Cela fait du bien d’apprendre que deux pays arabes Egypte et Qatar ont réussi avec l’ONU à faire cesser les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza et les roquettes du Hamas sur Israël. Maintenant il s’agit d’aller au fond des choses et de comprendre pourquoi le gouvernement israélien jouit encore du privilège de ne pas être traité comme les autres pays et puisse passer par-dessus toutes les lois internationales en toute impunité ? A cause de l’horrible holocauste, un génocide terrible ? On le comprend et on doit l’accepter. Cependant aujourd’hui, il s’agit de mondialiser toutes les guerres et d’agir pour protéger toute l’humanité car certains pays dictateurs copient les injustices que font les autres. Voir Russie, Chine, Iran et d’autres,
L’Egypte et le Qatar avec l’ONU ont réussi à négocier avec le Hamas et l’armée israélienne, les Etats-Unis ayant donné leur accord tacite. On ne peut que s’en réjouir, mais l’équilibre est fragile. Le plus dur reste à faire, surtout quand les fondamentalismes religieux sont embarqués dans l’histoire. Ce sont des idéologies dangereuses comme le communisme d’ailleurs (Chine). Elles font beaucoup de mal : les djihadistes, les juifs ultra-orthodoxes, les croisés au Moyen-Age ou les chrétiens d’extrême droite, et les musulmans chiites (Iran) contre les sunnites. Ils instrumentalisent Dieu pour leurs guerres. « Gott mit uns ». Rien de nouveau !
Les juifs ont tué le Christ qui a accepté librement sa mort, ce qui a provoqué l’antisémitisme, et qui a mené à l’horrible holocauste. Un génocide épouvantable pratiqué par les Occidentaux dans une large mesure. Mais cela justifie-t-il aujourd’hui que le gouvernement israélien soit au-dessus des lois internationales en toute impunité ? A mon avis il y a d’autres génocides tout aussi horribles, dont celui de l’esclavage en Afrique. En janvier 1982, lors d’une interview chez lui à Dakar, le Président Senghor m’a expliqué l’histoire de l’Afrique que nous connaissions mal à l’époque : « 20 millions d’esclaves ont été déportés d’Afrique, mais pour chaque esclave, 10 mourraient en route, cela fait 200 millions d’êtres humains qui ont disparus du continent africain. C’est le plus grand génocide de l’histoire », m’a-t-il dit.
J’étais restée sans voix. Pouvais-je le croire ? L’interview a été publiée à l’Institut des relations internationales à Johannesburg en février 1982 (1). Senghor avait notamment dit, sans la haine qu’on lisait dans les journaux à ce moment-là, que le gouvernement sud-africain devait enfin commencer à changer sa politique. Et montrer qu’un Africain peut très bien gérer un pays. C’était justement le but fixé par la diplomatie française qui avait conseillé le petite Suissesse neutre d’aller interroger ce président poète et écrivain, membre de l’Académie française et de l’Assemblée nationale. L’interview a été passionnante, parce que le Président Senghor, qui n’avait pas le droit d’aller en Afrique du Sud selon l’Union Africaine, me posait beaucoup de questions sur ce pays, et aussi sur un peuple premier, les Bochimans, que je connaissais bien. C’était si merveilleux pour moi de dialoguer avec un Noir à égalité et sans préjugés. Cela m’a libérée.
Quelque temps plus tard, le ministre des Affaires étrangères sud-africain était chez le président Senghor, et, en 1994, le pays de l’apartheid confiait la direction du pays à un Noir, Nelson Mandela… Un de ces miracles qui sont dû souvent à l’intervention d’une poignée de personnes et à un concours de circonstances favorables. Pourquoi cela ne serait-il pas possible pour Israël et Palestine ?
En Afrique du Sud, pas de fanatisme religieux aujourd’hui, comme chez des Arabes qui avaient peut-être empoisonné Yasser Arafat en 2004 et des Israéliens ultra-orthodoxes qui ont assassiné Isaak Rabin(1995). Tout cela malgré les multiples accords, déclarations d’intention, et promesses de dialogues avec le gouvernement américain. Alors, le statut privilégié d’Israël doit–il être maintenu puisque d’autres peuples ont aussi vécu un génocide atroce comme les Africains dans leur ensemble, qui a coupé tout avenir pendant 200 ans ? Mais hélas aujourd’hui, une certaine haine de l’Occident se répand partout. A cause du Covid 19, l’appauvrissement rend vulnérable la jeunesse qui se révolte contre le capitalisme et on la comprend.
Et pourtant, la religion doit- elle encore tout décider pour Israël d’une manière absolue ? Voilà une proposition qui pourrait changer les relations entre Israël et la Palestine. En Israël, la moitié de la population serait sans doute d’accord à condition que leur sécurité soit assurée, mais pas avec des bombes… Bien sûr ceux qui oseront proposer cela, seront traités d’antisémites et de terroristes, c’est dans l’air du temps, mais rien n’est impossible, on l’a vu avec l’Afrique du Sud…
(1)Senghor speaks on Africa, South African Institute of International Affairs, Jan Smuth House, P.O. Box 31 596, Braamfontein 2017, South Africa, May 1982 Israël – Palestine, mondialiser les faits ?