Un temps sabbatique pour les policiers

(2 minutes de lecture – Le féminin est compris dans le texte)

Nous sommes très satisfaits de nos polices.

Année après année, les études réalisées par l’Académie militaire et le Center for Security Studies de l’EPF de Zurich le démontrent.

https://www.news.admin.ch/message/index.html?lang=fr&print_style=yes&msg-id=57451

En leurs qualités organiques, les polices l’emportent même au palmarès de la confiance que la population accorde à nos institutions et à nos autorités, devant les tribunaux et le Conseil fédéral. Il en est de même, en Europe de l’Ouest, pour tous les métiers liés au secourisme.

Ce succès d’appréciation est une excellente raison pour encourager la transition professionnelle.

Nos analyses de pratique signalent une démotivation du policier suisse après six ou sept ans d’exercice. L’agent de pouvoir se met alors à douter des institutions qui l’emploient et finalement du bienfondé de son action. Il est à la fois jeune (dans l’exercice de sa fonction – non par son âge) et expérimenté. Il connaît son métier mais souffre d’un manque de reconnaissance de la part de sa hiérarchie. Il subit une pression administrative perçue comme une entrave dans sa réalité quotidienne faite d’imprévus, de peurs et d’urgences. C’est à ce stade temporel des carrières que l’on enregistre le plus grand nombre de cassures psychologiques, de frustrations et de désillusions ; avec pour conséquences, des fautes ou des erreurs qui portent préjudice aux personnes interpellées et, finalement, aux policiers eux-mêmes.

 

Une vacance professionnelle pour se sentir mieux et régénérer ses ambitions.

14167952993_6c7359241e_z

(Photo libre de droit)

Ce serait donc l’occasion d’offrir à l’agent de la fonction publique un séjour professionnel dans un autre service d’Etat, dans une institution ou une entreprise ; à l’exemple d’un hôpital universitaire (accueil, sûreté, service patients, etc.), d’un centre d’accueil pour requérants d’asile, d’une entreprise frontalière ou internationale comprenant, en sus, un apprentissage linguistique. Le policier bénéficierait ainsi de nouveaux horaires et pourrait se perfectionner dans des habilités complémentaires. Pour les Corps de polices de petites tailles, un tel stage peut être compensé par un échange de personnes au sein même de la commune ou du canton ; cela concernerait des employés assermentés et actifs dans certains services fiscaux ou d’inspection du travail.

Encourager l’échange pluridisciplinaire c’est renforcer l’employabilité et les compétences des policiers.

Si les ambassadeurs des institutions les mieux cotées du pays se mettaient à la disposition d’autres services étatiques et d’entreprises tierces, nous gagnerions un regain d’intérêt en faveur du bien public et des métiers policiers en général. Le secteur privé l’a déjà compris.

Frédéric Maillard

Frédéric Maillard, socio-économiste, accompagne les nouvelles gouvernances d’une dizaine de corporations policières suisses. De 2005 à 2015, il a analysé les pratiques professionnelles de 5000 agent-e-s. Depuis, il partage publiquement son diagnostic, commente l’actualité et propose des innovations. fredericmaillard.com