Afrique: Di Maio et la colonisation italienne

 

Le trublion Di Maio, vice-président du Conseil italien, semble ne pas connaître l’histoire coloniale de son pays, puisqu’il critique la colonisation française, sa monnaie CFA qui a permis aux anciennes colonies de s’intégrer dans le commerce mondial, et l’accuse tout simplement d’être responsable de la mort des migrants noyés dans la Méditerranée pour avoir pillé les ressources du continent africain !

Au XIXe et XXe siècle, l’Italie a colonisé l’Erythrée, la Somalie, la Libye, et plus tard l’Ethiopie sous Mussolini (1935-41). L’écrivaine Igiabo Scego, citée par Le Monde Afrique du 10 février, ne mâche pas ses mots. Fille de migrants Est africains, à la fois romaine et somalienne, elle dévoile comment  les territoires conquis ont été brutalisés, malmenés, violentés, les femmes souvent réduites en domestiques et esclaves sexuelles et  les hommes pendus. Des actes de barbarie, des atrocités sans noms, sont restés impunis que la société italienne de l’époque  a préféré oublier, malgré les noms des édifices, des places, des rues donnés attestant la présence italienne et culturelle : avenue de Libye, rue Asmara, quartier africain.  Le pire a été la guerre menée par Mussolini pour conquérir l’Ethiopie du célèbre Negus à partir de 1935. Deux pays pourtant membres de la Société des Nations (SDN) et ayant signé la Convention de Genève. Mussolini a fait bombarder les soldats éthiopiens pieds nus avec des gaz toxiques interdits et des hôpitaux de campagne nouvellement installés dans ce pays dénué de tout.  Un épisode bouleversant raconté dans le livre du délégué du CICR Marcel Junod : Le troisième combattant  qui a inspiré de nombreux nouveaux délégués pour le CICR.

La colonisation italienne, comme les autres colonisations, a laissé de profondes marques dans les peuples, notamment en Somalie, par les écoles et la langue italienne. L’auteur de ces lignes a rencontré un jour dans le train Genève-Zurich un migrant poussant le chariot des boissons qui parlait parfaitement l’italien !  Parmi les migrants actuels, beaucoup viennent d’Erythrée, d’Ethiopie et de Somalie, n’en déplaise au vice-président du Conseil Di Maio. Ils fuient les dictatures, les guerres tribales, les Shabab. Les 400 qui se sont noyés près de l’île de Lampedusa en octobre 2013  venaient d’Erythrée. Ils croyaient qu’ils seraient accueillis !  Le pape François italien d’origine y est accouru pour jeter des fleurs dans la mer en criant : vergonia, vergonia ! Quelle honte ! Quelle honte ! Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, a lui refusé le débarquement d’autres Erythréens en août 2018. Aucun journal italien n’a mentionné les liens historiques de l’Italie avec ces migrants… Au contraire de la France qui ne nie pas son passé colonial, le président Macron a même parlé de crimes contre l’humanité pour l’Algérie….

Il y a des ressemblances entre la colonisation portugaise en Angola où le dictateur Salazar avait envoyé ses troupes auteurs aussi à toutes sortes d’atrocités que les rescapés ayant fui en Namibie dans les années 70 racontaient dans les camps. Après l’indépendance en 1975, trois mouvements de libération vont encore s’entretuer pendant plusieurs années, soutenus par les Russes et les Allemands de l’Est d’une part (MPLA), et les Sud-Africains aidant Jonas Savimbi… Toute une génération de jeunes furent ainsi sacrifiés comme ceux des anciennes colonies italiennes. Maintenant ce sont en partie les Chinois qui en récoltent partout les fruits.