La Russie perd le contact avec le premier satellite angolais, puis le retrouve deux jours plus tard…

 

Un satellite africain ! Il y a de quoi lever les yeux au ciel… Le 27 décembre 2017, la Roscosmos Space Agency (russe) publie une photo montrant le décollage d’une fusée Zenit-2sb transportant Angosat-1, premier satellite angolais de télécoms. La fusée est partie de Baïkonour au Kazakhstan le 26 décembre. Mais la Russie en a perdu le contact. De fabrication ukrainienne, « ce satellite reposait dans un entrepôt depuis plus de trois ans dans l’attente de son lancement sans cesse repoussé, ce qui a pu entraîner sa dégradation », a expliqué à l’AFP l’expert Vitali Egorov. Evidemment, cela fait craindre un nouveau revers un mois après la perte embarrassante d’un autre appareil. Cet échec, s’il est avéré, serait d’autant plus dommageable pour la réputation de la Russie car elle vise les « marchés émergents » en proposant un accès « bon marché » à l’espace.

L’Angola et la Russie avaient décidé en 2009 déjà de lancer Angosat-1 dont la mission d’une durée de 15 ans, avait pour but d’améliorer les communications par satellite, l’accès à internet et les services de radio-télévision en Afrique. Pour cela, environ 50 ingénieurs angolais ont été formés au Brésil (à cause de la langue portugaise), mais aussi en Chine et au Japon. La Russie devrait superviser le tout à partir d’un centre de contrôle construit près de Luanda… Tout cela pour un coût estimé à 280 millions d’euros. Si ce but est certes très important, on peut se demander à qui il profite réellement ? Des 21 millions d’habitants de l’Angola, la moitié vit avec moins de 2 dollars par jour. Ce sont avant tout les Russes, les Chinois, les Américains ou autres entreprises étrangères qui font de bonnes affaires. Ils mettent la charrue avant les bœufs, car le plus important pour les Angolais, c’est une réforme de l’agriculture pour manger à leur faim, l’électrification de tout le pays, l’éducation pour tous et la formation professionnelle pour les 40% de jeunes sans travail. L’Angola produit beaucoup de pétrole, des diamants et construit des infrastructures. Mais actuellement, ses revenus ont considérablement diminué à cause de la baisse du prix du brut. De plus, comme dans d’autres pays d’Afrique, la corruption gangrène tout le système. Le président sortant Dos Santos, encore président du MPLA au pouvoir, est accusé d’avoir pillé les revenus de l’Etat. C’est ce qui est arrivé au Zimbabwe avec Mugabe, en RDC avec Kabila et pourrait arriver avec Zuma en Afrique du Sud…  – Deux jours plus tard, le 29 décembre, la Russie annonçait avoir retrouvé le contact…

 

 

 

De la Rhodésie au Zimbabwe: petites histoires avec des Suisses

Le Zimbabwe, anciennement Rhodésie du Sud jusqu’en 1980, était l’un des greniers de l’Afrique australe, exportant blé et maïs. Son indépendance s’est faite en deux temps, d’abord sous la  présidence forcée de Ian Smith en 1965, déclarée unilatéralement (UDI), puis en 1980 conclue par les accords de Lancaster (Londres). Cette indépendance a été sanglante comme dans les trois pays d’Afrique australe : l’Angola, le Mozambique, la Namibie, soutenus par le bloc communiste. C’était l’époque de la guerre froide que se faisaient l’Est et l’Ouest par peuples interposés en Afrique. Il est vrai que cela n’a pas vraiment changé aujourd’hui avec Poutine et Trump…

Mugabe, Issu d’une famille catholique,  a fait ses classes en partie chez des missionnaires suisses d’Immensee (Lucerne), puis dans le prestigieux collège jésuite de Kutoma, non loin de Harare. Quoique minoritaire (15 % de la population contre 75 % d’Anglicans et protestants), l’Eglise catholique a toujours eu une très grande influence sociale parce que la majorité de ses évêques et les catholiques en général ont soutenu et soutiennent majoritairement le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) fondé en 1999 par Morgan Tsvangirai. Quand il se battait contre Ian Smith, Mugabe portait ostensiblement un chapelet dans sa poche et le priait dans ses déplacements en voiture… Il semble que le jésuite Fidelis Mukonori  ait été son conseiller pendant des années et qu’actuellement il joue un rôle de médiateur entre lui et les officiers de l’armée. Mais pour autant, cela n’a pas empêché Mugabe de se débarrasser de l’archevêque de Bulawayo, Mgr Ncube, connu pour son franc-parler, le faisant accuser faussement d’adultère. Après la publication en janvier 2011 d’une lettre pastorale des évêques du Zimbabwe demandant de travailler pour le Bien commun du pays,  plusieurs prêtres furent emprisonnés.

Le 19 novembre 2017, de nombreuses Eglises du Zimbabwe demandent alors le départ du président Mugabe,  invitant la population «à s’abstenir de toute action anarchiste et massive qui ne pourrait que faire empirer la situation politique », et réclamant avec insistance « qu’une transition vers une démocratie normale soit mise en place sans passer par les armes ». Malheureusement en 37 ans, le pays a subi une lente descente aux enfers malgré les mises en garde répétées de l’opposition et des institutions internationales. Le départ forcé des fermiers blancs a conduit à la ruine alimentaire. Une grande partie des terres avaient été données aux combattants de la liberté qui, faute de compétences, les laissèrent en friche. D’autres furent données comme « cadeaux » à des ministres et des proches du gouvernement qui en firent leurs résidences secondaires…

Une autre personnalité qui a joué un rôle important sur le chemin de l’indépendance est  le fils de Ian Smith, Alec, *le mouton noir », qui n’était pas d’accord avec son père. Parti étudier en Afrique du Sud, il a  commencé à se droguer, par désespoir sans doute.  C’est alors qu’il a rencontré des Suisses du Réarmement moral de Caux (aujourd’hui Initiative et Changement) qui ont réussi à le convaincre de retourner en Rhodésie et d’amener son père à rencontrer  Mugabe… Ce qui arriva ! Ian Smith invita le *terroriste Mugabe » qu’il avait combattu, chez lui à la maison pour discuter. Alec est devenu par la suite l’aumônier des deux armées réunies des « terroristes » et des Blancs. Il a écrit un livre retentissant : »Tu seras mon frère ». Il est sans doute contre-productif de critiquer  cette passation de pouvoir comme étant illégale. Il vaut mieux investir massivement dans ce pays qui sort d’un enfer et pourrait devenir un exemple d’une « démocratie normale » pour les autres dictateurs en Afrique. Espérons-le !