Maroc, les Juifs se réjouissent, mais pas les Sahraouis…

Les Juifs marocains se réjouissent, mais pas les Sahraouis…

La main de Trump encore, qui vient de jouer au troc avec un territoire de «autonome», pas encore décolonisé, le Sahara occidental, ancienne possession coloniale espagnole (1884-1976) et dont le Polisario est reconnu par l’ONU comme seul représentant légitime du peuple sahraoui (env.un demi million). Un territoire aussi revendiqué par le Maroc. En 1991, l’ONU a lancé un referendum pour déterminer exactement le statut d’indépendance, sous surveillance de troupes de l’ONU, la Minusco. Mais les choses se sont compliquées car l’Espagne (Franco) n’a pas voulu d’un referendum et a partagé le pays en deux entre la Mauritanie et le Maroc.  Mais 20 ans plus tard, le problème n’est toujours pas résolu, d’autant plus que le Maroc y  a fait des investissements importants. En effet, le Sahara occidental est très riche en phosphate, cuivre, fer, et en terre rares qui lui rapportent beaucoup, sans compter les ressources pélagiques de la côte atlantique. D’où le troc de Donald Trump : les Etats-Unis reconnaissent  la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, disputé par le Front Polisario ; en échange, le Maroc reconnaît Israël pleinement et normalise ses relations et établit des liens de coopération…

Sans être officielles, des relations existaient déjà entre le Maroc et Israël, puisque 800 000 juifs marocains habitent en Israël et quelques milliers de juifs  vivent depuis longtemps au Maroc…Un « win-win »  mis à la mode par les Chinois en Afrique notamment… Le rabbin Israël Hazout juge que « la normalisation ne va pas changer beaucoup de choses. Même si cette décision va bien sûr faciliter nos relations, nous avons toujours eu des contacts avec les autorités religieuses israéliennes. C’est plutôt une officialisation de la relation qui a été décidée. »  Les liens entre les deux pays n’ont jamais été totalement coupés. Chaque année 50 000 touristes israéliens se rendraient ainsi dans le royaume : « De nombreux pèlerins du monde entier, dont des israéliens, viennent visiter chaque années les 500 saints juifs enterrés au Maroc. La spiritualité du judaïsme marocain est particulièrement vivante », estime de son côté le rabbin loubavitch Levi Banon, né au Maroc et qui a grandi au Canada.  Ils étaient 250 000 en 1940 et ont profondément marqué  l’histoire et la culture du royaume. Mais au milieu du XXe siècle, il y a eu un exode massif en Israël, en France, au Canada, et aux Etats-Unis. « L’inscription de l’influent hébraïque du Maroc est inscrit dans la Constitution de 2011 », se réjouit Fanny Mergui, une juive de 77 ans de Casablanca.

Mais cette normalisation avec l’Etat hébreu a été fraîchement accueillie par une partie des Marocains, traditionnellement acquis aux droits des Palestiniens : « Était-ce vraiment le moment de tendre la main aux gens qui sont responsables de cette situation, se  demande Sion Assidon qui se définit comme un Marocain d’ascendance juive. Le discours de l’Etat assimile une religion à l’œuvre coloniale (israélienne). Cela pourrait mener à une augmentation de la judéophobie ? » En effet, les autorités marocaines ont mis en avant la coexistence entre les religions pour justifier la normalisation.  Tout cela complique le statut du Sahara occidental ! Alors que la Namibie, « territoire de statut international » selon l’ONU, que l’Afrique du Sud voulait en fait intégrer, est devenue indépendante en 1990 lors d’élections supervisées par des troupes de l’ONU auxquelles un contingent militaire suisse a participé avec des médecins et des infirmières. Aujourd’hui tout se passe normalement, bien que  l’appétit des entreprises chinoises pour l’uranium se fasse sentir. Peut-on espérer que le nouveau président américain Joe Biden puisse faire marche arrière ? Ce serait la meilleure solution, et à ce moment-là, il faut souhaiter un referendum au peuple du Sahara occidental pour son indépendance. Rien n’est moins sûr du côté du Maroc, et des conflits pourraient resurgir malgré la présence de la Minusco qui n’a pas encore prouvé son utilité. En effet, des indépendantistes sahraouis viennent de lancer 4 missiles sur la zone tampon sous contrôle marocain de Guerguerat.