corps lors de grands événements.

Que nos polices créent au sein de leurs corporations des espaces pluridisciplinaires de Recherche & Développement – action appliquée.

Exemple pratique et concret : ne plus confier à un sous-officier fatigué, deux ans avant sa retraite, une compilation du système radio… mais collaborer, en prestation de service, avec des Hautes écoles spécialisées.

Idée : pourquoi ne pas organiser un corps de policiers miliciens en soutien auxiliaire des titulaires dans les situations exceptionnelles ? … plutôt que de recourir à l’armée qui est soumise à un autre code pénal et à d’autres juridictions.

Cadeau : un Laboratoire d’idées !

La création d’un Laboratoire d’idées serait le cadeau 2016 le plus régénérant que l’on puisse offrir à nos polices !

Couvrez ce noir que je ne saurais voir

Le vêtement reflète les us et coutumes de l’humanité. Au cours de l’histoire, l’uniforme militaire apparaît dans le besoin de distinguer les combattants ennemis. Durant l’Ancien Régime, il sert à prévenir les désertions. On tisse, on brode. Ornements et passementeries empêchent alors les contrefaçons et autres usages inappropriés. Le statut militaire était enviable et digne de respect. L’uniforme devait impressionner les populations civiles. Les étoffes précieuses et richement décorées traduisaient les avantages sociaux de leurs détenteurs ou propriétaires. Les coiffes à plumes et épaulettes débordantes avaient pour but d’augmenter les statures physiques des officiers.

Du costume coloré à la combinaison noire

Aujourd’hui, dans la toute grande majorité des polices occidentales, l’uniforme noir, une pièce, est réservé aux unités spéciales d’intervention. Son usage poursuit deux objectifs : l’un, permettre à l’intervenant de se confondre aux environnements bâtis ou naturels, de jour comme de nuit, et l’autre, provoquer l’effroi dans la confrontation directe et physique.

 

Yuri Numerov
Yuri Numerov

 

L’habit ne fait pas le policier

 

En situation ordinaire ou d’apparat les couleurs des ordres militaires et des dignitaires religieux sont teintées de bleu ou de pourpre, parfois de vert et de gris. On porte haut les couleurs de son affiliation.

Les officiers généraux sont gantés de blanc, signe d’autorité admise et transparente, d’intention de paix, de sagesse et de confiance. Le gant noir est, à contrario, très mal perçu. Dans toutes les corporations porteuses d’armes, de sanction et d’ordre, le gant de cuir noir est réservé aux sans-grades et bourreaux à qui l’on délègue l’exécution des basses besognes, sanglantes et salissantes.

On ne badine pas avec la symbolique du noir. Le noir est sombre. Il représente la mort, la haine et le mal.

Aussi, faut-il le reconnaître, dans quelques occasions de grande solennité, il reflète également l’austérité d’une cérémonie de deuil ou l’inauguration d’une exposition d’art.

Le plus souvent, l’uniforme est la prolongation visible de l’Etat et de ses préceptes. Pas étonnant que se jouent précisément dans le déguisement et la dérision de ces attributs vestimentaires les ripostes et les grèves de certains fonctionnaires de polices. Travestir l’uniforme réglementaire reste, je suppose, assez jouissif.

En raison de ces acquis, la tenue noire est une exception. Seule une opération policière devant produire une extrême détermination face à un adversaire potentiellement dangereux justifie de se couvrir de la sorte.

 

Un policier civil, entièrement vêtu de noir, de la tête aux pieds, le long de ses journées de service n’est pas porteur de bonnes nouvelles.

 

Soit il obéit à une mission exceptionnelle, et, dans ce cas, nous sommes plutôt rassurés, soit il fomente de troubles intentions… et, dans cet autre cas, il vaudrait mieux pour tout le monde que nous découvrions quelles sont les faiblesses auxquelles il est soumis.

 

Natan Vance
Natan Vance

 

La sécurité n’est pas un droit, le beau temps non plus

Lire également le blog de Suzette Sandoz Le grain de sable – et son sujet intitulé « Fathi Derder a raison : la sécurité n’est pas un droit. » du 29 novembre 2015.

 

L’humanité a été tragiquement amputée de plusieurs centaines de ses membres à Beyrouth, à Paris, à Bamako, en Egypte et ailleurs. L’état d’urgence a été proclamé chez nos voisins. Chez nous, il sera bientôt question de renforcer, ou non, les moyens mis à disposition de nos services de renseignements. Plus loin, on trie les humains aux frontières. Et quelques trublions, aux États-Unis, proposent de durcir les techniques d’interrogatoires… Les décisions, les propositions et les opinions fusent. Notamment, celle qui prétend que la sécurité est un droit. Plus qu’une maladresse, il s’agit d’une erreur.

 

La sécurité est un lent processus d’État, né de son devoir de nous protéger, mais ne saurait être garantie.

 

Imaginer que la sécurité puisse être un droit des citoyens est tout au plus un fantasme d’ancienne garde militaire. Déclarer solennellement les droits fondamentaux au sortir de la deuxième guerre mondiale, puis les traiter entre nations et, enfin, les signer n’ont pas empêché le sang de couler. Malgré tout, ces ratifications offrent à chacune et à chacun d’entre nous, quelque soit son statut et son niveau social, une référence universelle, écrite, enseignée et revendiquée à toute heure.

 

L’application de ces droits est-elle confiée aux États ? Oui. Les États, par les moyens de prévention et d’action, sont bien les gardiens et les détenteurs des Droits humains.

 

La respiration de ces droits est clairement étatique.

L’aspiration, quant à elle, est citoyenne.

 

Respirer, aspirer. Rien de l’un sans l’autre. Veillons donc à ne pas asphyxier ni à hyperventiler notre démocratie. Maintenir son souffle, comme celui permettant à tout citoyen de recourir auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme contre son propre État. Ainsi, les Droits de l’Homme équilibrent le rapport des forces entre la personne et l’État.

 

Les Droits humains fondamentaux nous protègent mais ne nous épargnent pas. Ils n’ont pas la faculté de prolonger biologiquement nos vies ni d’empêcher des catastrophes naturelles de s’abattre sur nous et encore moins de nous contraindre à vivre sous cloche, à l’abri hypothétique de toute insécurité.

 

L’État ne peut pas mettre sous cloche protectrice ses citoyens et ses résidents sans corrompre son intrinsèque légitimité.

 

Eriger la sécurité en un droit présente un autre danger pour l’État : celui de produire du résultat coûte que coûte en abusant de son pouvoir. En effet, dans l’échelle de gravité des fléaux qui affectent notre humanité, la torture institutionnelle commise par des représentants d’État occupe le plus terrible des rangs. Les actes cruels, inhumains et dégradants défigurent nos semblables et l’humanité à laquelle nous appartenons. C’est pourquoi les tortionnaires (militaires et policiers) que j’ai rencontrés se sont autodétruits. Ils se sont enchaînés à leurs victimes dans les traumas de l’innommable, parfois jusqu’au suicide. Ceux-ci me confiaient souvent n’avoir pu déceler le piège qui s’était refermé sur eux. Celui qui produit l’étrange illusion de pouvoir sécuriser le monde à sa façon. Un monde apparemment sûr, mais qui, dans les situations ultra-sécurisées pour ne pas dire totalitaires, engendre en son sein des monstres inhumains, incontrôlables. L’État a beaucoup à faire pour prévenir et évaluer le comportement et les gestes de ses agents de sanction. Il ne peut pas se prémunir contre tous les dangers exogènes, volontaires ou non. L’État peut se défendre ou plutôt appeler à se défendre par nos engagements spontanés et notre ultime mobilisation militaire mais ne peut pas éviter que le malheur ne s’abatte sur lui, donc… sur nous.
La sécurité est un moyen. Et, dans les cas privés de sinistres, les dédommagements s’achètent avec un contrat privé appelé « police » – ça ne s’invente pas – d’assurance. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment garantir le droit à la sécurité des membres d’une collectivité ? Sécuriser l’individu contre qui, contre quoi ? Contre un déchaînement meurtrier de la nature ? Contre les actes terroristes ? Lesquels ? Ceux opérés insidieusement par un membre de son pays, de sa communauté, de son quartier, de sa famille ?

 

La promesse d’un monde sécure ferait le jeu d’une idéologie surpuissante et déshumanisante. Le devoir et la conscience civiques des individus, citoyens ou pas, appellent, quant à eux, un vrai droit.

 

Un droit qui se gagne dès l’entrée en scolarité obligatoire : l’éducation !

 

Une éducation qui nous apprend à vivre ensemble, en toute égalité, avec auto-critique, multi-culturalité, transparence historique et ouverture sur le monde…

C’est, sans nul doute, bien ce droit qui nous permet(-tra ?) de cultiver le meilleur antidote contre les fanatismes, religieux y compris.

 

 

Mathieu Thauvin
Mathieu Thauvin

Paris, l’état d’urgence

Contenir mon émotion et en même temps ne pas me taire telles furent les tensions de mon dilemme le long… de ce long weekend… rien qui ne soit comparable aux souffrances des victimes et de leurs proches.

J’ai été bouleversé lorsque j’ai découvert que l’actualité rattrapait mon dernier commentaire, celui publié sur ce blog le 13 novembre passé.

Le Président François Hollande parle d’un acte de guerre. En réalité, c’est l’état d’urgence qui a été décrété. Les militaires ont été appelés en renfort mais ne remplacent pas les polices civiles. L’état d’urgence donne des pouvoirs supplémentaires aux polices et leur permettent, notamment, de limiter la liberté de mouvement des citoyens et d’opérer des perquisitions de domicile la nuit. La France n’est pas en guerre selon la définition usuelle mais l’Etat islamique autoproclamé a bel et bien déclaré la guerre à la France.

L’état d’urgence est une procédure transitoire qui recèle néanmoins nombre de pièges et d’amalgames qu’il s’agira de contenir. Limiter les droits fondamentaux ne va pas sans conséquences. Cette situation exceptionnelle risque de nous entraîner progressivement dans le puits des ténèbres, un puits sans fond, sans lumière et sans espérance. S’y abandonner sans conscience des dangers pour la démocratie serait faire le jeu maléfique des terroristes. Après avoir semé la terreur, ces derniers pourraient nous jeter le sort d’une guerre capable de se nourrir toute seule, en dehors de ses protagonistes. Ce jeu stratège est pervers et dangereux. Il est comparable à l’histoire de l’ogre qui mange ses propres enfants. Une stratégie qui peut paralyser notre pensée, notre discernement et notre persévérance.

Si elle venait à se réaliser, ce serait le début de la rupture entre citoyens qui, à terme, pourrait embraser les extrêmes et, finalement, se retourner contre les autorités gouvernementales. Une telle dégénérescence sociale – la plus sordide sans doute – pourrait déboucher sur une guerre civile. Les Français contre les Français. Les populistes qui prétendent savoir comment faire pour éviter de telles violences – alors qu’ils n’ont rien fait pour les prévenir – contre ceux qui s’arment de courage et de perspicacité, ceux qui se renseignent et traquent la moindre source d’endoctrinement, de dégradation et de défiguration de l’être humain et… résistent.