Le Burundi se retire de la Cour pénale internationale

Le Burundi se retire de la Cour pénale internationale

Ce n’est pas étonnant que le Burundi se retire de la Cour pénale internationale (CPI) créée en 2002. En 2015 déjà, Robert Mugabe, alors président de l’Union Africaine (UA), avait annoncé son intention de se retirer de la CPI qu’il trouvait « raciste » parce qu’elle ne condamnait que des Africains selon lui. Ce projet a été repris par le président tchadien Idriss Déby lors du dernier sommet de l’Union Africaine au début 2016. Le Burundi de Pierre Nkurunziza est le premier à faire le pas. Il s’accroche au pouvoir avec son troisième mandat qui a projeté le pays dans une spirale de violence, malgré les interventions de l’Union Africaine, de l’ONU et d’autres personnalités, et malgré l’Accord de Paix d’Arusha (négocié par Mandela) qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2005) et limite expressément le mandat présidentiel qui s’est achevé en 2015.

En septembre 2016, une commission d’enquête de l’ONU a dénoncé le « grand danger de génocide ». Pierre Nkurunziza avait été acclamé en 2005 comme un sauveur, un messie. En effet, c’est un « born again », comme l’ancien président Bush, qui a des liens étroits avec les Eglises évangéliques américaines et australiennes… Aujourd’hui, il tue ou fait assassiner ses opposants sans vergogne. Une Burundaise qui a participé à un séminaire à Caux cet été disait de lui : c’est Louis XIV et sa cour.

Respecter le droit international ?

Pourquoi certains chefs d’Etats africains le respecteraient-ils ? Ils savent ce qu’on fait les Américains en Irak, à Abu Ghraib, à Guantanamo. L’attitude des Européens qui renvoient les réfugiés en Turquie est aussi contraire au droit international… Qui est responsable du morcellement des Kurdes ? De la naissance de l’Irak et de la Syrie ? Ce sont les puissances occidentales qui ont gagné la guerre de 1914-18, etc. Lors de son allégeance officielle pour un 5e mandat en mai 2016, le président de l’Ouganda Yoweni Museweni (30 ans au pouvoir), affirmait, concernant la CPI : «Une bande d’inutiles et de pays fiers et arrogants». Plusieurs chefs d’Etat étaient alors présents dont Omar El Béchir recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, génocide au Darfour. Jakob Zuma (Afrique du Sud) ne l’a pas arrêté lorsqu’il a participé à une conférence l’année dernière Johannesburg comme le demandait la Cour constitutionnelle sud-africaine.  Sortir de la CPI, cela veut dire avoir le droit de tuer. C’est ce qui vient de se passer au Gabon et en République démocratique du Congo. D’ailleurs ce refus grandissant des droits de l’homme et du droit international caractérise aussi d’autres pays, notamment les Russes  et les Chinois pour lesquels ces droits sont secondaires.  L’ONU avec son droit de veto au Conseil de Sécurité est bien impuissante.

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.