Le Zimbabwe, anciennement Rhodésie du Sud jusqu’en 1980, était l’un des greniers de l’Afrique australe, exportant blé et maïs. Son indépendance s’est faite en deux temps, d’abord sous la présidence forcée de Ian Smith en 1965, déclarée unilatéralement (UDI), puis en 1980 conclue par les accords de Lancaster (Londres). Cette indépendance a été sanglante comme dans les trois pays d’Afrique australe : l’Angola, le Mozambique, la Namibie, soutenus par le bloc communiste. C’était l’époque de la guerre froide que se faisaient l’Est et l’Ouest par peuples interposés en Afrique. Il est vrai que cela n’a pas vraiment changé aujourd’hui avec Poutine et Trump…
Mugabe, Issu d’une famille catholique, a fait ses classes en partie chez des missionnaires suisses d’Immensee (Lucerne), puis dans le prestigieux collège jésuite de Kutoma, non loin de Harare. Quoique minoritaire (15 % de la population contre 75 % d’Anglicans et protestants), l’Eglise catholique a toujours eu une très grande influence sociale parce que la majorité de ses évêques et les catholiques en général ont soutenu et soutiennent majoritairement le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) fondé en 1999 par Morgan Tsvangirai. Quand il se battait contre Ian Smith, Mugabe portait ostensiblement un chapelet dans sa poche et le priait dans ses déplacements en voiture… Il semble que le jésuite Fidelis Mukonori ait été son conseiller pendant des années et qu’actuellement il joue un rôle de médiateur entre lui et les officiers de l’armée. Mais pour autant, cela n’a pas empêché Mugabe de se débarrasser de l’archevêque de Bulawayo, Mgr Ncube, connu pour son franc-parler, le faisant accuser faussement d’adultère. Après la publication en janvier 2011 d’une lettre pastorale des évêques du Zimbabwe demandant de travailler pour le Bien commun du pays, plusieurs prêtres furent emprisonnés.
Le 19 novembre 2017, de nombreuses Eglises du Zimbabwe demandent alors le départ du président Mugabe, invitant la population «à s’abstenir de toute action anarchiste et massive qui ne pourrait que faire empirer la situation politique », et réclamant avec insistance « qu’une transition vers une démocratie normale soit mise en place sans passer par les armes ». Malheureusement en 37 ans, le pays a subi une lente descente aux enfers malgré les mises en garde répétées de l’opposition et des institutions internationales. Le départ forcé des fermiers blancs a conduit à la ruine alimentaire. Une grande partie des terres avaient été données aux combattants de la liberté qui, faute de compétences, les laissèrent en friche. D’autres furent données comme « cadeaux » à des ministres et des proches du gouvernement qui en firent leurs résidences secondaires…
Une autre personnalité qui a joué un rôle important sur le chemin de l’indépendance est le fils de Ian Smith, Alec, *le mouton noir », qui n’était pas d’accord avec son père. Parti étudier en Afrique du Sud, il a commencé à se droguer, par désespoir sans doute. C’est alors qu’il a rencontré des Suisses du Réarmement moral de Caux (aujourd’hui Initiative et Changement) qui ont réussi à le convaincre de retourner en Rhodésie et d’amener son père à rencontrer Mugabe… Ce qui arriva ! Ian Smith invita le *terroriste Mugabe » qu’il avait combattu, chez lui à la maison pour discuter. Alec est devenu par la suite l’aumônier des deux armées réunies des « terroristes » et des Blancs. Il a écrit un livre retentissant : »Tu seras mon frère ». Il est sans doute contre-productif de critiquer cette passation de pouvoir comme étant illégale. Il vaut mieux investir massivement dans ce pays qui sort d’un enfer et pourrait devenir un exemple d’une « démocratie normale » pour les autres dictateurs en Afrique. Espérons-le !
incroyable vraiment. je savais déjà que les suisses sont partout en afrique. je suis moi-même un de ces suisses ayant goûté au charme de l’afrique. mais ce que vous nous racontez sur la rhodésie est incroyable.