Le titre du texte provient du Monde Afrique du 9.03.22. En effet, lors du vote de la résolution de l’ONU condamnant l’agression russe en Ukraine, 17 pays africains se sont abstenus… Mais l’écrasante majorité de l’assemblée onusienne 141 sur 193, ont condamné l’invasion de la Russie.
Paul Simon Handy, un chercheur camerounais, basé à Addis Abbeba à l’Institut de Sécurité de l’Union Européenne, s’y attentait : « L’éloignement géographique du conflit crée une distance émotionnelle ; c’est une guerre entre grandes puissances et les Africains préfèrent ne pas s’aligner. Mais il faut regarder l’ensemble : des 55 pays africains, 28 ont condamné massivement l’invasion russe de l’Ukraine, cela montre qu’une majorité tient au principe (colonial !) de l’intangibilité des frontières et au respect, par les grands pays, de l’intégrité territoriale des petits états, des principes non négociables, selon eux.
A Moscou évidemment, cela a été interprété comme un geste amical ! D’autant plus que le Mali et le Centre Afrique, sous «directive du groupe russe Wagner», se sont aussi abstenus. La Guinée et le Burkina Faso, aux mains de militaires, ne pouvaient pas se positionner. Seule l’Ethiopie a voté franchement contre la résolution de condamnation. Rappelons que le Premier ministre éthiopien, Ahmed Aby qui assaille le Tigré, est prix Nobel de la Paix (2019)… Les autres états étaient absents.
Ce qui interpelle, c’est l’abstention du Sénégal. Le Président Macky Sall est conscient d’un discours antifrançais et anti occidental dans une partie du peuple sénégalais. Mais, comme au cours de 2022, il assurera la présidence de l’Union Africaine (UA), il se doit d’appeler au respect de la souveraineté nationale de l’Ukraine…
L’abstention sénégalaise pose cependant problème, elle s’explique de plusieurs manières. Le Russie instille une certaine peur : l’offensive militaire genre Wagner (Kremlin) est très active au Mali, au Soudan, en Centre Afrique et même à Madagascar. Certes. Mais les Sénégalais et d’autres pays africains francophones craignent surtout les manœuvres de désinformation russe et la manipulation de la fibre populaire. Il s’agit de les contrer par une information tout azimuts. Et ce n’est pas simple, les moyens de communication africains étant limités sur le continent africain.