Les réfugiés yéménites d’Obock(Djibouti) croisent les migrants éthiopiens et érythréens à Aden

Depuis 2015, les bombardements au Yémen ont fait plus de 7000 victimes et causé de nombreuses destructions d’infrastructures, écrit un envoyé spécial de l’AFP. Cette guerre oubliée oppose les partisans sunnites du gouvernement du président Hadi soutenus par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, contre les rebelles houthistes chiites, armés par l’Iran, ce que Téhéran dément.  2000 réfugiés yéménites vivent dans le camp poussiéreux d’Obock (Djibouti) amarré sur la côte africaine du golfe d’Aden. Entre les deux rives, le détroit de Bab-El-Mandeb (« la porte des larmes »), a vu défiler le trafic des esclaves, la piraterie et la violence des clans.  Maintenant ce sont d’un côté les réfugiés yéménites qui fuient la guerre et les bombardements qui croisent les migrants éthiopiens et les érythréens fuyant eux aussi la violence dans leurs pays pour atteindre l’Arabie saoudite et de là l’Europe … Ce camp est géré par le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU et par l’Office national djiboutien d’assistance aux réfugiés et sinistrés. Mais c’est difficile d’y entrer. Il est géré par un préfet qui n’est pas au-dessus de tout soupçon. Un habitant d’Obock pense qu’il prélève une partie de l’aide humanitaire, un autre affirme qu’il détourne le travail proposé aux réfugiés au profit des Afars, l’ethnie de la région.

Mais la gendarmerie est plus serviable paraît-il, elle laisse visiter ce camp comme on en voit partout. Fathia, une infirmière réfugiée du Yémen où elle risquait sa vie pour soigner les blessés, affirme que les Houthistes ont bombardé son pays sans interruption, mais aussi les Saoudiens avec des avions de la coalition, dont les Américains… Elle a perdu 22 membres de sa famille. « Ces gens, les Saoudiens, viennent à notre secours, mais ils nous bombardent ! Je les hais aussi ». Mais le vieux Ahmed, salafiste, défend les Saoudiens « qui nous aident au Yémen ». Ce que conteste aussi Anissa qui étudiait l’anglais à l’université d’Aden et en veut spécialement aux Saoudiens accusés de détruire le pays.

Au Yémen, la guerre place de nombreux parents devant un dilemme douloureux : ou bien envoyer les enfants à l’école, ou bien les nourrir convenablement et les faire travailler. Selon un chercheur du Conseil européen sur les relations étrangères (ECFR) : « Les bombardements parfois quotidiens de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et soutenue par les Etats-Unis ont accru la pauvreté du pays le plus pauvre du Moyen-Orient et de ses 26 millions d’habitants… » De telles destructions d’infrastructures civiles ont conduit des experts de l’ONU à estimer dans un rapport au Conseil de sécurité que certaines attaques pourraient constituer des crimes de guerre.

Tout cela favorise un autre belligérant : Al Quaida. Et c’est pourtant à cause d’Al Quaida que l’armée américaine mène des raids au Yémen! Un résultat contraire qui ne plaira pas au président Trump, car il augmentera le nombre de réfugiés yéménites voulant venir aux Etats-Unis. L’ONU, le CICR et le Haut-Commissariat aux Réfugiés viennent de lancer un appel urgent à cause de la pauvreté grandissante et du manque de nourriture au Yémen.

 

 

28e Sommet de l’Union Africaine (UA)

Du 30 au 31 janvier 2017, le 28e Sommet de l’Union Africaine s’est réuni à Addis Abeba qui semble devenir la capitale de l’Afrique. Cette rencontre a été marquée par plusieurs événements dont le plus discuté a été le retour du Maroc en son sein. En effet, il y a 33 ans, le Maroc avait claqué la porte à cause du Sahara occidental – plus précisément la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) – qu’elle considère comme lui appartenant. Le roi du Maroc Mohammed VI n’a pas ménagé ses efforts dans plusieurs pays pour mettre en valeur les compétences de son pays et l’aide technique  qu’il peut apporter à de nombreux pays.  Mais plusieurs pays sont toujours contre, en priorité l’Algérie qui a  des visées sur la République Sahraouie, mais aussi les pays d’Afrique australe, notamment l’Afrique du Sud, la Namibie, l’Ouganda, le Zimbabwe qui réclament son indépendance. Il y a 54 Etats membres de l’UA,  28 ont voté pour la réintégration comme cela avait été fait pour le Soudan du Sud. Le problème n’en est pour autant pas résolu, l’attitude du Maroc faisant penser à celle de l’Afrique du Sud qui voulait intégrer la Namibie (pays alors sous mandat de l’ONU), devenu indépendante en 1990. D’autre part, l’ancienne présidente de la Commission de l’UA, Nkosazama Dlamini Zuma, qui a plus pensé à remplacer prochainement son ancien mari aux élections de 2019 en Afrique du Sud, aurait bien voulu marquer ce refus de la réintégration à son palmarès de présidence de la Commission de l’UA. Elle a été remplacée par le Tchadien Moussa Faki Mahamat, ministre des Affaires étrangères de la République du Tchad et connu pour sa lutte contre le terrorisme de Boko Haram. Le nouveau président élu de l’UA est le président de la République de Guinée Alpha Condé qui succède au président tchadien Idriss Déby.

Un autre sujet a été débattu à ce Somment de l’UA : la réforme de l’UA proposée par le président rwandais Paul Kagamé qui n’a pas soulevé l’enthousiasme lors du huis-clos des chefs d’Etats et de gouvernement du continent. Si le texte a fait consensus sur la quasi-totalité des sujets, les homologues du président rwandais demandent plus de temps pour évaluer les propositions de réforme de l’organisation, mais ils ont tout de même accepté formellement le texte qui sera mis à exécution par la nouvelle Commission. Le rapport Kagame dresse un bilan sévère : « Nous avons une organisation dysfonctionnelle dont la valeur pour nos états membres est limitée, qui a peu de crédibilité auprès de nos partenaires internationaux et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance ». Il dénonce aussi l’échec constant des décisions de l’UA et le problème de financement.

On ne peut que se réjouir de ces propositions qui, si elles sont mises en œuvre, ne pourront qu’améliorer la situation du continent et inspirer la confiance pour des investissements plus nombreux. « Espérons, déclare un diplomate d’Afrique du Nord, que ce ne sont pas que des déclarations d’intention… »

 

République Démocratique du Congo:”Habemus pactum”

 

« Habemus pactum » titrait le 1er janvier le journal Afrik.com. En effet, la majorité au pouvoir et le Rassemblement de l’opposition sont parvenus à un accord tard le soir du 31 après la menace de l’Eglise catholique de se retirer de son rôle de médiation depuis le 8 décembre. La RDC évite ainsi la prolongation d’une longue crise politique et le bain de sang annoncé (voir blog du 22 déc. RD Congo : La grande inquiétude). Un accord arraché au forceps il est vrai, et qui a réussi aussi grâce au geste de Moïse Katumbi, un opposant important, qui met de côté son intérêt personnel.

Cet accord est l’épilogue de longues semaines d’âpres discussions menées sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) dirigée par Mgr Marcel Utembi. Il prévoit la tenue de l’élection présidentielle d’ici la fin 2017, l’interdiction pour Joseph Kabila de s’y présenter, l’impossibilité d’ici là de modifier la Constitution, y compris par voie référendaire, l’attribution au poste de Premier ministre au Rassemblement de l’opposition, l’encadrement de la CENI, et la mise en place d’un Conseil national  de contrôle du suivi  de l’accord, présidé par Etienne Tshisekedi , opposant historique de Kabila.

Bien sûr tout n’est pas résolu pour autant. Si l’Eglise catholique, seule institution stable et respectée de la RDC,  a accompli là un « miracle », il faut aussi dire que cela tient à la maturité de cadres de l’opposition et au désir de beaucoup de vivre enfin mieux : 88 % des 71 millions d’habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté (1,25 $ par jour), seulement 10 % ont l’eau et l’électricité (moyenne ville-campagne), plusieurs groupes rebelles à l’Est sèment la terreur, il y a 2 millions de déplacés, les grands singes et les gorilles sont décimés par les conflits…  Et pourtant, dans ce pays grand comme 30 fois la Belgique,  les énormes ressources minières attirent tous les vautours du monde (multinationales) : or, diamants, coltan, cobalt, cuivre, etc. Il y a un potentiel hydraulique majeur avec le fleuve Congo et le  lac Tanganyika) et une très grande biodiversité. Impossible donc de laisser tous ces trésors en mains des corrompus du régime Kabila. Et puis, l’exemple du Burundi voisin avec 500 assassinats depuis  que Pierre Nkurunziza s’accroche au pouvoir et 300 000 déplacés qui survivent dans des camps. Celui de l’Ouganda où le président Museweni s’est installé à vie, comme au Rwanda aussi où règne la dictature de Paul Kagame. De quoi faire réfléchir tous les Congolais car la pauvreté dans ces régions mène à Boko Haram…

Il est intéressant de constater qu’en RDC, comme au Kenya il y a quelques années, l’Eglise catholique  est très impliquée pour la défense de la démocratie et des Droits de l’homme, malgré les assassinats (3 en RDC) de prêtres courageux. En Afrique du Sud aussi, les Conseils des Eglises d’Afrique du Sud (toutes Confessions) et en Namibie, ont joué le même rôle pour libérer les pays de l’apartheid et pour l’indépendance. Les Eglises en Afrique restent donc les veilleurs de la démocratie et de la dignité humaine, ce qui n’est pas encore le cas de la plupart des pays  musulmans, fortement influencés par le wahabisme de l’Arabie Saoudite.

Cet accord tiendra-t-il ? La France et l’Union Européenne ont proposé d’accompagner financièrement et stratégiquement la nouvelle période de transition. C’est bien la moindre des choses si elles veulent moins de réfugiés !

RD Congo: la grande inquiétude

 

Sous pression de ses opposants, Joseph Kabila était allé chercher conseil auprès du pape François le 26 septembre dernier qui lui a dit de dialoguer avec tous les représentants politiques, la société civile, les ONG, pour travailler au bien commun du pays. En effet, il arrive à la fin de son second mandat, et selon la Constitution de la RDC, il ne peut pas se représenter. Comme d’autres chefs d’Etat, Joseph Kabila ne veut pas céder le pouvoir et depuis plus d’une année, il manigance pour y rester, inspiré sans doute par un de ses voisins le Rwandais Paul Kagame. L’Eglise catholique est la seule institution respectée et encore debout dans ce pays de 70 millions d’habitants. Elle  a joué un rôle essentiel  vers une transition démocratique au temps de Mobutu Sese Seko et de la nouvelle présidence du père de Joseph Kabila, assassiné en 2001. Il lui a donc succédé presque de droit monarchique, mais refuse de s’en aller. L’Eglise catholique a accepté le 8 décembre de jouer le rôle de médiatrice entre toutes les parties. Sans arriver pourtant à un consensus, les évêques ont dû se rendre quelques jours à Rome pour d’autre raisons. Mais Kabila, 45 ans,  en a profité pour nommer un gouvernement « fantôme » juste avant la date fatidique du 19 décembre, date de la fin de son mandat de président. Il a décidé qu’un nouveau président devrait être élu plus tard en 2018.  Des violences ont éclaté dans tout le pays faisant de nombreux morts. La vraie opposition a refusé d’en faire partie, parmi eux son opposant historique Etienne Tshisekedi qui avait pourtant demandé d’agir de manière non violente.

La Conférence des évêques congolais (Cenco) lui a alors lancé un ultimatum le 21 décembre : elle exige qu’un accord soit trouvé avant Noël dans cette crise provoquée par le maintien de Kabila au pouvoir. Mais il y a peu d’espoir qu’elle soit entendue. Pourquoi est-il rejeté par la majorité de la population ? Les années Kabila ont été marquées par la corruption, les violences policières, l’augmentation de la pauvreté, l’impunité des bandes armées. Près de 90 % des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 1,25 dollars par jour). 50 % ont accès à l’eau potable en ville, 30 % en milieu rural. L’espérance de vie est passée de 59 ans à 49 ans. Et pourtant, ce pays est un des plus riches d’Afrique : cuivre, diamants, coltan, cobalt, or, zinc, immenses forêts tropicales. Mais ces richesses sont aux mains d’intérêts privés et de sociétés étrangères indifférentes au sort terrible des populations. En plus, il y a les scandales révélés par l’agence de presse américaine Bloomberg : « Les Kabila ont bâti ensemble un réseau d’entreprises qui s’étend dans tous les secteurs de l’économie congolaise et qui a rapporté des centaines de millions de dollars à leur famille. La femme de Joseph Kabila, ses deux enfants et huit de ses frères et sœurs contrôlent plus de 120 permis d’extraction d’or, de diamants, de cuivre, de cobalt et d’autres minerais. Ils ont aussi des ramifications dans la banque, l’agriculture, la distribution de carburant, le transport aérien, la construction de routes, l’hôtellerie, la pharmacie, les boîtes de nuit, etc. »

Cette situation effrayante ne peut que provoquer de futurs Boko Haram. Et pourtant ce pays abrite aussi des personnalités remarquables tel le Dr Mukwege qui a déjà réparé des centaines de femmes violées, des prêtres qui rendent visite aux prisonniers opposants en train de mourir de faim, des ONG, une jeunesse courageuse qui manifeste malgré les tirs à balles réelles… Vraiment il y a de quoi à être très inquiet pour l’avenir de ce grand pays…

 

 

Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité: nécessité d’un discours théologique solide

Début décembre, le troisième Forum international de Dakar pour la Paix et la Sécurité s’est achevé par une constatation plutôt  inédite : la nécessité d’un discours théologique solide.

La rencontre informelle de deux jours a réuni plusieurs centaines d’experts de haut niveau, des chefs d’Etats,  des hommes politiques, des militaires,  des chefs d’entreprises,  des journalistes et des chercheurs. Plusieurs mécanismes et stratégies de luttes contre le terrorisme, plus précisément contre l’extrémisme violent, ont été identifiés, a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye. Et il a ajouté : « Sur la radicalisation et l’extrémisme violent, le besoin d’un discours théologique solide, dynamique et populaire, apparaît très important pour discréditer la propagande des groupes terroristes et rassurer les populations,  en particulier la jeunesse. » Les participants ont aussi donné l’alerte sur le danger du numérique en Afrique, – 300 millions d’utilisateurs – , en soulignant que les Etats africains doivent avoir la volonté de contrôler ces flux et de lutter contre la cybercriminalité. « Mais c’est difficile, a ajouté le ministre Ndiaye, si on veut respecter le liberté d’expression et la vie privée. »

Il n’y a pas de doute que les Eglises, notamment l’Eglise catholique, peuvent jouer un très grand rôle dans certains pays, pour contrer la propagande terroriste. D’ailleurs, elle a repris son rôle de médiation en République Démocratique du Congo qu’elle avait abandonné à cause des tueries perpétrées par le gouvernement Kabila contre les opposants. Le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian, a expliqué que les réponses au terrorisme doivent être innovantes et surtout basées sur une approche régionale. « La France sera toujours aux côtés de l’Afrique pour combattre les nouveaux défis posés par le terrorisme »… Les chefs d’Etat ont aussi plaidé pour une approche globale contre la radicalisation et pour des échanges de renseignements  qui sont essentiels a plaidé le président du Nigéria Muhammadu Buhari.

La Suisse, l’Union Européenne, la Chine et d’autres pays ont financé cette rencontre annuelle de Dakar. On peut se réjouir de ces initiatives.

COP22 : L’Afrique pourrait être le grenier du monde

 

Avant la Cop22 à Marrakech, une trentaine de pays africains s’étaient unis pour défendre l’adaptation  de leur agriculture au changement climatique et mettre le continent africain au centre des négociations. Cette ambition est portée par l’initiative AAA (Adaptation de l’Agriculture Africaine), un projet lancé par le Maroc en avril dernier déjà. Un constat inquiétant du président des négociateurs africains, Seyni Nafo nous secoue : « Alors qu’il n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales des gaz à effets de serre, le continent est la grande victime du réchauffement planétaire. Les deux-tiers de terres arables seront perdues d’ici à 2025, quand bien même la hausse des températures resterait limitée à 2° ». Or, l’agriculture est un secteur clé de l’économie africaine. Elle concentre entre 25 % et 35 % des emplois directs selon les pays, génère 70 % des revenus et représente un quart du PIB total. Et que penser si des terres arables disparaissent encore, alors que la population aura doublé d’ici à 2050 pour atteindre 2 milliards ?

Ce travail de base du groupe africain a  servi à l’identification  d’une cinquantaine de projets  qui vont du développement de l’agroforesterie (715 millions d’hectares sont concernés), à l’irrigation des terres qui touche actuellement 2 % de la superficie (42 % en Asie),  en passant par la promotion des assurances agricoles. Reste à trouver le financement de 25 milliards d’Euros par an jusqu’en 2030… Mais, précise la Sénégalaise Yacine Diama Fal (ancienne de la Banque de Développement Africaine) : « Sur les 100 milliards de dollars promis par les pays développés aux pays en développement, 400 millions seulement sont débloqués pour l’Afrique… » C’est justement ce que réclame l’initiative AAA : que le continent reçoive sa juste part, qu’il y ait  un meilleur équilibre entre les projets d’adaptation destinés à réduire les émissions polluantes, et ceux qui permettront demain aux paysans africains de s’adapter aux changements climatiques. Selon le prix Nobel de la paix Rattan Lal, spécialiste des sols : « L’Afrique pourrait être le grenier du monde et pourtant des millions de personnes sont encore affamées… »

A ces considérations viennent s’ajouter deux rapports alarmistes : l’année 2016 pourrait battre un nouveau record de chaleur avec une température moyenne supérieure de 1,2 ° à ce qu’elle était à l’ère préindustrielle. Dans les régions arctiques et subarctiques, la température a même dépassé la normale de 3 °. Un rapport de la Banque mondiale publié le 15 novembre précise que les catastrophes naturelles font basculer chaque année 26 millions de personnes dans la pauvreté et génèrent des pertes de 484 milliards d’euros par an en dégâts matériels et impacts sur le bien-être des populations. L’institution demande une adoption rapide de politiques publiques efficaces pour limiter ces risques. Ouragan Trump ou pas, John Kerry, le représentant américain à Marrakech, a bien dit que «  les Etats-Unis ne pourront pas revenir en arrière ». Dans une lettre, plus de 360 entreprises, la plupart américaines, DuPont, Gap, Hewlett Packard Kellog, Hilton, Nike, Mars, ont écrit au président élu pour lui demander  de respecter l’accord sur le climat.

 

Trump:”La confrérie des dictateurs d’Afrique se réjouit…”

 

C’est le titre du journal burkinabé Le pays suite à l’élection de Donald Trump. « Les Kabila (RDC), Museweni (Ouganda), Nkurunziza (Burundi) peuvent se réjouir », lit-on encore. Mais d’une manière générale, les Etats africains sont inquiets et l’incertitude règne. La plupart trouvent Trump dangereux, arrogant, raciste, protectionniste, et craignent pour l’aide américaine. Mais en Afrique du Sud, l’African National Congress (ANC) s’en réjouit. La motion de défiance contre le président Zuma a de nouveau été rejetée jeudi 10 novembre par le Parlement sud-africain où le parti fondé par Mandela a la majorité des sièges. Il continue ainsi à défier la Constitution par son enrichissement personnel, ses tricheries, ses femmes (voir blog 18.10.). – Au fond la ressemblance est frappante et l’on peut être inquiet pour ce grand pays où les garde-fous ne seront pas respectés comme aux Etats-Unis.

En République Démocratique du Congo (RDC) les insultes ont  commencé : le président Obama a été critiqué pour avoir osé demander à Kabila de respecter la Constitution et la démocratie, alors qu’il manigance depuis une année pour obtenir un troisième mandat et que des prisonniers meurent en prison.

En dehors des effets économiques que peut avoir sur le continent africain le nouveau président américain, il faut surtout regarder le mauvais exemple de l’homme qui se permet de transgresser les lois et dont le comportement envers les femmes, les minorités étrangères et les droits de l’homme ne peuvent  que renforcer les tentations de plusieurs chefs d’Etats africains à continuer sur la voie du refus de la démocratie à l’occidentale, de la pratique de l’autoritarisme à la chinoise dont ils s’inspirent, et de l’usage des forces policières pour mater la population qui se révolte. Un défi troublant et déstabilisateur à relever pour ce grand continent qui n’avait pas besoin d’un tel président américain.

Afrique du Sud : la justice triomphe…

Il est heureux de constater que la justice sud-africaine  a fait publier mercredi 2 novembre un rapport accablant pour le président Zuma (335 p.), potentiellement explosif pour tout le pays. Un rapport qu’il a d’abord essayé de bloquer.  La médiatrice de la République, « chargée du bon usage des deniers publics, porte à l’attention du parquet et de la police, à enquêter sur les possibles crimes de corruption commis au sommet de l’Etat… »

De quoi s’agit-il ? Voir le blog du 18 octobre : les frères Gupta, industriels d’une très riche famille d’origine indienne, ont influencé Jacob Zuma sur le choix de deux ministres pour favoriser leur propres intérêts et celui de la gouvernance ; un comportement illicite qui expose le président sud-africain à des poursuites judiciaires. Le document est actuellement dans les mains de la nouvelles médiatrice Busisiwe Mkhwebane. Cette tentative de bloquer la publication du rapport  a poussé la Fondation Nelson Mandela a publier un communiqué très critique. A ses yeux, « il est temps que les personnes qui compromettent notre démocratie et pillent ses ressources rendent des comptes », et d’appeler, à mots couverts, à un changement de leadership à la tête de l’Etat : « La capacité et l’engagement du chef de l’Etat à faire corps avec la Constitution, sont un des piliers de notre nation et comme il menace de rompre,  ce sont tous les autres fondements de nos institutions qui risquent à leur tour de se briser ».

A Pretoria, le 2 novembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la démission de Jacob Zuma, sur lesquelles la police a tiré des balles en caoutchouc.  Alors que les jeunes de l’ANC (African National Congress) descendent dans la rue pour soutenir leur président, d’autres, de l’extrême gauche, veulent des fusils pour demander justice (Justus Malema).

La situation est tendue. L’ANC se déchire à son sommet autour de Zuma. D’un autre  côté les frondeurs menés par le ministre des Finances Pravin Gordhan, que Jacob Zuma voulait emprisonner parce qu’il avait découvert des sommes versées sur un compte inconnu et qui est un champion de la lutte anti-corruption. Il est soutenu dans son bras de fer contre le président par le vice-président Cyril Ramaphosa. publier mercredi 2 novembre un rapport accablant pour le président Zuma (335 p.), potentiellement explosif pour tout le pays. Un rapport qu’il a d’abord essayé de bloquer.  La médiatrice de la République, « chargée du bon usage des deniers publics, porte à l’attention du parquet et de la police, à enquêter sur les possibles crimes de corruption commis au sommet de l’Etat… »

De quoi s’agit-il ? Voir le blog du 18 octobre : les frères Gupta, industriels d’une très riche famille d’origine indienne, ont influencé Jacob Zuma sur le choix de deux ministres pour favoriser leur propres intérêts et celui de la gouvernance ; un comportement illicite qui expose le président sud-africain à des poursuites judiciaires. Le document est actuellement dans les mains de la nouvelles médiatrice Busisiwe Mkhwebane. Cette tentative de bloquer la publication du rapport  a poussé la Fondation Nelson Mandela a publier un communiqué très critique. A ses yeux, « il est temps que les personnes qui compromettent notre démocratie et pillent ses ressources rendent des comptes », et d’appeler, à mots couverts, à un changement de leadership à la tête de l’Etat : « La capacité et l’engagement du chef de l’Etat à faire corps avec la Constitution, sont un des piliers de notre nation et comme il menace de rompre,  ce sont tous les autres fondements de nos institutions qui risquent à leur tour de se briser ».

A Pretoria, le 2 novembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la démission de Jacob Zuma, sur lesquelles la police a tiré des balles en caoutchouc.  Alors que les jeunes de l’ANC (African National Congress) descendent dans la rue pour soutenir leur président, d’autres, de l’extrême gauche, veulent des fusils pour demander justice (Justus Malema).

La situation est tendue. L’ANC se déchire à son sommet autour de Zuma. D’un autre  côté les frondeurs menés par le ministre des Finances Pravin Gordhan, que Jacob Zuma voulait emprisonner parce qu’il avait découvert des sommes versées sur un compte inconnu et qui est un champion de la lutte anti-corruption. Il est soutenu dans son bras de fer contre le président par le vice-président Cyril Ramaphosa. Lors d’élections municipales en août dernier, l’ANC avait subi un revers historique.

Souhaitons que ce triomphe de la lutte anti-corruption  et la justice soit un exemple pour d’autres états africains englués dans des affaires de corruptions et qui croient qu’en sortant de la Cour pénale internationale (CPI), ils pourront plus facilement résoudre leurs problèmes de gouvernance en faisant ce qu’ils veulent…En Afrique du Sud, pour le moment, cela ne marche pas et l’ombre de Mandela est encore très présente.

Afrique du Sud: le président Zuma n’est pas un calviniste…

Les anciens leaders de l’Afrique du Sud, s’ils avaient inventé l’apartheid (basé sur l’Ancien Testament), force est de leur reconnaître leur « honnêteté » dans leur gouvernance du pays, influencés qu’îls étaient par l’austérité calviniste. Aucun n’a eu la folie des grandeurs pour se construire une résidence de super luxe. Ils vivaient plutôt modérément. Nelson Mandela d’ailleurs avait adopté le même style de vie, tourné avant tout vers le bien commun de son pays. Mais les Africains ne sont pas des calvinistes et la majorité d’entre eux ont besoin de se montrer très riches et de vivre selon les lois de la tribu. Certes ce n’est pas l’attitude de tous. Surtout pas des ministres des finances successifs que le Président Zuma a limogés parce qu’ils ont mis le doigt sur des irrégularités. C’est ce qui vient d’arriver au ministre actuel Pravin Gordhan, qui, dans un compte-rendu rendu public ces jours, évoque devant la Haute Cour de Prétoria la somme de 6,8 milliards de rands (430 millions d’Euros) de mouvements de fonds suspects effectués par les frères Gupta, des industriels indiens soupçonnés de trafic d’influence et de corruption depuis 2012,  et dont on ne connaît pas le destinataire…(Jeune Afrique, 17.10.)

Depuis le début de l’année, plusieurs compagnies sud-africaines, dont les quatre plus grandes banques, se sont désengagées d’Oakbay Investments, la société d’investissement des frères Gupta, également présents dans les mines,  les médias, l’ingénierie et l’informatique. D’après les déclarations du ministre Pravin Gordhan, la direction de Oakbay « réclamait que j’intervienne au nom du gouvernement auprès des banques pour les faire changer d’avis… »

Chantre de la lutte contre la corruption, le ministre des finances s’est souvent opposé au Président Zuma, mis en cause dans la gestion de plusieurs entreprises publiques. Il est accusé aujourd’hui d’avoir mis en place une unité au sein de ses services, chargée d’espionner des personnalités politiques. Sa position est difficile. Il est critiqué par les partisans de Zuma et tout son clan.

Le Burundi se retire de la Cour pénale internationale

Le Burundi se retire de la Cour pénale internationale

Ce n’est pas étonnant que le Burundi se retire de la Cour pénale internationale (CPI) créée en 2002. En 2015 déjà, Robert Mugabe, alors président de l’Union Africaine (UA), avait annoncé son intention de se retirer de la CPI qu’il trouvait « raciste » parce qu’elle ne condamnait que des Africains selon lui. Ce projet a été repris par le président tchadien Idriss Déby lors du dernier sommet de l’Union Africaine au début 2016. Le Burundi de Pierre Nkurunziza est le premier à faire le pas. Il s’accroche au pouvoir avec son troisième mandat qui a projeté le pays dans une spirale de violence, malgré les interventions de l’Union Africaine, de l’ONU et d’autres personnalités, et malgré l’Accord de Paix d’Arusha (négocié par Mandela) qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2005) et limite expressément le mandat présidentiel qui s’est achevé en 2015.

En septembre 2016, une commission d’enquête de l’ONU a dénoncé le « grand danger de génocide ». Pierre Nkurunziza avait été acclamé en 2005 comme un sauveur, un messie. En effet, c’est un « born again », comme l’ancien président Bush, qui a des liens étroits avec les Eglises évangéliques américaines et australiennes… Aujourd’hui, il tue ou fait assassiner ses opposants sans vergogne. Une Burundaise qui a participé à un séminaire à Caux cet été disait de lui : c’est Louis XIV et sa cour.

Respecter le droit international ?

Pourquoi certains chefs d’Etats africains le respecteraient-ils ? Ils savent ce qu’on fait les Américains en Irak, à Abu Ghraib, à Guantanamo. L’attitude des Européens qui renvoient les réfugiés en Turquie est aussi contraire au droit international… Qui est responsable du morcellement des Kurdes ? De la naissance de l’Irak et de la Syrie ? Ce sont les puissances occidentales qui ont gagné la guerre de 1914-18, etc. Lors de son allégeance officielle pour un 5e mandat en mai 2016, le président de l’Ouganda Yoweni Museweni (30 ans au pouvoir), affirmait, concernant la CPI : «Une bande d’inutiles et de pays fiers et arrogants». Plusieurs chefs d’Etat étaient alors présents dont Omar El Béchir recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, génocide au Darfour. Jakob Zuma (Afrique du Sud) ne l’a pas arrêté lorsqu’il a participé à une conférence l’année dernière Johannesburg comme le demandait la Cour constitutionnelle sud-africaine.  Sortir de la CPI, cela veut dire avoir le droit de tuer. C’est ce qui vient de se passer au Gabon et en République démocratique du Congo. D’ailleurs ce refus grandissant des droits de l’homme et du droit international caractérise aussi d’autres pays, notamment les Russes  et les Chinois pour lesquels ces droits sont secondaires.  L’ONU avec son droit de veto au Conseil de Sécurité est bien impuissante.