En France : le maintien de l’ordre, une lente agonie policière.

Le mardi 28 mars passé, notre voisin de pays assistait ou participait (subsidiairement) à la dixième journée de grève nationale contre la réforme des retraites. Un sentiment d’impuissance, de magnitude nationale, prédominait alors.

(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte – 127ème post)

La gestion des foules : un véritable défi sociétal

La gestion des foules représente l’un des plus grands défis des polices européennes du 21ème siècle, aux côtés des spectres contemporains que sont le réchauffement climatique, les pandémies, la guerre, les flux migratoires et l’intelligence artificielle.

En France, la liberté de manifestation est enrayée par l’incapacité de sa police nationale à prévenir les dégénérescences. Ses seules démonstrations se résument à la réaction et à la confrontation, signes de faiblesse.

Les voyous ne méritent pas qu’on leur ressemble

L’ambivalence atteint son paroxysme lorsque des membres des forces de l’ordre se comportent à leur tour comme les voyous auxquels ils font face. Le tableau sociétal se trouble, les références existentielles de l’État de Droit vacillent, nos valeurs universelles sont bafouées par ceux-là même qui les représentent, les détiennent et sont censés les garantir.

C’est alors qu’un puissant dilemme apparaît. Les pesées d’intérêt s’annihilent.

Que des voyous puissent se comporter ainsi est évidemment intolérable et les forces de l’ordre doivent les référer en justice. Que des policiers puissent se comporter en voyous pose d’autres questions, beaucoup plus fondamentales :

Quelle police avons-nous construite, financée, cadrée et formée ?

Qui déférera les auteurs de délits et de crimes, parmi les policiers, à l’autorité judiciaire ? Et par quel instrument indépendant et distancié ?

Le destin d’une République

Tout le monde l’aura compris. Le destin de l’État République n’appartient pas aux casseurs ni aux infiltrés violents, mais bel et bien à ses représentants d’ordre… pour autant que ces derniers soient dotés de toutes les capacités à l’honorer (honorer le destin évolutif d’une Nation), dans la proportionnalité de leurs actes, dans le respect de l’intégrité physique, psychique et morale des individus, dans la règle absolue du vouvoiement* et le respect intégral de la liberté d’exercer des médias.

Les expertises sont flagrantes. Abandonner les terrains de guérilla et en substance, mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables, afin de garantir coûte que coûte le droit de manifestation, déclaré ou non (pour autant que le rassemblement ne soit pas interdit), reste l’étalon de mesure de toute police d’État de Droit qui se mérite.

Lire mes opinions parues le 7 juin 2022 – Repenser le maintien de l’ordre, une urgence française, dans le quotidien Le Temps.

et le 29 mars 2023  – En France, le discrédit d’une République, dans le quotidien Le Temps.

Vu de Suisse – violences policières – reproduit dans le Courrier International du 03 avril 2023.

 

*Les policiers ont-ils le droit de tutoyer les civils ? “C’est le vouvoiement” qui prime, tranche Agnès Thibault-Lecuivre, cheffe de l’IGPN (Inspection Général des Services de Police Nationale), le 27 mars 2023.

 

 

La police n’est pas militaire

Nous entendons et lisons toujours ce genre d’affirmation : la police est une organisation militaire. La semaine passée encore, j’ai été interpellé par de jeunes policiers qui s’en étonnaient. Bien sûr, ces derniers ont connaissance des quelques traits historiques et momentanés qui mêlèrent la discipline militaire à leur champ professionnel. Ils savent que certaines lois cantonales (Genève, Valais, pour exemples) y font allusion : « organisé.e militairement ». Mais de là à affirmer que la police est une organisation, intrinsèquement, au sens originel de son essence, militaire… La nuance est de taille.

(124ème post – 2 minutes de lecture. Le féminin est compris dans le texte.)

Certaines polices suisses sont organisées militairement pourtant elles ne sont pas des organisations militaires et ne sauraient l’être.

La nuance est subtile mais existentielle !

Maladresse, confusion ou formule dénuée de sens ?

Un peu de tout à la fois.

Pourtant la méprise peut s’avérer grossière et laisser entrevoir un vice de forme préjudiciable à notre démocratie. En effet, une bonne moitié des lois et règlements cantonaux et municipaux régissant nos corporations de polices, en Suisse, font mention, pour l’ensemble de leur entité ou pour une fraction de celle-ci dénommée « Gendarmerie » ou « Police Secours » ou encore « Police territoriale », d’un procédé hiérarchique et/ou de type militaire.

D’autres lois et règlements cantonaux et municipaux ne font pas ou plus du tout allusion à ce lien militaire. La page est manifestement tournée, l’institution restaurée et réhabilitée.

Biais historique

La documentation et les récits traversant les trois siècles passés nous montrent que “l’encasernement” des “gens d’armes” répartis le long et large des territoires ruraux, organisés en maréchaussées puis plus tard en gendarmeries, que ce soit en France ou dans plusieurs cantons suisses latins, a été motivé par l’indiscipline et la corruption qui gangrenaient les rangs. C’est la principale raison pour laquelle ces agents d’ordre se sont vus imposés un régime strict et d’obédience militaire.

La confusion entretenue aujourd’hui présente quelques relents cachés et semble vouloir ralentir, dans ses tonalités les plus sournoises, les réformes managériales en faveur desquelles un service public moderne se doit de s’engager. Il en va du bien-être des collaborateurs et du développement de leurs compétences. Nombre d’organisations de secours d’urgence implémentent une gestion transversale de leurs ressources humaines. Les initiatives personnelles, accompagnées de critiques constructives, propositions et innovations, sont encouragées. Les jeunes générations s’y retrouvent et s’enthousiasment davantage et durablement.

Cela va sans dire que l’opération de terrain reste soumise à un commandement hiérarchique et pyramidal. En de telles circonstances, face au danger et aux risques encourus, les ordres ne sauraient être discutés ni contestés. De retour en centrale, en poste, en brigade ou en hôtel, les méthodes de conduite directoriale peuvent s’ouvrir et se démocratiser. Les erreurs, forces et faiblesses seront d’autant mieux traitées et régulées ; ce, dans un esprit de transparence et de respect mutuel.

Nos polices suisses ne disposent d’aucun pouvoir exécutif militaire

Si tel était le cas, elles répondraient au code pénal militaire et non au code de procédure pénale (civil). En situation de guerre, nos polices perdraient leurs prérogatives. Alors qu’aujourd’hui, dieu merci, les militaires et leur police attitrée ne sont autorisés à se déployer qu’à l’occasion de prestations auxiliaires et secondaires, en appui logistique des polices civiles, notamment en marge des grands évènements.

Les démonstrations, les pouvoirs exclusifs et les maîtrises proportionnées conférés à nos polices – qui les éloignent de toute dimension militaire – sont si flagrants que je m’étonne encore que l’on puisse “copier-coller” ce lointain cousinage aux enjeux actuels. À moins que l’usurpation ne s’accommode par trop d’une gouvernance désuète et surannée… qui, malheureusement, règne encore dans certaines de nos polices…

 

Compléments :

 

Polices suisses, chiffres

 

Politique de sécurité : militaire ou policière ?

 

Armée de guerre. Police de paix.

24 février 2022.

Sidération.

La guerre fait rage en Europe, à nos portes.

(120ème post – 2 minutes de lecture)

Les militaires et les volontaires armés prennent toute la place, notamment celle ordinairement occupée par les policiers civils. Ces derniers étant chargés, en temps de paix, de servir et protéger les plus faibles et tous les résidents et les citoyens en leur portant secours et en veillant à l’application des règles élémentaires de cohabitation.

Quoi dire, quoi faire ? Que voir, qu’entendre, qui croire ? Quand les mensonges, les manipulations, les dissimulations et le mépris de la dignité humaine écrasent tout entendement, sauvagement.

Croire les faits !

Rien que les faits ; par l’établissement rigoureux des preuves identifiées et documentées, par l’audition des témoins, par le croisement des indices, vérifiés, confrontés. Un travail minutieux et urgent à la fois, confié à des organismes indépendants et neutres. Voilà toutes les compétences d’une police de droit.

Une police comme…

1. … celle qui est invoquée par Manuel Bessler, ambassadeur et chef du Corps suisse d’aide humanitaire en charge de l’action de la Suisse en Ukraine, quand il précise le 29 mars 2022 que : « Le problème, c’est qu’on a le droit, mais qu’on n’a pas une police pour renforcer ce droit. ».

2. … celle qui se dessine par la voie-voix des ONGs comme TRIAL International. Interview RTS 19h30′ du 3 avril 2022, de Philip Grant, directeur de Trial.

Et, enfin,

3 … celle que priorise le nouveau procureur général de notre Confédération, Stefan Blättler, lorsqu’il présente le 29 avril passé (2022) ses priorités d’action après 100 jours d’exercice.

La Guerre en Ukraine concerne, implique et engage nos polices.

Extrait de l’article de Fati Mansour Le Temps du 29 avril 2022. “Avec la situation en Ukraine, le MPC s’est profilé sur la poursuite des criminels de guerre tout en annonçant la création d’une task force censée ouvrir l’œil sur tous les indices liés à ce conflit. Stefan Blättler assure que sa volonté de traquer les auteurs des pires atrocités qui pourraient se trouver en Suisse ne date pas du 24 février et s’applique à tous les suspects, sans distinction d’origine. En juin dernier, la condamnation à 20 ans de prison (encore frappée d’appel) d’un ancien chef rebelle libérien par le Tribunal pénal fédéral – le succès de l’année dont peut se vanter le parquet fédéral (avec la condamnation d’une banque) – a peut-être aussi insufflé plus d’énergie à ces enquêtes complexes. «C’est une tâche importante et il y a un consensus à ce sujet. Il faut être vigilants et ne pas fermer les yeux.»

Des polices à ré-inventer.

L’adaptation au changement pour nos polices est dictée par les tragiques événements qui nous environnent et accablent nos démocraties. Des unités de polices mobiles, polyvantes et pluridisciplinaires, capables de monter des dossiers irréprochables et de communiquer leurs constats, peuvent soulager les victimes. La création d’une task force par le Ministère public de la Confédération en vue de poursuivre les criminels de guerre en est la parfaite incarnation.

D’autres entités de police devraient voir le jour. Notre pays confédéral dispose de nombreux atouts pour offrir de tels services de polices.

Les violations militaires des Conventions de Genève et leurs conséquences criminelles sont une tâche de police – existentielle et universelle.

 

Trial. Une ONG qui produit, jour par jour, un important travail de police :

TRIAL, Public Eye, ONGs de police

 

Deux de mes posts antécédents qui traitent de la dualité militaire / policier :

Politique de sécurité : militaire ou policière ?

Policier gentil versus répressif ?

Police environnementale

Une nouvelle police environnementale

(3ème partie*, post N° 119ème – 2 minutes de lecture)

Jamais les notions originelles d’une police n’ont été à ce point révélées ! Les conclusions du sixième rapport du GIEC sur l’urgence climatique nous obligent à concevoir une police d’application ; conciliante mais d’une extrême détermination.

Le raisonnement est semblable face aux crimes de guerre commis aujourd’hui en Europe et sur lesquels je reviendrai dans mon prochain et 120ème post.

Police d’assurance ?

À l’heure d’une remise en question écologique mondiale, les droits accordés au monde naturel n’ont pas fini de faire parler d’eux, en Suisse comme à l’étranger.

Les contextes socioéconomiques et géopolitiques divergent mais nous sommes tous assignés au même destin.

Alors que beaucoup de pays ne disposent encore d’aucune législation sur la souffrance animale, la Nouvelle-Zélande conférait en 2015 des droits équivalents à celui d’un être humain à une rivière, lui permettant notamment d’être représentée dans une cour de justice. Au large de l’Australie, le cours d’eau Whanganui est ainsi, de fait, un citoyen Néo-Zélandais comme les autres.

Comme toujours avec de telles conventions légales de sauvegarde, l’enjeu réside dans l’effective protection accordée aux êtres les plus vulnérables sur les terrains d’application. Cette injonction ne peut-être que de nature policière. Qu’elle soit opérée par des ONGs (organisations non gouvernementales) ou des agents d’État, supportés qu’ils sont par les investigations des journalistes et les plaidoiries des juristes.

 

C’est maintenant ou jamais !

Le sixième rapport du GIEC est publié.

Interview de Julia Steinberger au 19h30′ RTS du 4 avril 2022.

 

*Trois épisodes pour traiter l’urgence climatique en relation avec nos polices.

Les deux précédents :

1ère partie : une nécessité, publiée le 23 août 2021.

2ème partie : une anecdote, publiée ce 6 décembre 2021.

 

Documentation complémentaire :

Post du 4 août 2017 traitant des polices environnementales.

Post du 11 août 2017 traitant des crimes contre l’environnement.

Urgence climatique et police

1ère partie sur 3

(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte)

Ce 112ème post inaugure la rentrée automnale 2021.

Je prévois trois épisodes pour traiter l’urgence climatique en relation à nos polices.

1ère partie :  une nécessité

2ème partie : une anecdote

3ème partie : une nouvelle police

Ces trois posts seront entrecoupés d’autres commentant l’actualité et de l’interview d’un ancien policier ayant rédigé (édité et publié) les faits marquants de sa carrière.

Une nécessité

La police, dans le sens de sa définition originelle, est la force que le peuple organise, rémunère et délègue à des agents légitimés et assermentés.

But : préserver la paix, le bien commun, l’intégrité et les avoirs privés de tout un chacun.

Où ? Au cœur des cités comme dans les contrées les plus éloignées, habitées ou non.

Comment ? Par coercition et opportunité discrétionnaire ; cette dernière faculté s’adaptant au gré des besoins et des évolutions sociétales.

La nature policière

La police s’apparente à une prise de conscience assortie d’une évaluation permanente des situations ; ce, par le truchement de l’enquête, des auditions de témoins et du recueil des indices et des preuves. Une police qui, par ses initiatives de prévention, de régulation et de sanction doit faire face aux nécessités.

Quelles nécessités ?

Celles que nous, membres du peuple des migrants, des touristes, des résidents et des citoyens ne pouvons pas résoudre nous-même.

Pourquoi ?

Parce que le risque de détérioration serait trop grand. Les statuts de victime, de témoin ou d’auteur d’une exaction comme d’une infraction ne permettent pas de les résoudre. Trop impliqué, le mélange des postures – juge et partie – ne produit que déformation, rancœur et vengeance. La récolte des informations comme leur arbitrage nécessitent une distanciation et une délégation à des tiers, neutres, objectifs et assermentés. La police est donc née. Une police qui se chargera ensuite de présenter ses résultats au pouvoir judiciaire. Organe séparé, le judiciaire réunira les conditions du jugement.

Les contours sociologiques d’une époque et l’évolution de nos polices

Les notions de criminalité se définissent dans les âges, les mœurs et les coutumes. Au fil du temps, il en ressort d’étranges compromissions à l’image de ces normes qui conditionnent les humains ou inversement soulèvent d’improbables révolutions. Avant-hier, en bon pays catholique, renier la foi de ses pairs vous condamnait immanquablement aux pires châtiments. Aujourd’hui, ce crime poussiéreux, jadis placé au sommet de l’échelle des péchés, s’est totalement dilué pour ne provoquer, sous nos latitudes, plus aucun sourcillement. Les dépénalisations et les libéralisations progressives des drogues douces en Europe sont les démonstrations du phénomène des transformations et perceptions criminologiques. Notre société baisse la garde d’un côté pour la lever de l’autre ; notamment face à de nouvelles formes de criminalités économiques, numériques, génétiques et… écologiques.

L’urgence climatique

Le dernier rapport des experts du climat GIEC, présenté le 9 août passé (2021) à Genève, est cinglant. Il détaille les désordres, à grande échelle, occasionnés par le réchauffement. « Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et l’eau. » peut-on lire dès les premières lignes du rapport. Son contenu est limpide, il confirme la « relation quasi linéaire entre les émissions anthropogéniques de CO2 et le réchauffement qu’elles entraînent.»

Agir c’est “policer” !

Il ne fait aucun doute que les activités humaines néfastes à l’environnement naturel doivent être régulées par de nouvelles polices à naître. Nous (voyons) verrons alors apparaître des brigades spécialisées en surveillance de la gestion des déchets – plusieurs employés de commune s’y emploient déjà – . D’autres polices enquêteront, au long cours, et remonteront les filières d’extraction des produits naturels, veilleront aux sources d’eau potable, arpenteront nos forêts jusqu’aux terminaux portuaires.

à suivre…

Articles en lien avec la sortie du nouveau rapport GIEC et parus dans le quotidien Le Temps :

… un nouveau coup de semonce…

En Suisse, l’inertie climatique

Blogs de l’observatoire des polices, antérieurs, sur le climat et l’environnement :

Les crimes contre l’environnement

La police environnementale

 

 

 

Non aux mesures policières le 13 juin

J’ai beau chercher, en 35 ans, des quatre centaines d’officiers généraux, criminologues et autres experts de police avec lesquels j’ai cheminé de par le monde, aucun n’a plaidé la réduction d’une seule valeur fondamentale au profit de la sécurité collective… sans que cette valeur soit maîtrisée par un contre-pouvoir séparé et démocratique.

Sans la compensation de sérieux contre-pouvoirs, notre démocratie se trouverait défigurée.

Et, dans tel cas, les dégénérescences violentes et irréversibles résultantes piègeraient nos communautés de vie, à commencer par ses membres les plus faibles – ce que proscrit le préambule de notre Constitution.

Tout en admettant volontiers que mes partenaires professionnels ne se nourrissent pas d’illusions nostalgiques ni ne prétextent toutes sortes de moyens pour atteindre leurs fins (… sans quoi ils ne seraient point mes partenaires…) il est quand même surprenant qu’aujourd’hui encore nous puissions imaginer qu’une possible substitution judiciaire par l’augmentation du registre policier permettrait d’appréhender d’éventuels actes terroristes… l’histoire et ses rebondissements à répétition nous ayant démontrer le contraire.

La police est un organe de libération…

… et non de restriction.

L’action ultime de toute police se mesure à sa capacité de préserver le socle de nos libertés et de nos droits fondamentaux, toutes personnes, toutes fonctions, tous statuts confondus.

Libertés et droits qui sont fortement réduits par l’initiative sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT) soumise au vote populaire le 13 juin prochain. En cas d’acceptation, notre police fédérale verrait son ancrage institutionnel se fissurer, probablement à son insu.

Une police moderne prie de ses vœux le respect absolu de la séparation des pouvoirs, lui permettant, en substance, de tisser des liens consentis et fiables avec les groupuscules ou individus les plus vulnérables mais aussi, par connaissance et discernement, avec les plus récalcitrants, dangereux et isolés. Alors que les mesures policières de lutte contre le terrorisme soumises à votation ce 13 juin pousseraient nombre de malveillants ou autres criminels en puissance à se retrancher dans les recoins de l’illégalité et à user de subterfuges toujours plus ténus et sophistiqués pour échapper à toute forme de contrôle. En face, les polices seraient tentées d’usurper leurs maîtrises au risque de céder à certaines dérives arbitraires. C’est en substance ce qu’appréhendent les 67 signataires, professeurs et universitaires suisses, de la lettre ouverte critiquant ce projet de loi et signalant son manque de contrôle judiciaire.

Prendre position…

… en ma qualité d’expert indépendant.

J’ai hésité, craignant peut-être… que l’on m’affilie à une quelconque obédience partisane ou que ma détermination à prévenir et à combattre toute dérive terroriste puisse en souffrir. En fait, la question ne se pose même pas. C’est bien dans l’intention de renforcer le pouvoir de nos polices que je plaide le respect absolu et indissoluble des droits de l’Homme et que je rejette le projet de cette loi.

Les auteurs d’une récente étude scientifique affirment également que ces mesures ne sont pas nécessaires.

Et voilà-t-il pas que les résultats d’une étude universitaire vient, à l’instant, confirmer la mise en garde contre les dérives liées à l’application de ces mesures policières. Plus que cela, elle démontre «  … que l’arsenal pénal antiterroriste suisse permet déjà aux autorités d’intervenir très en amont, d’appréhender et de réprimer une large palette de comportements afin de protéger la sécurité publique de toute mise en danger. La seule réception d’images de propagande ou la publication d’une seule vidéo de ce type suffisent à déclencher une poursuite pénale. » dixit Kastriot Lubishtani, l’un des deux auteurs, interrogé par Fati Mansour pour Le Temps le 10 mai 2021 – L’étude qui décortique l’arsenal pénal antiterroriste en Suisse.

Et l’autre auteur, Ahmed Ajil, de compléter : « Les dernières années ont vu le développement d’une stratégie pénale très répressive couvrant, pour ainsi dire, l’intégralité du spectre d’une quelconque mobilisation en faveur de la cause djihadiste. Des procédures sont ouvertes et des mesures de contrainte imposées, ou disponibles, quand il s’agit encore d’actes bénins qui ne relèvent même pas d’une sorte «de préparation de la préparation de la préparation d’un attentat. Ce constat est encore plus vrai si l’on tient compte des ordonnances pénales ou de classement prononcées par le Ministère public de la Confédération. Ces dernières, plus invisibles, renseignent sur un «filet pénal» particulièrement sensible qui attrape au moindre soupçon d’une activité vaguement suspecte. Il est donc faux de soutenir que le droit pénal n’est pas assez puissant, que celui-ci ne peut intervenir qu’une fois un crime commis et qu’il est donc nécessaire de mettre en place des mesures policières à titre préventif. En fait, tout est déjà possible. On veut juste se faciliter la vie en évitant les contraintes et les garanties d’une procédure classique. »

Dont acte.

 

 

 

 

 

Le mieux est l’ennemi du bien

Jamais depuis un mois je n’ai autant été sollicité par les médias.

Jamais depuis un mois je n’ai autant décliné d’invitations médiatiques.

(109ème post)

L’actualité était certes concentrée, dense, mais la bonne compréhension des faits par trop diffuse.

Une actualité largement judiciaire, circonstanciée, qui ne m’offrait pas le recul nécessaire à l’analyse rigoureuse.

Ajoutez à cette configuration complexe, la recommandation du Conseil fédéral (2003) et la voix de plusieurs ministres cantonaux dont, en particulier, celle de Monsieur David Hiler, Président du Conseil d’État de la République et canton de Genève (2009), brillant homme d’État qui exerça un rôle déterminant et incontesté dans la réforme de la police cantonale genevoise ; recommandation que je n’oublie pas et souvent formulée à mon conseil, notamment lors de mon engagement pour la conception des cours d’introduction du diplôme supérieur de policier : « Il est nécessaire que ces cours comportementaux soient dispensés par une personne extérieure et ouvertement critique. Nous souhaitons que les lignes bougent et que nos polices se réforment. »

Une recommandation que je ne lâche pas depuis et qui pourrait se résumer ainsi :

Critiquer les systèmes institutionnels (la personne morale) afin d’épargner, dans la mesure du possible, leurs employés (les personnes individuelles) !

Considérant en cela que bien des personnes employées commettant des erreurs – et non des fautes morales ou pénales, ndlr. –  sont souvent victimes de la lourdeur du système institutionnel qui les emploie…

Cette volonté politique avant-gardiste est-elle toujours à l’ouvrage ?

Je le crains.

Rétrospective

Double sélection :

Les zadistes sur la colline du Mormont (30 mars 2021)

Les rapports de force ont été appréhendés avec justesse. Une action libre et contestataire de sauvegarde du patrimoine naturel tellement indispensable et une obligation d’application du droit tellement indispensable. Le classique dilemme éthique. L’action de la police a été proportionnée et quasi irréprochable.

D’emblée, j’ai plaidé, comme plusieurs autres, l’engagement d’une cellule d’observation indépendante. On connait bien dans notre pays ce “tiers” d’observation des bons offices, forme d’arbitrage existentiel de la séparation des pouvoirs, garant, depuis des siècles, de notre vie communautaire. En les circonstances, la présence de ces observateurs extérieurs aux administrations publiques a contribué, sans nul doute, au résultat pacifié de l’évacuation.

Acquittement du policier dans l’intervention de Bex (31 mars 2021)

Discussion dans Forum du 31 mars 2021 – RTS info

Que d’émotions ! Moultes fois sollicité, j’ai refusé toute déclaration avant et pendant le jugement, n’ayant naturellement pas accès au dossier. Une fois le verdict tombé, je me suis exprimé lors du forum du 31 mars 2021 pour redire ce qui compte pour moi : examiner la responsabilité des systèmes institutionnels afin de libérer les individus ; dès lors, bien entendu, que les faits et les preuves aient été produits puis examinés et discernés par le pouvoir judiciaire séparé et indépendant.

Nous nous sommes retrouvés, mon interlocutrice du soir et moi-même, au sortir de l’émission, partageant la même opinion quant à l’importance cruciale de dénoncer le racisme en polices, là où il existe, mais nous avons aussi pu accepter respectueusement nos divergences quant au verdict du Tribunal d’arrondissement de l’Est vaudois.

Ceci dit, et je l’ai précisé lors de mon intervention audiovisuelle, je comprends les réactions de colère de l’entourage de la victime et de bien d’autres personnes observatrices. Face à nombre d’incompréhensions, nos polices portent une responsabilité institutionnelle. Plusieurs d’entre elles nous laissent dans le doute… et manifestent trop peu clairement leurs positions. Elles ne démontrent pas suffisamment leurs intentions de lutter de toutes leurs forces coercitives et discrétionnaires contre les formes de racisme et de discrimination qui sévissent dans leurs corporations. Elles pourraient, comme l’ont déjà démontré et réalisé concrètement le CHUV, la RTS et bien d’autres instances officielles, engager des processus d’observation, de dépistage et de dénonciation libres, extérieurs et indépendants.

S’imaginent-elles, ces polices, à l’abri des contraintes et des forces démocratiques et, pourrais-je ajouter, des volontés de changement ?

Si tel est le cas, elles se trompent. Et la sonnerie du réveil sera d’autant plus stridente et douloureuse pour leurs membres humains.

La sauvagerie

J’en conviens, il est aisé de commenter les images surréalistes, qui nous sont parvenues cette nuit, de l’assaut du Capitole à Washington.

(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte)

Des uns, comme moi, interrogent l’inefficacité des polices. Des autres s’imaginent que ces mêmes polices auraient eu tort de bloquer – si tenté eut été possible ? – la fronde des insurgés au risque d’une dégénérescence explosive.

Résultat : la bête s’est retrouvée victorieuse au cœur même du symbole patrimonial de l’appareil démocratique des États-Unis, siège du Congrès. Rien que ça.

Au Capitole, l’incroyable impréparation de la police. Lire, ici, l’analyse de Simon Petite dans Le Temps du jour.

L’organe musculaire et vital de la cage thoracique est donc plus vulnérable que l’enveloppe corporelle périphérique. La biologie le démontre. On tient dans cette comparaison physique l’énigme d’un malaise policier grandissant, y compris sous nos latitudes. Il est sans nul doute plus facile pour l’un des 18’000 organismes de polices étasuniens d’affronter des manifestants pacifiques, de surcroît à la peau noire, que de dégorger une frange survoltée et armée pénétrant les entrailles du sacro-saint pilier étatique.

“Plus l’équipement est lourd et sophistiqué plus le retour sur soi, dans sa conscience professionnelle, est fastidieux pour l’agent de police qui se trouve comme isolé de la réalité citoyenne… ” me rappelait il y a encore peu un commandant régional d’une police suisse.

Ce qui expliquerait pourquoi il paraît plus inconcevable pour nombre de polices d’admettre, de dénoncer puis de virer les malpropres sexistes ou racistes de leurs propres rangs que de monter une opération vertigineuse d’exfiltration.

Le pire ennemi est bien celui qui se cache en son propre intérieur, dans ses peurs et ses certitudes galvanisées par des années de sentiment de supériorité et d’impunité.

En Confédération helvétique, une solution a été conceptualisée en 2004.

Une des réponses esquissées, fort habile et prémonitoire ma foi, conçue il y a déjà une demi-génération, se niche dans l’élaboration de notre Brevet fédéral de policier dont le programme prévoit de traiter, en priorité et avant tout autre cursus, les composantes de la constitution biologique et celles de la fabrication démocratique. Afin que nos futurs policiers réfléchissent à leurs vulnérabilités et celles de l’État qu’ils servent avant de déployer quelque outil de sanction ou de coercition que ce soit. La précaution était salvatrice et mériterait d’être sérieusement restaurée. Dans plusieurs centres de formation de police de notre pays, aujourd’hui encore, les compétences sociales et la progression réflexive passent bien après l’instruction tactique et technique.

Grandir les postures intellectuelles avant de recourir aux gros bras aurait été bien utile dans cette escalade du Capitole. Une telle compétence professionnelle aurait sans doute permis d’anticiper cette insurrection – tellement prévisible* – et d’interpeller préventivement les principaux détracteurs, connus des services de renseignements.

La peau de bête a été victorieuse un jour, une nuit, le temps du cliché.

Espérons que ces photographies conserveront la forme didactique de l’épreuve dans nos formations continues policières. Car, on le voit sur les images … malheureusement… que les peaux de bêtes l’ont emporté sur les équipements ultra-sophistiqués d’une police désemparée.

*à la vue des antécédents comme ceux survenus en octobre 2020 avec notamment la tentative d’enlèvement – déjouée par le FBI – de la gouverneure du Michigan.

 

 

 

 

Le matricule de la confiance

Le décès de la victime George Floyd (dont l’auteur – policier lors des faits – est inculpé de meurtre) et bien d’autres atteintes à la dignité humaine commises par des agent-e-s de police ont provoqué d’importantes manifestations en Europe et outre-Atlantique.

(Le féminin est compris dans le texte – 4 minutes de lecture)

Afin de prévenir d’autres discriminations, des motions et recommandations son déposées, y compris en Suisse comme celles des Vert.e.s genevois.e.s.

Nouvelles mesures = risques consécutifs

En soi, ces initiatives sont bénéfiques car elles vivifient notre démocratie. Néanmoins, deux risques consécutifs sont à prendre en compte.

  1. Celui de rajouter des couches normatives au cadre professionnel de nos agents de police. Déjà sous pression, plusieurs d’entre eux développent une attitude de rejet et se recroquevillent dans une forme de déni. Nous prenons alors le risque de creuser l’écart entre une part grandissante de la société civile plutôt revendicatrice et des forces de l’ordre plutôt conservatrices. Il y a lieu de craindre que nos polices s’isolent encore davantage.
  2. Toute mesure d’amélioration ou consignes venant du débat puis de la décision politiques et qui se traduisent ensuite par quelques formations ne servent pas à grand-chose si elles ne sont pas sincèrement plaidées par le management ; au risque de devenir des alibis.

Les résolutions envisageables

J’ai largement, et à plusieurs reprises, évoqué, ici, dans les colonnes de ce blog, les moyens à disposition du management policier permettant de réduire les dérives discriminatoires et racistes et, de surcroît, prévenir toutes formes de dégénérescences.

  • La création de lieux de vidages au sein des corporations en faveur des policiers qui fatiguent, dérapent, se fragilisent et se questionnent. Traiter l’erreur renforce l’efficience organisationnelle.
  • L’engagement d’experts qualifiés et indépendants dans l’animation d’ateliers de résolution éthique. De plus en plus de polices suisses ainsi que des organisations de secours s’engagent dans cette voie.
  • La mise sur pied d’organes de contrôle ou de réclamation neutres, libres et indépendants. L’instauration d’un tel outil dépend plus du pouvoir politique que des État-Majors de police, même si ces derniers ont les facultés de convaincre leur direction politique.
  • Des formations initiales et continues pluridisciplinaires et interactives. Il existe aujourd’hui des pédagogies et des didactiques qui échappent au risque d’alibi et qui impliquent davantage les apprenants, surtout lorsqu’il s’agit de policiers expérimentés.
  • L’idée et la possibilité de délivrer un récépissé récapitulant l’intervention policière. Remarque : j’émets quelques doutes quant à cet investissement administratif du policier. Néanmoins, je constate que le procédé existe dans des versions simples et efficaces.
  • Et, enfin, le port du matricule. C’est ce dernier moyen ou support que je souhaite développer ci-après.

Interview dans Forum – RTS La 1ère, du 17 septembre 2020 – Faut-il légiférer contre les discriminations raciales lors d’interpellations ?

Le matricule policier

Le policier suisse, rattaché à un organe étatique communal, régional, cantonal ou fédéral est avant tout un employé du service public.

À son engagement, il embrasse le service public et le devoir inhérent de rendre des comptes aux résidents et citoyens. Ce, avant même de déployer son exercice professionnel concret et quotidien. Il devient une représentation incarnée de l’État. C’est à cette juxtaposition (personne – État) précise – symbolisée, pour le policier, par son assermentation –  qu’intervient la dualité de l’exercice du pouvoir policier : être à la fois l’État – ou une personne morale – et, à la fois, une personne singulière, individuelle et physique, en chair et en os, avec ses émotions et sa sphère privée. Dans cette combinaison, un statut n’exclut pas l’autre mais nécessite une forte capacité de cohabitation. Une cohabitation trop peu discutée, trop peu régulée et trop peu éprouvée dans les formations de polices, malheureusement.

Une cohabitation de deux statuts qui alterne les priorités.

Durant son service professionnel, le policier est d’abord l’État. En congé, il est avant tout une personne individuelle et physique ; même si au travail il n’oublie pas son humanité et qu’au privé il n’oublie pas son engagement policier.

Le matricule apposé sur l’uniforme exprime bien cette dualité : un matricule personnel et un uniforme institutionnel étatique.

Le matricule… nominatif ou chiffré ?

Le matricule nominatif tel qu’utilisé, par exemple, à la Police cantonale bernoise – avec l’initiale du prénom et le nom complet en toutes lettres – démontre la dimension humaine derrière la fonction, alors même que la fonction prime dans l’exercice professionnel.

Les policiers bernois, que j’ai interrogés, ne voient pas d’inconvénient à s’afficher de la sorte. Au contraire, ils ont l’impression d’amortir les susceptibilités de certaines personnes interpellées et récalcitrantes. Une forme de réciprocité s’installe dans la relation qui gagne en confiance.

Le matricule de la confiance

Pour ma part, je ne veux pas d’une police qui se cache. Une police qui exige de connaître – à juste titre – les identités des personnes qu’elle interpelle se doit de donner l’exemple. La connaissance du terrain pour un policier nécessite de tisser des liens de confiance avec ses bénéficiaires et cela ne saurait se produire sous couvert de l’anonymat.

Notre service public ne craint pas de s’afficher.

Face au risque que représente la divulgation de son nom sur un matricule, une policière me confiait que sa meilleure assurance vie n’était pas la défiance mais bel et bien la confiance.

Dont acte.

 

Avertissement : il est bien entendu que les membres d’unités spéciales, lors d’opérations potentiellement dangereuses ou présentant des risques de confrontation importants, changent leurs matricules nominatifs contre des matricules chiffrés ou d’autres supports de légitimation.

Les lois cantonales sur la police précisent toutes, à quelques nuances près, que l’agent doit ou a le devoir de s’identifier ou de décliner son identité à la demande de la personne interpellée. Et, si menace, précise, par exemple, la loi cantonale neuchâteloise sur la police… l’agent donnera son numéro de matricule.

Une police représentative

La représentativité, les pouvoirs exceptionnels et les maîtrises policières ne sont pas assimilées à l’identité fédérale ou cantonale de l’agente.

(Le masculin est compris dans le texte – 101ème blog – 2 minutes de lecture)

Pourquoi ?

La délégation prévaut dans notre Confédération

1. Parce que les organes de notre démocratie sont séparés les uns des autres. Cette fabrication semi directe prévient les abus d’autorité et favorise l’équilibre des forces. Nul ne saurait être à la fois juge et partie. C’est d’autant plus vrai pour des policières *.

La territorialité est la limite du pouvoir policier

2. Parce que notre État est fédéral, composé de 26 États cantonaux desquels dépendent principalement nos polices. Nombre de policières sont étrangères à leur canton d’exercice professionnel.

La diversité est la marque de fabrique de notre Confédération

3. Parce que la police est le reflet des compositions culturelles diversifiées de notre société.

En Suisse, l’exercice policier est bien plus une affaire de territorialité et de délégation que de citoyenneté !

… ou une affaire de juridiction, préciseraient les américains du nord. Notre organisation confédérale est fractionnée par les cantons, les régions et les communes, toutes desservies par pas moins de 300 corporations de police incluant en cela les polices thématiques (et non géographiques) comme celle des transports étendue à l’ensemble des voies de communications publiques du pays.

Concrètement, l’intercantonalité est déjà en vigueur dans nos polices

Une ressortissante valaisanne n’est pas empêchée d’exercer en République et canton de Genève alors même qu’elle n’a aucun droit de vote à l’échelle du canton d’accueil de son exercice professionnel.

À l’heure actuelle, quatre états cantonaux accueillent les personnes détentrices d’un permis C. dans leurs effectifs : Les polices cantonales de Bâle-Ville (depuis 1996), de Schwyz, Neuchâtel et Jura.

Une motion déposée au Grand Conseil (pouvoir législatif ndlr.) demande que le métier de policier soit ouvert aux personnes titulaires d’un permis C.

 

Le doigt ou la lune ?

La police ne s’approprie pas le Droit qu’elle engage sur le plan visible et opérationnel. La police se contente d’indiquer et de renseigner le Droit du bout de son doigt puis conduit le résultat de ses investigations ou les personnes (présumées innocentes) qu’elle aura interpellées auprès du juge (pouvoir judiciaire séparé du pouvoir exécutif auquel appartient la police, ndlr.). Nous bénéficions, ici, comme le long des chaînes sécuritaire et judiciaire, de pouvoirs transposés et séparés. Cette logique peut aussi prévaloir dans l’engagement des futurs policiers vaudois. Une policière étrangère peut très bien renseigner sur le respect des règles et des lois de son pays d’accueil sans interagir au sein de l’identité cantonale qu’elle sert et protège.

Ainsi, ne craignions point cette distanciation étrangère à l’exercice policier, elle est une composante de notre démocratie.

Voir mon blog du 20 janvier 2017 :

A la police, les étrangers sont les bienvenus !

*On peut préciser encore qu’une policière ne détient pas moralement l’État (en main du peuple qui délègue ses représentantes) mais détient, par contre, les droits fondamentaux et par conséquence, la responsabilité de défendre les valeurs universelles dans l’espace public. Ces droits fondamentaux protègent aussi – et, sans distinction aucune – les personnes d’origine étrangère.

Sans ces droits fondamentaux, la policière perd toute légitimité, notamment dans le fait de détenir des moyens exceptionnels (usage de la force, de la contrainte, etc.). Dans tel cas, ces moyens ou pouvoirs ne seraient point maîtrisés et menaceraient notre fabrication démocratique pour laisser place, dans les pires situations, aux dérives et abus.