La première ministre italienne Giorgia Meloni a déclaré récemment l’état d’urgence en Italie à cause de la venue de milliers de migrants, 18 000 depuis le début de l’année. Elle avait bâti sa stratégie pour les élections italiennes sur sa lutte contre les migrants… ! Il est vrai que le reste de l’Europe ne c’est pas beaucoup préoccupé des problèmes italiens, comme d’ailleurs de la Grèce qui accueille tant bien que mal les refoulés de Turquie qui reçoit pourtant des millions d’Euros pour les contenir.
La goutte d’eau qui a fait déborder la colère de Giorgia Meloni a été les déclarations du président tunisien le 21 février dernier. Kaïs Saïed s’en est pris violemment aux migrants originaires d’Afrique sub-saharienne présents en Tunisie. Selon lui: « l’objectif inavoué des vagues successives de migrations clandestines est de réduire la Tunisie à sa dimension africaine et de la dépouiller de son appartenance arabe et islamique.» Raciste et complotiste ? Il est vrai que la majorité est catholique, l’Église leur vient en aide, mais ne prend aucune position politique. Ils seraient beaucoup plus que 10 000 et vivent dans la peur d’être agressés ou renvoyés, quittant tout ; logement, travail, études. Les départs en mer ont augmenté considérablement, comme les naufrages d’ailleurs, même pendant les jours de Pâques. Giorgia Meloni a appelé Bruxelles pour leur dire de soutenir la Tunisie confrontée à une grave crise financière, sous peine de déclencher une vague migratoire sans précédent vers l’Europe (l’île de Lampedusa n’est qu’à 150 km de la Tunisie). Elle a confirmé un projet de mission italo-française de leurs ministres des Affaires étrangères.
Il n’en fallait pas plus à l’UE sous direction de la Suède depuis janvier, pour choisir de barricader les frontières et d’expulser les migrants qui se maintiennent en Europe sans droit de séjour. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, toujours animée d’un désir de faire le bien, a demandé aux leaders européens d’utiliser tous les instruments légaux : visas, possibilité de migrations, accueil par des ONG, ou par des privés. «Bienvenue au Club», a ironisé le trublion de l’Europe, Viktor Orban, qui dit avoir dix ans d’avance en la matière. Mais l’Allemagne préfère de son côté recourir aux leviers européens en nouant elle-même des accords. En pénurie de main d’oeuvre, elle s’est fixée l’objectif d’attirer 400 000 travailleurs, afin d’enrayer le déclin démographique, comme avec l’accueil des Syriens il y a 3 ans. Elle n’a pas les mêmes craintes que le président tunisien ! Pourtant, partout les présidents des états européens, tremblent de peur face à ces arrivées qu’ils pensent massives et pour leur souveraineté.
Ils ne sont pas les seuls ! L’Algérie et le Maroc font de même. Les migrants d’Algérie, avec femmes et enfants, sont refoulés, mains nues, dans le désert. Ils essayent de parvenir à Assamaka, une petite bourgade surpeuplée, à 15 km, à la frontière du Niger. Il en arrive 300 par semaine. Les ONG ont lancé un appel de détresse humaine. Encore pire que Lampedusa au milieu de la Méditerranée…
Ces misères sont le retour du balancier de la colonisation qui fait encore rêver les jeunes qui veulent échapper à la pauvreté chez eux, une pauvreté conséquence de l’inflation, produite par la guerre en Ukraine, mais aussi d’une mauvaise gestion de certains de leurs leaders (corruption), qui ne se sont guère préoccupés de la formation de leurs jeunes.