Quand Kabila prépare sa retraite….

Des «hommes d’affaires » de Kabila, le Président de la République démocratique du Congo, ont acheté récemment 450 animaux sauvages de Namibie grâce à l’intermédiaire de l’exportateur namibien Ulf Tubessing : zèbres, girafes, gnous, gazelles, antilopes, buffles. Elles ont été transportées en plusieurs voyages sur un cargo des îles Féroé,  propriété de la société AOL (All Ocean Logistic) dont les directeurs appartiennent au clan Kabila. Une nouvelle arche de Noé en quelque sorte pour ce Congo dévasté par les conflits…

L’exportateur namibien a cru comprendre que cela était pour agrémenter la retraite du président congolais dans sa Ferme Espoir, un gigantesque territoire de la famille. Il veut y établir des réserves d’animaux dans le même style qu’en Afrique du Sud là où il a ses résidences à Kingakati dans sa province natale du Katanga. Et aussi à Mateba, l’immense île de Boma (100 km2) sur le fleuve Congo. Un empire économique et familial que Kabila a construit depuis son accession au trône présidentiel en 2001. Tout cela est estimé à quelques centaines de millions de dollars selon l’enquête de Bloomberg.

Mais ce n’est pas tout. Ses amis » hommes d’affaires », le congolais Alain Wan et le Belge Marc Piedboeuf, toujours en toute légalité,  ont acheté un grand yacht luxueux basé au Cap, 72 mètres de long, ancien navire de la marine écossaise, qui peut naviguer sur tous les océans et qui a été rénové à la Rochelle entre 2011 et 2014. Equipé d’un héliport, il peut être loué 275 000 euros la semaine et accueillir 12 convives. Il bat le pavillon des îles Marshall et des sociétés écran montrent que les deux « hommes d’affaires » congolais, proches du chef de l’Etat,  en sont les propriétaires. Ainsi donc tout est à peu près prêt pour une éventuelle retraite de Kabila et sa famille au cas où la situation empirerait encore plus, ou même pour une fuite sous d’autres cieux.

Rappelons que légalement, il n’est plus le président, son mandat ayant pris fin le 19 décembre dernier. Sous pression de l’opposition et surtout de l’Eglise catholique qui avait accepté le rôle d’intermédiaire avant de jeter l’éponge, il avait promis des élections à la fin de l’année 2017, peu probables selon les observateurs à cause de la situation économique désastreuse engendrée par l’incapacité du gouvernement et ses réseaux parallèles. L’Eglise catholique est prise pour cible par des partisans de Kabila ou des rebelles. Deux prêtres ont été assassinés récemment et des églises vandalisées, chose impensable il y a encore une année.

«On arme et on manipule des jeunes désoeuvrés qui ne peuvent plus travailler et étudier. Dans ce cas, pour 20 dollars, vous pouvez manipuler qui vous voulez », dénonce Mgr. Sébastien Muyengo, de passage en France. Sa région, le Kivu du Sud, est l’une des plus violentes de l’Afrique centrale. « Nous sommes dans un état d’insécurité permanente : braquages de véhicules, pillages, assassinats, ce sont des faits qui nous sont rapportés chaque jour », poursuit l’évêque en colère, « l’anarchie et l’absence d’Etat favorisent la résurgence de bandes armées dans un pays mal gouverné, entretenant un climat social, économique et politique favorables à la balkanisation. »

Des fait corroborés par deux jeunes réfugiés de RDC à Lausanne. Même un prêtre valaisan, Guy Luisier, courageux, a été pris en otage en mars dernier au Kasaï par des gamins complètement endoctrinés qui ont menacé de le tuer après l’avoir fait marcher pieds nus pendant 12 km. Il a été sauvé par un inconnu dans la foule qui regardait la mise en scène et ne voulait pas qu’on le tue.. C’est lui qui a été malmené. Le Valaisan a impressionné par son calme. Il a pu finalement rentrer en Suisse.

L’ONG Global Witness révèle fin juillet (voir Le Monde Afrique) que 750 millions de dollars de recettes minières destinées au Trésor public se sont évaporées entre 2013 et 2015… La Gécamine, entreprise publique très connue, en est en grande partie responsable. En plus, pendant des années, elle a servi de « vache à lait » du pouvoir et des sommes colossales, plusieurs milliards, ont disparu en retrait par millions ou dans des circuits financiers complexes offshores.

L’Etat reste l’unique actionnaire d’une société incapable d’exploiter correctement les mines de cuivre et de cobalt, un métal indispensable à l’électronique et pour la transition vers les énergies renouvelables. Et Global Witness de prédire : « Si l’argent continue à être siphonné vers des réseaux parallèles liés au pouvoir en place, la crise politique au Congo ne fera qu’empirer. » Des lanceurs d’alerte très bien documentés, sont protégés par la plateforme de protection  PPLAAF et par l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project.