La question des effectifs préoccupe nos polices à l’image d’une interminable course-poursuite.
Nombre de ces polices s’agitent et se déploient à tout vent mais ne parviendront jamais à circonscrire l’entièreté des criminalités et encore moins à les prévenir.
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Augmenter c’est réduire
Cette inversion des paradigmes nous oblige à prioriser les tâches plutôt que de les cumuler.
Après avoir endurer deux années sanitairement et politiquement troublées, les entreprises, les institutions comme les associations sont contraintes de repenser leur modèles d’organisation et de gestion. La multiplication des couches, des ordres successifs, des directives et autres tâches sont décriées au profit d’une augmentation de “l’empowerment” personnel, autrement dit d’une augmentation de la responsabilité discrétionnaire des personnes. Cela vaut, en particulier, pour les professionnels disposant de pouvoirs exclusifs tels que les policiers.
Si le cadre sociétal se complexifie, se ferme et se durcit, par voie de compensation et de respiration, la liberté personnelle d’exercer sa “professionnalité” devrait s’ouvrir. Exiger les deux n’est pas supportable à terme. Il est impossible de garantir les intérêts supérieurs de la santé publique ou de la sécurité publique sans instaurer, dans le même temps, au sein des organisations professionnelles, des espaces de vidage, de régulation et de “cultivation” de l’erreur.
Cette forme d’introspection prévaut surtout dans les organisations de polices
C’est ce que nous démontre l’excellente enquête de Mikael Corre, journaliste au quotidien français La Croix. Je puis affirmer, ici et à mon échelle, être parvenu aux mêmes conclusions.
Le travail de la police ne se résume pas à faire baisser la délinquance. Mikael Corre, journaliste à La Croix, raconte les coulisses de son enquête au long cours au sein du commissariat de Roubaix. Durant un an, il s’est immergé dans le quotidien des fonctionnaires policiers, une semaine par mois, pour comprendre leur travail, loin des mythes véhiculés par les séries télévisées et les slogans politiques.
Il ressort de cette observation rigoureuse, l’éternelle question, l’éternel dilemme d’une police, bien trop seule, laissée à elle-même : quelles ressources et quels moyens à disposition ? Une police, certes, dépositaire, sur les terrains de nos vies, du service et de la protection de nos libertés, mais par trop introvertie et dépourvue.
Elle ne saurait être la seule instance facilitatrice des résolutions de problèmes de cohabitation.
Nos polices occupent, par tradition ou résignation, une trentaine de maillons de la chaîne dite sécuritaire. La centaine d’autres, qui garantissent la solidité de cette chaîne, sont – ou devraient être – occupés par la multitude d’acteurs pluridisciplinaires que sont les travailleurs sociaux hors murs, les huissiers, les urgentistes sanitaires, les inspecteurs du travail et j’en passe. Dès lors, il est urgent de confier et de reconnaître, à ces autres acteurs, de véritables pouvoirs de sécurité publique. Les ondes sismiques des criminalités ne s’arrêtent pas en police. Il y a tant à faire en amont et en aval d’une opération de police secours, par exemple. C’est ce que nous démontre l’investigation – fort bien illustrée – du journaliste Mikael Corre.
Ici, vidéo explicative « un an au cœur de la police », accès gratuit.
Ici, 40 pages à retrouver dans La Croix l’Hebdo du vendredi 14 janvier.