Dans un récent article, Bertrand Piccard (LT 11.12.20), directeur de Solar Impulse, constate amèrement le peu de progrès faits depuis la COP21 il y a 5 ans, avec quelques gigatonnes de CO2 en plus. Mais l’inaction des Etats a réveillé les sociétés, dit-il, qui ont créé partout des mouvements écologiques. Et de citer que le photovoltaïque coûte désormais moins cher que l’énergie fossile et nucléaire. Encore faut-il que les Etats en soient conscients et que l’avidité et l’égoïsme humains diminuent.
En effet, pendant que nous discutons sans fin du Covid 19 et des vaccins, en réclamant à corps et à cris que l’on ne touche pas à notre bien-être, notre avenir se prépare ailleurs dans d’autres pays, par exemple en Afrique australe, dans le Delta du Kavango et en Namibie…
De nombreux touristes suisses et bien sûr du reste du monde, ont pu admirer ce paradis sur terre qu’est le Delta du Kavango où vivent encore paisiblement de nombreux animaux et un peuple premier (ce qu’il en reste), les Bochimans (San) depuis des centaines de milliers d’années auxquels on a laissé un coin pour vivre selon leurs traditions, à condition qu’il n’y ait pas de diamants là… (Botswana). En plus, une biodiversité à pâlir de jalousie. En fait, c’est la Genèse à livre ouvert qu’une multinationale canadienne, Recon Africa, va violenter, même si elle jure le contraire, bien informée par des « experts » qui n’ont jamais vécu là… Cela se fera par des « méthodes conventionnelles » (donc pas de fraction de roches) promet le dirigeant Craig Steinke. Faire des trous de 5km de profondeur pour chercher du pétrole et du gaz, ce n’est rien apparemment, « ils seront remplis par du sable et de l’eau »… Les organisations écologistes ont commencé de protester, et aussi l’évêque Geoff Davies responsable de l’Institut sud-africain Environnement et Foi. Il a demandé que les investisseurs et les sociétés financières renoncent à ce projet. « Nous savons tous qu’aujourd’hui, nous devons renoncer aux ressources fossiles ». Il est outré que les gouvernements de Namibie et du Botswana aient accepté ce projet… Un exemple typique de multinationales qui ont sans doute fait des promesses financières aux dirigeants, qui finissent souvent en partie dans leurs poches. Est-ce que les AVS des Canadiens et autres retraites valent la peine de détruire cette beauté antique qui nous enchante ? Le Canada a sûrement souscrit à l’accord de Paris. Alors pourquoi ne pas arrêter et écouter les sages ? Avoir de la sagesse et du respect, c’est bien ce que nous demande Bertrand Piccard, pour faire progresser la Cop21.
Et pourtant, il en est de même avec les vautours qui se précipitent sur la Namibie pour son uranium. Au temps du mandat de la SDN (Société des Nations), puis de l’ONU sur la Namibie (1920-1990), administrée par l’Afrique du Sud, il n’y avait qu’une grande multinationale de l’uranium Rössing (Britannique et Australienne), qui ne pratiquait pas le néolibéralisme exécrable d’aujourd’hui, mais pensait aussi à l’avancement des habitants. Trente ans plus tard, les multinationales sont légion, il y en a plus d’une vingtaine dont le nom n’indique pas forcément le pays : Chine, Inde, Russie, Japon, Corée (du nord), Iran, Afrique du Sud, etc. (Voir New Uranium projets in Namibia, jan.2020). A remarquer que l’Iran reçoit de l’uranium namibien depuis le temps du Shah. La Corée du nord a aidé le mouvement de libération de la Namibie, la SWAPO, maintenant au pouvoir, qui a aussi reçu beaucoup d’argent de la Chine. Areva (France) avait trouvé de l’uranium il y a environ 35 ans, mais la teneur en uranium n’était pas suffisante pour cette organisation française. Cela a été immédiatement racheté par la Chine qui a aussi racheté une partie de Rössing, dont Husab mine. Elle cherche aussi du lithium et a construit une « Route de la Soie » qui mène au seul port du pays pour l’exportation rapide des ressources du sous-sol namibien. Un port d’ailleurs qu’elle a amélioré pendant des années, et où on se demande si ce ne sera pas un jour un port militaire comme en Ethiopie pour surveiller toute la côte ouest de l’Afrique et, sans doute, les Etats-Unis. Il est interdit de s’en approcher.
Pourquoi tant de pays s’approvisionnent-ils en uranium ? Probablement qu’ils ont fait le choix du nucléaire pour vaincre les émissions de CO2 et ne pas polluer l’atmosphère, mais aussi celui d’armes nucléaires… La Chine compte déjà en 2020 49 réacteurs nucléaires pour la production d’électricité opérationnels, et 10 réacteurs en construction. Si le côté positif de la Cop21, ce sont les mouvements écologiques, la réaction fondée sur le nucléaire pour ne pas polluer, est malheureusement problématique. Même s’il y a plusieurs instituts en Namibie pour protéger un environnement extraordinaire, l’économique prendra sûrement le dessus, comme partout ailleurs, à moins d’un revirement général dans le monde dû à de nouvelles décisions de la Cop21, de l’ONU, de l’UE et de chefs d’Etats africains conscients de l’importance de ce qu’ils perdent. Ne perdons pas confiance. « Le mariage de la lune et du soleil aura toujours lieu », disent les Bochimans…