Les populations en Afrique souffrent de plus en plus de la famine. L’augmentation des prix rend les aliments importés inabordables pour les plus pauvres. Un projet au Kenya encourage la population et pourrait s’étendre à d’autres pays africains, d’où la nécessité urgente de le faire connaître…
Pendant des siècles, les peuples d’Afrique ont réussi à se nourrir eux-mêmes malgré les sécheresses et les inondations. Ils ont développé des cultures culinaires variées et saines grâce aux légumes, aux herbes, aux épices et aux fruits indigènes. Les représentants des régimes coloniaux ont apporté en Afrique leur mode de vie européen, qui a été adopté par les classes aisées et éduquées. La nourriture traditionnelle a longtemps été considérée comme un signe de pauvreté et d’arriération. Des «maladies de civilisation» sont alors apparues : le diabète, les maladies cardiaques et le cancer se sont répandues avec ce mode d’alimentation européen ; et même des maladies psychiques avec la manière de travailler et le stress que cela implique, observé en Namibie et en Afrique du Sud Pour lutter contre les préjugés envers l’alimentation traditionnelle, des instituts de recherche, des organisations communautaires et des services gouvernementaux du Kenya ont mis au point un projet intéressant il y a déjà 20 ans dont voici quelques résultats : 24 variétés de légumes parmi les 210 utilisées en Afrique ont été analysées en termes d’acceptation, de fiabilité commerciale et d’impact sur la santé. Il a été constaté que de nombreuses plantes traditionnelles ont une valeur plus élevée que les trois légumes les plus populaires : le chou, le chou frisé (sukuma wiki) et la bette. Quelques exemples : les feuilles de la plante araignée fournissent plusieurs fois plus de vitamine A que le chou. L’amarante contient 12 fois plus de fer et de calcium et 2x plus de fibres. Les feuilles de manioc, un légume important en Afrique centrale, sont riches en protéines et en vitamine A. La pulpe du baobab peut fournir jusqu’à 10 x plus de vitamine C que les oranges. Les insectes, comme les termites volantes et les oiseaux, tels les cailles sont une source importante de protéine, comme les champignons. Personnellement je recommande les gros champignons qui poussent sur les termitières qui font penser à des steaks !
Toutes ces plantes utiles et bien d’autres protègent d’une alimentation déséquilibrée, évitent la malnutrition très répandue chez les enfants et préviennent les maladies.
Un grand succès : des semences ont été collectées, améliorées et distribuées aux personnes intéressées. Des experts sont allés conseiller des agriculteurs sur la culture à faire, sur les recettes de cuisines et la commercialisation de leurs produits. Donc peu à peu, la situation s’est inversée, les supermarchés ont commencé à offrir des légumes traditionnels, comme le mchicha, le managu et le saga, même dans les petits marchés de rue. Leur consommation n’est plus stigmatisée négativement. Le succès de cette campagne a attiré l’attention de l’UNESCO et cela a été inscrit sur la liste de la protection du patrimoine culturel…
Qu’on imagine ce qu’aurait signifié pour les Français si des étrangers leur avaient supprimé des frites, aux Italiens des spaghettis et aux Suisses leurs fromages ! Une perte d’identité profonde! Il est temps que les Africains suppriment peu à peu cette dépendance des importations de nourritures extérieures, et se réapproprient leur bonne alimentation traditionnelle en ces temps de guerre en Ukraine, d’insécurité alimentaire et de manque de blé.