Polices londonienne et écossaise : institutionnellement racistes.

Tels sont les aveux des directions et commandements de ces deux polices du Royaume Uni.

(3 minutes de lecture – 128ème post)

Londres étant considérée comme l’une des villes les plus importantes du monde, une telle déclaration compte. En police la remise en question est rare. Lorsqu’elle survient, nous pouvons la qualifier de courageuse et salutaire. L’institution ne perd alors rien de ses prérogatives, tout au contraire, elle augmente son crédit et sa capacité introspective, facultés qui consolideront à terme la viabilité de son management.

“La bonne chose à faire pour moi, en tant que chef de la police, est d’affirmer clairement que le racisme institutionnel, le sexisme, la misogynie et la discrimination existent au sein de notre institution” a déclaré publiquement, le jeudi 25 mai 2023, Iain Livingstone, chef de la police écossaise.

Cet aveu intervient après celui du chef commissaire (Sir Mark Rowley) de la police londonienne*, le 21 mars 2023, qui a reconnu son organisation comme étant raciste et sexiste sur le plan structurel, précisant que les femmes policières sont également victimes au quotidien au sein même de l’institution alors qu’elles devraient être protégées.

Les introspections de ces deux polices – unanimement saluées par les critiques internes et externes – ont été rendues possibles suite aux publications de rapports indépendants.

Qu’en est-il des polices de notre Confédération helvétique ?

La représentativité organique de nos 180 à 330 polices (selon le type de décompte et la considération des tailles et des configurations territoriales) est différente du point de vue géopolitique. Le fédéralisme segmente les effets néfastes de ce que pourrait produire une organisation monolithique qui chercherait à couvrir ses failles. Néanmoins, les systèmes se ressemblent. Ils sont cousus de secret, de repli sur soi, d’effets de compromissions (compagnons d’armes), de redevabilité et de pressions disciplinaires qui, souvent, empêchent la parole de se libérer. Les inclinaisons racistes et sexistes sont récurrentes – non généralisées ! – au sein même de nos organisations suisses de petite, moyenne et grande tailles. Elles ne sont pas généralisées – faut-il le répéter ? – mais elles subsistent.

Heureusement, de plus en plus de corporations suisses empoignent les problématiques sexiste et raciste.

… plusieurs polices suisses, aujourd’hui, se préoccupent sincèrement des dérives internes et mettent concrètement en oeuvre des actions réfléchies, pluridisciplinaires, concertées, sans formation alibi.

Elles communiquent à l’interne et rendent des comptes au public à l’exemple de la Police municipale de Lausanne avec sa campagne “ça va ?”.

Résolutions

Reste à repenser les recrutements, à diversifier les représentations du personnel et à s’ouvrir aux expertises indépendantes et externes. Car les formations continues ne suffisent pas, il est nécessaire de réformer l’organisation et le système managérial.

 

L’Observatoire des polices

… vous donne dès le 30 juin 2023 rendez-vous sur mon site : fredericmaillard.com (site web qui sera entièrement renouvelé et transfiguré) et sur les réseaux sociaux.

En effet, le quotidien Le Temps ferme ses blogs pour la fin de ce mois de juin 2023.

Je continuerai d’écrire des opinions dans la version journal du quotidien Le Temps.

Pour moi, l’aventure a commencé le 14 septembre 2015 avec mon tout premier post :

A quoi reconnaît-on un policier ?

Commenter l’actualité policière est un devoir citoyen et politique. En 2003, à l’instauration du Brevet fédéral de policier, le Conseil fédéral a communiqué le désir de voir les intervenants extérieurs, dispensant les formations comportementales des futurs policiers, réagir et critiquer les éventuels dysfonctionnements institutionnels mais aussi commenter les pratiques policières dans l’espace public. Espérant en cela que les lignes bougent au sein des corporations jugées par l’autorité fédérale trop repliées sur elles-mêmes.

Dans ce but et depuis 2011, j’interviens régulièrement dans les médias, je publie des Avis d’expert et des opinions dans le quotidien Le Temps.

Et, depuis 2015, avec le blog de l’Observatoire des polices et ses 128 posts, comprenant ce dernier, j’ai partagé mes expertises avec des lectrices et lecteurs toujours plus nombreux.

Le post le plus retentissant, qui a enregistré 25’000 vues et 75’000 répercussions et transferts de références, était celui rendant hommage à feu Olivier Guéniat :

Olivier Guéniat. La liberté de penser !

*la Metropolitan Police, plus grande force du pays d’Angleterre avec plus de 43 000 officiers et membres du personnel.

 

Recommandation

L’excellent hors série heidi.news Les Explorations de Julie Eigenmann et Sami Zaïbi intitulé “Racisme, la Suisse en flagrant déni”.

136 pages d’enquêtes, de témoignages et de données chiffrées – Avril 2023.

À commander sur le site heidi.news

La police n’est pas militaire

Nous entendons et lisons toujours ce genre d’affirmation : la police est une organisation militaire. La semaine passée encore, j’ai été interpellé par de jeunes policiers qui s’en étonnaient. Bien sûr, ces derniers ont connaissance des quelques traits historiques et momentanés qui mêlèrent la discipline militaire à leur champ professionnel. Ils savent que certaines lois cantonales (Genève, Valais, pour exemples) y font allusion : « organisé.e militairement ». Mais de là à affirmer que la police est une organisation, intrinsèquement, au sens originel de son essence, militaire… La nuance est de taille.

(124ème post – 2 minutes de lecture. Le féminin est compris dans le texte.)

Certaines polices suisses sont organisées militairement pourtant elles ne sont pas des organisations militaires et ne sauraient l’être.

La nuance est subtile mais existentielle !

Maladresse, confusion ou formule dénuée de sens ?

Un peu de tout à la fois.

Pourtant la méprise peut s’avérer grossière et laisser entrevoir un vice de forme préjudiciable à notre démocratie. En effet, une bonne moitié des lois et règlements cantonaux et municipaux régissant nos corporations de polices, en Suisse, font mention, pour l’ensemble de leur entité ou pour une fraction de celle-ci dénommée « Gendarmerie » ou « Police Secours » ou encore « Police territoriale », d’un procédé hiérarchique et/ou de type militaire.

D’autres lois et règlements cantonaux et municipaux ne font pas ou plus du tout allusion à ce lien militaire. La page est manifestement tournée, l’institution restaurée et réhabilitée.

Biais historique

La documentation et les récits traversant les trois siècles passés nous montrent que “l’encasernement” des “gens d’armes” répartis le long et large des territoires ruraux, organisés en maréchaussées puis plus tard en gendarmeries, que ce soit en France ou dans plusieurs cantons suisses latins, a été motivé par l’indiscipline et la corruption qui gangrenaient les rangs. C’est la principale raison pour laquelle ces agents d’ordre se sont vus imposés un régime strict et d’obédience militaire.

La confusion entretenue aujourd’hui présente quelques relents cachés et semble vouloir ralentir, dans ses tonalités les plus sournoises, les réformes managériales en faveur desquelles un service public moderne se doit de s’engager. Il en va du bien-être des collaborateurs et du développement de leurs compétences. Nombre d’organisations de secours d’urgence implémentent une gestion transversale de leurs ressources humaines. Les initiatives personnelles, accompagnées de critiques constructives, propositions et innovations, sont encouragées. Les jeunes générations s’y retrouvent et s’enthousiasment davantage et durablement.

Cela va sans dire que l’opération de terrain reste soumise à un commandement hiérarchique et pyramidal. En de telles circonstances, face au danger et aux risques encourus, les ordres ne sauraient être discutés ni contestés. De retour en centrale, en poste, en brigade ou en hôtel, les méthodes de conduite directoriale peuvent s’ouvrir et se démocratiser. Les erreurs, forces et faiblesses seront d’autant mieux traitées et régulées ; ce, dans un esprit de transparence et de respect mutuel.

Nos polices suisses ne disposent d’aucun pouvoir exécutif militaire

Si tel était le cas, elles répondraient au code pénal militaire et non au code de procédure pénale (civil). En situation de guerre, nos polices perdraient leurs prérogatives. Alors qu’aujourd’hui, dieu merci, les militaires et leur police attitrée ne sont autorisés à se déployer qu’à l’occasion de prestations auxiliaires et secondaires, en appui logistique des polices civiles, notamment en marge des grands évènements.

Les démonstrations, les pouvoirs exclusifs et les maîtrises proportionnées conférés à nos polices – qui les éloignent de toute dimension militaire – sont si flagrants que je m’étonne encore que l’on puisse “copier-coller” ce lointain cousinage aux enjeux actuels. À moins que l’usurpation ne s’accommode par trop d’une gouvernance désuète et surannée… qui, malheureusement, règne encore dans certaines de nos polices…

 

Compléments :

 

Polices suisses, chiffres

 

Politique de sécurité : militaire ou policière ?

 

La limitation de nos droits

Chers lecteurs de mon blog,

vous êtes nombreux à me solliciter depuis le début septembre 2021. M’invitant à m’exprimer sur le tragique événement meurtrier survenu en gare de Morges mais aussi sur la gestion policière des restrictions relatives à la pandémie Covid 19.

(117ème post)

Vous aurez constaté ma distanciation, relative aux exigences que je m’impose. Je ne me prononce pas sur un sujet présentant un quelconque conflit d’intérêt avec mes activités professionnelles. C’est le cas, s’agissant de la Police Région Morges en faveur de laquelle j’ai beaucoup œuvré.

Et en ce qui concerne la crise Covid, pour l’appeler ainsi, les premières corrélations influençant le travail de nos polices se laissent décoder progressivement. Avec le recul de plusieurs mois, elles me permettront de commenter l’un ou l’autre phénomène d’obédience prévisionniste. Pour cette édition, je vous propose de jeter un oeil sur le passé, dans le rétroviseur.

Quant au post suivant, le 118ème, je me pencherai sur l’immersion au long cours (une année durant) d’un journaliste du quotidien La Croix dans la vie d’un Commissariat de police français.

Le 119ème post clôturera la trilogie sur l’urgence climatique :

Urgence climatique et police

La limitation temporaire de nos droits individuels est inhérente à la préservation de notre démocratie collective.

La gestion de cette forme d’ambivalence démocratique implique d’inlassables négociations et régulations. De tels débats font souvent défaut au sein des institutions chargées précisément de « policer » le périlleux équilibre de la limitation du droit des uns au profit de la préservation du droit des autres.

Exemple concret et pratique de police dans le domaine de la circulation routière : des agents retiennent un automobiliste irrespectueux des règles en limitant, de fait, son droit à la liberté de mouvement. Il a mal garé son véhicule. L’objet obstrue une sortie de route très fréquentée. L’action des agents n’a pas pour objectif de s’acharner sur le conducteur fautif. Au contraire, leur but est de libérer la fluidité et le mouvement de circulation en faveur de tous les autres automobilistes entravés qu’ils sont dans leurs mouvements par celui qui ne respecte pas les mesures prescrites en collectivité.

L’approche est la même avec les questions environnementales…

Urgence climatique et police, suite.

 

… ainsi qu’en matière de gestion de santé publique.

C’est ce que nous laisse entrevoir l’historien Séveric Yersin dans l’interview qui l’a accordée au quotidien Le Temps ce 22 janvier passé (2022).

« En Europe, à la fin du XVIIIe, se met en place dans différents pays une «police médicale» : il s’agit d’administrer la santé des gens. »*

Détenir, à la portée de nos réflexions, l’épaisseur de faits historiques est salutaire pour mieux comprendre les phénomènes sociologiques qui nous environnent et sans nul doute, pour mieux les appréhender.

À quand l’engagement d’historiens en police ?

Serais-je tenté de revendiquer, tant il est utile de nous pencher sur les expériences passées pour saisir tous les enjeux de notre époque.

En résumé, l’apparition de problématiques déroutantes, nouvelles ou répétitives mais oubliées dans les tréfonds de notre humanité, initient de nouvelles polices. Ces dernières forgent progressivement leurs légitimités – après, évidemment, l’instauration des bases légales – dans la protection du lien mutuel ; à l’image du contrat d’assurance que chacun d’entre nous signe en vue de sa protection. Le grand nombre, sain d’esprit et de corps, se cotise pour garantir le secours – d’urgence – en faveur de celle ou de celui qui trébuche par l’accident ou la maladie ou qui subit un cambriolage ou encore qui est victime d’une grêle saccageant ses cultures agricoles, etc. Il alors question de Police d’assurance.

Police d’assurance : une mutuelle de santé et de sécurité.

Intrinsèquement la police est ce lien, cette garantie de soutien à la cohabitation, en faveur du plus vulnérable d’entre nous, quoi qu’il en coûte et dans les limites du respect fondamental de l’intégrité physique, psychique et morale de tout un chacun. Ce contrat social que l’on peut appeler “contrat de mutualité”, issu de la nature originelle d’une police, prend vie dès lors que la communauté publique s’entend à vouloir résoudre les difficultés du vivre ensemble.

 

*réponse complète extraite de l’article du 22 janvier 2022 :

Question de la journaliste Célia Héron dans le quotidien Le Temps :

« – Concrètement, par quelles mesures cette idée se traduit-elle sur la population ? »

Réponse de l’historien Séveric Yersin :

” – En Europe, à la fin du XVIIIe, se met en place dans différents pays une «police médicale» : il s’agit d’administrer la santé des gens. La santé des populations devient une tâche de l’État moderne, appréhendée par son administration en collaboration avec les cercles médicaux notamment. C’est à ce moment-là que l’État gagne le pouvoir d’intervenir profondément dans la vie de ses sujets : par la vaccination contre la variole, découverte par l’Anglais Edward Jenner en 1796, qui devient obligatoire pour les enfants dans plusieurs cantons, comme en Thurgovie dès 1818 ; mais aussi par le contrôle de la circulation des biens et des personnes, avec l’imposition de quarantaines et de cordons sanitaires, en particulier lors des épidémies de choléra qui arrivent en Europe dès les années 1830. Puis dès 1870, les canalisations urbaines, la qualité des aliments, la salubrité des logements sont dans le viseur des réformateurs sociaux. Sans surprise, ces derniers rencontrent souvent la résistance des élites locales, qui préfèrent que l’État ne s’immisce pas dans leurs affaires.”

 

Maintien de l’ordre : le jumelage embarrassant

Les dérives violentes* de la Police nationale française lors d’opérations de maintien de l’ordre, au cœur des manifestations des gilets jaunes notamment, ont été dénoncées par le Défenseur des droits de la République Française dans son rapport annuel et par la Haut commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, entre autres instances officielles, sans compter les ONGs accréditées d’une rigueur et d’une objectivité irréprochables comme l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture).

Voir l’article de Richard Werly, correspondant du quotidien Le Temps à Paris.

Écouter le commentaire de Ariane Hasler, correspondante de la RTS à Paris.

(2 minutes de lecture – le féminin est compris)

Nos polices suisses pourraient-elles en retirer des enseignements ?

“Non, pas comparable.” Précisent les trois chefs opérationnels (deux latins et un alémanique) que j’ai sollicités pour ce blog. “… car les deux pays (Suisse et France) sont au bénéfice de dispositifs policiers très différents.”

“En Suisse, la répartition de nos forces civiles, leurs contingents et les critères d’engagement varient considérablement selon les densités et les événements cantonaux. D’autre part, dans le maintien d’ordre, nous intervenons essentiellement en marge de manifestations à caractère sportif.”

“Notre étalon opérationnel ne correspond pas aux modus operandi que l’on peut observer chez nos voisins.”

“D’ailleurs, les difficultés que nous avons à mobiliser nos effectifs en suffisance, lors de tels événements, nous poussent à anticiper et à agir davantage sur un plan judiciaire et préventif.”

“Nous collaborons aussi beaucoup avec des sociétés privées de sécurité employées par les clubs sportifs ou les organisateurs.”

Pourtant…

… les pratiques françaises de maintien de l’ordre sont une référence pour

l’Académie de Police de Savatan.

Le maintien de l’ordre est la discipline maîtresse, qui prédomine les relations publiques, de l’Académie de Police de Savatan (APS). Les aspirants prêtés à cette dernière par les Corps partenaires se forment aux tactiques et techniques de maintien de l’ordre “à la française”. L’APS affiche partout et fièrement son jumelage avec le CNEFG (Centre National – français – d’Entraînement des Forces de Gendarmerie). Lors de leurs formations initiales, les différentes volées d’apprenants se déplacent, à grands frais et pompeuses parades, à Saint-Astier (F) pour s’y entraîner intensivement.

L’initiative laisse perplexe la majorité des cadres opérationnels et d’écoles de formations de police avec lesquels j’ai eu l’occasion de m’entretenir ces dernières années. Alors même que les coopérations bilatérales d’un pays à l’autre sont encouragées dans bien des domaines policiers, s’agissant du maintien de l’ordre, l’erreur de casting de l’APS est plutôt perçue comme une diversion.

France et Suisse : deux juridictions territoriales et géopolitiques distinctes.

En France, l’organisation centralisée des deux principales polices (Police nationale dans les zones urbaines et Gendarmerie nationale, rattachée au ministère de l’intérieur depuis 2009, dans les territoires étendus) ainsi que leurs développements historiques présentent des paramètres de gouvernance quasi opposés à nos quatre vingts polices (pour les principales) étatiques suisses fractionnées (communales, intercommunales, régionales et cantonales).

Toujours est-il que le nouveau directeur (de tutelle ?) du Conseil pédagogique de l’Académie de Police de Savatan sait par quoi il peut commencer son périlleux chantier de réforme…

Existe-t-il une alternative ?

Pour ma part, je préconise un maintien d’ordre qui puisse être délégué à d’autres agents d’État assermentés et spécialement formés aux contours sociologiques et politiques de notre Confédération helvétique. Ces agents (professionnels, semi-professionnels ou miliciens suivant la cadence des mobilisations) seraient rattachés à un concordat intercantonal. Nous avons su créer une telle entité spécifique aux flux de mobilité avec la Police des transports. Ce devrait être aussi envisageable pour la gestion des manifestations. Les policiers généralistes et les inspecteurs judiciaires, en nombre réduit car libérés de cette fonction d’ordre, pourraient, quant à eux, se tenir à l’écart, observer, identifier et se concentrer sur d’éventuelles interpellations.

Voir ma proposition détaillée en date du 30 août 2016 et publiée par le quotidien Le Temps.

 

 

 

* Les violences sont improductives.

Celles commises par les manifestants engagent leurs auteurs, uniquement. Je prie que ces derniers puissent être interpellés et conduits au procès équitable. L’acte 18 des gilets jaunes ce samedi passé à Paris a provoqué une hausse de violence très inquiétante et inacceptable.

Mais, celles commises par les agents des forces de l’ordre nous engagent, chacune et chacun, par association directe. Ce sont nos forces armées, déléguées, assermentées, rémunérées et formées selon nos prescriptions et nos ressources.

Je tiens donc le bon bout.

Celui de l’exemplarité.

La police est une force de résolution

… et non d’opposition.

La police doit se voir comme une force de résolution – à notre service public – et non d’opposition.

La terminologie ne s’y trompe pas

La politia* nous vient des tréfonds de l’humanité et de son idée non négociable de vouloir et pouvoir vivre ensemble au cœur de la cité à une condition : que toute justice puisse franchir son temps de gestation.

Le temps de gestation

Les prémices de l’enquête jusqu’au procès équitable

Déléguer la protection de son bien-être à des tiers assermentés c’est croire à la distanciation nécessaire que réclame toute investigation, c’est plaider la séparation des pouvoirs et leur équité. Je ne saurais être juge et partie de toute affaire qui m’affecte au premier degré, encore moins si je suis victime d’un préjudice. Je charge donc les différentes entités de police d’enquêter, d’établir les faits et d’enregistrer les témoignages.

Cela correspond à une forme de gestation pouvant et devant donner naissance au procès le plus équitable possible.

Ce travail d’enquête – souvent long, les inspecteurs judiciaires les plus chevronnés vous le diront – requiert des qualités de persévérance et de minutie qui bien souvent s’opposent aux actions viriles, guerrières et d’opposition telles qu’elles s’observent, par exemple, dans le maintien d’ordre.

Des polices d’État en Recherche action & innovation

L’exemple fribourgeois

Développer les compétences de résolution civile à l’image de l’UGM (Unité de gestion des menaces ) créée par l’Etat de Fribourg et sa Police cantonale, c’est reporter l’opposition au dernier recours et privilégier l’anticipation et la détection. C’est faire preuve de politia*.

 

* Étymologie du mot police :

Le mot français police provient du mot latin politia, romanisation du mot grec πολιτεία (politeia), qui signifie « régime politique, citoyenneté, administration, partie civile » et du mot πόλις (polis), qui signifie « cité ».

L’extrême droite dans les polices ?

Ce n’est pas la première fois que l’actualité nous révèle cette accointance idéologique nauséabonde. Telles sont la lente et rampante découvertes faites à Francfort – lire l’article de Nathalie Versieux du 17 décembre passé (2018), correspondante en Allemagne du quotidien Le Temps.

(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte)

En Suisse, à Genève, un policier cantonal adepte du nazisme avait été dénoncé par sa commandante en août 2014. Il n’était pas le seul. Aujourd’hui encore, il m’arrive, au détour d’un vestiaire de l’une ou l’autre corporation de police de notre pays, de me trouver face à des insignes ou des slogans équivoques.

Les métiers armés d’ordre et de sanction ont toujours présenté un terreau sous-culturel enclin à une certaine doctrine arbitraire. C’est donc, entre autres, la raison pour laquelle, en 2013, le Conseil fédéral instaura, en première ligne du Brevet de policier, le cours obligatoire et éliminatoire sur les valeurs fondamentales de notre Constitution d’État de Droit nommé Module de formation Droits de l’Homme et éthique appliquée. Force est de constater que la prescription du médicament en Droits de l’Homme, dans le but de soigner d’éventuelles contagions, ne suffit pas. Les gouvernances de polices toutes entières doivent montrer l’exemple et rappeler manifestement et à chaque échelon leur foi et leur fidélité inaliénables aux valeurs fondamentales et universelles, garantes de notre démocratie active.

Les effets secondaires d’une prophylaxie enseignée au corps apprenant sans l’incarnation des dirigeants…

… génère des carences connues :

1. Un processus d’admission (appelé couramment recrutement) qui ne se soucie pas suffisamment de l’attachement du candidat aux valeurs universelles, à son ouverture au monde, à sa sensibilité sociale, au service et à la protection du plus faible. Cette dernière attention est au cœur du préambule de notre Constitution, devant laquelle le futur policier prêtera serment.

2. Une longue chaîne hiérarchique – peu adéquate en temps de paix – rigide et laborieuse qui, finalement, incite à la diversion les agents les plus influençables, ceux qui n’osent pas résister aux effets de groupe, aux pressions sociales et au “rendre-compte” public.

3. L’absence de contre-maîtrise institutionnelle, telle qu’on pourrait l’imaginer avec une direction de police collégiale et pluridisciplinaire ou la présence permanente d’un office de médiation neutre et indépendant.

4. Enfin, une formation de base qui n’investit pas ou trop peu l’histoire et la sociologie.

Prévenir le management plutôt que guérir le corps apprenant

Sans une radiographie structurelle et organisationnelle des institutions de sanction, la seule transmission des fondements constitutifs de notre cohabitation peut produire un effet biaisé voire contraire. La dispense valeureuse se dépose alors, telle une couche supplémentaire, sur les uniformes glacés et réfractaires de policiers saturés de consignes, d’ordres et de contre-ordres. Déjà agacés qu’ils sont dès leur instruction initiale, nombre d’agents policiers développent mille et une astuces pour se détourner des directives officielles et agir le plus secrètement possible en coulisses.

C’est dans ce retranchement institutionnel que, par cooptation mafieuse, prolifère des franges xénophobes et d’extrême droite *. Une élection de pseudos-justiciers s’émancipe alors et opère à l’abri de tout contre-pouvoir. Phénomène connu et largement documenté, notamment au Canada et dans les pays nordiques.

 

* toute autre extrémité politisée poserait le même problème.

 

 

Les aumôneries : justifiées ou alibi ?

Les aumôneries suisses au sein des corps armés puisent leurs essences dans le service militaire étranger du 16 au 18ème siècle.

(2 minutes de lecture)

Un peu d’histoire…

Au 17ème siècle, malgré la révocation de l’édit de Nantes, la couronne française offrit aux soldats protestants suisses, mercenaires ou gardes, une franchise de culte. Le Roi Louis XIV était tolérant à l’égard des Suisses d’obédience réformée. Il leur autorisa le libre exercice de culte, faisant tout pour leur éviter injures et indispositions. Une ordonnance du Ministre de la guerre, Louvois, datée du 12 février 1687, prescrit même de remplacer les soldats protestants durant les processions du Saint-Sacrement catholique romain pour ne pas les exposer à d’insurmontables dilemmes de conscience. Les Corps suisses étaient, pour la majorité, mixtes et leurs aumôniers issus des deux principales confessions chrétiennes. Les uns et les autres vivaient paisiblement côte à côte. En plus d’accorder un soutien spirituel aux hommes, l’aumônerie jouait pleinement un rôle de modération institutionnelle. C’est à cette époque que fut saisie l’importance d’offrir aux aumôniers une autorité aussi forte que pouvait le prévoir l’échelle des grades militaires. Progressivement, les aumôniers se virent dotés de grades d’officier. Ils pouvaient ainsi contredire et contrevenir aux usages les plus néfastes de la discipline de guerre par la morale et la foi chrétiennes dont ils étaient dépositaires.

Plus tard, les religions israélites et musulmanes seront également représentées dans les rangs des armées modernes.

Des armées aux polices

Du monde militaire au monde civil policier, il n’y a qu’un pas.

Les premières polices civiles, dites de grands chemins, puis celles des villes et plus tard encore celles des gardiennages champêtres s’inspirèrent de cette cohabitation des églises avec les organisations militaires. Aujourd’hui, en Amérique du Nord ou dans de nombreux pays d’Europe, l’utilité des aumôneries se mesure à l’épreuve des deux principes suivants :

  1. Offrir une accessibilité et un soutien directs à toute recrue, aspirant ou agent de protection en exercice, sans nécessité ni obligation pour ces derniers de se soumettre aux ordres de service et à la voie hiérarchique.

C’est le principe de la voie directe, confidentielle et sans conditions.

 

  1. Les aumônières (de plus en plus de femmes sont nommées) et aumôniers bénéficient d’une gradation d’officier leur permettant de faire face aux hiérarchies usuelles.

C’est le principe de la contre-maîtrise.

Une aumônière ou un aumônier doit être officier (capitaine au minimum) et n’être soumis à aucune restriction institutionnelle.

Ces deux principes sont les garanties d’une aumônerie instituée sérieuse et efficace. Car, attention, il existe des services d’aumônerie qui ne remplissent pas ces critères et qui semblent avoir été créés dans le seul but de tromper les églises officielles et de séduire les politiques. Ces aumôneries de subterfuge ne disposent, en réalité, d’aucun pouvoir donc d’aucune utilité. Tout au plus complètent-elles le décorum ambiant, malheureusement sans honorer leur bien-fondé historique.

 

Terrorisme : l’appel à la population comporte des risques !

Titre :

Terrorisme : l’appel* à la population comporte des risques !

* à ne pas confondre avec l’appel aux témoins. Nos polices sollicitent régulièrement les témoins d’un incident ou d’un accident avec raison et justesse.

(3 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte)

Extraits des articles du Matin dimanche et de la SonntagsZeitung du 31 juillet 2016 :

Après la vague d’attaques qui a frappé l’Europe, les policiers suisses veulent s’inspirer de leurs confrères finlandais pour mieux prévenir la radicalisation des personnes. Ces derniers tablent sur les dénonciations des proches. « Il y a des signes observables chez les délinquants potentiels », comme des modifications du comportement, explique au Matin Dimanche et à la SonntagsZeitung le commissaire en chef de la police centrale finlandaise.

Les cantons suisses se disent intéressés par l’expérience nordique. « Nous allons discuter quels éléments prendre du Community Policing finnois », déclare le président de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, le Bernois Hans-Juerg Kaeser.

L’émission radio “Tout un monde” RTS La Première de ce lundi matin 15 août donnait la parole à un représentant de la police nationale finlandaise :

 

Mon opinion :

Citoyens, résidents, touristes, saisonniers ou migrants, tous sont les bénéficiaires des polices, les plus faibles en priorité. Ils offrent le bassin de recrutement des futurs agents, ils financent leurs salaires et les infrastructures, ils légitiment l’usage de la force et s’assurent de leurs bienveillances publiques.

Historiquement, les populations ont délégué les tâches de police à des tiers, recrutés en leur sein, afin de distancier l’appréhension des soupçons et des événements dégénérescents. Ce, dans un intérêt commun d’objectivité et d’établissement rigoureux des faits, sous forme de preuves… et surtout pas de suppositions ou de rumeurs.

Les populations sont naturellement instigatrices, plaignantes ou indicatrices auprès des forces de polices. Faut-il, maintenant et en plus, insuffler auprès de tout un chacun une velléité d’auxiliaire de police ?

Faire appel pro-activement à la collaboration des populations pour la dénonciation de ce qui paraît étrange et potentiellement à risque présente des dangers que la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police ne doit pas sous-estimer.

Car l’histoire a aussi démontré que le zèle, la délation ou la pré-programmation des coupables par les populations peuvent considérablement réduire l’efficience du travail d’investigation et dénaturer les signalements ainsi révélés.

Contextualisation

La République de Finlande n’est pas notre Confédération de vingt six États. Ce vaste pays aux 3’000 lacs compte la plus faible densité de population de l’Union Européenne. Pour une surface huit fois supérieures à la Suisse, la Finlande dénombre 5,3 millions d’habitants. Le tissu socioculturel est donc d’une toute autre nature. De plus, le modèle finnois confie à des psychologues, religieux, infirmiers et travailleurs sociaux un rôle prédominant dans l’analyse des données ainsi recueillies. Chaque renseignement fourni par les citoyens ou résidents est passé au crible pluridisciplinaire de spécialistes précautionneux qui confrontent leur avis et les sources d’information, en toute transparence. Enfin, tous les policiers de la capitale ont été formés à la détection des signes et menaces terroristes. Autant de précautions qu’il s’agirait de mettre en place dans chacun de nos cantons et villes ou régions disposant de leurs polices propres.

Action concrète et pratique

Par contre, en Suisse, il est nécessaire, selon moi, de renforcer le rôle des acteurs professionnels déjà en place le long de la chaîne sécuritaire. Pompiers, soignants, urgentistes, enseignants, travailleurs sociaux, concierges, exploitants de régies communales et cantonales, employés d’édilité, contrôleurs et conducteurs de transports publics, etc. doivent être formés à la levée de renseignements. Ils contribueront ainsi à prévenir les discriminations négatives et contre-productives.

Enjeu genevois

Seulement en République et canton de Genève, les employés de l’État et des institutions parallèles représentent 46’000 personnes dont une fraction est assermentée. Toutes et tous suivent, plusieurs jours par année, des formations continues. Ces journées sont programmées. Alors, commençons avec ces  oreilles et ces yeux par milliers !

 

Le verbe policé

« Chères policières, chers policiers, je vous souhaite de pouvoir résister, résister de toutes vos forces jusqu’à désobéir. Désobéir à vos autorités et à votre hiérarchie si celles-ci bafouent les valeurs constitutionnelles sur lesquelles votre engagement est fondé ; mais, surtout, désobéir à vos ennemis intérieurs, au quotidien. »

Ici, l’exemple historique de la résistance du commandant de la police cantonale de Saint-Gall.

(3 minutes 30 secondes de lecture. Le féminin est compris dans le texte.)

Le verbe policier se conjugue.

Comme le geste, il sauve ou il blesse…

La gifle qui échappe à la maîtrise de proportionnalité d’un policier fatigué et irrité est un geste grave qui engendre des conséquences disciplinaires.

Témoignage réel : « ... n’obtempérant point, la personne interpellée se retourna contre moi et me provoqua. Je lui assainis une gifle sonnante et trébuchante… une seule, sans excès, afin qu’elle regagne sa cellule de rétention. Je n’ai prêté que peu d’attention à mon geste si ce n’est qu’un jeune stagiaire, un peu plus loin, immobile, m’observait… C’est pourquoi je profite de cette formation continue pour vous questionner Monsieur Maillard. Qu’en pensez-vous ? »

Le geste de ce policier est intolérable et témoigne d’un manque de résistance de sa part. Ceci dit, selon le contexte, je peux le comprendre. Or, je ne puis l’accepter. Une telle gifle, condamnée par la plupart des hiérarchies policières suisses, ne représente pas une violation des Droits humains. Je m’empresse de préciser qu’une deuxième gifle ou toute insistance soutenant l’intention de faire subir à la personne prévenue une punition aurait transformé ce geste en un acte progressif de torture et en une violation flagrante des Droits humains. La détermination volontaire et la souffrance infligée qualifient l’acte de torture.

Le comportement professionnel de ce policier est fautif mais son statut, construit sur les Droits humains, est préservé.

En clair, ce policier sera averti par voie disciplinaire usuelle mais ne sera pas privé d’exercer son activité. Idéalement, il participera à une analyse approfondie de sa pratique afin d’y déceler d’autres risques de dérive, d’éventuels travers ou dangers pour lui et autrui.

Plus grave aurait été son manque de contrôle verbal, dans la proclamation de propos injurieux, haineux, indignes ou le jugement irrespectueux et à voix haute à l’encontre d’une personne manifestement tourmentée, vulnérable, présumée coupable ou soupçonnée d’avoir commis un acte délictueux. L’article 5 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ne laisse place à aucun doute : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »

Ces trois termes suffisent à l’autoanalyse de la parole et du geste policiers. Alors, cette gifle était-elle cruelle ? Inhumaine ? … ou encore… dégradante ?

Et l’insulte indigne et répétée l’est-elle aussi ?

Si l’on peine à discerner, il est toujours possible d’étayer cette introspection avec les considérants explicites et complémentaires inscrits dans la Convention contre la torture qui précisent la nature volontaire, la durée et l’intensité d’actes qualifiés de torture.

Voyons, maintenant, où se situe cette gifle, dans l’ordre d’importance des valeurs auquel se réfère tout policier d’Etat de Droit.

L’échelle des valeurs légales et professionnelles en Suisse :

  1. Droits humains, Conventions internationales ratifiées par la Confédération helvétique
  2. Constitutions fédérale et cantonales
  3. Lois nationales et cantonales
  4. Règlements cantonaux et communaux
  5. Ethique appliquée ou d’engagement (administration publique et gouvernance institutionnelle)
  6. Déontologie professionnelle (obédience métier)
  7. Ordre de service (bonne pratique relative à un Corps de police en particulier)

Telle que décrite dans le témoignage plus haut, cette gifle est une entorse à l’échelon 7, l’Ordre de service, le dernier et le moins important de la liste. Les Droits humains, quant à eux, se situent tout en haut de l’échelle et correspondent aux valeurs suprêmes.

Les Droits humains forgent bel et bien le statut et la légitimité du policier.

Pour clarifier les doutes qui subsisteraient sur les comportements de nos policiers, je préconise les deux voies de résolution suivantes :

  1. La création d’un organe de médiation neutre et indépendant comme vient de le faire le Département de la sécurité et de l’économie (DSE) de la République et canton de Genève. Ce service est de bon augure et améliorera le fonctionnement de la Police cantonale genevoise.
  1. Et, dans le cadre de la formation continue : l’instauration d’analyses de pratiques au sein des Corps de polices. Cette pédagogie interactive offre aux policiers participants la possibilité de sonder et de déterminer la portée de leurs actes et de leurs paroles.

Le policier est un professionnel pragmatique ; il a besoin de voir pour croire et de croire pour gagner.

Lente agonie des vertus policières françaises ?

Le retour des oiseaux migrateurs confère à notre printemps un air de désinvolture. Les sujets d’actualité, quant à eux, se sont ultra-sédentarisés, comme s’ils restaient figés dans les pages les plus sombres de notre histoire.

En France, l’Etat d’urgence régurgite son lot d’abus, de violences et d’immaturités policières.

C’est ce que nous révèle le rapport de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), publié en mars 2016. Cette ONG internationale est réputée pour son indépendance et sa rigueur. Elle compte parmi ses membres actifs des fonctionnaires d’armée et de police de tous rangs.

L’enquête en question est préoccupante, pour deux raisons. D’une part, la légitimité et l’exemplarité des polices de la République voisine sont compromises, notamment aux yeux des jeunes générations. D’autre part, les forces de polices françaises semblent ne point disposer d’outils pour résoudre leurs propres carences.

Chaque institution publique doit pouvoir compter sur des organes d’évaluation critique, et si possible, indépendants.

La menace terroriste

Actuellement, sur nos terres européennes, je distingue quatre axes de prévention et de lutte contre le terrorisme :

  1. Harmonisation des codes juridiques et judiciaires d’un pays à l’autre.
  2. Sécurisation et échanges des paramètres informatiques entre pays dotés des instruments adéquats (les 28 membres de l’UE ne sont pas égaux dans leurs moyens).
  3. Conduite de missions opérationnelles et d’investigations sur le terrain par l’enquête, la récolte d’indices probants et la neutralisation des personnes dangereuses ou potentiellement dangereuses.
  4. Information, sensibilisation et promotion des expériences et réflexions socioculturelles dans les cercles scolaires et les milieux associatifs.

Cette dernière action est capitale. Elle solidifie les trois premières.

“A quoi sert de nous battre si nous asséchons nos valeurs culturelles et morales ?” Avertissait Churchill au coeur de la deuxième guerre mondiale. Les mêmes propos ont été tenus par les défenseurs armés de Sarajevo qui subissaient le plus long siège de l’histoire de la guerre moderne (du 5 avril 1992 au 29 février 1996). Les mauvais gestes policiers, extrêmement dommageables, répertoriés dans le rapport de l’ACAT-France desservent non seulement la prévention des menaces terroristes mais aussi et surtout l’esprit constitutif de nos démocraties.

Nos constitutions sont forgées dans le respect et la protection des intégrités et des libertés humaines, sociales et culturelles.

Résolution & innovation

Peut-on, enfin, imaginer voir des policiers, actifs du bout à l’autre de la chaîne sécuritaire – radieux dans le sauvetage d’un animal domestique et hargneux dans l’usage de la force proportionnée -,  intervenir dans les cycles scolaires obligatoires ? Accompagnés de tous les volontaires de la démocratisation active, les animateurs socioculturels, les soignants, philosophes, théologiens, etc… ; ils témoigneraient, ensemble, de la complexité de la lutte antiterroriste, à toute échelle : temporelle, informatique, juridique et géographique.

Et, par la même occasion, ces agents du service public pourraient se valoriser personnellement et restaurer les essences des polices d’Etat de Droit… avant qu’elles n’agonisent.