Afrique du Sud: le président Zuma n’est pas un calviniste…

Les anciens leaders de l’Afrique du Sud, s’ils avaient inventé l’apartheid (basé sur l’Ancien Testament), force est de leur reconnaître leur « honnêteté » dans leur gouvernance du pays, influencés qu’îls étaient par l’austérité calviniste. Aucun n’a eu la folie des grandeurs pour se construire une résidence de super luxe. Ils vivaient plutôt modérément. Nelson Mandela d’ailleurs avait adopté le même style de vie, tourné avant tout vers le bien commun de son pays. Mais les Africains ne sont pas des calvinistes et la majorité d’entre eux ont besoin de se montrer très riches et de vivre selon les lois de la tribu. Certes ce n’est pas l’attitude de tous. Surtout pas des ministres des finances successifs que le Président Zuma a limogés parce qu’ils ont mis le doigt sur des irrégularités. C’est ce qui vient d’arriver au ministre actuel Pravin Gordhan, qui, dans un compte-rendu rendu public ces jours, évoque devant la Haute Cour de Prétoria la somme de 6,8 milliards de rands (430 millions d’Euros) de mouvements de fonds suspects effectués par les frères Gupta, des industriels indiens soupçonnés de trafic d’influence et de corruption depuis 2012,  et dont on ne connaît pas le destinataire…(Jeune Afrique, 17.10.)

Depuis le début de l’année, plusieurs compagnies sud-africaines, dont les quatre plus grandes banques, se sont désengagées d’Oakbay Investments, la société d’investissement des frères Gupta, également présents dans les mines,  les médias, l’ingénierie et l’informatique. D’après les déclarations du ministre Pravin Gordhan, la direction de Oakbay « réclamait que j’intervienne au nom du gouvernement auprès des banques pour les faire changer d’avis… »

Chantre de la lutte contre la corruption, le ministre des finances s’est souvent opposé au Président Zuma, mis en cause dans la gestion de plusieurs entreprises publiques. Il est accusé aujourd’hui d’avoir mis en place une unité au sein de ses services, chargée d’espionner des personnalités politiques. Sa position est difficile. Il est critiqué par les partisans de Zuma et tout son clan.

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.