COP22 : L’Afrique pourrait être le grenier du monde

 

Avant la Cop22 à Marrakech, une trentaine de pays africains s’étaient unis pour défendre l’adaptation  de leur agriculture au changement climatique et mettre le continent africain au centre des négociations. Cette ambition est portée par l’initiative AAA (Adaptation de l’Agriculture Africaine), un projet lancé par le Maroc en avril dernier déjà. Un constat inquiétant du président des négociateurs africains, Seyni Nafo nous secoue : « Alors qu’il n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales des gaz à effets de serre, le continent est la grande victime du réchauffement planétaire. Les deux-tiers de terres arables seront perdues d’ici à 2025, quand bien même la hausse des températures resterait limitée à 2° ». Or, l’agriculture est un secteur clé de l’économie africaine. Elle concentre entre 25 % et 35 % des emplois directs selon les pays, génère 70 % des revenus et représente un quart du PIB total. Et que penser si des terres arables disparaissent encore, alors que la population aura doublé d’ici à 2050 pour atteindre 2 milliards ?

Ce travail de base du groupe africain a  servi à l’identification  d’une cinquantaine de projets  qui vont du développement de l’agroforesterie (715 millions d’hectares sont concernés), à l’irrigation des terres qui touche actuellement 2 % de la superficie (42 % en Asie),  en passant par la promotion des assurances agricoles. Reste à trouver le financement de 25 milliards d’Euros par an jusqu’en 2030… Mais, précise la Sénégalaise Yacine Diama Fal (ancienne de la Banque de Développement Africaine) : « Sur les 100 milliards de dollars promis par les pays développés aux pays en développement, 400 millions seulement sont débloqués pour l’Afrique… » C’est justement ce que réclame l’initiative AAA : que le continent reçoive sa juste part, qu’il y ait  un meilleur équilibre entre les projets d’adaptation destinés à réduire les émissions polluantes, et ceux qui permettront demain aux paysans africains de s’adapter aux changements climatiques. Selon le prix Nobel de la paix Rattan Lal, spécialiste des sols : « L’Afrique pourrait être le grenier du monde et pourtant des millions de personnes sont encore affamées… »

A ces considérations viennent s’ajouter deux rapports alarmistes : l’année 2016 pourrait battre un nouveau record de chaleur avec une température moyenne supérieure de 1,2 ° à ce qu’elle était à l’ère préindustrielle. Dans les régions arctiques et subarctiques, la température a même dépassé la normale de 3 °. Un rapport de la Banque mondiale publié le 15 novembre précise que les catastrophes naturelles font basculer chaque année 26 millions de personnes dans la pauvreté et génèrent des pertes de 484 milliards d’euros par an en dégâts matériels et impacts sur le bien-être des populations. L’institution demande une adoption rapide de politiques publiques efficaces pour limiter ces risques. Ouragan Trump ou pas, John Kerry, le représentant américain à Marrakech, a bien dit que «  les Etats-Unis ne pourront pas revenir en arrière ». Dans une lettre, plus de 360 entreprises, la plupart américaines, DuPont, Gap, Hewlett Packard Kellog, Hilton, Nike, Mars, ont écrit au président élu pour lui demander  de respecter l’accord sur le climat.

 

Trump:”La confrérie des dictateurs d’Afrique se réjouit…”

 

C’est le titre du journal burkinabé Le pays suite à l’élection de Donald Trump. « Les Kabila (RDC), Museweni (Ouganda), Nkurunziza (Burundi) peuvent se réjouir », lit-on encore. Mais d’une manière générale, les Etats africains sont inquiets et l’incertitude règne. La plupart trouvent Trump dangereux, arrogant, raciste, protectionniste, et craignent pour l’aide américaine. Mais en Afrique du Sud, l’African National Congress (ANC) s’en réjouit. La motion de défiance contre le président Zuma a de nouveau été rejetée jeudi 10 novembre par le Parlement sud-africain où le parti fondé par Mandela a la majorité des sièges. Il continue ainsi à défier la Constitution par son enrichissement personnel, ses tricheries, ses femmes (voir blog 18.10.). – Au fond la ressemblance est frappante et l’on peut être inquiet pour ce grand pays où les garde-fous ne seront pas respectés comme aux Etats-Unis.

En République Démocratique du Congo (RDC) les insultes ont  commencé : le président Obama a été critiqué pour avoir osé demander à Kabila de respecter la Constitution et la démocratie, alors qu’il manigance depuis une année pour obtenir un troisième mandat et que des prisonniers meurent en prison.

En dehors des effets économiques que peut avoir sur le continent africain le nouveau président américain, il faut surtout regarder le mauvais exemple de l’homme qui se permet de transgresser les lois et dont le comportement envers les femmes, les minorités étrangères et les droits de l’homme ne peuvent  que renforcer les tentations de plusieurs chefs d’Etats africains à continuer sur la voie du refus de la démocratie à l’occidentale, de la pratique de l’autoritarisme à la chinoise dont ils s’inspirent, et de l’usage des forces policières pour mater la population qui se révolte. Un défi troublant et déstabilisateur à relever pour ce grand continent qui n’avait pas besoin d’un tel président américain.

Afrique du Sud : la justice triomphe…

Il est heureux de constater que la justice sud-africaine  a fait publier mercredi 2 novembre un rapport accablant pour le président Zuma (335 p.), potentiellement explosif pour tout le pays. Un rapport qu’il a d’abord essayé de bloquer.  La médiatrice de la République, « chargée du bon usage des deniers publics, porte à l’attention du parquet et de la police, à enquêter sur les possibles crimes de corruption commis au sommet de l’Etat… »

De quoi s’agit-il ? Voir le blog du 18 octobre : les frères Gupta, industriels d’une très riche famille d’origine indienne, ont influencé Jacob Zuma sur le choix de deux ministres pour favoriser leur propres intérêts et celui de la gouvernance ; un comportement illicite qui expose le président sud-africain à des poursuites judiciaires. Le document est actuellement dans les mains de la nouvelles médiatrice Busisiwe Mkhwebane. Cette tentative de bloquer la publication du rapport  a poussé la Fondation Nelson Mandela a publier un communiqué très critique. A ses yeux, « il est temps que les personnes qui compromettent notre démocratie et pillent ses ressources rendent des comptes », et d’appeler, à mots couverts, à un changement de leadership à la tête de l’Etat : « La capacité et l’engagement du chef de l’Etat à faire corps avec la Constitution, sont un des piliers de notre nation et comme il menace de rompre,  ce sont tous les autres fondements de nos institutions qui risquent à leur tour de se briser ».

A Pretoria, le 2 novembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la démission de Jacob Zuma, sur lesquelles la police a tiré des balles en caoutchouc.  Alors que les jeunes de l’ANC (African National Congress) descendent dans la rue pour soutenir leur président, d’autres, de l’extrême gauche, veulent des fusils pour demander justice (Justus Malema).

La situation est tendue. L’ANC se déchire à son sommet autour de Zuma. D’un autre  côté les frondeurs menés par le ministre des Finances Pravin Gordhan, que Jacob Zuma voulait emprisonner parce qu’il avait découvert des sommes versées sur un compte inconnu et qui est un champion de la lutte anti-corruption. Il est soutenu dans son bras de fer contre le président par le vice-président Cyril Ramaphosa. publier mercredi 2 novembre un rapport accablant pour le président Zuma (335 p.), potentiellement explosif pour tout le pays. Un rapport qu’il a d’abord essayé de bloquer.  La médiatrice de la République, « chargée du bon usage des deniers publics, porte à l’attention du parquet et de la police, à enquêter sur les possibles crimes de corruption commis au sommet de l’Etat… »

De quoi s’agit-il ? Voir le blog du 18 octobre : les frères Gupta, industriels d’une très riche famille d’origine indienne, ont influencé Jacob Zuma sur le choix de deux ministres pour favoriser leur propres intérêts et celui de la gouvernance ; un comportement illicite qui expose le président sud-africain à des poursuites judiciaires. Le document est actuellement dans les mains de la nouvelles médiatrice Busisiwe Mkhwebane. Cette tentative de bloquer la publication du rapport  a poussé la Fondation Nelson Mandela a publier un communiqué très critique. A ses yeux, « il est temps que les personnes qui compromettent notre démocratie et pillent ses ressources rendent des comptes », et d’appeler, à mots couverts, à un changement de leadership à la tête de l’Etat : « La capacité et l’engagement du chef de l’Etat à faire corps avec la Constitution, sont un des piliers de notre nation et comme il menace de rompre,  ce sont tous les autres fondements de nos institutions qui risquent à leur tour de se briser ».

A Pretoria, le 2 novembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour réclamer la démission de Jacob Zuma, sur lesquelles la police a tiré des balles en caoutchouc.  Alors que les jeunes de l’ANC (African National Congress) descendent dans la rue pour soutenir leur président, d’autres, de l’extrême gauche, veulent des fusils pour demander justice (Justus Malema).

La situation est tendue. L’ANC se déchire à son sommet autour de Zuma. D’un autre  côté les frondeurs menés par le ministre des Finances Pravin Gordhan, que Jacob Zuma voulait emprisonner parce qu’il avait découvert des sommes versées sur un compte inconnu et qui est un champion de la lutte anti-corruption. Il est soutenu dans son bras de fer contre le président par le vice-président Cyril Ramaphosa. Lors d’élections municipales en août dernier, l’ANC avait subi un revers historique.

Souhaitons que ce triomphe de la lutte anti-corruption  et la justice soit un exemple pour d’autres états africains englués dans des affaires de corruptions et qui croient qu’en sortant de la Cour pénale internationale (CPI), ils pourront plus facilement résoudre leurs problèmes de gouvernance en faisant ce qu’ils veulent…En Afrique du Sud, pour le moment, cela ne marche pas et l’ombre de Mandela est encore très présente.