Pot-au-feu

Tu mélanges tout et tu laisses cuire à petit feu…

Les ingrédients :

… les dealers, des policiers, une académie de police, celle de Savatan et les sociologues… forcément gauchistes. Attention, depuis peu, on compte d’autres policiers… de la République genevoise (gauchistes eux aussi ?).

Revendiquer pour nos polices une meilleure formation et un comportement régulé lors de certaines interpellations de rue fait de vous un gauchiste détracteur qui épargne les dealers et s’acharne sur les agents d’ordre.

Cette contraction vient de toi.

Qui d’entre nous peut prétendre sonder les intentions et les référencements des personnes en proie aux drogues ? Personne. Leur sort est privé autant que sanitaire.

Qui d’entre nous peut prétendre stopper les intentions et les référencements des trafiquants de ces mêmes produits stupéfiants ? Les enquêteurs de long cours, probablement, le néfaste business n’ayant point été radié à ce jour.

Qui d’entre nous peut prétendre sonder les intentions et les référencements des policiers de fonction, faisant face à leurs difficultés opérationnelles ? Tout un chacun. Leur ressort est public ; comme le sont leur formation, leur légitimité, leurs moyens et leur assermentation.

C’est la distinction que je fais.

Une distinction de posture, Mon cher.

Le destin des dealers ne m’appartient pas. Ils ne détiennent rien de ce qui fait l’État et de ce qui me tient à cœur. Rien.

Tout au plus, puis-je interagir politiquement, à droite comme à gauche.

Le destin des policiers m’appartient. Ils représentent l’État, le service public, nous tous.

Dans le service et la protection qu’ils nous doivent, je suis le bénéficiaire de leur fonction publique et d’exemplarité. Toi aussi.

Toutes les violences

Les violences à l’encontre des agents de la force publique sont intolérables et me révoltent. Je les sais en augmentation. Je m’en inquiète grandement, aux côtés des policiers, sur le terrain, tous les jours. Fort de ce constat, je pourrais m’époumoner comme tu le fais et réduire à petit feu les distinctions, les contextualisations et les rapports de force.

La cuisson

… c’est la stigmatisation des personnes, celle que tu prônes et qui empêche de se remettre en question. Prétendre que la violence de rue serait le spectre d’un seul camp et que leurs complices sont les sociologues et les gauchistes est une grotesque mise en corner du seul ballon de résolution que nous possédons.

Pourquoi ?

Parce que la violence se fout des bords, des partis politisés, des tendances et des professions. Elle s’infiltre partout. Gros malin, tu l’ignorais ?

Que faire alors ?

Agir sur les dealers qui nous échappent autant qu’à toi ?

Ou agir sur nos polices parce qu’elles nous représentent ?

Alors, tu choisis quel champ d’intervention pour grandir le référencement de notre Constitution ? Le champ que nous ne maîtrisons aucunement ou celui que nous maîtrisons ? Décide-toi !

Mon choix ne souffre d’aucun doute depuis l’introduction en 2004 du brevet fédéral de policier.

Et le tiens, ton parti pris ? Il dit quoi ?

Si tu crois pouvoir te désinvestir du service public – que porte emblématiquement tout policier sur lui et en lui – et que tu te permettes de ne plus le détenir, de ne plus le cautionner, de ne plus le grandir, ne compte pas sur moi ni sur les policiers cantonaux genevois – de gauche (hic ?) – qui se sont exprimés en pleine page du reportage de ta consœur Sophie Roselli (de gauche aussi ?) dans la Tribune de Genève (de gauche encore ?) mercredi 11 avril passé.